N° 166, septembre 2019

Takht-e Soleymân,
témoin vivant de l’histoire de l’Iran


Babak Ershadi


Vue générale du site historique de Takht-e Soleymân. Le village de Nosratâbâd et le mont Zendân-e Soleymân sont visibles derrière le site.

Takht-e Soleymân est un trésor de réalisations architecturales exceptionnelles de grande valeur universelle du point de vue artistique, religieux, mythologique et historique, sans oublier l’importance du cadre naturel dans lequel il se situe.

Takht-e Soleymân est d’ailleurs l’unique survivant des trois principaux temples du feu zoroastriens de la période préislamique. Appelé Azargoshnasb, ce temple de feu fut construit sur ordre de l’empereur sassanide Khosrow Ier Anoushirvan (531-578 apr. J.-C.) autour du lac sacré de Chechasta, selon l’Avesta. Le site ne fut pas vénéré uniquement par les zoroastriens. En effet, il fut un lieu respecté pour les premiers Arméniens chrétiens, les musulmans, mais aussi les Mongols chamanistes avant leur conversion à l’islam. À des périodes différentes, Takht-e Soleymân est entré dans des légendes liées à la naissance ou à la vie de plusieurs prophètes (Zoroastre, Salomon, Jésus). Takht-e Soleymân connut sa dernière période glorieuse vers la fin du XIIIe siècle, quand les Mongols chamanistes le choisirent comme résidence d’été en y construisant un palais imposant tout près du lac sacré, comme à Persépolis et Pasargades à l’époque des Achéménides (550-331 av. J.-C.).

Les ruines furent également attribuées aux légendes liées à la naissance de Zoroastre et de l’Enfant Jésus. Pendant la période islamique, les ruines du temple et du palais sassanides Takht-e Soleymân entrèrent dans des légendes liées au royaume de Salomon, selon lesquelles il y avait son trône, d’où l’expression de Takht-e Soleymân (« Trône de Salomon »), nom donné au site à l’époque médiévale et moderne. Pendant le règne des Ilkhanides mongols, aux XIIIe et XIVe siècles, le site s’appelait Saturiq.

L’empire Sassanide en 632 apr. J.-C.

Le site se situe à 45 km au nord-est de la ville de Takab. Le village le plus proche du site est Nosratâbâd, qui se trouve à 1,5 km à l’ouest de Takht-e Soleymân.

Le site ovale fortifié de Takht-e Soleymân couvre une superficie d’environ 10 hectares. Une zone de protection a été définie par l’Organisation nationale du Patrimoine culture, de l’Artisanat et du Tourisme, d’une superficie d’environ 385,5 hectares. Cette zone tampon protège l’environnement paysager du site.

Takht-e Soleymân est un monument identitaire légendaire et fascinant. Certains experts et historiens le considèrent comme un miroir qui reflète des moments et des époques de l’histoire iranienne et universelle.

Takht-e Soleymân se situe à une quarantaine de kilomètres de la ville de Takab, au sud-est de la province iranienne de l’Azerbaïdjan de l’Ouest.

Le temple de feu

Dans le zoroastrisme, un temple de feu est le lieu de culte souvent appelé Dâr-e Mehr (Maison du Soleil) dans la tradition zoroastrienne. En effet, « Dâr-e Mehr » est le symbole de la religion zoroastrienne. En 2019, il y a 167 temples de feu dans le monde, dont 45 à Mumbai, 105 dans le reste de l’Inde et 17 dans d’autres pays (dont la plupart en Iran).

Dans la religion zoroastrienne, le feu (Âtar en avestique, Âzar en persan moderne) et les eaux (Âpas en avestique, Âban en persan moderne) sont des agents de la pureté rituelle.

Apparus pour la première fois au IXe siècle avant notre ère, les rituels du feu zoroastriens sont contemporains de ceux du zoroastrisme lui-même. Il apparaît à peu près au même moment que le culte du sanctuaire et est à peu près contemporain de l’introduction d’Âtar en tant que divinité. Il n’y a aucune allusion à un temple du feu dans l’Avesta proprement dit, pas plus qu’il n’existe de mot désignant un temple du feu dans la langue vieux-perse.

Le fait que les rituels du feu soient une modification doctrinale et qu’ils soient absents du zoroastrisme primitif est également évident dans les passages les plus anciens des textes avestiques. Dans ces textes les plus anciens du zoroastrisme, c’est le feu du foyer qui parle à « tous ceux pour qui il prépare le repas du soir et du matin », ce qui ne correspond nécessairement pas à un feu sanctifié.

L’empire Sassanide en 632 apr. J.-C.

Le temple semble être donc un phénomène beaucoup plus tardif : Hérodote relata qu’au milieu du Ve siècle avant notre ère, les zoroastriens adoraient à ciel ouvert, montant des monticules pour allumer leurs feux.

La particularité du temple du feu sassanide était son sanctuaire en forme de dôme où se trouvait l’autel du feu. Ce sanctuaire avait toujours un plan carré avec un pilier dans chaque coin, qui soutenait le dôme. Des vestiges archéologiques et des témoignages littéraires tirés de « Zend » (commentaire sur l’Avesta) suggèrent que le sanctuaire était entouré d’un passage sur les quatre côtés.

