N° 74, janvier 2012

Survol de quelques attractions historiques et architecturales de la province de Yazd


Arefeh Hedjazi


Des arbustes de gaz ont été plantés autour de Yazd pour la protegée des tempêtes de sable

La province de Yazd est l’un des plus anciens bastions de l’iranité et de l’histoire plurimillénaire de l’Iran. C’est pourquoi elle en est devenue une vitrine, une exposition en adobe, où les millénaires passés déploient dans les méandres ocre de ses villes leurs fastes et leurs mystères. Ces territoires d’histoire iranienne ne sont pas rares et le pays entier est « un trésor d’archéologie », cependant, peu de régions désertiques pourraient faire le lien entre le passé et le présent de l’Iran. Il n’y a pas peu de déserts magiques où le passé est à redécouvrir, à explorer à quelques mètres sous le sable, attendant les fouilles pour que l’on puisse reconstituer avec patience les premiers pas de l’humain sur cette terre, mais parmi ces déserts, rares sont ceux qui pourraient, comme Yazd, prouver qu’ils n’ont jamais perdu le sens de la continuité historique, qui caractérise aussi bien cette province.

Cette terre ancienne était connue jusqu’à il y a quelques siècles, - ou décennies ?- sous le titre de Dâr-ol-ebâd-e moslemin (Terre de prière des pieux). Ce titre lui avait été accordé par le bouyide ’Alâ-od-Dowleh au XIe siècle. Aujourd’hui, avec ses innombrables trésors antiques et historiques, elle ouvre ses portes au voyageur, qui se trouvera soudain projeté dans le Temps. Dans les vieux livres d’histoire, plus proches du merveilleux que de la précision scientifique, des légendes sont citées à propos des villes de Yazd : Meybod aurait été bâtie par le prophète Salomon, Yazd par le roi mythologique démoniaque Zahâk ou alors par le conquérant Alexandre, Abarkouh par le prophète Abraham... Ces légendes suffisent à démontrer l’ancienneté de la province et de ses cultures. Aussi poétique, mais plus sérieux est l’ensemble des ouvrages architecturaux de Yazd, innombrables joyaux d’architecture antique désertique, qui suffit pour prouver ce passé riche et historique.

Des objets tels que des ustensiles primitifs en pierre retrouvés dans la vallée de Shirkouh, les gravures et les dessins retrouvés sur les pierres de la montagne Arnân, les poteries retrouvées dans la citadelle Nârin de Meybod, qui date de la période élamite, les grottes et cavernes de troglodytes de la province montrent tous l’urbanisme plurimillénaire de Yazd. Cet urbanisme s’est particulièrement concentré dans les quatre centres de Mehriz et Fahraj, Yazd, Rastâgh, Meybod et Ardakân.

La plus ancienne mosquée d’Iran, village de Fahraj

La province de Yazd est aussi célèbre du fait de ses particularités culturelles. Du point de vue des comportements culturels ethnologiques, elle est au cœur d’une multiplicité culturelle et religieuse remarquable. On peut notamment citer l’existence des importantes communautés zoroastrienne ou juive de cette province, pourtant bastion conservateur de l’islam chiite duodécimain, toutes deux y bénéficiant d’un long passé. Les zoroastriens y ont ainsi hérité d’une longue lignée de traditions dont le spectacle fait l’enchantement des visiteurs iraniens ou étrangers.

Des vallées vertes, des régions froides, des sources, des monts et hauteurs, de nombreuses grottes, une faune et flore variées, et surtout le désert lui-même font de la province de Yazd une région naturellement diversifiée et surprenante.

Quant à l’installation de l’homme, elle remonterait au moins à cinq millénaires, à tel point que durant la période mythique pishdâdi (pré-antique), lors de la migration des tribus iraniennes depuis Balkh jusqu’en Fars actuel, ce territoire de Yazd, déjà urbanisé, fut surnommé "Yazdân" (divin) et devint dès lors un lieu de retraite, de pèlerinage et de prières. Parmi les plus importants lieux d’habitations humaines, on peut signaler les villes et régions de Mehrpâdin (actuelle Mehriz), Pahreh (actuelle Fahraj), Khormish, Adar (actuelle Ardakân), Shavâz, Ghalâ’e Moubadân (littéralement « citadelles des Mages »), près de l’actuelle ville de Meybod), Toranj, Aghdâ’, Ashkzar. La ville de Yazd elle-même, étant considérée comme une entité sacrée, était d’une sacralité supérieure à tous les endroits cités.

Fahraj vue depuis le dôme de la Grande Mosuquée - Photo : Saeed Ali Ahmadi

Le nombre et la richesse des vestiges antiques et historiques de la province rend impossible un survol intégral, même minime. Nous nous contenterons, dans cet article, de présenter, le plus brièvement possible, quelques uns des endroits à ne pas manquer de visiter de la province de Yazd.

L’héritage culturel et touristique du département d’Abarkouh (Abarghou)

Avec une superficie de 5641 km² et une population de plus de 41 000 personnes, le département d’Abarkouh est situé à 140 km à l’ouest de Yazd. Le chef-lieu de ce département est la ville d’Abarkou, s’étendant sur 6 km, dont la plupart des habitants se consacrent à l’agriculture. Abarkouh était autrefois une grande bourgade située sur le trajet des caravanes de la Route de la Soie et bénéficiait alors d’une grande importance. Le nom de cette ville a été cité dans les sources antiques et islamiques sous plusieurs formes différentes : « Abarghou », « Abarghouyeh », « Barghouh » et « Darkouh ».

