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Du 18 septembre au 30 octobre 2020, une collection de photos de Kenro Izu, célèbre photographe japonais installé aux États-Unis, a été exposée à Steve’s House, une remarquable galerie d’Art de la ville de Kashan (province d’Ispahan).
Cette exposition comprend 27 œuvres photographiques de l’artiste Kenro Izu, sélectionnées dans ses séries d’œuvres intitulées « Sacred Places » (Lieux sacrés), « Still Life » (Nature morte) et « Blue » (Bleu). Ces œuvres avaient été déjà exposées en septembre 2019 à la Galerie Nabsh à Téhéran.
Né en 1949 à Osaka (Japon), Kenro Izu est lauréat de l’édition 2000 des prix de la Société de photographie du Japon (catégorie « avancement culturel ») et lauréat de l’édition 2007 des Lucie Awards (catégorie « Photographe visionnaire »). Il utilise son appareil photo Deardorff grand format, fabriqué sur mesure, qui pèse quelque 136 kg (300 livres) pour produire ses photographies intemporelles.
En 1970, Izu s’est rendu à New York pour apprendre la photographie alors qu’il étudiait l’art à l’université Nihon à Tokyo. Il a ensuite décidé d’y rester pour continuer son travail. En 1975, après avoir travaillé comme assistant auprès d’autres photographes, Izu a créé le studio Kenro Izu à New York et s’est spécialisé dans la photographie de nature morte tant commerciale qu’artistique. La quasi-totalité des œuvres photographiques d’Izu est monochrome.
Steve’s House a été inaugurée dans la ville iranienne de Kashan, pour servir de pont entre le patrimoine historique de l’architecture locale de la ville et une grande collection du célèbre photographe américain Steve McCurry.
Fondée par Hossein Farmani, un galeriste et collectionneur iranien de grande notoriété internationale, Steve’s House est un bâtiment de l’époque de la dynastie des Qâdjârs, datant du XIXe siècle, dont la réparation pour en faire un musée moderne de photographie a nécessité environ dix mois de travail. Correspondant au plan habituel des grandes maisons des régions centrales de l’Iran, la maison est construite autour d’un petit jardin central, avec sept pièces et une salle munie d’un bassin. Cinq pièces de la maison et la salle avec le petit bassin d’eau sont dédiées à l’exposition d’œuvres photographiques de Steve McCurry. Plus de 400 photos imprimées sur le papier fine art sont présentées en trois tailles différentes. Ces œuvres du photographe américain datent de 1980 et les dernières de 2012.
À côté des salles d’exposition, il y a aussi une bibliothèque et une salle multimédia. La plupart des livres de McCurry sont présentés dans la bibliothèque qui possède aussi une riche collection de livres de photographie et d’art. Les visiteurs peuvent admirer les œuvres du photographe et utiliser la bibliothèque et la salle des médias.
Hossein Farmani est né à Téhéran dans une famille nombreuse (il a trois frères et trois sœurs). Son père était un artisan ferronnier originaire de Shirâz. Hossein Farmani a grandi à Shirâz et s’est intéressé dès son enfance à l’expression artistique et a découvert son talent d’organisateur. Il y avait près de chez lui un atelier de traitement de la photographie, ce qui l’a rendu curieux de travailler surtout avec des matières chimiques pour développer les images photographiques. Plus tard, la photographie est devenue l’une de ses véritables passions dans la vie.
En 1975, à 18 ans, après avoir terminé ses études secondaires, Hossein Farmani quitte l’Iran pour les États-Unis. Il s’installe en Californie et prévoit d’étudier la cinématographie. Pourtant, il ne pouvait pas ignorer son amour pour la photographie et il a essayé d’apprendre tout ce qu’il pouvait dans ce domaine.
Hossein Farmani a obtenu son diplôme en photographie au Centre international d’éducation à Orange Coast College. Ses expériences professionnelles en photographie l’ont amené à faire de l’édition une nouvelle forme pour son art en fondant le magazine International VUE à Los Angeles en 1984. Après le succès international de son magazine, Farmani a développé une nouvelle entreprise. Cette fois, il a choisi de combiner sa passion pour la photographie avec son expérience dans l’édition. FotoFolio est le résultat de cet effort, né pour promouvoir le travail des photographes contemporains.
Avec ses amis artistes, Hossein Farmani a créé en 1987 la Fondation Focus, une organisation bénévole à but non lucratif pour des œuvres humanitaires. Cette fondation vendait des photographies aux enchères donnant la totalité de ses recettes aux œuvres caritatives dans divers pays du monde.
Après ses activités d’éditeur et d’organisateur d’activités caritatives, Hossein Farmani a réalisé l’un de ses rêves en fondant la Lucie Fondation. Cette fondation organise annuellement depuis 2003 les « Lucie Awards » décernés à une personnalité qui a accompli dans l’année des réalisations remarquables dans le domaine de la photographie.
En 2019, Hossein Farmani a fondé la première et seule exposition permanente de Steve McCurry à Kashan appelée « Steve’s House ». Les jumeaux Hassan et Hossein Rowshanbakht l’ont très efficacement aidé à rénover et préparer l’espace pour ce nouveau musée de la ville de Kashan.
