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Les jours fériés et les congés payés : véritables moteurs de la culture des vacances
u’est-ce que les vacances ? La question peut paraître simple, mais la réponse est incroyablement complexe, car même pour définir les vacances, il est indispensable de prendre en considération plusieurs éléments différents.
Le concept de « vacances » n’est pas une notion moderne, mais sa signification a beaucoup changé depuis la première moitié du XXe siècle. Aujourd’hui, les vacances signifient une période pendant laquelle une personne cesse ses activités habituelles. Mais les vacances ne sont pas uniquement un phénomène de la vie privée, car l’organisation de la vie sociale exige qu’un certain ordre soit envisagé pour créer un équilibre entre le privé et le public.
Selon cette logique d’organisation, le calendrier devient la référence principale pour déterminer un système annuel de vacances. Or, le calendrier est lui-même dépendant de nombreux facteurs fondamentaux : le climat, l’histoire, la culture, la religion…
En Iran contemporain, un calendrier usuel est celui qui combine, en réalité, trois systèmes de chronologie différents : national, religieux et international. Le premier est le calendrier hégirien solaire, le deuxième est le calendrier hégirien lunaire (calendrier arabe), et le troisième est le calendrier grégorien.
Les vacances proviennent des deux premiers, c’est-à-dire du calendrier national et du calendrier religieux (musulman chiite). Étant donné que l’année lunaire du calendrier religieux est plus courte (- 10 jours) que l’année solaire du calendrier national, les jours fériés tirés du calendrier religieux sont mobiles par rapport aux jours fériés tirés du calendrier national. Par conséquent, dans le calendrier national iranien, chaque jour férié tiré du calendrier religieux arrive dix jours plus tôt par rapport à l’année précédente. Cette mobilité modifie progressivement la date des jours fériés religieux qui circulent ainsi d’une saison à l’autre. Cette modification annuelle se déroule dans un cycle qui se complète approximativement tous les 33 ans selon la chronologie solaire.
Pour avoir une idée plus claire de ce système iranien des jours fériés publics, il vaut mieux en établir la liste : actuellement, le calendrier compte 27 jours fériés publics. Dix jours fériés (onze pour les années bissextiles) sont issus du calendrier national, et dix-sept jours fériés proviennent du calendrier religieux.
Étant donné que les jours fériés proviennent de deux calendriers distincts, l’un solaire (365 jours) et l’autre lunaire (355 jours), les jours fériés provenant du calendrier religieux sont mobiles par rapport au calendrier national. Cela crée un certain problème au niveau de la répartition parfois déséquilibrée des jours fériés pendant une année. Autrement dit, il y a souvent des trous noirs dans le calendrier, c’est-à-dire une période relativement longue (parfois trois ou quatre mois) où il n’y a aucun jour férié, tandis que la même année, il y a des périodes relativement courtes pendant lesquelles plusieurs jours fériés se succèdent.
À ces jours fériés du calendrier officiel, il faut ajouter les 52 jours de congés hebdomadaires du week-end (vendredi), les jours de vacances destinées aux minorités religieuses pour leurs fêtes, mais aussi les vacances scolaires.
Dans la plupart des pays du monde, les jours ouvrables de la semaine vont du lundi au vendredi, le samedi et le dimanche étant les vacances de la fin de la semaine. Mais en Iran, c’est une autre version qui est respectée : la semaine commence le samedi et les jours ouvrables vont du samedi au jeudi. Le week-end inclut le temps après les heures de travail du dernier jour ouvrable (jeudi) et le vendredi. L’Iran est donc l’un des rares pays ayant adopté un week-end d’un seul jour tandis que la plupart des pays du monde ont un week-end de deux jours. Cependant, de plus en plus d’établissements accordent à leurs employés un deuxième jour de vacances hebdomadaire le jeudi, notamment à Téhéran, la capitale, et dans les grandes métropoles.