Dôme de ’Ali à Abarkouh

Pas très loin d’Abarkouh, il existe des collines noires surnommées « les collines de cendres ». La tradition locale veut que ce soit en cet emplacement que le brasier destiné à brûler le prophète Abraham ait été allumé. Une autre légende penche pour le brasier par lequel dut passer le mythique Siâvash pour prouver son innocence. Bien qu’il s’agisse de légendes, le vieil arbre d’Abarkou, du haut de ses cinq mille ans, témoigne de la continuité historique presque légendaire de la civilisation humaine dans cette région.

Parmi les lieux à visiter à Abarkouh, nous pouvons citer le Dôme d’Aali, l’Emâmzâdeh Ahmad Ibn Ja’far, les minarets de la mosquée Nezâmieh, le mausolée du soufi Pir Hamzeh Sabz Poush, le mausolée de Hassan Ben Keykhosrow, les dômes Seydoun et Gol-Sorkhi, la mosquée Hâji Kâmel, la mosquée Biroun ou mosquée de l’Imâm Rezâ, Parishk ou Pir-e Sedgh, les glacières de la période qâdjâre, le mausolée de Bibi Sârâ Khâtoun, les étranges bâtisses du mont Soffeh, les bâdguirs, et surtout les vieux et antiques quartiers de la ville et des alentours : Dar Ghal’eh (=littéralement « dans le château »), Banâdân, Safâiyeh, Jahânestân, Darvâzeh Mirân, Tâvous, le bazar, Khâjou, etc.

Héritage culturel et touristique du département d’Ardakân

Le département d’Ardakân, avec une superficie de plus de 23 000 km², situé à une altitude moyenne de 1300 mètres au dessus du niveau de la mer, est à 60 km au nord ouest de Yazd et en bordure du désert de Lout. 61 800 personnes y vivent. Il est dit qu’au XIIIe siècle, la ville d’Ardakân, chef-lieu du département, a été fondée à l’emplacement du bourg de Zardak (la plus ancienne bourgade du département). Ce département comprend les trois régions de Markazi, Kharânagh et Aghdâ, chacune de ces régions étant un réservoir archéologique et historique. Le lieu le plus élevé du département est le mont Mil et le lieu le moins élevé, le désert de Siâhkouh. Le climat d’Ardakân est plus ou moins désertique. La rareté des précipitations, le taux important d’évaporation, la désertification et les sables mouvants sont parmi les particularités naturelles de la région. La majorité des habitants sont cultivateurs.

L’observatoire de Kharânagh - Photo : Mostafâ Meraji

Parmi les endroits à voir d’Ardakân, nous pouvons notamment citer la Grande Mosquée d’Ardakân, la mosquée Zirdeh, le tekkieh du Bâzâr-e Now, l’Emâmzâdeh Mir Seyyed Mohammad, le Musée d’Anthropologie, Tchâhâr-sough, la glacière et l’âbanbâr [1] Dorâh, l’âbanbâr de la Citadelle, la fameuse pierre tombale du soufi Mollâ Aref, ainsi que les lieux de culte zoroastriens, à ne pas manquer : Pirshâh Eshtâdâ Yazd, Pirshâh Mehr Izad, Pirshâh Morâd, Pirshâh Fereydoun, Pir Harisht, Pir-e Sabz de Tchak Tchak, le temple de Pârsbânou, etc.

Héritage culturel et touristique du département de Bâfgh et Behâbâd

Ce département rural, dont les villes importantes sont Bâfgh et Behâbâd, est situé à 120 km au sud-est de Yazd, à une altitude moyenne de 927 mètres au-dessus du niveau de la mer. Il s’étend sur une superficie de 15 298 km², avec une population d’environ 42 000 habitants.

En raison de l’existence de nombreux vergers et palmeraies dans la région, les artisanats en relation avec les produits secondaires de la datte sont nombreux. D’autre part, l’existence de mines variées, riches et nombreuses attire de plus en plus les investissements, ainsi le département voit depuis moins de deux décennies l’essor de l’économie dans la région. Ce qui attire le plus l’attention vers cette région est la simplicité de la vie des habitants. Les oasis, les vergers, la dureté de la vie y sont les images fidèles d’une existence consacrée au désert.

Les principaux lieux à visiter de ce département sont l’Emâmzâdeh ’Abdollâh Ibn Moussâ, la Grande Mosquée (datant du XVIIe siècle), la mosquée Sarestakhr, la mosquée Hâdj Hossein, la mosquée Fâtemieh de Bâfgh, etc.

Abânbâr de Taft

Héritage culturel et touristique du département de Taft

Le département de Taft, avec une superficie de 6000 km, est situé à 18 km au sud ouest de Yazd. Il est l’une des rares régions de la province à être doté d’un climat plus doux et relativement agréable. La ville de Taft s’étend sur une superficie de 15 km², couverte pour l’essentiel de parcs et d’espaces verts, en particulier dans les vieux quartiers. Cette structure quartier-espace vert ou maison-espace vert est caractéristique en particulier de la vieille ville. Le mont Shirkouh, avec ses 4075 mètres, surplombe Taft.

