N° 173, automne 2020

Le symbole du soleil, du lion et du taureau sur les armes et armures iraniennes


Manouchehr Moshtagh Khorasani


Le symbole du soleil

Certaines pièces d’armes et d’armures iraniennes de la période qâdjâre portent les symboles du lion et du soleil. Le symbole du lion apparaissant sur la lame de certains sabres iraniens se rapproche de l’image héraldique européenne d’un lion passant et regardant. On trouve parfois au centre des boucliers ou sur les casques d’acier l’image du soleil portant les traits d’un visage humain. S’il est vrai qu’un grand nombre de ces images proviennent de la période qâdjâre, il ne faut pas automatiquement considérer l’emblème du lion et du soleil comme un élément distinctif permettant d’identifier et d’attribuer un sabre ou une armure à cette époque spécifique. Ainsi, les emblèmes picturaux du lion et du soleil sont connus en dehors de cette période, comme ceux frappés sur les pièces safavides appelées folus. Le même symbole se trouve également sur la garde (croisière) de certains sabres de cette période. Il est important d’examiner les origines de cet emblème afin de comprendre sa véritable signification sur les armes et armures de l’Iran. Le soleil, la lune et le ciel jouaient un rôle important dans la religion des anciens Iraniens et, par conséquent, étaient représentés comme des symboles sur les drapeaux et les étendards (Nayernuri, 1965, p. 1). Vers 4000 av. J.-C., le ciel était représenté sous la forme d’un triangle ou d’une pointe de lance indiquant le ciel au sommet, à l’est (lever du soleil) et à l’ouest (coucher du soleil) à la base. Cette représentation était d’abord un triangle, puis s’est transformée en une pointe de lance (Nayernuri, 1965, p. 1).

Un shamshir persan de l’époque zand avec le symbole du lion et du soleil

L’historien Quintus Curtius rapporte que, vers 100 avant J.-C., le drapeau iranien comportait une lune, alors que les Grecs utilisaient le soleil comme symbole sur leurs drapeaux. Le soleil n’était pas le symbole des Iraniens au début de la période achéménide. C’est à la suite d’une éclipse de soleil lors de l’invasion de la Grèce par les Iraniens, que Xerxès ordonna à ses mobed et moghan de l’interpréter. Ils expliquèrent au roi qu’il ne devait pas s’inquiéter ; en effet le soleil prédisait l’avenir aux Grecs comme la lune aux Iraniens. Une éclipse de soleil n’était donc pas un mauvais présage pour les Iraniens. Quintus Curtius rapporte que le soleil n’est devenu le symbole des drapeaux iraniens que vers la fin de l’ère achéménide. Cependant, il affirme que la date exacte de cette transition et de ce changement n’est pas claire. Nous savons néanmoins qu’à la fin de l’ère du roi Xerxès, le symbole du soleil avait pris de l’importance, et pendant l’ère d’Ardeshir, le nom de Mehr (Mihr) était mentionné dans les inscriptions sur la pierre (Nayernuri, 1965, pp. 27-28). Ferdowsi, dans son Shâhnâmeh, déclare également que le symbole des Iraniens était le soleil et celui des Turcs, la lune (Nayernuri, 1965, p. 28).

Dans l’Iran ancien, le soleil était considéré comme le symbole de la vie éternelle et de la splendeur du royaume. L’un des rôles du soleil était de purifier, et un autre de servir de symbole au royaume iranien et à sa puissance (Nayernuri, 1965, p. 13). Dans l’Iran ancien, le soleil et Mehr étaient considérés comme deux entités différentes. Dans l’Avesta, le verset 145 de « Mihr Yasht » dit : « Nous sacrifions à Mithra et Ahura, les deux grands dieux saints et éternels, aux étoiles, à la lune et au soleil » (Nayernuri, 1965, p.13 et avesta.org).

Estrabon rapporte également que les Iraniens vénéraient le soleil, qu’ils appelaient Mehr. Au Ve siècle après J.-C., l’historien arménien Elishe rapporte que les zoroastriens appelaient Mehr une personne généreuse et qui traitait tout le monde de la même façon, car le soleil fournit de façon égale de la lumière, réchauffe l’environnement et donne de la nourriture aux êtres humains et aux animaux. Même Ferdowsi tient compte de ces deux significations dans son épopée nationale, le Shâhnâmeh. La fête de Mehregan, qui a lieu du 16 au 21 du mois de Mehr en Iran, était autrefois la fête des rois. Pendant cette fête, les rois se déguisaient en rose et buvaient du vin. Abureihân Biruni déclare dans le manuscrit Asar al-Bâghiyeh que l’une des coutumes des rois sassanides était de mettre une couronne avec la face du soleil sur leur tête. Le soleil était un cercle monté sur la couronne.

Le symbole de l’aigle et les oiseaux mythiques

Un autre symbole du ciel était l’aigle, qui était considéré comme un bon présage. Par exemple, lorsque Cyrus vit un aigle sur la route pour aller aider le roi médian Kiaksar, il le prit pour un bon présage. L’aigle était représenté aussi bien de face que de profil sur les drapeaux. Parfois, seules les ailes étaient représentées. Les anciens Iraniens considéraient l’aigle ou le faucon comme le symbole de la couronne royale, alors que le soleil était celui de la puissance et de la force. Ils utilisaient ces deux symboles sur leurs drapeaux et leurs étendards (Nayernuri, 1965, pp. 2, 6).