Après 35 ans et des années de travail à l’étranger, Hossein Farmani est revenu en Iran en compagnie de ses amis artistes internationaux pour la première fois et a décidé de fonder la Steve’s House à Kashan. Il a souligné qu’ayant quitté le pays très jeune, il ne le connaissait que peu. Dans une interview, il a dit : « En réalité, je ne connais pas très bien le pays. Après 35 ans, j’ai fait deux voyages de 5 à 6 jours dans diverses villes de l’Iran. Lors de ces voyages, mes amis artistes m’ont accompagné. Leur amour et leur intérêt pour l’Iran m’ont fait porter plus d’attention au pays et en particulier à Kashan. J’ai eu donc l’idée de créer un endroit à Kashan pour exposer des photos et j’ai décidé de le faire au nom de mon ami Steve McCurry. Steve est l’un des photographes les plus connus au monde dont le portrait d’une jeune fille afghane est très célèbre. À l’aide de mes amis iraniens, nous avons trouvé une maison ancienne à Kashan et après l’avoir rénovée, nous l’avons transformée en un mélange d’architecture classique et d’ambiance moderne. Cette maison est devenue une galerie d’Art que nous avons appelée Steve’s House. »
L’inauguration a eu lieu le 13 juin 2019, en privé, mais malheureusement, Steve Mccurry n’a pas pu assister lui-même à l’événement. Depuis son ouverture, Steve’s House a été chaleureusement accueillie par la population et chaque jour, de nombreux visiteurs iraniens et étrangers s’y sont rendus.
Farmani dit que lors de sa tournée en Iran il y a quelques années, il avait remarqué une petite communauté de photographes à Kashan : « J’ai pensé qu’un musée dédié à des maîtres et à des étudiants en photographie serait une bonne entreprise pour la ville »
Steve’s House expose de manière permanente des œuvres du célèbre photographe américain, mais elle organise aussi des expositions d’autres artistes photographes iraniens et étrangers. En outre, elle est devenue vite un endroit important de cours, de réunions et d’ateliers artistiques tant au niveau local que national.
Hossein Farmani est depuis longtemps ami avec Steve McCurry. « Steve a une énorme base de fans en Iran, alors j’ai pensé que je pourrais lui dédier le nouveau musée photographique de Kashan. Selon le collectionneur, sa fondation a également l’ambition de créer des musées de photographie à Bangkok (Thaïlande), à Budapest (Hongrie), à Chengdu (Chine), ainsi qu’aux Philippines et au Mozambique.
Né en 1950 à Philadelphie (États-Unis), Steve McCurry, est un photographe, pigiste et photojournaliste américain. Sa photo la plus célèbre est sans doute « Afghan Girl » (Fille afghane), portrait d’une fille aux yeux verts perçants, qui est apparue à très nombreuses reprises sur la couverture du National Geographic et d’autres publications internationales. McCurry a photographié et collaboré à de nombreuses missions pour « National Geographic », et il est membre de « Magnum Photos » depuis 1986.
McCurry a couvert plusieurs conflits armés comme la guerre Iran-Irak, la guerre civile au Liban, la guerre civile cambodgienne, l’insurrection aux Philippines, la première guerre du golfe Persique et la guerre civile afghane.
Le photographe a concentré son travail pendant de longues années sur la guerre, mais a toujours eu l’intention de montrer les conséquences de la guerre sur le paysage, mais aussi sur les gens qui habitent la terre sinistrée par la guerre. Steve McCurry souligne : « La plupart de mes images sont ancrées aux gens. Je recherche les moments cruciaux, l’âme d’une personne lorsqu’elle jette un œil ou l’expérience gravée sur le visage d’une personne. J’essaie de transmettre ce que c’est qu’être cette personne, une personne prise dans un paysage plus large. C’est ce que vous pourriez appeler la condition humaine. »
Ce que McCurry veut montrer grâce à ses œuvres photographiques c’est qu’il existe « un lien humain entre nous tous », selon son expression. Il croit donc qu’il y a toujours quelque chose de commun entre tous les humains malgré les différences qui existent parmi eux.
Steve McCurry a pris « Afghan Girl » en décembre 1984. Il dépeint une orpheline pachtoune d’environ 12 ans dans le camp de réfugiés afghans à Nasir Bagh près de Peshawar au Pakistan. McCurry a trouvé la jeune fille quand il a entendu des « rires inattendus » venant d’enfants dans une tente aménagée en école pour filles. « J’ai remarqué cette petite fille avec ces yeux incroyables, et j’ai tout de suite compris que c’était vraiment la seule photo que je voulais prendre », dit-il. D’ailleurs, c’était la première fois que la jeune fille était photographiée dans sa vie. Ce cliché a été désigné comme « la photographie la plus célèbre » de l’histoire du magazine National Geographic, et a été utilisé pour la couverture du numéro de juin 1985. La photo a également été largement utilisée dans les brochures, affiches et calendriers d’organisations internationales et d’organisations non gouvernementales. L’identité de la « Fille afghane » est restée inconnue pendant plus de 17 ans, jusqu’à ce que McCurry et une équipe du National Geographic retrouvent en 2002, Sharbat Gol. Steve McCurry a déclaré : « Sa peau s’est altérée, elle a des rides maintenant, mais elle est aussi frappante comme elle l’était à l’époque. »