65% de la population de Taft sont des cultivateurs. L’eau de Taft a toujours été signalée dans l’histoire de la province pour sa qualité et son goût. Aujourd’hui encore, une avenue à Yazd est nommée « Eau de Taft » démontrant la pureté et l’abondance de l’eau dans cette ville, qui détonne dans cette province désertique. Le département de Taft est un centre important de sériciculture et de production de grenades, exportées internationalement.

Parmi les endroits à visiter de Taft, on peut notamment citer les âbanbâr Sardeh et Berseh, le tombeau de Safi Gholi Beyg, la hosseinyeh de Shâh Vali, la forteresse Garmsir, la Mosquée et la hosseinyeh de Garmsir, le mausolée de Pir Morâd Tourânposht, le mausolée de Tchehel Dokhtarân Tourânposht, la forteresse Shavâz, et bien d’autres lieux et monuments historiques et architecturaux à visiter. Nous présenterons ici en exemple la forteresse Tourânposht.

La montagne d’Oghâb (Oghâb Kouh), Taft

La forteresse Tourânposht

Cette citadelle a été bâtie en l’an 857 par le fils d’Ibn Abi Tâher Tourânposht.

Construite sur une hauteur dans la montagne Kouh Rouyeh, elle est tournée vers la plaine et bénéficie d’un très vaste panorama, permettant de surveiller la région sur une large étendue. C’est d’ailleurs pour cette vue imprenable que la citadelle voisine de Tâghestân, située sur une hauteur différente de cette même montagne, lui était soumise. Cet emplacement farouche, ainsi que l’ancienneté de cette citadelle du désert, lui ont donné au fil du temps toute une histoire mythique de hauts faits et de légendes. Ainsi, la citadelle de Tourânposht, peut-être plus encore que les nombreuses citadelles du désert, est aujourd’hui une forteresse quasi-mythique. Cependant, à l’origine, sa fonction était uniquement de défendre le village de Tourânposht, en contrebas, d’attaques venant essentiellement, - étonnamment – de l’ouest, c’est-à-dire du Fârs. D’ailleurs, elle avait été bâtie à une telle altitude simplement pour pallier à son éloignement des centres urbains importants.

La forteresse Tourânposht

Sa position géographique - tournée vers l’ouest -, justifie d’ailleurs poétiquement son étymologie pour l’archéologue amateur, puisque Tourân, l’ennemi mythique de l’Irân, était à l’est. La citadelle se nommant Tourânposht, elle est celle « qui tourne le dos à Tourân » [2].

Architecturalement, l’usage à grande échelle de matériaux rocheux est une caractéristique unique dans la région de cette citadelle. Elle se fait également remarquer par le grand nombre de pièces qu’elle comporte. Ces chambres étaient réservées aux familles villageoises qui venaient se réfugier dans la forteresse au moment des attaques. Chacune de ces pièces (hojreh) était assez grande pour contenir une famille entière. Elle était meublée et contenait aussi des étagères permettant de stocker la nourriture. C’est pourquoi cette citadelle a été classifiée parmi les citadelles défensives et de résistance.

Autre particularité de la forteresse : son immense porte d’entrée en roc, d’une taille de 7,1×7 mètres, construite avec le même roc d’alluvions que celui de la hauteur où la forteresse a été bâtie. Jusqu’à il y a peine quelques mois, cette porte était encore utilisée pour la fermeture de la citadelle.

En raison de la richesse archéologique et culturelle de cette région, - notamment avec l’existence de quelques mausolées et lieux de culte musulmans et zoroastriens et cinq citadelles antiques -, l’Organisation du Tourisme s’est investie dans le développement du tourisme dans la région, notamment avec la mise en place de tours guidés d’un jour, partant de Yazd.

Héritage culturel et touristique du département de Khâtam

D’une superficie de 7931 km² et d’une population d’environ 30 000 personnes, le département de Khâtam est une subdivision étatique récente, créée avec la fusion des deux départements de Harât et Marvast en 2003. Du fait des importantes réserves d’eau qu’il possède, il est le centre principal d’agriculture et d’élevage de la province. Voisin de la verte région de Bavânât, il voit ainsi la rivière Bavânât le traverser.

Source de la rivière Harât à Khâtam

Le climat de Khâtam est désertique et semi-désertique, et la plus grande partie du département est couverte de forêts adaptées au climat. Parmi elles, on peut citer les deux belles forêts de pistachiers sauvages Bâgh-e Shâdi et celles d’amandiers des montagnes de Tchenâr-e Nâz.

Les artisanats manuels y sont également notables. On peut citer entre autres la tapisserie, le tissage de guiveh, le tissage de kilim, le tissage de djavâl, etc. [3]

De plus, en raison de l’abondance de l’eau dans la région, la faune et la flore sont diversifiées. On peut notamment trouver l’oiseau rare et superbe houbreh dans ce département.