Il existe un écart important entre le week-end iranien (jeudi-vendredi) et le week-end international (samedi-dimanche), ce qui réduit le nombre des jours ouvrables communs à trois (lundi, mardi, mercredi). Parmi les pays musulmans qui avaient adopté le jeudi et le vendredi comme week-end, beaucoup d’États ont décidé de réduire le décalage en transférant le congé du jeudi au samedi. Par exemple, les pays arabes du sud du golfe Persique l’ont réalisé pendant une période de cinq ans à partir de 2008. L’Afghanistan est le dernier pays musulman à avoir transféré le congé du jeudi au samedi pour mieux s’adapter au monde des affaires dans une sphère internationale.
Les vacances scolaires sont les périodes durant lesquelles les établissements scolaires sont fermés, à l’exception des périodes hebdomadaires comme les week-ends. Les dates et les durées de ces périodes varient considérablement à travers le monde.
En Iran, il y a deux périodes importantes de vacances scolaires : les vacances de Norouz et du Nouvel An iranien (du 1er au 13 Farvardin) correspondant à la période allant du 21 mars au 2 avril, et les vacances d’été qui commencent officiellement le 1er Tir (22 juin) et durent jusqu’au 31 Shahrivar (22 septembre). Cependant, de nombreux établissements scolaires préfèrent depuis plusieurs années fermer plus tôt, avant le 1er Tir (22 juin), et compenser les longues vacances d’été en organisant des cours pendant plusieurs semaines aux mois de juillet et d’août.
La loi iranienne définit les vacances scolaires au niveau national sans tenir compte des particularités climatiques de chaque région. Par ailleurs, comme dans d’autres pays du monde, les vacances scolaires ont un impact social et économique important sur la vie des citoyens au niveau national, notamment parce que de nombreux parents préfèrent prendre congé durant ces périodes pour passer plus de temps en compagnie de leurs enfants.
Par conséquent, les vacances de Norouz et du Nouvel An et l’été sont les deux saisons les plus importantes de vacances en Iran, notamment en ce qui concerne l’organisation de voyages ou autres activités touristiques. En été, le climat très chaud et aride dans de vastes régions iraniennes ne permet pas à ces régions de bénéficier véritablement des immenses revenus des activités touristiques, tandis que d’autres zones s’attribuent la plus grande part de l’économie du tourisme. Par contre, alors que les conditions climatiques s’améliorent en hiver dans les régions chaudes du pays, il n’y a pas beaucoup de vacanciers.
En général, le fait que la plupart des vacanciers prennent congé pendant les vacances de Norouz ou en été, entraîne une hausse des prix dans le secteur du tourisme. Ce sont notamment les prix du transport et de l’hébergement, ainsi que le trafic routier qui sont influencés par les périodes de vacances. Précisons par ailleurs que les Iraniens préfèrent largement voyager en voiture.
La notion des congés payés s’est généralisée en Iran pendant la première moitié du XXe siècle et elle a été reconnue officiellement dès l’approbation de la première loi du travail moderne de l’Iran en 1946. La nouvelle loi du travail datant de 1990 a augmenté la durée des congés payés de 15 à 30 jours par an. Les congés maladie n’ont pas de limite, mais l’employeur n’est pas tenu de payer les congés maladie dont les indemnités sont payées au salarié par l’Organisation de la sécurité sociale.
En ce qui concerne l’organisation des vacances, les congés payés sont un instrument stratégique entre les mains du salarié pour mieux organiser son repos et surtout ses voyages. Cependant, il faut souligner que l’usage des congés payés, surtout en ce qui concerne la date et la durée, dépendant de l’approbation officielle de l’employeur.
Avec les congés payés est apparue une nouvelle forme d’aménagement du temps libre, car ils permettent aux gens d’avoir un « droit aux loisirs » officiellement reconnu. Les employés n’ont plus besoin de maquiller leur besoin de moments de liberté en prétextant une fête familiale, un deuil ou un événement imprévu afin de justifier leur absence au travail. Les congés payés ont donné de l’ordre aux rapports qui existent entre le temps privé et le temps public.