Le site fut autrefois le temple du feu sassanide d’Azargoshnasb, datant des Ve et VIe siècles. Il est d’ailleurs le temple du feu le mieux conservé de la période sassanide et le plus fascinant complexe zoroastrien connu dans le monde. D’après les textes avestiques, le temple d’Azargoshnasb fut l’un des trois principaux temples du feu de l’Empire sassanide. L’emplacement des deux autres temples n’a pas encore été découvert. Plusieurs éléments font de ce lieu un site archéologique unique, d’autant plus que Takht-e Soleymân est le plus grand et probablement l’un des plus anciens lieux de culte zoroastriens jamais découverts. Bien que les noms et les emplacements exacts d’autres sites religieux des Sassanides ne soient pas connus, les historiens savent qu’ils se situaient essentiellement dans la moitié sud du plateau iranien. Cela étant dit, Takht-e Soleymân est le témoin unique et exceptionnel du temple du feu royal des empereurs sassanides dans le nord-ouest de l’Iran. Les historiens disposent de preuves archéologiques solides qui le confirment avec certitude.

Les recherches archéologiques menées à Takht-e Soleymân ont fourni des données importantes sur les différents aspects architecturaux et cultuels d’un temple du feu zoroastrien à l’époque de l’Empire sassanide.

Plan du temple du feu Azargoshnasb à l’époque sassanide.

L’environnement naturel du site lui donne une plus grande importance, car le temple du feu se situe dans une région montagneuse et il est marqué par la présence d’un petit lac. En réalité, il s’agit d’une série de sources fonctionnant comme un puits artésien. Ce lac, évidemment beaucoup plus ancien que le temple du feu, est sans doute à l’origine de la fondation du temple. Il est intéressant de savoir que d’après les documents anciens dont disposent les historiens, la plaine environnante qui est arrosée par la source de Takht-e Soleymân est aujourd’hui aussi verte que dans le passé, c’est-à-dire à l’époque des Ilkhanides qui se servaient de cette plaine comme pâturage des chevaux de leur armée.

Les chercheurs ont effectué de nombreuses comparaisons entre le temple du feu de Takht-e Soleymân et d’autres sanctuaires zoroastriens dans le sud de l’Iran (les provinces du Fârs et de Kermân), le sud du Caucase (Bakou, République de l’Azerbaïdjan) ou l’Inde. Ces recherches indiquent que le temple de Takht-e Soleymân se distingue nettement d’autres temples du feu anciens, mais il existe aussi des ressemblances parmi tous ces sanctuaires zoroastriens malgré les grandes distances qui les séparent les uns des autres.

À titre d’exemple, la partie sacrée d’un petit temple du feu près de Kermân (sud-est de l’Iran) avec son hall rectangulaire et sa salle voûtée, où un feu sacré avait été vénéré jusqu’à une époque récente, la salle sacrée du feu appelé Bahram dans le temple de feu zoroastrien de Bombay Inde, et même la salle du feu sacré du temple de feu principal de Téhéran construit au début du XXe siècle, ressemblent tous à celui du temple de feu de Takht-e Soleymân.

L’impression sur argile du sceau des mages de la cour sassanide, découverte à Takht-e Soleymân.

En ce qui concerne le paysage naturel de Takht-e Soleymân, il faut mentionner ici un mont isolé, situé à 2,5 km à l’ouest du site, appelé Zendân-e Soleymân (prison de Salomon). D’une hauteur d’une centaine de mètres, ce mont a une forme conique parfaite. L’existence d’une source d’eau au sommet de Zendân-e Soleymân était sans aucun doute la principale raison de l’existence de constructions autour du sommet en forme de volcan. Ces constructions, qui avaient une fonction religieuse, appartenaient à une période antérieure à celle de Takht-e Soleymân.

D’importants projets de restauration ont été entrepris à Takht-e Soleymân en même temps que des fouilles archéologiques. Ces interventions n’ont pas affecté les différentes structures du monument. En revanche, elles ont largement contribué à une meilleure préservation et consolidation des édifices, surtout le temple du feu sassanide et les bâtiments de l’iwan occidental du site.

Les ruines de la citadelle sassanide en haut du mont Belqeys. Mihrab de la mosquée du vendredi d’Abarkouh

Takht-e Soleymân est un chef-d’œuvre du génie créateur humain. Le complexe du temple du feu sassanide renforçait, par la qualité de son architecture géniale, une harmonie entre ses constructions symboliques et religieuses d’une part, et le paysage naturel qui entoure le site de l’autre. Dans le choix de l’emplacement du site, les constructeurs originaux du temple firent preuve d’un niveau élevé de compétence créative en utilisant l’existence du lac sacré et les liens entre l’eau avec les croyances religieuses zoroastrienne et prézoroastriennes, d’autant plus que le site avait été choisi sans aucun doute en raison des valeurs spirituelles des sources d’eau pure.

Le complexe du temple du feu de Takht-e Soleymân est une construction architecturale très inspirante. Les croyances spirituelles des premiers constructeurs du temple, qui réunirent avec succès l’environnement naturel et paysager du site, sont sans doute à l’origine d’œuvres d’art exceptionnelles. Au cours des siècles, ce monument architectural a continué à inspirer les hommes, qu’ils soient zoroastriens, musulmans ou chamanistes, bouddhistes ou chrétiens.