Un bouclier de l’époque qâdjâre avec le symbole du soleil

Les oiseaux mythiques jouent également un rôle symbolique important. Dans le livre Shâhnâmeh, un oiseau nommé Simorgh protégea et soigna Zâl (père de Rostam), et cet oiseau aida également Rostam dans sa lutte contre Esfandiâr (Nayernuri, 1965, p. 2). Les motifs de plumes apparaissent sur les épées et les casques sassanides (Harper, 1978, p. 84). Harper cite Ghirshman, qui interprète le motif des plumes comme un symbole de l’oiseau Varagn, qui est l’une des formes de Verethragna, la divinité zoroastrienne de la victoire. Il déclare également que la plume de l’oiseau Varagn apportait de l’aide à l’homme, comme la plume de Simorgh. Les guerriers sassanides utilisaient cette décoration symbolique sur leurs armes et armures pour se sentir bien protégés contre tous les ennemis, y compris les nomades des steppes (Harper, 1978, p. 84). Les ailes d’un aigle sont également représentées sur les couronnes des rois sassanides. En utilisant les plumes et les ailes d’aigle, les rois sassanides se prétendaient représentants de Dieu, Ahura Mazda, sur terre (Nayernuri, 1965, p. 3). D’autre part, le farr-e kiâyni (couronne royale / pouvoir) et farr-e irâni (couronne iranienne) sont toujours représentés comme Verethragna dans l’Avesta. Varagn est un oiseau de proie, tel que l’aigle ou le faucon, et est considéré comme très puissant.

 Le symbole du lion et du taureau

Le symbole du lion et du taureau est une autre image importante dans la mythologie iranienne. Le taureau était considéré comme le symbole de la lune, probablement parce que la forme incurvée de ses cornes ressemblait à la demi-lune (croissant). D’autre part, le lion symbolisait le soleil. Dans les temps anciens, la lune était le symbole de l’hiver (longues nuits d’hiver, pluie et obscurité), et le soleil celui de l’été (jours longs et chauds). Il n’y avait que deux saisons dans l’année. Ainsi, la scène de bataille entre le lion et le taureau signifie un changement de saison, c’est-à-dire que lorsque le lion subjugue le taureau, c’est la saison chaude (printemps et été), et lorsque le taureau subjugue le lion, c’est la saison froide (automne et hiver) (Nayernuri, 1965, pp. 7-8).

Il existe différentes interprétations de la scène de combat représentée à Persépolis entre un taureau et un lion. Selon une interprétation, ce symbole représente le début de la fête de Nowruz et du printemps puisque le lion (symbole de l’été et de la lumière du jour) prend le dessus sur le taureau (symbole de l’hiver et de la nuit) (Nayernuri, 1965, p. 10). Selon une autre interprétation, ce symbole, qui figure sur les murs de l’Apadana, est comme un signe astrologique lié à une date calendaire spécifique. Dans le Bondahesh (« Création primitive » - il s’agit d’un travail principalement écrit en langue pahlavi, une cosmographie basée sur les écritures zoroastriennes mais contenant également une courte histoire des légendaires Kayanides et Irânshahr), il est décrit qu’au début de la création, la première créature façonnée par Ahura Mazda était le taureau, varzav. Ahriman tourmenta le taureau pendant longtemps jusqu’à ce qu’il s’affaiblisse et finisse par mourir. À sa mort, 55 sortes de céréales et 12 sortes de plantes médicinales furent produites à partir de chaque partie de son corps. Les gènes propres et puissants furent transportés sur la lune. Le clair de lune purifia ces gènes et créa 282 formes différentes d’animaux. Cette légende est à la base du mithraïsme. Le mithraïsme atteignit son zénith à la fin de la période achéménide. L’une de ses principales cérémonies était le sacrifice d’un taureau, dont le sang était versé sur le sol pour en faire germer des plantes. La personne qui sacrifiait le taureau était le jeune persan Mehr (soleil). Pendant ce sacrifice, Mehr (le symbole du soleil et de l’été) tuait le taureau (le symbole de la lune et de l’hiver), et par conséquent, diverses plantes commençaient à pousser (Nayernuri, 1965, p. 8). En outre, il décrit quatre taureaux tirant le char de la lune. Ce char est le Seigneur des nuages et de la lune qui confère le farr (gloire royale). Tout comme le char de la lune était tiré par quatre taureaux, le taureau était considéré comme le symbole de la lune et un donneur de farr (gloire royale), la même fonction étant exercée par Apam-Napat (une divinité associée à l’eau). D’autre part, comme le lion est utilisé comme symbole du soleil et de Mithra (la divinité angélique zoroastrienne d’alliance, de lumière et de serment), le symbole du lion et du taureau doit donc représenter le cycle jour-nuit. Ce cycle montre l’ancienne division iranienne des heures quotidiennes entre Mithra et Apam-Napat. L’emblème du lion et du taureau ne montre pas le lion qui tue le taureau, mais plutôt le lion qui tente de prendre le dessus sur le taureau. Le taureau n’est pas représenté comme un animal méchant mais comme une créature majestueuse essayant d’échapper à l’emprise du lion. Ainsi, cet emblème représente une métaphore visuelle du soleil envahissant la nuit à l’aube mais perdant son emprise au crépuscule (Soudavar, 2003, pp. 114–117). Dans la tradition religieuse iranienne, Mitra ou Mithra était l’une des divinités les plus anciennes et les plus puissantes. Mithra était le dieu du ciel ainsi que le dieu des contrats et de la médiation, et son nom signifiait à l’origine « alliance ». Dans la religion zoroastrienne orthodoxe, Mithra fut finalement subordonné au dieu créateur suprême Ahura Mazda (Ormazd). Finalement, il devint le représentant d’Ahura Mazda sur terre, en tant que Juge Divin des Morts, et en tant que général en chef d’Ahura Mazda dans la bataille contre Ahriman (Angra Mainyu). Il est possible que les temples consacrés exclusivement à Mithra aient perduré jusqu’à la fin de l’ère parthienne ou au début de l’ère sassanide, car Sassan, ancêtre de la dynastie sassanide, était réputé être le grand prêtre du temple d’Anahita, la déesse de la fertilité qui était la « mère » de Mithra.