Quant à la diversité culturelle, ce département avoisinant Abarkouh et Mehriz par le nord, la province de Fars par l’ouest et le sud-ouest et la province de Kermân par l’est, est ainsi doté d’une grande diversité culturelle. Cette diversité est d’ailleurs en expansion, puisque le développement de la région et les attraits des conditions de travail y ont provoqué une migration rurale. Ainsi, la culture du département est un mélange des cultures yazdi, fârs et kermâni. Par exemple, l’accent et le dialecte des habitants est un mélange de fârs et de kermâni. Religieusement, la totalité de la population y est chiite duodécimaine.

Citadelle de Marvast à Khâtam

Le département de Khâtam est souvent nommé « le joyau de l’histoire de Yazd » en raison de sa longévité historique, qui est à souligner, même dans cette province plurimillénaire. Les deux villes les plus importantes du département, Marvast et Harât, qui est le chef-lieu, ont été visiblement habitées depuis l’époque de la migration aryenne dans la région (entre le 7e et le 4e millénaire av. J.-C.). Durant le dernier millénaire, ces deux villes ont appartenu à la province de Fârs, dont la capitale était la ville d’Estakhr. A l’époque sassanide, cette région avait une grande importance stratégique, du fait qu’elle avoisinait simultanément le Fârs, Kermân et Yazd. Cette importance en fait aujourd’hui une région historiquement et archéologiquement très riche, cela dit, la restauration et la préservation de ses lieux historiques furent délaissées jusqu’au début des années 2000.

Parmi les lieux à visiter dans la région, nous pouvons notamment citer la citadelle Kobrâ, bâtie sur une hauteur de la montagne Sarcheshmeh, à 5 km de la ville de Harât, et qui est le plus grand complexe archéologique de la région, le ghadamgâh de ’Ali à 5 km à l’ouest de Harât ou encore l’Emâmzâdeh Pir-e Gheyb avec ses tablettes gravées en écriture cunéiforme à 20 km au sud ouest de Harât (dans la région de Borouyeh). Il faut préciser que de nombreux vestiges archéologiques de Harât ont été détruits en 1986 lors d’une grande inondation. Quant à la région de Marvast, les endroits à ne pas manquer seraient la forteresse de Marvast, le tombeau de Sheikh ’Abdollâh, la citadelle de Mohammad Karim Khân de Harât, et la mosquée Shâh Hossein.

Cascade Darregâgân à Taft

Héritage culturel et touristique du département de Sadough

Le département de Sadough, avec ses 5486 km² et sa population d’environ 35 000 personnes, est situé dans le nord ouest de la province. Son chef-lieu est la ville d’Ashkzar, divisée en deux parties Markazi et Khezr Abâd.

Géographiquement, le département de Sadough se trouve dans la plaine de Yazd-Ardekân. Situé dans le désert, il est ainsi fameux pour ses dunes de sables dorés et mouvants en formes de croissants, résultats de l’érosion éolienne. On pense que ces dunes de sables mouvants ont été formées à cause du grand marais de Gâvkhouni au nord.

Cette région est dotée d’un climat désertique et voit toute l’année des tempêtes de sable la traverser. L’eau y est rare et les écarts thermaux importants. La région ne possède ni nappes phréatiques importantes, ni sources ou rivières. C’est pourquoi la végétation y est rare. Cependant, la faune et la flore désertiques y sont remarquables. A noter par exemple, les chacals ou les antilopes du désert.

L’économie de la région est basée en grande partie sur l’agriculture, mais le manque de ressources naturelles a poussé au développement de l’artisanat et récemment, de l’industrie dans la région.

Ashkzar

Le chef-lieu de ce département, Ashkzar, date probablement de l’époque arsacide. Si tel est le cas, c’est donc une ville vieille de plus de deux millénaires. D’autres historiens estiment que cette ville bâtie à l’époque arsacide n’est en réalité que la ville moderne et que l’ancienne Ashkezar, datant de bien avant l’ère arsacide, a disparu dans les sables mouvants. Quoiqu’il en soit, la ville actuelle d’Ashkezar a commencé son développement à l’époque de l’arsacide Ashk fils de Zâl, qui y fit construire le qanât Kavir, qui trouve sa source dans le département de Yazd. Ce qanât avec un débit particulièrement fourni, permit le développement notable de l’agriculture durant cette période. De plus, on sait également que cette ville a eu une grande importance durant les premiers siècles islamiques, notamment du fait de l’ancienneté des bâtiments officiels et tombeaux de grandes personnalités islamiques et soufies qui s’y trouvent. On peut entre autres citer le khâneghâh bâti par l’un des premiers soufis Sheikh Dâdâ. L’autre khâneghâh, beaucoup plus récent, est l’œuvre de l’émir soufi Amir Roknoddin Mohammad Ghâzi et date de 1331.

Ancien moulin à eau à Ashkzar - Photo : Mojtabâ Mirdehghân

Dans L’Histoire moderne de Yazd, il est écrit qu’Ashkezar a été bâtie par l’arsacide Ashkin Zâl, et que « Ashk » vient de son nom, alors que « Zar » serait le nom de son épouse « Azar », ainsi prononcé dans le dialecte local.

