N° 166, septembre 2019

Le gardien de Qadir
Aperçu sur la vie de l’auteur d’Al-Qadir, Allâmeh Amini


Mina Alaei, Somayeh Rézaei


« Pour écrire Al-Qadir, j’ai lu dix mille livres du début jusqu’à la fin et je me suis constamment référé à cent mille livres. »

Allâmeh Amini

Allâmeh Amini

L’Ayatollah Abdel Hossein Amini, connu sous le nom d’Allâmeh Amini, est l’auteur de l’ouvrage Al-Qadir. Juriste, conteur de traditions, narrateur éloquent, et historien, il est l’un des grands savants chiites du XIVe siècle de l’hégire.

Né à Tabriz, il y termine ses études initiales, pour ensuite se rendre à Nadjaf où il devient un éminent commentateur du Coran. C’est également là qu’il entreprend la rédaction de son encyclopédie Al-Qadir, nourri de ses voyages dans différentes régions du monde.

Le 12 tir 1349 (le 3 juillet 1970), il meurt à Téhéran, à l’âge de 68 ans, et après des funérailles organisées à la fois à Téhéran, Bagdad, Kazemayn, Karbala et Nadjaf, il est enterré dans l’une des chambres de la bibliothèque Imâm Ali qu’il a fondée lui-même.

Allâmeh Amini est un chercheur connu grâce à Al-Qadir, l’un de ses ouvrages le plus remarquables, et le fruit d’une quarantaine d’années de travail. Afin de rédiger ce livre, il consulta près de dix mille ouvrages, l’accès à certaines sources ayant nécessité de nombreux voyages dans des bibliothèques de la région.

Un modèle de vertu

Sheikh Abdel Hossein Amini, plus connu sous le titre d’Allâmeh Amini, était un savant modeste, disposant de nombreuses qualités telles que la générosité, la sobriété, la franchise de langage, ainsi qu’un style raffiné et une grande éloquence. Il se distinguait ainsi à la fois par son savoir, mais aussi sa façon d’être et sa haute moralité. Sa qualité la plus remarquable était l’affection et la fidélité absolue envers la famille du prophète Mohammad. Sa principale aspiration était d’être au service de l’Imâm Ali. Comme le rapporte son fils dans l’introduction à une édition d’Al-Qadir, « Allâmeh Amini était passionné par la lecture du Coran et la prière. Avant l’aube, il se levait pour faire la prière de la nuit, et continuait à prier ainsi jusqu’au matin. Après s’en être acquitté, il se mettait à lire le Coran. Chaque jour, il en récitait une partie, d’une voix douce, en suivant les règles de la lecture et en méditant sur le sens des versets.

Une fois le mois de Ramadan arrivé, sa relation avec le Coran prenait une tout autre forme. Pendant ce mois, il laissait de côté toutes ses activités quotidiennes et se consacrait à la prière et au jeûne à Nadjaf et à Karbala. Pendant ce mois, il lisait quinze fois le Coran en entier et en offrait la récompense spirituelle aux Quatorze Immaculés du chiisme ainsi qu’à ses propres parents. Il a continué à agir ainsi jusqu’à la fin de sa vie. »

Allâmeh Amini à la Bibliothèque Amir al-Mo’menin à Nadjaf

Un chercheur inlassable

Le professeur Mohammad Rezâ Hakimi dit à propos d’Allâmeh Amini « Il faut présenter Allâmeh Amini comme un chercheur assidu et infatigable au service de l’islam et de la famille du Prophète. C’était une personne habituée aux livres et aux bibliothèques. Il avait dit : « Il n’y a aucune bibliothèque petite ou grande à laquelle je n’ai pas eu d’accès. Je ne me suis privé d’aucune référence scientifique et canonique, il n’y a aucune personne vertueuse dont je n’ai profité, et aucun orateur dont je n’ai pas écouté le sermon afin d’arriver à ces connaissances que je possède à présent. »