Un kārd persan avec le symbole d’un lion attaquant un cerf

Une autre théorie suggère que des vestiges de l’héritage achéménide sont présents dans l’épopée nationale iranienne, le Shâhnâmeh, écrite par Ferdowsi au Xe siècle, comme le concept et la métaphore achéménides d’un lion combattant un taureau. Cette métaphore trouve son origine dans l’ancien motif mésopotamien et apparaît également à l’époque sassanide. Le motif du Shâhnâmeh de Ferdowsi est conforme au contexte achéménide et transmet le même message que celui qui a été voulu par les créateurs achéménides de l’art de Persépolis. Les images de lions et de taureaux en tant que forces puissantes symbolisent la royauté et lorsque le roi les soumet lors d’une activité de chasse, il protège son royaume ou sa royauté. L’image d’un lion combattant et subjuguant un taureau sert à transmettre le message de la suprématie. L’image souligne la futilité de contester la supériorité du roi achéménide et l’importance d’accepter sa suprématie. Le même concept du lion combattant un taureau apparaît dans le Shâhnâmeh (Jamzadeh, 2000, pp. 47-48).

L’image du lion combattant un taureau apparaît également plus tard sur certains poignards de la période qâdjâre (see Jacob, 1985, p. 166). Cependant, il y a clairement une transformation dans le contenu de ce motif car, sur de nombreux exemplaires, un bouquetin remplace le taureau, ce qui signifie que le lion attaque un bouquetin. Comme un bouquetin ne représente pas la même force que le taureau, il semble que le sens original de ce message ait été transformé en une simple scène de chasse, montrant seulement la force du lion. On peut constater ce changement dans un certain nombre d’œuvres d’art car, contrairement à la période achéménide où l’art servait à légitimer le royaume, il n’a pas eu cette fonction dans les périodes ultérieures.

La combinaison des symboles du lion et du soleil

 On ne sait pas exactement quand les images du lion et l’image du soleil ont été associées en Iran, et quand elles ont été utilisées pour la première fois sur des drapeaux et autres articles. Certains des plus anciens témoignages rapportent que l’emblème du lion et du soleil apparaissait sur un cylindre du roi Sausetar, qui a régné en 1459 avant J.-C. Sur ce sceau en forme de cylindre se trouve le symbole du soleil avec deux ailes montées sur une colonne et deux lions qui le gardent (Nayernuri, 1965, p. 78). Différents animaux étaient utilisés comme symboles sur les drapeaux iraniens, y compris des animaux légendaires, comme le Simorgh et le dragon, ainsi que d’autres animaux, comme le lion et l’aigle. L’emblème du lion était plus répandu sur les drapeaux. De nombreux poètes font référence à l’utilisation de lions sur les drapeaux. Il était le symbole de la virilité, du courage, de la royauté et de la beauté et a également été utilisé dans l’artisanat iranien pendant de nombreuses années (Nafisi, 1949, p. 46). Le plus ancien portrait de lion a été utilisé sur la pierre tombale d’Antonio Kus, souverain du pays de Commagène (34 à 69 avant J.-C), dans le nord-est de la Syrie, à l’ouest de l’Euphrate. On utilisait également le symbole du lion sur de nombreux tissus et tapis (Nafisi, 1949, p. 46). D’après divers exemples tirés de poèmes iraniens, l’utilisation de l’image d’animaux sur les tissus était déjà en usage à partir du IIIe siècle de l’Hégire. Le portrait du lion noir (shir siyâh) était représenté et allié au symbole du soleil et, de ce fait, on peut conclure que l’emblème du lion et du soleil est, en effet, un symbole ancien (Nafisi, 1949, p. 53).

Il existe une autre explication à l’apparition du soleil et du lion ensemble dans des symboles. Cette théorie suggère que le lion et le soleil n’ont pas de point commun. Elle doute de l’argument selon lequel les anciens astrologues établissaient un lien entre le signe du zodiaque du Lion (lion) et le soleil lorsque celui-ci était dans la constellation du Lion (le soleil du lion). Le soleil passe par tous les signes du zodiaque, et pas seulement dans celui du lion (Kasrawi, 1956, p. 20). Il n’y a donc aucune raison de croire qu’il existe une relation spéciale entre le soleil et le signe du zodiaque du lion. Cette théorie se fonde sur une histoire de la période de Saljuk pour expliquer la raison de la combinaison du symbole du lion et du soleil. Ghiyath al-Din Kaykhusrev II est le fils de Alā ad-Dīn Kayqubād, l’un des sultans saljuk d’Asie mineure qui a été intronisé en 634 de l’hégire (1237 après J.-C.) et a suivi les traces de son père. Ce sultan a épousé Tamar, la fille d’un roi géorgien, et comme elle était très belle, il a voulu frapper des pièces d’argent ou des dirhams à l’effigie de son visage. Comme il n’était pas habituel de représenter des visages humains et que, de fait, cela était interdit dans l’islam, en particulier un visage féminin, les chefs religieux et la cour se sont formellement opposés à cette idée. Cependant, le roi persista à la défendre, si bien que ses artisans à la cour dépeignirent son visage comme celui du soleil et le combinèrent avec le lion du signe du zodiaque (le signe du roi). Le raisonnement des artisans était que le soleil était passé par le signe du zodiaque du Lion lorsque le roi est né. Cette histoire est racontée dans une chronique historique écrite par Ibn Abri (Kasrawi, 1956, p. 22). Cette pièce est la plus ancienne pièce de monnaie avec l’emblème du lion et du soleil (Safizadeh, 2003, p. 25 et Tabib, 1980, p. 6). Contrairement à l’emblème du lion et du soleil à l’époque qâdjâre, le lion représenté sur la pièce est tourné vers la droite et n’a pas de crinière. Une autre différence est que le soleil est représenté sous la forme d’un cercle complet et a un visage humain avec des yeux, des sourcils et une bouche (Kasrawi, 1956, p. 23). Mais il faut noter que la représentation d’un lion à crinière pendant la période qâdjâre est une influence européenne sur l’art persan, probablement suite à la colonisation européenne en Afrique. Les lions asiatiques tels que représentés sur la pièce ont des caractéristiques différentes. Mais la pièce ne montre pas seulement les symboles du soleil et du lion, mais aussi une étoile. Cela démontre peut-être que les symboles sont bien des signes célestes. En outre, les emblèmes du lion et du soleil étaient déjà utilisés en Iran avant l’ère de Ghiyath al-Din Kaykhusrev II. Ibn Abri, lui-même, déclara que le symbole du lion et du soleil avait une signification astrologique royale (Nayernuri, 1965, p. 87).

