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Selon le recensement national de 2016, la population de Tabriz s’élevait à 1 558 693 âmes (contre 1 494 998 en 2011), ce qui fait de Tabriz la sixième ville la plus peuplée de l’Iran, après Téhéran, Mashhad, Ispahan, Karaj et Shirâz. Tabriz est la capitale de la province de l’Azerbaïdjan de l’Est, l’une des quatre provinces azéries du Nord-ouest iranien. Sa population égale à peu près celle des trois autres chefs-lieux des provinces azéries réunies (Oroumiyeh, Ardebil et Zanjân). Depuis très longtemps, Tabriz est un pôle administratif, politique, économique, industriel, culturel et militaire important au niveau national.
Les origines de la ville de Tabriz restent inconnues pour les archéologues. Pourtant, le texte le plus ancien qui cite le nom de Tabriz est une épigraphe de l’époque de Sargon II, roi d’Assyrie (de 722 à 705 av. J.-C.). En 714 av. J.-C., le roi assyrien Sargon II mena une campagne victorieuse contre le royaume d’Urartu, le plus sérieux adversaire de l’empire assyrien. Cette expédition militaire appelée “Huitième campagne de Sargon II” est l’une des mieux connues de l’histoire de la Mésopotamie antique, car le récit de cette guerre fut écrit sur une tablette qui est actuellement conservée au Musée du Louvre à Paris. Le texte relate qu’après avoir atteint une grande forteresse à la frontière d’Urartu, Sargon II arriva aux villes de “Tarui” et “Tarmakisa” : “Fortes villes murées qui, dans la région des Daléens, séjour de son grain abondant, sont bâties, dont les murs intérieurs étaient puissants, les murs extérieurs solidement construits.” Il précise par ailleurs qu’il s’agit des premières villes de la région de Sagbita. La ville actuelle de Tabriz est un candidat possible pour Tarui. Il est intéressant de savoir que jusqu’à une période récente, les habitants de certains villages aux alentours de Tabriz appelaient la ville “Towri”.
Pendant plus de 410 ans (de 1137 à 1548), Tabriz fut à plusieurs intervalles de temps capitale de différentes dynasties d’origines diverses. Ainsi, Tabriz a été trois fois la capitale des dynasties locales (Atâbeg, Choupânide, Jalâyiride), trois fois la capitale des grandes confédérations tribales (Ilkhanide, Qara Qoyunlu, Aq Qoyunlu) qui n’étaient chacune rien de moins que de véritables empires, et une fois la capitale nationale (Safavide) devenant ainsi la première capitale de l’Iran moderne de 1501 à 1548 avant que le roi Tahmasp Ier décide de transférer la capitale à Qazvin. Pendant ces quatre siècles, toutes les dynasties qui prirent en main le contrôle de Tabriz désignèrent cette ville comme capitale, à l’exception des Timourides dont les capitales se situaient beaucoup plus à l’est, d’abord à Samarcande (aujourd’hui en Ouzbékistan) puis à Hérat (actuel Afghanistan). Ainsi, Tabriz a le record en nombre parmi les nombreuses capitales historiques de l’Iran.
Vers la fin du règne du sultan Malek Shâh Ier (1072-1092), la guerre civile gagna le grand empire des Seldjoukides. Les révoltes des tribus qui formaient la grande confédération des Oghouzes (des peuples d’origine turkmène venant du nord de la mer d’Aral, actuel Kazakhstan) firent sombrer l’empire dans l’anarchie. Pendant cette période de grandes tensions politiques, militaires et sociales, les différentes régions des possessions des Seldjoukides en Iran, en Mésopotamie, et au Proche-Orient furent gouvernées de fait par les Atâbegs (titre de noblesse en turc signifiant “les régents”). Après l’effondrement de l’empire seldjoukide, le XIIe siècle devint l’âge des Atâbegs (gouverneurs locaux) qui fondèrent différentes dynasties dans diverses principautés seldjoukides. Les Atâbegs furent fondateurs de quatre dynasties et régnèrent aux XIIe et XIIIe siècles en Irak, au Fârs (sud de l’Iran), au Lorestân (ouest) et en Azerbaïdjan (nord-ouest).