Afin d’avoir accès aux ouvrages dont il avait besoin, Allâmeh Amini n’hésitait pas à faire de longs voyages parfois remplis de dangers. Ainsi, un jour, il était en train d’étudier dans une bibliothèque irakienne. Étant donné que cette bibliothèque n’était ouverte que quatre heures par jour et qu’il ne pouvait rester dans la ville que quatre jours, il s’était mis d’accord avec son directeur pour y entrer vers midi, à l’heure où la bibliothèque fermait. Le bibliothécaire fermait alors la porte à clé, jusqu’au lendemain matin à huit heures. Il passait alors vingt heures à étudier, en se nourrissant d’un quignon de pain et d’un peu d’eau que le bibliothécaire lui offrait. Ainsi, en quatre jours seulement, il a pu trouver de précieuses sources parmi quatre mille ouvrages manuscrits.

Durant l’un de ses voyages en Inde qui n’a duré que quatre mois, Allâmeh Amini a rédigé environ 2500 pages, en plus de ses visites, rencontres, oraisons et sermons.

Discours de Allâmeh Amini devant des musulmans indiens

Les principaux ouvrages d’Allâmeh Amini

Allâmeh Amini a écrit de nombreux ouvrages reconnus, parmi lesquels :

1. Al-Qadir dans le livre et la tradition et le rite (Al-Qadir fel ketâb va sonnat val-adab) – son ouvrage-phare que nous avons évoqué plus haut, fruit de nombreuses années de travail ainsi que de multiples voyages. Dans cet ouvrage, des versets, hadiths, et poèmes concernant l’événement de Qadir, durant lequel le prophète Mohammad a désigné Ali comme son successeur, sont compilés et étudiés. Les différents aspects de l’histoire de Qadir sont analysés et explicités, en vue de prouver la véracité de l’Imâmat et du statut éminent de l’Imâm Ali. Il a été lu par de très nombreux érudits sunnites et chiites, et l’essentiel de son argumentation n’a pu être réfuté, notamment parce qu’elle s’appuie sur des sources de savants sunnites et se caractérise par un strict respect des règles logiques du débat, de l’argumentation et du dialogue. Autant de qualités qui, accompagnées d’objectivité et d’impartialité, ont contribué à la renommée d’Al-Qadir.

Ce livre commence par la narration de l’événement de Qadir avant d’énumérer les principaux narrateurs de cet événement - environ 110 personnes. Par la suite, les ouvrages dans lesquels sont citées les paroles de ces narrateurs sont présentés. Outre l’examen savant de l’authenticité du hadith de Qadir, les sujets tels que le contenu du hadith, la recherche du lexique, les témoignages lexicologiques ou sémantiques conformes aux prétentions chiites, les points de divergence des chiites avec les autres - comme la foi d’Abou Tâleb, la question du pèlerinage, le savoir des Imâms et la falsification des hadiths - sont étudiés et critiqués à travers Al-Qadir. La traduction persane d’Al-Qadir est publiée par l’établissement de Be’sat, sous 22 tomes.

Allâmeh Amini

2. Les martyrs de la vertu (Shohadâ-ol-Fazila)

Le premier ouvrage d’Allâmeh Amini est intitulé Les martyrs de la vertu. Allâmeh Amini avait alors trente ans. Il y présente la biographie de 130 martyrs chiites pendant dix siècles, du IVe siècle au XIVe siècle de l’hégire. Cet ouvrage est écrit en arabe, mais il a aussi été traduit en persan. Dans l’introduction, l’auteur précise que cet ouvrage tente de présenter des grands savants célèbres qui sont morts et ont atteint le rang de martyr, dans la voie des vérités islamiques.

Ce livre a été publié à Nadjaf en 1355 de l’hégire et en 1393 à Qom.