Il existe de nombreux exemples de ces pièces. Néanmoins, certains historiens supposent à tort que le symbole du lion et du soleil s’est répandu à partir de l’époque de Ghiyath al-Din Kaykhusrev II, puisque les rois qui lui succédèrent commencèrent également à frapper ce symbole sur leurs pièces. Cependant, l’emblème du soleil pouvait déjà être utilisé sur les pièces d’or au moins cent ans avant le règne de Ghiyath al-Din Kaykhusrev II. Il existe un poème écrit par Azraghi Harwai, le célèbre poète de l’Hégire du VIe siècle, mort en 527 de l’Hégire (1133 après J.-C.) qui dit : « Si ta main touche la face de la mine d’or, l’or se transforme en soleil et saute hors de la mine ». Cela pourrait être une indication que le symbole du soleil était utilisé sur les pièces d’or (Nafisi, 1949, pp. 54-55). Un pichet en laiton de la fin de la période des seldjoukides au Musée National d’Iran à Téhéran montre le même symbole du lion et du soleil. Ce pichet a douze angles, et sur chaque angle se trouve un signe du zodiaque. Il y a une image du lion et du soleil sur le signe du zodiaque du lion. Ce lion a une crinière et est tourné vers la gauche (Nafisi, 1949, p. 55). La relation unique entre le lion et le soleil était un concept des Iraniens anciens, qui la considéraient déjà comme un signe du zodiaque (Nafisi, 1949, p. 55).

Les astrologues de la période islamique appelaient ce signe du zodiaque beyt al-ashraf, ce qui signifie que le soleil était au-dessus du signe du zodiaque Lion (le soleil dans la constellation du Lion) quand il brillait au milieu de l’été, la saison chaude. Le terme arabe al-Shams fi al-Assad (littéralement, « le soleil dans le lion ») est tiré de l’idée persane et était utilisé pour désigner le progrès, la prospérité et la supériorité. Lorsque les Arabes voulaient souligner le progrès et la supériorité d’une personne, ils l’appelaient kal shams fi al-assad (Nafisi, 1949, p. 55). Il existe un certain nombre de livres qui traitent du pouvoir spécial du soleil dans la constellation du lion. Par exemple, dans Javâme’ Ahkâm Al-Nojum, l’Imâm Abdolhossein Beihagi parle des principes de l’emblème du soleil dans la constellation du lion. Outre ce livre, il existe d’autres ouvrages en persan et en arabe sur l’astrologie qui traitent de ce sujet (Nafisi, 1949, p. 56). Ce signe astrologique a également influencé des histoires iraniennes, comme celle d’Alexandre du Eskandarnâmeh, où il voit un lion se lever d’un puits avec un soleil chaud qui brille sur son dos. Dans ces histoires, l’emblème du lion et du soleil est un signe astrologique, et chaque fois que le soleil se trouve dans la constellation du Lion, le soleil devient plus fort et brille avec splendeur. Depuis les temps anciens, le soleil est considéré comme le symbole de la vie éternelle, et le lion est considéré comme l’animal le plus courageux, le plus habile et le plus puissant. Ainsi, la combinaison de ces deux puissants symboles aurait un sens et donnerait à son porteur plus de pouvoir (Shahbazi Farahani, 2001, p. 48).

