Yazd est réputée pour être la ville des canaux souterrains, de la prière, et de la sobriété (shahr-e ghanât va ghonout va ghenâ’at) ; autrement dit, c’est la ville des traditionnels canaux souterrains, dont les habitants sont musulmans et se contentent de ce qui leur est réparti par la providence divine. Cette dernière particularité, la frugalité, fait partie de la culture des Yazdis. Elle transparaît également dans leur art et plus particulièrement dans l’artisanat de cette région désertique.

Meybod, centre de la poterie de Yazd

A partir du règne du roi qâdjâr Nâssereddin Shâh et suite à ses voyages en Europe ainsi qu’à son initiation à la culture et aux coutumes d’Occident, des échanges culturels et artistiques commencèrent entre l’Iran et l’Europe, au détriment de l’Iran, alors en position de faiblesse culturelle et politique. Ces échanges, qui ont continué jusqu’à l’aube de la Révolution islamique en 1979, ont porté un lourd préjudice à la culture traditionnelle persane. Cependant, l’après Révolution islamique a au contraire été à la source d’une véritable renaissance artistique et culturelle.

Boutique de tissus vendant des mouchoirs tissés dans le bazar

L’artisanat des diverses régions constituant l’héritage plurimillénaire du pays a pu également se régénérer. Voici quelques uns des arts manuels et de l’artisanat les plus remarquables de Yazd :

1- Ghâlibâfi (le tissage de tapis) :

Le tapis de Yazd est un type particulier de tapis persan. L’artisanat du tapis est l’occupation traditionnelle principale des Yazdis pratiqué dans toute la province à grande échelle. Le commerce des tapis tissés constitue ainsi l’une des sources non négligeables de revenus des habitants. Le tapis de Yazd est tissé avec de la soie grège ou du poil, selon des plans traditionnels, modernes ou uniques dessinés par des Yazdis. Les plans les plus authentiques de cette région sont les motifs gol va mâhi (fleur et poisson), harâti, kermâni et sardâr-e djangal.

2- Ziloubâfi (la fabrication d’une sorte de tapis tissé en coton) :

Le ziloubâfi désigne l’art du tissage du zilou, sorte de tapis aux genres, motifs et couleurs variés, moins précieux que le tapis ordinaire. Le ziloubâfi de Yazd remonte à la période préislamique et se fait aujourd’hui de façon industrielle. Le zilou de Yazd, en raison de sa célébrité et par conséquent de ses ventes, représente également une source de revenus importante pour cette province, son tissage étant à la fois une activité à la fois commerciale et artistique.

Ziloubâfi

3- Sha’erbâfi (Sherbâfi) (fabrication du tissu en poil) :

Le Sha’erbâfi est un art manuel local, qui existe cependant dans de nombreuses régions iraniennes sous d’autres formes. C’est le tissage artisanal de tissus traditionnels variés, faits de poils d’animaux divers. Voici quelques uns des tissus produits :

- Le termeh (cachemire) : Précieux tissu finement tissé de laine et de trames de soie multicolores. Auparavant, ce genre de tissu était fabriqué à la main et de ce fait, on l’appelait angoshtbâf (qui signifie littéralement "tissé avec les doigts"). Le shâkh-e gavazni et gol-e mohammadi comptent parmi les motifs les plus en vogue du termeh.

- Le zari : fabriqué depuis l’époque des Sassanides, cette étoffe est faite de laine naturelle.

- Le makhmal (velours) : tricot très précieux tissé à la main et fait de laine naturelle.

- Le shamad : étoffe de coton, souvent quadrillée (comme le motif écossais) qui sert de couverture surtout en été.

- Le tchâdor-shab (couvre-lit) : couverture tissée à la main, qui sert à recouvrir le lit et dont le tissage est courant dans la région d’Ardakân de Yazd. Parmi d’autres productions de Sha’erbâfi, on peut nommer les dastmâl, djim, ehrâmi, ghanâviz, etc.

Termeh moutarde au motif shâkh-e gavazni (corne de gazelle), début XVIIIe siècle

4- Sofâlgari (la poterie) :

Meybod est le centre de la poterie de Yazd. L’artisanat de la poterie de Meybod remonte à plus de 6000 ans. Il se distingue par ses motifs étranges et originaux de morgh va mâhi (oiseau et poisson) et de khorshid (soleil). La poterie de cette ville est renommée au niveau national et international.

5- Ahangari (la ferronnerie) : Les objets les plus courants fabriqués par les ferronniers de la province de Yazd sont des objets utilitaires tels que le ghappân (la balance romaine), le ghandtchin (le marteau à casser le sucre), anbor (pincette), etc.

Loquet féminin d’une porte, exemple de ferronnerie, Yazd

6- Kâshisâzi (fabrication de tuiles émaillées) : Cet artisanat est pratiqué à Yazd depuis au moins 700 ans. Les tuiles émaillées sont fabriquées en différentes catégories, à citer les kâshi-e yazdi, akmand, shabakeh, haftrang, etc.

7- Hassirbâfi (la vannerie) : Le Hassirbâfi est l’artisanat consistant à fabriquer des objets tressés avec des fibres de végétaux et plus particulièrement des feuilles de dattier. Les objets les plus couramment fabriqués sont les chapeaux, les éventails, les balais, les paniers…. Cet artisanat est pratiqué à Bâfgh et à Tabas qui bénéficient tous deux, de palmeraies verdoyantes.

Boîte de Hezâr-pisheh (Pandore), œuvre du maître Hezâr-pisheh. Artisanat de Yazd

Parmi d’autres métiers manuels de Yazd, nous pouvons citer le nom de guivehbâfi (fabrication de chaussons en coton), tazhib (l’enluminure), guelimdouzi (tissage de Kilim), khâtamkâri (la marqueterie)… qui demeurent pratiqués dans l’ensemble de la province.

Etoffe dorée et calligraphiée, œuvre du maître tisserand Ghiâsseddin Ali Naghshband Yazdi. Tissée en 1591, cette étoffe était destinée à recouvrir une tombe

Source :
- Yazd, Pardis-e Kavir (Yazd, Le paradis du désert), compilé par l’Organisation de l’Héritage culturel, de l’Artisanat et du Tourisme de Yazd, 1386 (2007).


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