Texte avestique en écriture pehlevi, système d’écriture du moyen-perse utilisé dans l’Empire sassanide pour les textes religieux et profanes.

Le site de Takht-e Soleymân ne se résume pas en un seul temple du feu, il représente une continuité et une interaction importantes des valeurs humaines sur une longue période. Ainsi, il témoigne du développement de l’architecture, des technologies, des arts monumentaux et urbains mais aussi de l’aménagement paysager.

Le complexe historique et archéologique de Takht-e Soleymân démontre clairement la manière dont les Iraniens et les peuples qui coexistaient avec eux et qui avaient des croyances différentes étaient capables de planifier, d’aménager et d’utiliser le paysage conformément à leur religion ou conviction et philosophie, indépendamment de leur appartenance ethnique. On a pu le voir au XIIIe siècle avec les premiers Mongols qui s’établirent sur le territoire iranien.

« Dâr-e Mehr » (récipient du feu), symbole de la religion zoroastrienne.

À Takht-e Soleymân, les vestiges et les preuves archéologiques montrent l’étendue et l’intensité avec lesquelles le paysage naturel fut utilisé. Le plan architectural et paysager du site montre aussi clairement l’interaction entre les croyances prézoroastriennes et zoroastriennes en ce qui concerne la protection de l’eau et les significations religieuses et symboliques de l’eau et de la terre, mais aussi de l’air (au sommet des montagnes).

Selon certains récits, le lac mythique Var-e Chechast (Avesta) où Afrasiyab, le roi légendaire du Touran tenta d’échapper à Key-Khosrow le roi légendaire des Perses, serait le petit lac de Takht-e Soleymân.

Les empereurs sassanides faisaient le pèlerinage de Takht-e Soleymân à pied après leur couronnement à Ctésiphon en Mésopotamie. En effet, Takht-e Soleymân reste le plus important et probablement l’un des plus anciens sites rituels du zoroastrisme ancien jamais découverts.

Réunion religieuse des zoroastriens à Takht-e Soleymân.

Description

Le site de Takht-e Soleymân est un ovale fortifié construit autour d’une vaste source naturelle situé dans une vallée entourée de chaînes de montagnes. Son existence est due avant tout à celle de la source, un puits artésien naturel, dont les eaux abondantes proviennent d’une profondeur d’une centaine de mètres. Les sédiments de la source ont fait monter le site à une hauteur de 60 mètres par rapport à son environnement. Au mont voisin Zendân-e Soleymân, il y avait aussi une source qui, d’après les experts, se dessécha probablement entre 700 et 500 ans av. J.-C. Cette source devait ressembler à celle de Takht-e Soleymân, mais son assèchement n’a laissé aujourd’hui qu’un immense trou d’une profondeur de 80 mètres, semblable à un cratère. Selon la légende, Salomon aurait emprisonné des monstres dans ce trou infernal, d’où le nom de Zendân-e Soleymân (prison de Salomon). Contrairement à cette source desséchée, la source de Takht-e Soleymân coule toujours et forme un petit lac. Le débit de la source est de 100 litres par seconde. Cette eau est utilisée aujourd’hui pour irriguer la vallée verdoyante où se situe Takhe-e Soleymân. Le lac mesure 120 mètres de long et environ 80 mètres de large. Des études menées conjointement par des géologues iraniens et allemands montrent que le lac a une profondeur moyenne de 64 mètres, mais une partie du nord du lac atteint 112 mètres de profondeur. Le lac est alimenté par plusieurs sources situées en profondeur.

Un manuscrit arménien du IVe siècle mentionne le lac de Takht-e Soleymân et relate la légende la naissance d’un enfant près de ce lac. Le récit est mixte, car il mêle l’histoire de la naissance de Zoroastre et du Christ. Ce document attribue, en fait, la fondation du temple du feu autour du lac sacré à cette légende. Le lac est également mentionné par les historiens de la période islamique.

Œuvre d’art sassanide, datant du début du Ve siècle apr. J.-C., montrant une scène de chasse de l’empereur Kavadh Ier (ayant régné de 488-496 et de 499 à 531).

Des fouilles archéologiques menées à Takht-e Soleymân révèlent des indices isolés et disparates de l’occupation du site au Ve siècle av. J.-C. vers le début de l’époque achéménide, mais aussi au IIIe siècle de notre ère, c’est-à-dire vers la fin de la période arsacide.

Cependant, les historiens sont unanimes pour dire que la véritable histoire de Takht-e Soleymân en tant que centre religieux commence avec la construction d’une série de bâtiments en briques crues sur fondations en pierre sous la dynastie des Sassanides (224-651).

La découverte de pièces de monnaie appartenant à l’époque du règne de l’empereur sassanide Péroz Ier (457-484 apr. J.-C.) et de l’empereur byzantin Théodose II (408-450 apr. J.-C.), ainsi que certaines datations au radiocarbone laissent croire que ces bâtiments furent construits au Ve siècle. Aujourd’hui, il reste un mur en briques crues de 12 mètres de large et une entrée au nord du site qui datent de ces premières périodes.

La découverte d’un certain nombre de pièces de monnaie et de sceaux appartenant au règne de Kavadh Ier (ayant régné de 488-496 et de 499 à 531) permet de dater le remplacement des structures en briques crues par des bâtiments en briques cuites au cours de la première moitié du VIe siècle.