Une hache persane avec le symbole d’un lion avec un shamshir

L’un des plus anciens usages de l’emblème du lion et du soleil en Iran se trouve sur un plateau vitré de Rey. Ce plateau provient du IVe siècle de l’Hégire et représente un lion sans crinière, tourné vers la gauche avec une queue relevée tout en levant simultanément sa patte avant droit. Sur le dos de ce lion se trouve une étoile à quatre angles, qui représente probablement le soleil (Nayernuri, 1965, p. 90). Le symbole du lion et du soleil est également utilisé sur un pichet en bronze du VIe ou VIIe siècle de l’Hégire conservé au Musée du Golestân de Téhéran. Ce pichet est associé à l’époque des Seldjoukides. L’emblème du soleil et du lion sur ce pichet est clairement une figure céleste. Le soleil a trois faces représentant chacune les trois positions du soleil : a) le lever du soleil, b) le zénith, et c) le coucher du soleil (Nayernuri, 1965, p. 91). Un manuel d’astrologie, écrit par Abu Moashar Balkhi et conservé à la Bibliothèque Nationale de Paris, contient une belle image du soleil dans la constellation du Lion. En outre, un carreau de verre de 1267 après J.-C. (665 de l’Hégire), provenant du Khorâssân, conservé au Musée du Louvre à Paris, montre le symbole du lion et du soleil. Ce dernier, représenté à son coucher, a un seul œil visible (Nayernuri, 1965, p. 93). Les douze signes du zodiaque sont représentés sur une boîte de crayons en métal de 679 de l’Hégire (1280 après J.-C.), réalisée par Ostâd Mahmud Ibn Sangar. Le lion est debout et le soleil se lève, dos à lui. Cet emblème, au milieu d’une miniature comportant d’autres signes célestes, représente la relation entre les différents signes du zodiaque et les planètes. Cette miniature date du milieu du IXe siècle de l’Hégire. Il existe une assiette en porcelaine, signée par Abdolvâhed de 971 de l’Hégire (1563 après J.C.), représentant les douze signes du Zodiaque avec le symbole du lion et du soleil parmi eux (Nayernuri, 1965, pp. 94–96).

Le premier exemple connu de drapeau avec l’emblème du lion et du soleil apparaît dans une miniature représentée dans le livre Târikh-e Manzum Moqol, écrit par Shams al-Din Kâshâni. Cette miniature montre plusieurs cavaliers mongols s’approchant de l’entrée de la ville de Neyshabur et ordonnant aux habitants de se rendre. L’un des cavaliers mongols porte un drapeau avec l’emblème du lion et du soleil. Le lion est debout et regarde vers la gauche avec la queue relevée. Le soleil repose sur son dos. Cela prouve que les Il-Khanides, qui s’étaient convertis à l’Islam, ont été influencés par les coutumes et traditions iraniennes et ont adopté l’emblème du lion et du soleil de l’époque du sultan Uljaytu (Nayernuri, 1965, p. 98). Depuis l’ère ilkhanide, il existe des pièces de monnaie en cuivre avec le symbole du lion et du soleil. Ce sont les pièces de Ghazan Khân et du sultan Mohammad Khoda Banda, et il en existe deux variétés : a) certaines représentent un soleil en cercle complet, séparé du lion, et b) d’autres montrent un soleil en demi-cercle reposant sur le dos du lion. Après l’invasion mongole, un extrait d’un poème, écrit par Salman Saveji, prouve que le symbole du lion et du soleil était également utilisé sur les drapeaux des armées ilkhanides (Kasrawi, 1956, p. 24). Après la période seldjoukide, l’emblème du lion et du soleil était fréquemment utilisé, et son usage devint encore plus courant à partir du Ve siècle de l’Hégire. Son utilisation s’est encore davantage répandue à l›époque des Timourides. Clavijo, le voyageur espagnol qui se rendit à la cour de Timur de 1403 à 1406, observa l’emblème du lion et du soleil sur les bâtiments timurides et le mentionne dans ses récits de voyage. Une madreseh (école religieuse) s’y trouve, et les tuiles de sa voûte centrale montrent deux symboles du lion et du soleil. Cette école est connue sous le nom de madreseh-ye shirdâr (l’école avec le lion) et a été vue par Nafisi lui-même. On retrouve également deux lions de chaque côté de la voûte orientale. La couleur de ces deux lions est partiellement absente (Nafisi, 1949, pp. 59, 61). Les émirs de Boukhara ont fait construire l’école en 1619. L’image du lion et du soleil fut tirée d’un ancien symbole persan et utilisée pour représenter la puissance de l’Islam (Stierin, 2002, p. 233). Le symbole du lion et du soleil a continué à être utilisé sur divers objets à l’époque des Safavides et a même été transformé en symbole d’État en l’utilisant sur des drapeaux et des pièces de monnaie. Il s’agissait, bien entendu, d’une continuation de la tradition timouride (Nafisi, 1949, pp. 61-62). À l’époque des Safavides en Iran, il est évident que les Ottomans utilisaient le symbole de la lune, et les Perses celui du soleil (Nayernuri, 1965, p. 28). Le cheik Janid, un des petits-enfants du cheik Safi, avait non seulement un pouvoir religieux, mais aussi un pouvoir politique et militaire. Après lui, le cheik Haydar et son fils Ismâil utilisèrent leur autorité religieuse à des fins militaires et politiques et adoptèrent le titre de « Shâh » au lieu de « Cheikh ». Le drapeau du Cheikh Janid, l’ancêtre des Safavides, portait l’emblème du lion et du soleil, et depuis la mort du Cheikh Janid en 860 de l’hégire (1456 après J.C.), le drapeau, portant l’emblème du lion et du soleil, a été utilisé en Iran et est devenu le symbole du pays (Bakhturtash (1969, p. 122). Olearius déclara également que les Safavides utilisaient le symbole du lion et du soleil. Après la mort du Cheikh Janid, les Safavides continuèrent à l’utiliser sur leurs drapeaux (Nafisi, 1949, p. 66). Il n’existe néanmoins aucun exemple de pièce portant l’emblème du lion et du soleil de l’époque de Shâh Ismâil safavide. Cependant, après lui, il existe de nombreux exemples de pièces de monnaie avec l’emblème du lion et du soleil provenant d’autres rois safavides (Kasrawi, 1956, p. 24). Toutes montrent le soleil reposant sur le dos du lion. Parmi les rois safavides, seul le Shâh Ismâil (907-930 de l’Hégire ; 1502-1524 après J.-C.) n’utilisa pas l’emblème du lion et du soleil sur son drapeau ni ses pièces de monnaie. Ses drapeaux étaient verts et portaient le symbole de la lune (Bakhturtash, 1969, p. 122).