Héritage culturel et touristique du département de Tabas

Avec ses 55 464 km², Tabas est le plus vaste département de la province de Yazd. Il est situé sur le versant ouest des hauteurs Shotori, en bordure du désert de Sel (Kavir-e Namak) et du désert de Lout, et avoisine la province du Khorâssân par le nord et l’est. Ce département ne comprend que deux villes et huit bourgs, pour une population d’environ 65 000 personnes. La ville de Tabas, en tant que croisement des voies passant entre Kermân, Fârs, Khorâssân, Ispahan et Yazd, est plus ancienne que la fondation même des premières dynasties iraniennes. Malheureusement, en 1978, un important tremblement de terre, faisant plus de 12 000 victimes, endommagea plus ou moins gravement la majorité des nombreux vestiges archéologiques de la région.

Tâgh-e Shâh ’Abbâssi, barrage le plus étroit et le plus ancien d’Iran, datant d’environ 700 ans, Tabas

Le climat de Tabas est chaud, sec et tout à fait désertique, avec une couverture végétale désertique et insignifiante. Cependant, l’agriculture s’y pratique et y est en plein développement, notamment du fait de l’excellente qualité des produits agricoles de la région, à citer : les dattes, les agrumes, le safran, le blé, le coton ou la pistache. L’artisanat le plus important de la région est le tissage de tapis. De plus, cette région est reconnue pour sa richesse minière, notamment en plomb ou charbon. Ces mines démontrent l’existence d’une couverture végétale abondante et de vastes ressources aquatiques dans le passé. Le chef-lieu du département est la nouvelle ville de Tabas, située à 690 mètres au dessus du niveau de la mer. Quant à la vieille ville de Tabas et de nombreux villages l’avoisinant, ils furent rasés lors du tremblement de terre du 16 septembre 1978.

Malgré la sécheresse du climat, les réserves naturelles sont remarquables par la diversité de leur faune désertique : guépard asiatique, faucons, aigles, vautours asiatiques, nombreuses espèces de reptiles, différentes espèces de corvidés, etc.

Source d’eau chaude Mortezâ ’Ali à Tabas

On peut particulièrement citer la réserve naturelle protégée de Nâybandân, qui s’étend sur 1 500 000 hectares de montagnes, déserts, plaines de sables et collines rocheuses. Cette réserve dispose aussi d’une variété aquatique remarquable et possède les eaux les plus variées du pays, depuis la plus salée à la plus pure ; ainsi qu’une variété d’altitude, allant de 680 mètres à plus de 3000 mètres ; une variété thermique remarquable, l’endroit le plus chaud de la réserve étant situé au sud est de la montagne Nâyband (Dig Rostam) et l’endroit le plus frais au nord est de la montagne ’Aliâbâd. Ce parc est la plus grandes réserve naturelle du pays. La fusion de ce parc naturel avec l’autre grand parc naturel, lieu de préservation du guépard asiatique, c’est-à-dire la réserve de Bâfgh pourrait donner jour à une réserve naturelle hors du commun en Iran.

Histoire de Tabas

Les premiers habitants de Tabas étaient des éleveurs qui vécurent d’abord pendant des siècles dans les cavernes et grottes avoisinant les sources et courants d’eau de la région, qui était à l’époque verdoyante. De cette période, il reste aujourd’hui les lits asséchés des rivières mortes et les traces de vie humaine préhistorique dans les grottes de la région.

Beaucoup plus tard, avant et durant la période achéménide, Tabas fut une région frontalière, sous le contrôle de l’Etat impérial parthe de Khorâssân. A l’époque arsacide, Tabas fut une importante ville militaire, en raison de sa situation géopolitique à l’ouest de l’Empire. A l’époque séleucide, Tabas réussit à échapper à l’occupation et même à la domination culturelle, alors qu’elle continua à servir de base militaire et à payer les impôts militaires. Les choses ne changèrent guère durant la période sassanide, qui rappelle l’époque achéménide. Lors de la chute de l’Empire sassanide au VIIe siècle, le dernier empereur sassanide, Yazdgerd III, campa un mois à Tabas, lors de sa retraite. Durant tous ces millénaires, Tabas a été considéré comme un pont reliant l’est et le nord-est à l’ouest. Durant l’époque parthe par exemple, elle était une voie importante et stratégique permettant de relier l’Empire parthe à la Mésopotamie. Plus tard, elle fut la ville qui reliait l’est de l’Empire achéménide à sa capitale. La voie directe qui rejoignait Pâsârgâd passait ainsi par Tabas. Ainsi, Tabas, plaque tournante du trafic routier, était une ville soignée. Ses routes étaient aussi très bonnes et comprenaient de nombreuses étapes de repos et de relais de poste.

Réserve d’eau, Tabas

La région de Tabas fut conquise par les musulmans en l’an 649 par ’Abdollâh Ibn Badi’ Khadha’i, qui investit la région par le nord ouest et défit et occupa avant tout la forteresse de Tabas, avant de se préparer à la résistance populaire qui n’eut pas lieu. Les Tabasi demandèrent la paix, qu’ils étaient prêts à acheter pour 60 000 dirhams. Cet argent fit plaisir au calife, qui nomma un gouverneur haut-placé pour Tabas et considéra dès lors cette région comme la porte du Khorâssân. La région de Tabas a été l’une des premières régions iraniennes à s’islamiser. Durant les ères omeyade et abbasside, Tabas demeura ce qu’elle avait été durant l’époque antique : un croisement et une voie reliant les différentes parties de l’empire. La seule chose qui fit souffrir les habitants fut la lourdeur des taxes. Durant l’attaque mongole, la région, du fait de sa position géographique et désertique, ne souffrit pas et accueillit même de nombreux réfugiés qui s’étaient enfuis devant la sauvagerie des Mongols.