Le mont Belqeys en hiver. Haut de 3332 mètres par rapport au niveau de la mer, il se situe à quelque huit kilomètres du site de Takht-e Soleymân.

D’après ces découvertes, certains historiens disent que les nouveaux bâtiments auraient été construits pendant une période de conflits religieux et de rébellions au sein de l’Empire sassanide, principalement en raison des mouvements mazdakites. D’après cette théorie, vers la première moitié du VIe siècle et après la fin des conflits civils, le temple du feu zoroastrien de Takht-e Soleymân devint un sanctuaire réservé à la famille royale sous les derniers empereurs puissants de la dynastie, à savoir Khosrow Ier (531-579) et Khosrow II (591-628).

La fortification en forme ovale autour du site fut probablement construite à cette même période. Ce mur de pierre impressionnant et ses 38 tours avaient une hauteur de 13 mètres. À certains endroits, ce mur peut atteindre six mètres d’épaisseur. L’accès à l’intérieur de cette enceinte était assuré par deux entrées en pierres taillées au nord et sud du site. Curieusement, aucune trace d’anciennes portes fermant les entrées n’a été découverte. L’absence de vestiges de porte laisse certains experts croire que le mur ovale autour du site aurait été plutôt une délimitation sacrée qu’une véritable fortification. Autrement dit, le mur créait un enclos symbolique réservé à la famille royale et aux grands généraux.

Les ruines de la citadelle sassanide en haut du mont Belqeys. Mihrab de la mosquée du vendredi d’Abarkouh

À l’intérieur de l’enceinte fortifiée, deux rectangles séparés sont organisés, l’un au nord et l’autre autour du lac au sud.

Le rectangle du nord est un terrain fortifié avec deux groupes d’édifices. Ces deux édifices furent tous deux probablement des temples. Dans ce rectangle, il y a aussi un grand bâtiment avec un iwan impressionnant qui fut peut-être un palais.

Le rectangle du sud entoure le lac. Le long du côté ouest de ce rectangle se situent la plupart des bâtiments de la période mongole.

Dans les zones périphériques de ces deux grands rectangles se trouvent des vestiges de bâtiments secondaires destinés probablement à l’administration et au service.

Le plan du sanctuaire zoroastrien à Takht-e Soleymân témoigne d’un respect profond des traditions de l’architecture sassanide avec une série de pièces, cours, iwans, salles voûtées, couloirs et pièces périphériques. Le sanctuaire est protégé par des murs fortifiés de quatre mètres d’épaisseur. Contrairement aux murs des fortifications extérieures du site, ces murs sont entièrement construits de briques cuites qui mesurent 20×29×6,5 cm, taille classique des briques de l’époque sassanide. Ces briques sont maintenues ensemble par du mortier de chaux.

Dans cette zone, presque toutes les voûtes des passages se sont effondrées. Les murs s’élèvent à certains endroits à une hauteur de sept mètres. Dans certaines parties, les bâtiments ont été détruits jusqu’à leur fondation. L’Organisation nationale du patrimoine culturel a réalisé des restaurations dans ces zones, notamment dans les parties où des fissures existaient entre les briques et les pierres en raison de la disparition progressive du mortier, infligeant ainsi de graves dommages aux structures.

La zone sacrée du temple du feu est divisée en deux parties distinctes par un long couloir. La partie située à l’est est plus spacieuse et fut sans doute le complexe le plus important de cette zone, d’autant plus qu’elle se situe sur l’axe principal du plan ovale qui va de l’entrée du sud à l’entrée du nord en passant par le lac. Sur cet axe et juste au nord du lac, l’accès à l’intérieur du complexe était assuré par un long hall ouvert ou un iwan situé immédiatement au nord du lac.

Takht-e Soleymân photographié par la mission de l’Institut archéologique de Berlin vers la fin des années 1960.

La partie est du temple :

Face au lac se trouve un podium rectangulaire de quatre mètres de long et de 1,50 mètre de haut avec un escalier monolithique qui a été découvert pendant les fouilles. Les pierres de ce podium, taillées avec une extrême précision, sont de très haute qualité. C’est pourquoi certains experts croient qu’il s’agirait éventuellement d’une composante du trône légendaire de Khosrow II, appelé Takh-e Taqdis, transféré à Takht-e Soleymân, par lui-même ou ses successeurs. Dans son ouvrage épique le Shâhnâmeh (Le Livre des rois), Ferdowsi (935-1020) a mentionné ce trône.

Après avoir traversé l’iwan du sud, on arrive dans une pièce carrée, située elle aussi sur l’axe principal du site. Selon certains experts, dans cette salle cruciforme, le feu sacré était exposé pendant les offices et les pèlerins pouvaient circuler dans les quatre couloirs voûtés qui entouraient la pièce centrale et voir le feu.

À côté de cette pièce, il y a une autre pièce cruciforme, plus petite, avec une cheminée au milieu. Dans les quatre coins de cette pièce se trouvent des trous où étaient autrefois placés quatre autels de pierre. L’un de ces autels est préservé jusqu’à aujourd’hui. D’après les recherches effectuées dans d’autres monuments sassanides, ces quatre autels formaient probablement une plate-forme. Il semble que cette petite pièce cruciforme était le lieu le plus sacré du temple à l’intérieur de laquelle le feu sacré était maintenu lorsqu’il n’était pas exposé dans la plus grande pièce pendant les cérémonies officielles. Cependant, certains chercheurs pensent que le feu sacré n’était jamais exposé dans la plus grande pièce.

