N° 166, septembre 2019

Mahmoud Hosseinizâd,
traducteur et nouvelliste iranien du regret


Samirâ Fâzel


Mahmoud Hosseinizâd, traducteur, poète, dramaturge, nouvelliste et critique iranien, est né le 8 avril 1946 à Firouzkouh au nord de Téhéran. Au terme de ses études supérieures en Allemagne, en sciences politiques et sociologie, Hosseinizâd rentre en Iran dans les années 70. Depuis, il enseigne l’allemand et traduit en persan des œuvres de la littérature contemporaine allemande. Il a à son actif des articles critiques dans différents domaines : littérature, théâtre, cinéma etc. Il a reçu la Médaille Goethe en 2013. Hosseinizâd est également l’une des figures de la littérature iranienne extra-contemporaine.

Asemân, kipp-e abr (Ciel, boursouflé de nuages) est un recueil de ses nouvelles publié par les éditions Zâvosh en 2012. Le recueil comprend 13 nouvelles, partagées en cinq parties. Le thème principal de ces nouvelles est la solitude, l’amertume de la vie quotidienne et parfois un regard sur le passé. Le discours est simple et fluide, avec en filigrane une souffrance discrète, cachée dans les méandres du récit.

Mahmoud Hosseinizâd

Asemân, kipp-e abr est le troisième volet d’une trilogie dont le premier et le second sont respectivement titrés Siâhi-ye

chasbnâk-e shab (La noirceur moite de la nuit) et In barf key âmadeh… ? (Quand a-t-il neigé… ?). Hosseinizâd adopte souvent la narration intradiégétique au travers d’une écriture circoncise et saccadée, parfois poétique et conforme à l’ambiance idyllique de l’histoire. Comme l’explique l’auteur lui-même, ses histoires sont une rétrospective du passé, sans fond nostalgique, bien que ses nouvelles aient souvent un fond biographique réel.

L’une des meilleures nouvelles de la première partie d’Asemân, kipp-e abr et figurant dans la première partie s’intitule Et encore parfois. Le narrateur, Mahmoud, est un jeune homme fragile et craintif qui a perdu ses parents et qui revient dans cette nouvelle sur sa profonde tristesse et sa solitude. La seconde partie du recueil contient cinq nouvelles partageant un thème commun : l’absence de relations humaines et l’incapacité des gens à communiquer.

La troisième partie du recueil, qui comprend quatre nouvelles, traite de la perte et du deuil. La quatrième comprend deux nouvelles écrites à la troisième personne, portant sur la séparation et la perte d’une personne aimée. La dernière partie ne comprend qu’une seule nouvelle « Vagabondage avec les yeux humides », relatant le récit de l’absence.

Couverture du recueil Asemân, kipp-e abr
(Ciel, boursouflé de nuages)

En général, les protagonistes des nouvelles de ce recueil sont en quête de leur passé mais chacun à sa façon. Pourtant, le rappel du passé paraît tous leur évoquer des regrets ainsi qu’un sentiment de repentir. Chaque nouvelle raconte une « étape » du passé au travers de la mémoire des personnages, sous forme de souvenirs relatés à la première ou à la troisième personne. Les analepses et prolepses qui sillonnent l’ensemble de cette œuvre semblent montrer que chaque personnage tente de définir un lien entre le passé et le présent. Dans ce recueil, Hosseinizâd raconte l’histoire de gens malheureux, aux douleurs secrètes, et trace le portrait de tous ceux qui essaient de retrouver leur identité en cette ère moderne où les relations humaines se perdent dans les engrenages de la machine.

« Et encore, parfois, elle m’appelle après toutes ces années, généralement quand je sommeille. Elle m’appelle encore lorsque je suis quelque part ou lorsqu’il pleut. La voix de ma mère m’entoure constamment. Encore, parfois, je peux bien décrocher le téléphone, composer son numéro, et elle décroche et dit : "Allô !". Je la salue et elle me répond : « Mon cher Mahmoud ! » [1]

Le dernier recueil de nouvelles de Hosseinizâd, publié en 2014 par les éditions Cheshmeh s’intitule Sarash râ gozâsht rou-ye fellez-e sard (Il posa sa tête sur le métal froid). Ce recueil comprend dix nouvelles et la couverture a été conçue par l’auteur lui-même.

Les critiques considèrent la troisième nouvelle de ce recueil comme la meilleure réussite de l’auteur. Cette nouvelle, intitulée "Somayeh n’a même pas toussé", aborde notamment la question du crime d’honneur, au travers d’un récit très sobre, mais chargé de questionnements. Cette nouvelle se caractérise par la fluidité de sa prose et par le ton très populaire des classes pauvres de la société iranienne.

Notes

[1« Et encore parfois », première nouvelle du recueil Asemân, kipp-e abr.


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