A l’époque seldjoukide, les Ismaélites prirent le pouvoir à Tabas et construisirent de nombreuses et puissantes citadelles dans les montagnes environnantes. Tabas était alors une seconde base d’entraînement pour les kamikazes ismaélites, et ses citadelles recevaient directement leurs ordres depuis Alamut. Parmi les grands voyageurs qui ont visité cette région durant cette période, on peut citer le poète, écrivain et prosélyte ismaélite Nâsser Khosrow, qui fut de passage à Tabas en 1053, et qui décrit la beauté de la région, le gouvernement de Guilak Ebn Mohammad, la sévérité des règles de la sharia ismaélite et la grande sécurité ambiante. Avec la victoire des Timourides, la région de Tabas redevint une base militaire étatique, mais eut alors à subir les attaques meurtrières des tribus ouzbèkes.

Plus tard, les débuts de l’ère safavide naissante virent la résistance de Tabas, région profondément traditionnaliste et conservatrice, que cette nouvelle dynastie chiite dérangeait. Ainsi, la région résista pendant quelques temps et guerroya contre le roi safavide Shâh Esmâ’ïl Ier, mais finalement l’émir local Shirdam Khân demanda grâce à l’empereur safavide et devint l’un des commandants haut gradés de l’armée safavide. Ainsi, durant l’ère safavide, Tabas redevint une importante ville militaire, placée sous les ordres directs de la capitale, Ispahan. Sa première mission : la surveillance de l’ensemble du bloc est de l’Empire. Elle était aussi ville de garnison, puisque de nombreux détachements militaires y campaient, garantissant la sécurité des routes de pèlerinage et de commerce jusqu’à Mashhad, la plus importante de ces routes passant justement par Tabas.

A la fin de l’ère safavide, l’Afghan Mohammad attaqua les villes de l’est de l’Iran avec le financement de la Compagnie des Indes orientales et prit Tabas, après quoi, il attaqua Ispahan et Kermân. A l’époque afshâride, Nâder Shâh nomma un nouveau gouverneur à Tabas, de la famille arabe des Sheybâni, famille qui géra la région pendant sept générations jusqu’à l’ère pahlavie. Jusqu’en 2001, le département de Tabas appartenait à la province du Khorâssân. Les bourgs et régions célèbres de Tabas sont Gonâbâd, Ferdows, Boshrouyeh, Bajestân, Dastgerdân, la citadelle de Posht Bâdâm et une partie du nord de Kermân. L’ère moderne vit cette région perdre son importance et devenir une préfecture mineure de province.

En 1976, cependant, le département de Tabas et la vieille ville de Tabas ont été reconnus comme patrimoines antiques et historiques. C’était deux ans avant le tremblement de terre qui ravagea la région et tua plus de 10 000 personnes, tout en détruisant de nombreux vestiges archéologiques.

Nâsser Khosrow, le voyageur du Ve siècle, rapporte que Tabas était une ville peuplée, à l’eau et à l’agriculture rares, mais où il y avait cependant « de superbes palmeraies ou des parcs de fleurs, et de là, la route du nord mène à Neyshâbour… »

A voir notamment dans ce département : le Parc Golshan, l’Ecole à deux minarets de Golshan, le tombeau de Pir-e Hâjât ou le mausolée de l’Emâmzâdeh Hossein Ibn Moussâ.

Le Parc Golshan

Le Parc Golshan de Tabas est l’un des nombreux parcs-oasis du désert central iranien, dénotant l’envie de verdure chez les habitants de ces contrées sèches. Ce parc a été créé sur ordre de Mir Hassan Khân, troisième gouverneur de Tabas, sous le règne de l’afsharide Nâder Shâh (1688-1747). Il comprend notamment un superbe pavillon de deux étages, doté d’une petite cave, situé au cœur d’une palmeraie de plus de 2000 dattiers. Ce parc a été enregistré au Patrimoine national de l’Iran.

Le Parc Golshan de Tabas - Photo : Mehr

Ce parc a été construit sur le chemin des eaux des sources chaudes et froides qui vont vers Tabas. L’eau entre par le fond du parc et après avoir baigné toutes les plantes, elle prend la direction de la ville. L’aménagement du parc s’est fait sur le modèle du tchâhâr-bâgh iranien, c’est-à-dire du pardis iranien, dans lequel deux canaux s’entrecroisent. La plupart des arbres de cet ensemble ont plus de quatre siècles d’âge. Le Daily Telegraph a également placé ce parc second dans sa classification mondiale des plus beaux parcs. Le plus remarquable élément de ce parc est la verdure étonnante de cette végétation nourrie d’une eau très pure, alors même que Tabas est située entre deux déserts formidables de sécheresse.