L’Empire mongol divisé vers 1300.

Ces deux pièces cruciformes situées au cœur du temple furent construites uniquement en briques cuites. En effet, dans toutes les autres parties du temple, les bâtiments furent construits avec des pierres calcaires bien taillées et seules des voûtes et des coupoles furent construites en briques cuites. Du côté est de la cheminée, il y a deux salles voûtées similaires qui, selon les chercheurs, auraient pu constituer le trésor du temple du feu. Ce trésor contenait les objets précieux que les rois et les princes sassanides avaient l’habitude d’envoyer aux sanctuaires zoroastriens. Selon les historiens, un exemplaire de l’Avesta était également conservé dans cet endroit. Sur les murs de ces deux pièces, il existe des trous pour fixer des étagères en bois.

Un couloir reliait la grande pièce cruciforme à une cour carrée. Du côté est de cette cour se trouvait une salle voûtée qui aurait été la résidence des mages.

Entre la cour et la résidence se trouvait une petite pièce cruciforme.

Plan de Takht-e Soleymân à l’époque ilkhanide.

La partie ouest du temple :

D’après les résultats des fouilles, la partie située à l’ouest du complexe (du côté ouest du corridor central) est aussi un temple du feu. Cette zone est composée d’une série de pièces au sud reliées à un groupe de bâtiments dont deux salles basilicales sont impressionnantes.

Ces deux salles étaient situées l’une après l’autre. Dans le même axe se trouve également un pavillon pourvu d’une salle carrée et trois niches (probablement une salle à manger). Les piliers sont tous faits de gypse recouvert de briques cuites. Les salles étaient décorées de stucs et de reliefs.

Les deux halls basilicaux de la première salle communiquent avec une salle cruciforme en forme de croix. Il s’agit là d’un sanctuaire du feu sacré.

Miniature persane de la période ilkhanide, montrant Abaqa Khan à cheval. Devant lui le prince Arghoun tenant dans ses bras Ghazan Khan enfant.

À l’ouest de ce groupe de bâtiments se trouve une plus grande salle voûtée en forme de croix avec une fonction similaire à celle de la pièce cruciforme dans le complexe oriental. Les autres pièces secondaires doivent avoir servi de locaux d’entretien du feu. Toute cette région est fortifiée et une porte donnait accès à l’entrée nord du site.

Un peu plus vers le sud, du côté du lac, il y avait deux monuments imposants, deux iwans. Ce monument a été nommé « iwan occidental » par les archéologues. Il est devenu le « repère » principal du site tel qu’il est visible depuis une distance considérable.

En réalité, le bâtiment sassanide d’origine (certainement plus petit) fut remplacé par cette impressionnante construction actuelle, cet iwan qui date du XIIIe siècle (période mongole). Il est remarquablement décoré de moqarnas et de stucs.

L’iwan occidental, dont seul le mur nord est préservé, avait 10 mètres de large et 27 mètres de long. À l’époque des Ilkhanides mongols, le corps principal de la partie ouest du site fut agrandi avec deux tours octogonales finement décorées de céramiques émaillées représentant différents motifs d’animaux et floraux.

Les ruines de l’impressionnant iwan occidental de Takht-e Soleymân.

Une série de bâtiments datant du XIVe siècle se trouve le long de la rive ouest du lac. Un bâtiment isolé se trouve derrière cette série d’édifices. C’est un grand bâtiment carré (20,5×20,5 m) à quatre colonnes, dont les bases et certaines parties sont encore préservées. Les murs sont en pierre rouge. Ce bâtiment se trouvait dans un bon état de conservation jusqu’à une époque récente. Ces murs furent décorés à l’origine avec des carreaux émaillés. Les experts proposent une date prémongole, probablement seldjoukide (XIIe siècle) pour dater ce monument. Comme le suggèrent certains experts, cet édifice pourrait avoir été à l’origine surplombé par une coupole.

Le lac de Takht-e Soleymân et les ruines des bâtiments sassanides et mongols.

Les fouilles archéologiques dans la partie nord de la zone sacrée ont révélé l’existence d’une série de fours à céramique produisant des carreaux émaillés et des pièces de décoration pour les monuments de Takht-e Soleymân. Ces fours appartiennent à la période ilkhanide (mongole) c’est-à-dire aux XIIIe et XIVe siècles.

À l’extérieur de l’ovale fortifié, vers le nord, les archéologues ont procédé aux tests qui ont révélé des traces de ce qui pourrait être autrefois une voie processionnelle qui menait vers l’entrée nord du site. Au nord-ouest du site, à 150 mètres du mur ovale, se trouvent des vestiges d’un mur de pierre. Ce mur fut construit par la sédimentation d’un ruisseau créant une ligne sinueuse d’où son nom : « Ruisseau du dragon ». Ce mur naturel a une longueur de 300 mètres et est haut de deux mètres. Le « Ruisseau du dragon » conduisait l’eau de la source de Takht-e Soleymân vers une zone résidentielle à l’époque des Sassanides. Plus tard, une légende se propagea parmi les habitants de la région selon laquelle le ruisseau était autrefois un dragon transformé plus tard en pierre sur ordre du prophète Salomon, qui avait d’ailleurs emprisonné les démons dans « Zendân-e Soleymân » (prison de Salomon), le mont creux situé à environ trois kilomètres du site de Takht-e Soleymân.