Le symbole du lion et du soleil n’était pas représenté sur les pièces de monnaie de Shâh Ismâil safavide, car son signe du zodiaque était le Scorpion, et il était considéré comme inapproprié de mettre le soleil sur le dos d’un tel animal. Ainsi, les sujets de Shâh Ismâil frappaient des pièces de monnaie sans son signe du Zodiaque. De la même manière, le symbole du lion et du soleil n’était pas représenté sur les pièces à l’époque du Shâh Tahmasp. Comme son signe était le Bélier, ses disciples représentaient le soleil sur le dos d’un bélier (Kasrawi, 1956, p. 25 et Nafisi, 1949, p. 62). Sous le règne de Shâh Tahmasp, en raison de la longue tradition d’utilisation du symbole du lion et du soleil pendant les ères ilkhanide et timouride, les Safavides ont recommencé à l’utiliser sur les pièces de monnaie et les drapeaux. Les pièces de bronze des rois Safavides après Shâh Abbâs montrent le symbole du lion et du soleil ; cependant, les pièces d’or et d’argent n’ont pas ce symbole (Kasrawi, 1956, p. 25). Les descendants de Shâh Tahmasp ne suivirent pas la règle qui consistait à faire correspondre le signe du zodiaque avec le soleil. Cela signifie que l’emblème du lion et du soleil de l’époque de Shâh Abbâs safavide était représenté sur les pièces de monnaie, alors que le signe du zodiaque de ce roi était la Vierge. L’utilisation de l’emblème du lion et du soleil étant très répandue depuis l’époque de Shâh Abbâs, il semble qu’une idée préconçue se soit développée selon laquelle il aurait été le premier roi à utiliser ce symbole. Pendant l’ère des Safavides, l’emblème du lion et du soleil était également utilisé sur les drapeaux. À partir de l’époque de Shâh Abbâs Safavide (996-1038 de l’Hégire), l’emblème du lion et du soleil devint l’emblème de tout le pays et fut utilisé sur les pièces de monnaie et les drapeaux (Kasrawi, 1956, p. 25). Cela fut rapporté dans les journaux de voyage de l’Anglais Thomas Herbert, qui voyagea en Iran et en Inde en 1036 de l’hégire (1627 après J.-C.). Dans un portrait de Hossein Ali Beg, l’ambassadeur de Shâh Abbâs, qui représente ce dernier entrant à Rome, l’emblème du lion et du soleil est représenté en haut à droite, debout sur ses pattes arrière et tendant sa langue. La moitié du soleil est représentée, et le visage du lion est figuré avec des yeux et des sourcils, il porte une couronne sur le dessus de sa tête (Nayernuri, 1965, p. 106). Jean Baptiste Tavernier, qui voyagea en Iran, en Turquie et en Inde de 1037 à 1078 de l’Hégire (1628-1668 après J.-C.), rapporta que les pièces persanes, contrairement aux pièces européennes où figurait le visage des rois, ne portaient que le nom du roi d’un côté et le nom de la ville et l’année de frappe de l’autre. Il ajouta également que les pièces de cuivre étaient frappées du symbole du lion et du soleil (Bakhturtash, 1969, pp. 122–123).

Le Français Jean Chardin, qui voyagea en Iran de 1074 à 1088 de l’hégire (1664 à 1677 après J.-C.), rapporta que les drapeaux iraniens avaient de petites pointes et étaient faits de tissus coûteux. Les drapeaux portaient des versets coraniques, ainsi que l’épée bifurquée de ‘Ali et le symbole du lion et du soleil. M. Chardin confirme également les informations concernant les pièces de cuivre de la période safavide, en précisant que l’image du lion et du soleil est représentée sur une face, tandis que le nom et l’endroit où la pièce a été fabriquée figurent sur l’autre. Ailleurs, Chardin affirme également que le lion est le symbole des rois iraniens et qu’il est représenté avec le soleil levant. Il précise également que cet emblème peut être vu sur les pièces, les drapeaux et « mille autres endroits ». Depuis les temps anciens, on raconte que lorsque les Iraniens voulaient représenter le soleil, ils le faisaient avec le visage d’un lion. Ils croyaient que le soleil atteindrait sa force maximale lorsqu’il serait dans le signe du zodiaque du Lion. Chardin affirme que les Iraniens n’ont pas représenté le soleil avec des traits de visage pendant le règne des Safavides, mais l’ont représenté sous forme de cercle (Bakhturtash, 1969, p. 124). En 1907, l’auteur français Maurice Herbertte a écrit dans un de ses livres sur Mohammad Reza Bek, l’ambassadeur du Shah Soltan Hossein, « qui fut envoyé par le Shâh à la cour de Louis XIV le 7 février 1715 ». Dans le livre d’Herbertte, les dessins montrent Mohammad Reza Bek à cheval dans les rues de Paris portant le drapeau de l’Iran affichant le symbole du soleil et du lion. Le soleil est représenté comme un cercle complet, séparé du lion, ressemblant aux pièces de monnaie de Ghiasoldin Keikhosrow. Dans les deux cas, le lion est debout et regarde vers la gauche (Bakhturtash, 1969, p. 124 ; Nafisi, 1949, p. 68).