Héritage culturel et touristique du département de Mehriz

Mehriz est situé à 30 km au sud de la ville de Yazd et avoisine les villes de Taft, Bâfgh et Khâtam, ainsi que la province de Kermân. Ce département couvre une superficie de 14 684 km², avec une population de 47 000 habitants.

Pour beaucoup d’archéologues, la ville et la région de Mehriz ont été habitées par l’homme avant Yazd. Ainsi, il y a quelques décennies, des ossements humains remontant à 40 000 ans ont été retrouvés dans des tombeaux de la montagne Shirkouh de Mehriz.

Il faut préciser que Mehriz n’est pas uniquement le nom d’un département ou d’une ville, c’est surtout le nom d’une région à l’histoire antique et même préhistorique.

On assimile la fondation de la ville de Mehriz à Mehrnegâr, la fille de l’empereur sassanide Anoushirvân, et cette ville était autrefois nommée Mehrjerd ou Mehrijerd. La première trace d’antiquité dans cette ville est à trouver dans la montagne Lâkhesseh (Gharbâl Biz), dont le nom provient de Lâkessiâ, prénom féminin de la noblesse seigneuriale achéménide. Sur les pentes de cette montagne Gharbâl Biz, il existe une source abondante qui a été probablement à l’origine de l’installation humaine dans la région. Des études de terrain et des excavations aux abords de la source confirment cette hypothèse.

Durant ces fouilles, un lieu de culte en briques datant de l’ère arsacide a été mise à jour. Bâtiment de 1600 m², ce lieu de culte est le premier vestige arsacide découvert au centre de l’Iran. On a de plus retrouvé un cimetière et les traces de plusieurs mines antiques qui sont actuellement étudiées. En l’an 2001, le département de Mehriz comptait plus de 300 œuvres antiques et historiques, et une quinzaine d’entre elles sont actuellement en restauration ou études :

La citadelle Mehrpâdin, Mehriz

La citadelle Mehrpâdin

Cette citadelle vieille de neuf siècles est située au nord de Mehriz, dans le quartier Mehrpâdin. Elle comprend entre autres deux épaisseurs de murs de défense et des douves creusées autour. L’intérieur comprend deux ensembles séparés : les shâhneshin et âmneshin, c’est-à-dire la partie réservée aux seigneurs et la partie réservée aux communs. La restauration de cet édifice a commencé en 2001 et est pratiquement terminée.

La forteresse Saryazd

Le village de Saryazd est situé à 5 km au nord de la route Yazd-Kermân et est l’une des subdivisions du département de Mehriz. Le tissu ancien du village comprend de très belles maisons anciennes à l’architecture désertique particulière et dotées d’étranges bâdguirs très hauts. Le village a aussi une mosquée ancienne, plusieurs réservoirs d’eau (âbanbâr), un caravansérail et une citadelle d’intérieur, un relais de poste, portes de défense (desquelles il ne reste malheureusement que quelques colonnes), etc. qui font de Saryazd un exemple de village historique et antique du pays.

Et au-dessus de tous les autres vestiges se trouve une immense citadelle, de trois étages et bâtie sur 10 000 m², qui fait le bonheur du visiteur. Le village est en réalité situé parmi les deux épaisseurs de murs défensifs de la citadelle. Cette forteresse est remarquable notamment du fait du grand nombre de pièces qu’elle comprend, ainsi que ses nombreux couloirs étranges et labyrinthiques, dans lesquels il est très facile de se perdre sans guide. Son architecture très spéciale en fait une citadelle unique en Iran, et de l’avis des spécialistes, dépassant même la citadelle de Bam.

La citadelle de Saryazd, Mehriz

La restauration de cette citadelle et la construction d’une route goudronnée avaient commencé en 2001 mais ont été stoppées par manque de budget. De plus, le site n’étant pas gardé, des actes de vandalisme ont eu lieu et jusqu’à maintenant, entre autres, plusieurs des très grands vases antiques qui décorent certaines pièces, ont été détruits.

La citadelle de Khormiz

Cette citadelle dont la fondation première date de la période sassanide a été construite sur un ensemble rocheux des montagnes de Shirkouh dans le village de Khormiz, l’un des quartiers de Mehriz. Dans les textes historiques, y compris le Jameh’ Mofidi, il est rapporté que : « Le roi Hormoz, fils d’Anoushirvân le sassanide, donna l’ordre de fonder le village de Khormiz, et construisit également une citadelle au-dessus du village. » L’histoire nouvelle de Yazd rapporte aussi que « Mehrnegâr construisit un village près de Mehrjerd et le nomma Hormiz ».

La citadelle de Khormiz

Les murailles de la citadelle, incrustées dans le rocher, sont faites de pierres non taillées et dans certaines parties intérieures, les murs sont couverts sur environ deux mètres de briques crues recouvertes d’adobe. Ces murailles de la citadelle comprennent sept tours, soigneusement ornées et décorées. L’intérieur de la citadelle, habitée jusqu’à il y a moins d’un siècle, a été visiblement refait des dizaines de fois. Il y a également un puits carré dans la cour intérieure, aujourd’hui asséché. Les habitants l’appellent le Puits du Seigneur des Temps et y accordent une signification particulière. Malheureusement, l’absence de gardiens donne ici aussi lieu, jusqu’à plusieurs fois par semaine, à des actes de vandalisme ou de vols.