Shams ed-Din Ildeniz fut le premier des Atâbegs d’Azerbaïdjan et régna de 1137 à 1175. Pendant près de 90 ans, lui et ses successeurs réussirent à étendre leur pouvoir de 1169 à 1225 jusqu’à Ispahan, Ray (sud de Téhéran) et Aran (aujourd’hui, République d’Azerbaïdjan). Son petit-fils Mozaffareddin Ouzbek fut le dernier Atâbeg d’Azerbaïdjan. Il régna pendant quinze ans, de 1210 à 1225. Ce fut lui qui, trois ans après le début de son règne, choisit Tabriz comme capitale en 1213. À cette époque-là, Tabriz fut la ville la plus prospère, la plus belle et la plus célèbre d’Azerbaïdjan. L’Atâbeg Ouzbek fit construire de solides fortifications de briques rougeâtres. Pendant ces années, Tabriz connut un essor remarquable avec le développement de la construction de canaux qui conduisaient l’eau dans tous les quartiers. En même temps, Tabriz devint un centre important du commerce et un foyer de production de textiles de très haute qualité exportés vers les grandes villes de l’Orient et de l’Occident.
Les troupes mongoles attaquèrent Tabriz à trois reprises pendant les années 1220-1221. Atâbeg Ouzbek se réfugia vers le nord et s’installa à Nakhitchevan (aujourd’hui, en République d’Azerbaïdjan) et chargea son vizir et les hauts membres de sa cour de négocier avec les Mongols. Les notables de Tabriz réussirent à convaincre les troupes mongoles de ne pas saccager la ville en offrant de l’or et de nombreuses marchandises. En 1224, les Mongols revinrent vers Tabriz pour mettre la main sur six mille hommes des armées des Khârazm-Shâhs qui s’étaient réfugiés en Azerbaïdjan. Pour sauver la ville, Atâbeg Ouzbek renouvela ses présents et offrandes aux troupes mongoles qui exigeaient cette fois-ci que l’Atâbeg massacre lui-même les six mille soldats des Khârezm-Shâhs. L’Atâbeg exécuta leur ordre et parvint encore une fois à épargner Tabriz de l’invasion des Mogols, contrairement à la plupart des grandes villes de l’Iran.
Mais un an plus tard, en 1225, Jalâleddin Khârezm-Shâhs arriva à Tabriz et mit fin à la dynastie des Atâbeg d’Azerbaïdjan pour se venger du massacre de ses soldats. En 1231, les Mongols revinrent en Azerbaïdjan pour y mener leur cinquième campagne et envahirent enfin Tabriz.
Abaqa Khân, fils de Houlagou Khân, était l’arrière-petit-fils de Gengis Khân. Il succéda en 1265 à son père, devint le deuxième Khân mongol (Ilkhân) de la Perse et régna jusqu’à la fin de sa vie en 1282. Avant lui, la ville de Marâgheh (à 130 kilomètres au sud de Tabriz) fut la première capitale du premier Ilkhân mongol, Houlagou Khân. Mais en 1265, Abaqa transféra la capitale à Tabriz qui resta la capitale des Ilkhanides mongols jusqu’en 1304.
Houlagou Khân, petit-fils de Gengis Khân, était adepte du tengraïsme, un culte du ciel qui était la croyance majeure des tribus turco-mongoles de l’Asie centrale et avait intégré des éléments du chamanisme, de l’animisme et du culte des ancêtres. Mais Abaqa Khân était bouddhiste. Son père, Houlgou Khân, signa un traité avec l’empereur de Byzance, Michel VIII Paléologue (1261-1282). Pour consolider les liens entre les deux parties, l’empereur byzantin fit marier sa nièce, la princesse Maria Palaiologina, à Abaqa Khân. Pendant son règne, ce dernier privilégia les intérêts des bouddhistes et des chrétiens alors que la population de son royaume était en majorité musulmane. Pourtant, ses tentatives de conversions forcées échouèrent.