Sur les pièces safavides, le symbole du lion et du soleil est représenté de différentes manières et ce symbole n’a donc pas d’apparence uniforme. Parfois, les lions sont tournés vers la droite, et d’autres fois, vers la gauche. Sur les exemples frappés dans le Mâzandarân, seul un lion est représenté, et le soleil est omis (Kasrawi, 1956, 26). Une autre légende sur le symbole du lion et du soleil attribue la combinaison de ces deux figures, à savoir le lion et le soleil, à l’époque de Shâh Abbâs. Cette légende prétend qu’avant la conquête de l’Arménie par le Shâh Abbâs, le drapeau iranien ne représentait que le soleil, et le drapeau arménien le lion. Après la conquête de l’Arménie par Shâh Abbâs, ces deux symboles ont été combinés et sont devenus le drapeau de l’Iran. Mais cette théorie est rejetée et réfutée par de nombreux chercheurs (Nafisi, 1949, p. 66 ; Kasrawi, 1956, p. 9). En plus des rapports et des récits de voyage des voyageurs européens en Iran, des sources iraniennes parlent également de shir folus, terme courant pendant la période safavide. Ce terme fait référence aux pièces de cuivre (folus) qui portaient le symbole du lion et du soleil. L’auteur de Bahar Ajam rapporte que shir folus (le lion du folus) montre la face du lion d’un côté et le nom de la ville de l’autre. Ces pièces ont été utilisées à Shirâz et à Ispahan.

Il existe un merveilleux exemple de shamshir persan avec un motif de wootz en échelle de Mohammad qui est conservé au Musée militaire de Téhéran. Ce shamshir est associé à l’époque des Safavides, et il porte un symbole ciselé du lion et du soleil sur la lame, près du bolchaq. Ce symbole du lion et du soleil sur cette épée ressemble au symbole du lion et du soleil représenté sur l’arche de Shirdâr Madrese à Samarkand de la période timuride. Le symbole du lion et du soleil était également utilisé pendant la période afsharide. Un sceau royal de Nâder Shâh Afshâr, utilisé sur l’un des édits de 1159 de l’hégire (1746 après J.-C.), montre un lion debout tourné vers la droite et levant la queue. Le soleil repose sur le dos du lion, et les trois-quarts de celui-ci sont visibles. Au lieu d’avoir les traits d’un visage, le soleil porte l’inscription Al-Molkollah (La terre de Dieu) (Bakhturtash, 1969, p. 124).

Les deux épées attribuées à Karim Khân Zand conservées au Musée de Pârs à Shirâz et au Musée Militaire de Téhéran portent une inscription incrustée d’or faisant références à un lion aussi (Moshtagh Khorasani, 2006 ; Bakhturtash, 1969, p. 180). Les inscriptions se lisent :

Cette épée qui [est destinée] à chasser le lion céleste

est le shamshir du Vakhil, le roi qui conquiert les pays.

Il gardera toujours la clé de la victoire dans sa main

[seulement si] l’on tient la poignée de ce shamshir dans sa main.

L’inscription « lion céleste » sur ces shamshirs de la période zand indique clairement la relation astrologique avec le signe du zodiaque du Lion. En examinant de plus près les inscriptions sur le shamshir du Musée Militaire de Téhéran, on peut voir que le poème est écrit dans quatre cartouches différents sur les deux exemplaires. Le premier cartouche indique « Cette épée qui [est destinée] à chasser le lion céleste » et là où les mots le « lion céleste » apparaissent, il y a un symbole du soleil (étoile) incrusté d›or sur son côté gauche. La combinaison de la représentation picturale du soleil et du mot écrit pour le lion - shir - est tout à fait remarquable car soit la représentation picturale, soit le mot écrit sont normalement choisis pour représenter le soleil (Moshtagh Khorasani, 2006).

Le symbole du lion et du soleil apparaît également sur certaines pierres tombales. Une pierre tombale dans le village de Bozorg de Kâshân représente le soleil sous la forme d’un demi-cercle (Nayernuri, 1965, p. 103). Une pierre tombale de l’époque de Karim Khân Zand (1163-1193 de l’Hégire : 1750-1779 après J.-C.) montre également le symbole du lion et du soleil. Cette pierre tombale appartient à une personne nommée Anushirvân, tuée en 1165 de l’hégire (1752 après J.C.). La pierre tombale est située dans un Emâmzâdeh (monument d’un saint). Le défunt était probablement un soldat puisque la pierre tombale de l’Emâmzâdeh représente une épée (shamshir), un fusil, un couperet (sâtur), une hache et une tête de cheval. Sur le fourreau de l’épée, qui est représenté plus grand que les autres armes, se trouve un cercle portant le symbole du lion et du soleil. Le lion est debout et tourné vers la gauche, et le soleil a des traits faciaux (Nafisi, 1949, p. 73).

Les rois iraniens, héritiers des traditions safavides après l’ère safavide, en particulier les Qâdjârs, et éduqués à la cour safavide d’Ispahan, ont maintenu les traditions et les coutumes safavides et ont continué à utiliser le symbole du lion et du soleil sur leurs pièces de monnaie et leurs drapeaux (Nafisi, 1949, p. 74). À l’époque de Fath Ali Shâh, dans le manuscrit Marat Alboldâjn, Etemâd al-Saltane considérait le symbole du lion et du soleil comme une nécessité pour les événements de célébration. Il mentionne que le 12 Safar 1250 de l’Hégire (1834 après J.-C.), le banquet était décoré de shamshirs, de khanjars, de zonar kamars (ceintures), et de l’emblème du lion et du soleil (Shahbazi Farahani, 2001, p. 50). Fath Ali Shâh Qâdjâr avait fait faire des médaillons avec l’emblème du lion et du soleil pour louer le service spécial de ses sujets (Bakhturtash, 1969, p. 140).