L’entrée sud du site de Takht-e Soleymân photographié en hiver.

Zendân-e Soleymân :

La Prison de Salomon, un mont isolé à la forme conique parfaite, est située à 2,5 kilomètres du site de Takht-e Soleymân. D’une hauteur de 97 à 107 mètres par rapport au fond de la vallée, le mont est caractérisé par l’existence d’une énorme cavité avec une profondeur d’environ 80 mètres au sommet. Le diamètre de la fosse, similaire à un cratère, est d’environ 65 mètres à son ouverture.

Selon des études géologiques, la formation du cratère remonte à la période pliocène. À des époques ultérieures, le mont fut actif sous forme de sources d’eau chaude et de lacs.

Autour de l’ouverture du mont en forme de cône, il y a des vestiges d’un temple ancien datant du premier millénaire avant notre ère. Ces vestiges architecturaux sont liés, selon des études archéologiques, à la civilisation des Mannaïs (ou Mannéens). Les Mannéens étaient un peuple établi dans l’ouest de l’Azerbaïdjan iranien, au sud-est du lac Ourmia, près de l’actuelle ville de Mahabad, notamment du Xe siècle au VIe siècle av. J.-C. Le mont semblait être considéré comme sacré jusqu’à l’assèchement de son lac, il y a trois mille ans. L’assèchement de l’eau ne se produisit pas subitement, mais plutôt d’une manière progressive sur une longue période.

Il y eut plus tard une terrasse et des chambres construites pour les pèlerins et les mages zoroastriens. Les archéologues y ont également découvert les vestiges d’un temple avec trois entrées, une petite porte du côté ouest et un escalier au sud-est conduisant à la porte principale.

Un corridor conduisant vers la salle du feu sacré de Takht-e Soleymân.

La citadelle de Takht-e Belqeys :

La montagne Belqeys, avec ses deux sommets très rapprochés, culmine à 3200 mètres et elle est située à 7,5 km au nord-est du site de Takht-e Soleymân. Sur la partie la plus haute de cette montagne, il reste des vestiges de fortifications remontant à l’époque sassanide. Cette citadelle entretient une relation architecturale et historique étroite avec les monuments de Takht-e Soleymân. Les ruines de Takht-e Belqeys (Trône de Belqeys) ont été fouillées pour la première fois en 1959, et ensuite étudiées et documentées de 1966 à 1969 par l’archéologue allemand Dietrich Huff. Belqeys est le nom de la Reine de Saba selon la tradition musulmane. La citadelle de Belqeys est délimitée dans un terrain d’environ 60×50 m. Selon le plan reconstitué par les archéologues, le mur de clôture comprend neuf édifices et il y avait autrefois quatre autres bâtiments. La porte de ce monument se trouverait du côté sud-est ou près de l’angle sud. À l’intérieur des murs, il y avait une salle de forme carrée munie d’un iwan sur son côté sud-ouest. Le monument sassanide est en briques cuites. La taille des briques correspond exactement à la taille standard des briques cuites de l’époque sassanide. Les marques laissées par les tailleurs de pierre sont les mêmes que celles que l’on retrouve sur de nombreux monuments datant de la période sassanide. Tous ces indices permettent donc de croire que la citadelle fut construite pour la première fois à l’époque sassanide. Les experts estiment qu’à l’intérieur de la citadelle, il y avait autrefois non seulement une résidence princière, mais aussi un petit temple du feu.

Les constructions en pierres taillées et en briques cuites de Takht-e Soleymân.

Le plan de la citadelle est tel qu’on peut facilement imaginer que toutes les constructions se dirigeaient vers le temple du feu de Takht-e Soleymân, ce qui révèle l’existence d’un lien direct entre le grand temple du feu et la citadelle qui fut sans doute construite pour le protéger.

La citadelle de Takht-e Belqeys se situe sur la plus haute montagne de la région, ce qui signifie que les habitants de la citadelle devaient subir des hivers rudes, mais profitaient d’étés agréables. La neige du sommet fond à la fin du printemps et au début de l’été. Le paysage est vert et il existe des ruisseaux et des fleurs colorées dans les environs. Un lac saisonnier se forme à l’endroit et embellit davantage cette montagne. L’accès à la citadelle de Takht-e Belqeys est aujourd’hui possible via la route de Takht-e Soleymân à Zanjan. Une demi-heure de marche conduit les visiteurs à la forteresse.

À six cents mètres au sud du complexe de Takht-e Soleymân, les archéologues ont découvert un four à briques datant de la période ilkhanide (mongole). Des carrières de pierres de l’époque sassanide se trouvent à environ un kilomètre à l’est du temple de Takht-e Soleymân. Des pierres extraites de ces carrières furent utilisées pour construire le complexe du temple du feu et son mur ovale.

La partie ouest du temple du feu de Takht-e Soleymân

La période mongole :

Le site de Takht-e Soleymân fut détruit en l’an 627 par l’armée de l’empereur byzantin, Héraclius (610-641), lors d’une contre-attaque à l’invasion sassanide. Les Byzantins détruisirent le temple du feu et volèrent ses trésors. Peu de temps après, le site fut détruit de nouveau après l’invasion arabe.