Le petit-fils d’Abaqa, Ghâzân Khân, fut le septième ilkhan mongol et le deuxième à se convertir à l’islam. Après sa conversion, Ghâzân Khân appliqua des réformes dans le système ilkhanide. Ghâzân Khân établit l’autorité du pouvoir central, et essaya de mettre fin aux activités arbitraires des seigneurs de guerre mongols.
En 1298, il nomma vizir Rashideddin Fazlollâh (1247-1318), médecin et historien d’origine juive de Hamadân, converti à l’islam comme lui-même. Le Khân mongol et son vizir appliquèrent des plans pour redresser l’économie en frappant une nouvelle monnaie. Ils imposèrent des sanctions sévères à l’encontre des commandants de guerre mongols et des gouverneurs locaux qui pratiquaient le pillage et exactions diverses en zones rurales. Selon cette nouvelle législation, ces crimes étaient lourdement punis, sans regard pour l’origine des criminels. Ces mesures eurent comme effet la sédentarisation des Mongols et leur conversion collective à l’islam, ce qui accéléra leur assimilation dans la société iranienne.
Jusqu’à la fin du règne de Ghâzân Khân, Rashideddin Fazlollâh dirigea le projet des réformes portant sur l’administration publique, le commerce et l’agriculture. Grâce à sa nouvelle législation, il arriva à convaincre le Khân mongol à empêcher le pillage des villes et des villages par les troupes mongoles. Rashideddin instaura un nouveau système pour la levée des impôts. Grâce à ses efforts, la charia (loi islamique) fut de nouveau appliquée. Les voies publiques et les routes furent également de nouveau soumises au régime d’entretien permanent, et les services postaux furent rétablis. Il prit aussi des mesures pour protéger les personnes âgées, les infirmes, les pauvres et même les animaux.
à Tabriz, Rashideddin fit construire une grande cité universitaire qui portait son nom : Rab’-e Rashidi. Elle se divisait en quatre grandes sections. Selon la correspondance de Rashideddin avec ses fils, à cette époque, près de six mille personnes étudiaient dans cette université qui fut malheureusement détruite et pillée après la mort de Rashideddin. Sous le règne de Ghâzân Khân, de nombreuses mosquées et madrasas (écoles théologiques) furent construites à Tabriz. Après la mort de Ghâzân Khân, son frère, Oljaïtou, lui aussi converti à l’islam, devint ilkhan. D’abord sunnite d’obédience hanafite, il finit par se convertir au chiisme. Il transféra sa capitale de Tabriz à Soltânieh, ville du sud de l’Azerbaïdjan (aujourd’hui, dans la province de Zanjân) qu’il fit construire dès 1304.
Le dernier roi ilkhanide, Abou Saïd, succède à son père Oljaïtou après sa mort en 1316. Pendant la période de faiblesse des Ilkhanides, leur immense royaume sombre dans l’anarchie féodale. Les tentatives d’Abou Saïd pour reprendre le contrôle de la situation échouent, et à sa mort en 1335, le Khânât mongol des descendants de Gengiz Khân se disloque. Les chefs de guerre d’origine mongole, convertis à l’islam, réussissent à conserver les régions de l’ouest de l’Iran et à y établir des dynasties mineures, tandis que les régions de l’est sont dominées par les petites dynasties d’origine iranienne.