3. Sîratunâ wa Sunnatunâ, Sîratu Nabîyyinâ wa Sunnatih (Notre sîra et notre sunna est la sîra de notre Prophète et sa sunna)

Dans ce livre, Allâmeh Amini raconte ses souvenirs de visites en Syrie et ses rencontres avec des érudits, des savants religieux, ainsi que des gens. Il y présente ses réponses au sujet de la velayat et de l’Imamat, ainsi que des questions comme l’amitié et l’hostilité et l’amitié avec Dieu, avec le Prophète et les Ahl al-Bayt. Il traite aussi de l’aspect historique de la commémoration d’Ashourâ. Ce livre fut publié pour la première fois en 1384 de l’hégire à Nadjaf et pour la deuxième fois en 1386 à Téhéran.

4. Thamarât al-Asfâr (Conséquences des voyages).

5. Adab az-Zâ’ir, sur les règles et la philosophie du pèlerinage (ziyârat) de l’Imâm Hossein.

6. Commentaires sur Al-Rasâ’il (les Traités)

7. Commentaires sur Makâsib (les Gains)

8. Un traité sur l’intention

9. Un traité sur la vérité du "pèlerinage" (réponse aux ulémas pakistanais)

10. Un traité sur Dirâyat al-Hadith (compréhension de hadith)

11. Recherche sur Kâmel al-Ziyârât

La grande bibliothèque "Amir al-Mo’menin" fondée par Allâmeh Amini à Nadjaf. Actuellement, cette bibliothèque comprend plus de 42 000 ouvrages dont 4000 manuscrits.

La bibliothèque d’Allâmeh Amini

Cette bibliothèque fut fondée à Nadjaf grâce aux efforts d’Allâmeh Amini, et est actuellement connue sous le nom de Bibliothèque Amir al-Mu’minin (prince des croyants). Quand il écrivit son œuvre Al-Qadir, il remarqua le manque de bibliothèques publiques et spécialisées à Nadjaf, ainsi que de textes et de sources historiques, littéraires, scientifiques et islamiques.

Allâmeh Amini se demandait quels étaient les éléments qui empêchaient les chercheurs et auteurs de présenter la culture chiite. Pourquoi la grande université de Nadjaf al-Ashraf, avec tout son historique, est-elle dépourvue de bibliothèque publique ? De là, il voyagea au sein de plusieurs pays musulmans pour fonder sa propre bibliothèque et préparer les sources demandées. Allâmeh Amini fut la première personne qui offrit ses propres livres à la bibliothèque d’Amir al-Mu’minin : un recueil précieux de milliers d’exemplaires de textes historiques authentiques et de références sunnites. Sur le conseil de son père, le docteur Mohammed Hâdi Amini offrit près de mille de ses livres à cette bibliothèque.

Parmi d’autres grandes figures qui léguèrent leurs livres à cette bibliothèque, on peut citer Aghâ Sheikh Javâd Tehrâni, le chef d’armée Zarghâmi, Seyyed Rezâ Kahn Sâdât Alavi, Sheikh Abulghasim Tasvidji Hindi, et Sheikh Javâd Arâghi Vâeiz.

Quand le régime irakien décida de fermer toutes les bibliothèques privées et publiques dans différentes villes d’Irak et de les transférer à Bagdad, la seule bibliothèque qui continua son activité loin du tumulte fut cette bibliothèque.

Allâmeh Amini est enterré dans l’une des chambres de la bibliothèque Imâm Ali qu’il a fondée lui-même.

Allâmeh Amini vu par les autres

Allâmeh Amini défendait l’idée d’une unité entre les musulmans, position qu’il soutient notamment dans Al-Qadir. Il s’efforce d’y démontrer que l’Imâmat de Ali n’est pas le produit de courants politiques ou ethniques, mais d’une logique sur le Coran et la Sunna. Il s’efforce également de réfuter certaines accusations portées sur les chiites dans le but de les éloigner des autres musulmans, notamment que les chiites effectueraient des pèlerinages auprès des sanctuaires des Imâms au lieu de faire le hajj.


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