Les fouilles archéologiques ont toutefois révélé des traces de la reconstruction partielle du temple du feu par les zoroastriens pendant les VIIIe et IXe siècles, mais ce ne fut qu’au XIIIe siècle que Takht-e Soleymân reprit son importance en tant que palais du Mongol Abaqa Khan (1265-1282), successeur de Hulagu Khan et deuxième souverain de la dynastie mongole des Ilkhanides.

Portrait de Sir Robert Ker Porter, voyageur et peintre britannique.

Les Mongols réoccupèrent et restaurèrent les bâtiments principaux des Sassanides, c’est-à-dire ceux des temples du feu et le monumental iwan occidental. La période ilkhanide fut sans aucun doute la réoccupation la plus prospère du site après la chute de l’Empire sassanide.

Les vestiges architecturaux découverts au cours des fouilles ont révélé des chefs-d’œuvre de l’art et de l’architecture persans du début du XIVe siècle.

Après la chute de la dynastie des Mongols ilkhanides au milieu du XIVe siècle, le site de Takht-e Soleymân, bien que partiellement occupé, ne retrouva plus jamais son importance d’antan. Les inondations périodiques des eaux du lac lavèrent progressivement le mortier des parties inférieures du temple du feu. Les cavités ainsi créées entre les briques provoquèrent un affaissement irrégulier des couches de briques et de pierres et entraînèrent des fissures verticales dans la maçonnerie.

La profondeur du lac mystérieux de Takht-e Soleymân varie entre 64 et 112 mètres.

Abaqa Khan (1265-1282)

Né en 1234 en Mongolie, Abaqa Khan est un fils et le successeur de Hulagu Khan et un arrière-petit-fils de Gengis Khan. Il succéda à son père en 1265 et régna sur une grande partie de la Perse jusqu’à sa mort en 1282 en tant que deuxième souverain ilkhanide.

Son père, Hulagu Khan, était très influencé par le christianisme, car sa mère et son épouse principale Doqouz Khatoun, appartenaient à l’Église nestorienne. Cependant, Hulagu Khan ne renonça jamais au chamanisme de Gengis Khan.

Hulagu Khan mourut en 1265. Avant sa mort, il avait négocié avec l’empereur byzantin Michel VIII Paléologue (1261-1282) un mariage avec une fille de la famille impériale byzantine. Michel VIII avait choisi sa fille illégitime Maria pour ce mariage. Hulagu étant décédé avant son arrivée, elle se maria avec le fils de Hulagu, Abaqa. Il reçut sa main en mariage quand il fut installé en tant que Ilkhan. Lorsque la femme de Hulagu, Doqouz Khatoun mourut également en 1265, le rôle de guide spirituel fut transféré à Maria, surnommée « Despina Khatoun » par les Mongols.

Cependant, Abaqa fut et resta lui-même bouddhiste, mais sa belle-mère nestorienne et son épouse byzantine eurent pendant toute sa vie une grande influence spirituelle sur lui. Par exemple, certaines des pièces de monnaie de l’époque de son règne portaient la croix chrétienne et l’inscription chrétienne en arabe : « Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, un seul Dieu ».

Bas-relief sassanide dessiné par sir Robert Ker Porter.

C’est Abaqa qui choisit l’emplacement permanent de la capitale des Ilkhanides à Tabriz.

Le règne d’Abaqa fut en grande partie consacré aux guerres civiles dans l’Empire mongol. Abaqa s’engagea également dans des tentatives infructueuses d’invasion militaire de la Syrie.

Abaqa mourut à Hamedân en 1282, probablement dans un état de delirium tremens. Cette maladie fut probablement causée par une consommation excessive d’alcool, une habitude commune à de nombreux princes mongols. Cependant, en 1285, son vizir iranien, Shamseddin Joveyni, fut accusé de l’avoir empoisonné.

Après la mort d’Abaqa Khan, sa veuve Maria se réfugia à Constantinople où son père tenta de la marier à un autre khan mongol.

L’entrée du nord du site Takht-e Soleymân.

Après Abaqa, son frère Tekuder (1282-1284) lui succéda sur le trône. Malgré ses conflits antérieurs avec les Mamelouks d’Égypte, il se convertit à l’islam et se nomma Ahmad Sultan. Il mit fin aux politiques prochrétiennes d’Abaqa et proposa une alliance avec le sultan mamelouk al-Mansour Qala’un (1279-1290). En 1284, Arghoun (1284-1291), un fils d’Abaqa, mena une révolte contre son oncle. De confession bouddhiste (baptisé à sa naissance par sa mère chrétienne), Arghun fit exécuter Tekuder et prit le pouvoir revenant à la politique prochrétienne d’Abaqa.

D’après les experts, la chute du dôme du temple du feu et la chapelle de l’iwan ont dû avoir lieu à la suite de ce processus. Au XIXe siècle, le complexe fut brièvement habité avant la formation d’un petit village appelé Tazeh Kand qui s’appelle aujourd’hui Nosratâbâd. Nosratâbâd se situe à 1,5 km à l’ouest de Takht-e Soleymân. Le village crée un paysage très beau, car il est situé entre le complexe et le mont Zendân-e Soleymân.