En ce qui concerne l’Azerbaïdjan, ce furent les Choupânides, issus de la tribu mongole Süldüz, devenus turcophones, qui s’emparèrent de Tabriz et en firent leur capitale vers 1336. Deux frères de cette famille régnèrent pendant vingt-et-un ans sur l’Azerbaïdjan et d’autres régions du Nord-ouest iranien de 1336 à 1357. Le premier fut Hassan Koutchek (Hassan le Petit) qui régna jusqu’en 1343. Il fut assassiné par sa femme. Son règne ne laissa pas de traces positives, en raison de l’impopularité de sa famille parmi les habitants de Tabriz et de tout l’Azerbaïdjan. Il fit construire à Tabriz une école et une mosquée qu’il appela “Soleimâniyeh”, en référence au nom d’un prince mongol, Soleimân, un descendant des Ilkhanides. Mais les habitants de Tabriz la rebaptisèrent “Mosquée Ostâd-Châgerd” (Mosquée du maître et du disciple) en se référant plutôt au célèbre calligraphe de l’époque, Abdollah Seyrafi, et son élève, Seyyed Heydar, qui réalisèrent ensemble les épigraphes de cette mosquée. Malek Ashraf, frère de Hassan le Petit, lui succéda en 1343. Pendant les 14 ans de son règne, Malek Ashraf fit constamment la guerre aux chefs féodaux voisins, et fit preuve d’une grande cruauté vis-à-vis des habitants de sa capitale, Tabriz et d’autres régions. Selon les historiens, Tabriz fut vidée pratiquement de ses habitants qui fuyaient les oppressions et les injustices de Malek Ashraf. Les habitants se sentirent soulagés lorsque les troupes mongoles de la Horde d’or (empire turco-mongol des descendants du fils aîné de Gengis Khân, basé dans les steppes russes aux XIIIe et XIVe siècles) envahirent l’Azerbaïdjan et prirent Tabriz. Malek Ashraf fut exécuté par pendaison en 1357 à Tabriz dans la joie populaire, selon les documents historiques.
Voisins des Choupânides, les Jalâyirides étaient eux aussi une famille de chefs de guerre mongols devenus turcophones et convertis à l’islam. à la chute de l’Empire ilkhanide, les Jalâyirides prirent le contrôle de la Mésopotamie et de l’ouest de l’Iran, et fondèrent leur propre dynastie en choisissant Bagdad pour capitale. La dynastie des Jalâyirides fut fondée par Hassan Bozorg (Hassan le Grand) en 1336, et ses successeurs gouvernèrent pendant près de cent ans jusqu’en 1432 où les Qara Qoyounlou les renversèrent. Après la mort de Hassan le Grand, son fils Oveys prit le pouvoir et régna de 1356 à 1374. À cette époque, les Jalâyirides réussirent à envahir le domaine des Choupânides. En 1367, Oveys fit de Tabriz sa deuxième capitale. Bagdad resta la capitale hivernale des Jalâyirides, et Tabriz devint leur résidence estivale. Les Jalâyirides firent construire à Tabriz un grand complexe administratif appelé Dolat-Khâneh (littéralement : "Maison de la richesse"). Leur but était de rouvrir la route commerciale ancienne entre Tabriz et Venise, via l’Anatolie. à cette époque, Tabriz était une grande ville riche et prospère. Le choléra frappa l’Azerbaïdjan et les régions voisines en 1370. Les historiens relatent que quelque 300 000 personnes perdirent la vie, mais quelques années plus tard, la ville de Tabriz était densément peuplée et prospère, comme si elle n’avait pas perdu une grande partie de sa population pendant l’épidémie. Tabriz garda son statut de capitale sous le règne du fils d’Oveys, le sultan Hossein Ier (1374-1382). Mais ses successeurs durent quitter définitivement Tabriz pour Bagdad devant la montée en puissance de leurs vassaux, les Qara Qoyounlou.
Les Qara Qoyounlou étaient une tribu turcophone (d’origine oghouze et parlant l’azéri) qui se mit d’abord au service des Jalâyirides à Bagdad et à Tabriz. En turc, Qara Qoyoulou, signifie “les gens aux moutons noirs”.