À l›époque de Fath Ali Shâh Qâdjar, le lion était représenté en position assise. Cela peut être vérifié en analysant les sceaux de l’État de Fath Ali Shah Qajar. Une médaille de son époque commandée par Abbâs Mirzâ, qui s’appelle Medâl-e Shojâ’at Abbâs Mirzâ (la médaille du courage d’Abbâs Mirzâ), représente un lion, tourné vers la droite et assis, avec une crinière (Nayernuri, 1965, p. 123). Plus tard, un shamshir fut ajouté à la patte du lion et ce symbole est devenu le symbole de l’État iranien.

Les documents datant du début du règne de Mohammad Shâh montrent un lion debout avec un shamshir. Un sceau du soleil et du lion de son époque portant la date 1255 de l’hégire (1839 après J.-C.) coïncide avec la première année de son règne (Nayernuri, 1965, p. 127). À cette époque, le lion commença à être représenté debout au lieu d’être assis, et reçut l’épée dhulfaqar à la patte afin de donner au pays un symbole unique puisque, jusqu’alors, il y avait deux drapeaux pour l’Iran : l’un représentant une épée dhulfaqar et l’autre le symbole du lion et du soleil. Pour avoir un symbole unique pour le pays, le lion fut représenté tenant l’épée avec le soleil sur le dos, et ce symbole commença à apparaître sur les drapeaux ainsi que sur les pièces de monnaie et les lettres d’État.

Cela coïncide avec l’époque où les inscriptions religieuses en arabe commencèrent à disparaître (Bakhturtash, 1969, pp. 155-156). Ce phénomène est probablement dû au fait que le symbole du chiisme, dhulfaqâr, fut donné au lion pour qu’il puisse protéger le chiisme, ce qui signifie que la netteté et la virilité (mardânegi) de l’épée et la puissance éclairante et la chaleur du soleil s’ajoutent à la puissance et à la bravoure du lion. Cependant, certaines lettres d’État décrivent le lion au repos et sans épée. Cela s’explique peut-être par le fait que le gouvernement iranien craignait que les puissances européennes ne l’interprètent à tort comme un signe d’agression (Bakhturtash, 1969, p. 156). Gaspard Drouville, qui était avec les forces iraniennes entre 1812 et 1813 (1227-1228 de l’Hégire), rapporta que le drapeau iranien arborait un lion assis avec le soleil se levant dans son dos. L’un d’eux portait le symbole de l’épée dhulfaqâr. L’autre drapeau portait le symbole du lion et du soleil (Nayernuri, 1965, p. 121).

Un shamshir du Musée Militaire de Téhéran (numéro d’inventaire 331) porte des cartouches incrustés d’or sur la lame et se lit Mohammad saneye 1263 et shâhanshah ânbiya. L’inscription entière se lit Shâhanshah ânbiya Mohammad saneye 1263, et au-dessus d’elle se trouve un soleil incrusté d’or avec des traits de visage. Il y a un autre cartouche incrusté d’or où l’on peut lire Amal-e Mesri Moalam (œuvre de Mesri Moalam). Ce shamshir date de la période du royaume de Mohammad Shâh Qâdjâr, qui a régné de 1250 à 1264 de l’Hégire (1834-1848 AD) (Moshtagh Khorasani, 2006). Le symbole du lion et du soleil était également utilisé à l’époque Pahlavi où le lion est tourné vers la gauche, la queue levée, portant une crinière et regardant son public. Si les lions des périodes précédentes n’avaient pas de crinière, c’est parce qu’en Iran, ni les mâles ni les femelles n’en avaient. Les lions représentés avec une crinière ont été faits à l’imitation des peintures européennes et des images des lions africains. Cependant, la majorité des lions représentés à Takhte Jamshid (Persépolis) ont une crinière (Nayernuri, 1965, p. 126). Il faut néanmoins prendre en considération le fait que dans le Shânâmeh écrit par Ferdowsi, il existe déjà un poème décrivant un drapeau montrant un lion avec une épée. La bannière de Gudarz Gahsvâz, qui représente un lion avec une épée, est clairement mentionnée dans le Shânâmeh (Nayernuri, 1965, pp. 24-25). Ainsi, ce symbole est un symbole ancien qui a accompagné l’histoire iranienne à travers les siècles.

Références

- Bakhturtash, Nosratollah (1969). Parcham va Peikareye Shir va Khorshid [The Flag and Symbol of the Lion and Sun]. Tehran : Moaseseye Matbuati Atai.

- Harper, Prudence Oliver (1985). The Ox-headed Mace in Pre-Islamic Iran. Acta Iranica, 24. 2eme série, vol. X. Papers in Honour of Mary Boyce : 247-259.

- Jamzadeh, P. (2000). An Achaemenid Motif seen in later Epic and Art. Iranica Antiqua XXXXV : 47-56.

- Kasrawi, Ahmad (1956). Tatikhchye Shir va Khorshid (The Short History of the Lion and Sun). Tehran : Moaseseye Matbuat Shargh.

- Moshtagh Khorasani (2006). Arms and Armor from Iran : The Bronze Age to the End of the Qajar Period. Tübingen : Legat Verlag.

- Nafisi, Sa’id (1949). Derafsh Iran va Shir va Khorshid Sorkh [The Flag of Iran and the Red “Symbol” of the Sun and Lion]. Tehran : Chap Rangin.

- Nayernuri, Hamid (1965).Tarikhcheye Beirag Iran va Shir va Khorshid [The Short History of the Iranian Flag and Sun and Lion]. - Tehran : Entesharat Motaleat va Tahgigat Ejtemai.

- Shahbazi Farahani, Daryush (2001). Tarikhe Sekke Doreye Qajariye [The History of Coins from the Qajar Era]. Tehran : Entesharate Pelikan.

- Soudavar, Abolala (2003). The Aura of Kings : Legitimacy and Divine Sanction in Iranian Kingship. Costa Mesa : Mazda Publishers.


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