Le Ruisseau du dragon à l’extérieur du mur ovale de Takht-e Soleymân. Ce ruisseau conduisait l’eau du lac vers une zone résidentielle à l’époque des Sassanides.

Le site de Takht-e Soleymân fut visité en 1819 par un peintre et voyageur britannique, sir Robert Ker Porter (1777-1842). Ses voyages le menèrent en Orient et notamment en Perse, dans le Caucase, en Turquie, et à Bagdad. Il livra de nombreux dessins de Persépolis, copia des inscriptions royales achéménides cunéiformes, et étudia des reliefs rupestres dont celui de Salmas (Azerbaïdjan de l’Ouest).

En 1831, le colonel William Monteith (1790-1864), officier, diplomate et historien britannique, visita Takht-e Soleymân lors de son voyage dans l’ouest de l’Iran. Puis, en 1838, sir Henry Rawlinson (1810-1895), diplomate et orientaliste britannique, fut le premier à identifier les ruines du centre de la fortification ovale en tant que temple du feu.

L’Allemand Albert Houtum-Schindler (1881), l’Américain Abraham V. Williams Jackson (1903) et l’Allemand A. F. Stahl (1907) ont également laissé des descriptions des ruines de Takht-e Soleymân.

Archéologue allemand naturalisé américain, Erich Friedrich Schmidt (1897-1964) étudia Takht-e Soleymân et prit les premières photographies aériennes du site en 1937. Ses travaux de fouille à Persépolis de 1934 à 1939 lui conférèrent la célébrité. Il fut également un pionnier de l’étude par photographie aérienne des sites archéologiques.

Cependant, ce ne fut qu’en octobre 1937 que Takht-e Soleymân fut l’objet d’une recherche scientifique de manière approfondie par l’archéologue et historien de l’art iranien, Arthur Upham Pope (1881-1969), et son compatriote Donald Newton Wilber (1907-1997). Cette recherche fut effectuée dans le cadre d’une étude architecturale pour l’Institut américain d’art et d’archéologie iraniens.

Le site de Takht-e Soleymân fut exploré ensuite par les archéologues allemand Hans Henning von der Osten (1899-1960) et suédois Bertil Almgren (1918-2011) en 1958 au nom de l’Institut archéologique allemand. Hans Henning von der Osten dirigea ensuite la première campagne de fouilles avec son compatriote Rudolf Naumann (1910-1996). Dans le cadre d’un programme d’étude sérieux de 14 campagnes de fouille à Takht-e Soleymân et son environnement, l’équipe de l’Institut archéologique allemand fut dirigée d’abord par Naumann puis par Dietrich Huff.

Les Mongols restaurèrent plusieurs parties du temple zoroastrien, dont l’iwan occidental.

Le patrimoine mondial de l’UNESCO :

Sur la proposition de l’Organisation iranienne du Patrimoine culturel, de l’Artisanat et du Tourisme, l’UNESCO a inscrit le complexe de Takht-e Soleymân sur sa liste du Patrimoine mondial.

Parmi les dix critères de sélection de l’UNESCO, Takht-e Soleymân correspond de la meilleure façon à cinq critères :

Critère 1- Représenter un chef-d’œuvre du génie créateur humain

Takth-e Soleymân est un ensemble exceptionnel d’architecture royale, regroupant les principaux éléments architecturaux créés par les Sassanides dans une composition harmonieuse inspirée par le contexte naturel.

Critère 2- Témoigner d’un échange d’influences considérables pendant une période donnée ou dans une aire culturelle déterminée, sur le développement de l’architecture ou de la technologie, des arts monumentaux, de la planification des villes ou de la création de paysages

Le mont Zendân-e Soleymân (prison de Salomon) fait partie du paysage naturel de Takht-e Soleymân.

La composition et les éléments architecturaux créés par les Sassanides à Takht-e Soleymân ont fortement influencé non seulement l’architecture religieuse de la période islamique mais aussi d’autres cultures.

Critère 3- Apporter un témoignage unique ou du moins exceptionnel sur une tradition culturelle ou une civilisation vivante ou disparue

Le complexe de Takht-e Soleymân est un témoignage exceptionnel de la pérennité d’un culte lié au feu et à l’eau sur une période d’environ 2500 ans. Le patrimoine archéologique du site est enrichi par la ville sassanide qui reste encore à fouiller.

Critère 4- Offrir un exemple éminent d’un type de construction ou d’ensemble architectural ou technologique ou de paysage illustrant une ou des périodes significative(s) de l’histoire humaine

Photographie satellitaire du site de Takht-e Soleymân

Takht-e Soleymân représente un exemple exceptionnel de sanctuaires zoroastriens, intégré à l’architecture palatine sassanide dans une composition qui peut être considérée comme un prototype.

Critère 6- être directement ou matériellement associé à des événements ou des traditions vivantes, des idées, des croyances ou des œuvres artistiques et littéraires ayant une signification universelle exceptionnelle

En tant que principal sanctuaire zoroastrien, Takht-e Soleymân est le plus important site associé à l’une des religions monothéistes les plus anciennes du monde. Le site possède des liens symboliques forts, en tant que témoignage de l’association de croyances plus anciennes que le zoroastrisme, ainsi que dans son association avec des légendes et des personnages bibliques importants.


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