Vers 1375, le chef des Qara Qoyoulou, Qara Youssof ("Youssof le Noir") se rebella contre les Jalâyirides. Il conquit Tabriz et en fit sa capitale. Qara Youssof prit ensuite le contrôle de l’Azerbaïdjan, Mossoul et Bagdad en Irak. En 1400, les troupes de Tamerlan arrivèrent en Azerbaïdjan et infligèrent une défaite à la puissante armée des Qara Qoyounlou. Qara Youssof s’évada et trouva refuge en égypte auprès des Mamelouks. Pendant l’exil de Qara Youssof, Tamerlan confia l’Azerbaïdjan et l’Irak à son troisième fils, Mirân Shâh. Après la mort de Tamerlan en 1405, Qara Youssof réunit ses troupes et rentra en Azerbaïdjan. Qara Youssof infligea une défaite décisive aux Timourides en 1408, et Miran Shâh fut tué en campagne. Le chef des tribus Qara Qoyounlou rentra à Tabriz en 1408, et ce fut pratiquement la fin du règne des descendants de Tamerlan en Iran occidental. La fédération tribale des Qara Qoyounlou régna pendant près de cent ans, de 1375 à 1468, sur l’Iran occidental, l’Irak et l’ouest de l’Anatolie. Selon certains indices, Qara Youssof et ses successeurs auraient eu des inclinaisons vers le chiisme. à Tabriz, les Qara Qoyounlou ont essayé d’établir un équilibre entre les chiites et les sunnites. La Mosquée bleue de Tabriz fut construite en 1465 sur ordre de la fille de Jahân Shâh, dernier souverain des Qara Qoyounlou.
Jahân Shâh fut le plus puissant roi des Qara Qoyounlou. Après la mort en 1447 du roi timouride Shâhrokh, le plus jeune des quatre fils de Tamerlan qui régnait à Hérat et dominait les régions orientales de l’Iran, Jahân Shâh annexa à son royaume Soltânieh, Ghazvin, Rey, Ispahan, Shirâz et Kermân. Jahân Shâh était aussi un grand bâtisseur et encourageait la culture et la science. Paradoxalement, la fin du règne des Qara Qoyounlou arriva alors qu’ils étaient à l’apogée de leur pouvoir. Les expéditions de Jahân Shâh contre les tribus rivales des Aq Qoyounlou (littéralement, “les gens aux moutons blancs”) se soldèrent par un désastre. Les troupes d’Uzun Hassan, chef des Aq Qoyounlou, tuèrent Jahân Shâh et son fils en 1467. Les Aq Qoyounlou massacrèrent tous les successeurs potentiels de Jahan Shâh pour en finir définitivement avec leurs adversaires safavides.
Les Aq Qoyounlou étaient présents en Anatolie depuis au moins 1340. Tamerlan leur offrit en 1402 des terres à Diyarbakir, à l’est de la Turquie. Ils devinrent rivaux de la fédération Qara Qoyounlou et réussirent à la vaincre en 1467. La dynastie sunnite des Aq Qoyounlou fut fondée par Qara Othman (1350-1435), mais elle resta marginale jusqu’à l’apparition d’Uzun Hassan, un petit-fils de Qara Othman. Uzun Hassan infligea aussi une défaite au roi timouride Abou Saïd. Uzun Hasan réussit à prendre Bagdad, ainsi que des territoires le long du golfe Persique. Il étendit son territoire en Iran central et oriental jusqu’au Khorâssân, et établit sa capitale à Tabriz. Bien que les Aq Qoyounlou soient venus d’Anatolie, ils confièrent très vite l’administration aux ministres iraniens. Sous les Aq Qoyounlou qui régnaient sur un véritable empire, Tabriz devint la capitale des arts, de l’architecture et surtout de la calligraphie avec le transfert des plus grands maîtres calligraphes de la cour timouride à Hérat vers Tabriz.
Les Safavides sont issus d’un ordre soufi d’abord sunnite de confession chaféite, converti ensuite au chiisme duodécimain. Sheikh Joneyd et Sheikh Heydar, le grand-père et le père d’Esmâïl Ier, fondateur de la dynastie des Safavides, furent successivement les chefs de l’ordre soufi safavide dont le nom est tiré de celui de leur ancêtre, Sheikh Safiyeddin Ardebili, fondateur de l’ordre soufi. Sous les Qara Qoyounlou et les Aq Qoyounlou, le chiisme duodécimain et l’ordre soufi safavide se diffusèrent parmi les tribus turcophones d’Anatolie et d’Azerbaïdjan. En 1500, de nombreuses tribus turcophones de l’Anatolie, l’Azerbaïdjan, d’autres régions de l’Iran, chiites et sunnites confondus, se réunirent autour des Safavides -qui aspiraient au pouvoir depuis longtemps - et du jeune Esmâïl, qui avait remplacé son père à la tête de la confrérie alors qu’il n’avait que 13 ans. Au printemps 1501, l’armée des Safavides fit la guerre contre le dernier roi des Aq Qoyounlou, et Esmaïl Ier se fit couronner roi à Tabriz. Après son intronisation, les fédérations tribales des Qara Qoyounlou et des Aq Qoyounlou se joignirent au jeune roi. Les Safavides déclarèrent le chiisme religion d’état.
Pendant les 23 ans de son règne (jusqu’à sa mort en 1524 à l’âge de 37 ans), Esmâïl Ier réussit à rétablir un état entièrement iranien sur l’ensemble du territoire historique de l’Iran, et ce pour la première fois depuis au moins cinq siècles où le pays avait été dominé par les dynasties turco-mongoles. Les dynasties iraniennes ne régnaient que partiellement sur le territoire.
à Tabriz, Esmâïl Ier réunit les plus célèbres poètes et les meilleurs artistes de son temps. Le roi, qui composait lui-même des poèmes mystiques en azéri et en persan, accueillait les plus grands miniaturistes du monde musulman comme Kamâleddin Behzâd qui fondèrent l’école artistique de Tabriz. Notons que la plupart des œuvres architecturales de l’époque safavide de Tabriz furent détruites lors des tremblements de terre ou des invasions étrangères, surtout ottomanes. Après Esmâïl Ier, son fils Tahmâsb Ier monta sur le trône en 1524. Il régna pendant 52 ans jusqu’à sa mort en 1576, ce qui fait de lui le roi ayant le plus long règne de l’histoire de l’Iran. En 1548, Shâh Tahmâsb transféra la capitale de Tabriz à Qazvin pour diverses raisons :
- La cour safavide était devenue à Tabriz un centre de rivalité et d’hostilité pour les chefs des différentes tribus turcophones qui avaient soutenu les Safavides dans leur prise de pouvoir. En transférant la capitale de Tabriz à Ghazvin, le roi Tahmâsb souhaitait pouvoir sortir du champ d’influence de ces chefs de guerre.
- Tabriz se situait non loin des frontières de l’Empire ottoman. En 1514, les troupes ottomanes de Sélim Ier infligèrent une lourde défaite à l’armée des Safavides, lors de la bataille de Tchaldiran, première des guerres ottomanes-persanes. Les Safavides perdirent la moitié orientale de l’Anatolie et les Ottomans prirent Tabriz pendant une courte période, mais ils durent se retirer de la ville de peur d’y être piégés par les troupes d’Esmâïl Ier. Pour se mettre à l’abri d’éventuelle attaque des Ottomans, Tahmâsb Ier décida d’éloigner sa capitale des frontières de l’Empire ottoman.
- Pendant les premières décennies de la dynastie des Safavides, ces derniers furent toujours en guerre contre les tribus ouzbeks au nord-est. Tabriz était trop éloignée des zones de conflit. Pour mieux gérer les deux conflits contre les Ouzbeks (nord-est) et les Ottomans (nord-ouest), les Safavides préférèrent installer leur capitale à un endroit (d’abord Qazvin, puis Ispahan) étant à la fois à l’abri d’une éventuelle attaque, et situé à une distance stratégique des deux régions du nord-est et du nord-ouest.