Le caravansérail Zeynoddin

Ce caravansérail est un chef-d’œuvre de l’architecture safavide. De l’extérieur, il a l’air arrondi, alors qu’il a une structure à douze angles vu de l’intérieur. Il occupe une surface d’environ 1500 m². Cinq tours entourent en demi-cercle le caravansérail. La cour centrale est à douze angles, les pièces se trouvant dans ces angles : les shâhneshins (réservées aux seigneurs et aux nobles), les chambres ordinaires et les étables. Bien que la tablette originale le datant ait été volée, les preuves historiques montrent que le caravansérail a été construit approximativement vers 1587, sous le règne de Shâh ’Abbâs Ier le Safavide. Durant l’époque moderne, comme de nombreux autres caravansérails défensifs, il a servi de poste de gendarmerie jusqu’aux années 2000 où sa restauration a été confiée au secteur privé.

Le caravansérail Zeynoddin

Les autres lieux à visiter de Mehriz sont la maison des Frères Tabâtabâ’i, les bains Manshâd, le complexe de Mehrpâdin comprenant les vieux quartiers de la ville de Mehriz, qui datent pour l’essentiel du XIVe siècle, la Grande mosquée, la hosseinyeh, le bazar et surtout l’Emâmzâdeh Ghiâssedin, dont le mausolée date de près d’un millénaire. Cet Emâmzâdeh s’est vu agrandir au fil du temps avec l’adjonction de shabestân, zemestân khâneh et tâbestân khâneh, qui appartiennent à la Grande mosquée de Mehriz.

Il faut aussi citer le vieux cyprès de Mangâbâd, qui voit le visiteur du haut de ses 1500 ans, l’étrange tour naturelle de sable fin écru qui est le résultat de l’érosion de la pente de la montagne qui surplombe l’ouest de la ville, et surtout les inscriptions préhistoriques du site de la montagne Ernân, à 25 km de Mehriz. Ce site comprend des pierres gravées d’étranges signes et dessins préhistoriques, datant de la troisième ère avant J.-C. Visiblement, les dessins et signes ont été gravés avec des instruments en fer, qui ont réussi à érafler sur trois millimètres de profondeur les pierres de chaux de la montagne Ernân. Les sources et lits desséchés des ruisseaux de la région, ainsi que des traces d’habitations et de cultures humaines, montrent que l’eau a poussé les gens à s’installer dans cette montagne.

Le caravansérail Zeynoddin

Ces gravures préhistoriques mettent en scène des images de la vie quotidienne et naturelle des habitants, tels que des bouquetins à longues cornes, des hommes montés sur des chevaux, chameaux ou ânes, des hommes armés d’arcs et de flèches, des hommes nus tenant des lances ou des massues, quelques chiens de chasse domestiques, ou des symboles d’oiseaux. Ces gravures, mises ensemble, dévoilent des scènes de chasse.

Héritage culturel et touristique de la région de Meybod

Le département de Meybod est situé à 50 km au nord ouest de Yazd, avec ses 1271 km², c’est le plus petit département de la province, mais le deuxième après Yazd pour sa population qui dépasse les 63 000 personnes.

Bien que le tissu traditionnel de la région ait été quelque peu abîmé, il reste que Meybod présente l’un des plus purs exemples de l’architecture féerique et antique du désert iranien.

Grenadiers, Meybod

Une légende veut que Meybod ait été bâtie par Kioumarth lui-même, le premier homme et le premier roi de la mythologie iranienne et que les premiers hommes s’y soient installés, y étant arrivés par voies terrestre ou maritime. Quoiqu’il en soit, il n’y a pas de doute sur l’ancienneté de cette ville et les routes antiques traversées par les cavaliers mèdes, perses, arsacides et sassanides y existent toujours. La citadelle Nârin de Meybod est le plus ancien document historique et urbain de la province de Yazd. De plus, des pièces de monnaie datant du règne de l’impératrice Pourândokht la Sassanide, frappées à Meybod, montrent l’importance politique et l’urbanité de la région durant cette période.

Parmi les lieux à visiter à Meybod figurent la citadelle Nârin, la Grande mosquée de Meybod, la Grande Mosquée de Firouzâbâd, les nombreuses citadelles désertiques, l’ensemble des caravansérails défensifs (robât), les moulins, les innombrables âbanbâr (réservoirs d’eau), les tours du désert, les lieux de culte, les douves antiques… [4]

Pigeonnier à Meybod

Pour conclure, la province de Yazd n’est pas la seule province historique de l’Iran, qui n’en manque pas. Cependant, le mélange d’histoire, de mythes, de déserts et de mirages à perte de vue de cette province « divine » vaut absolument le voyage, un voyage qui ne sera plus dans l’espace, mais dans le temps d’un fantastique sans cesse renouvelé.

Notes

[1Abanbâr : Bâtiment ou pièce d’un bâtiment servant de réservoir d’eau, littéralement « grenier d’eau ».

[2Tourânposht : Signifie littéralement « qui tourne le dos à Tourân ».

[3Pour plus d’informations sur les artisanats locaux de la province de Yazd, consulter les articles "Le travail du textile dans l’artisanat de Yazd" de Ghazâleh Ebrâhimiân et " L’artisanat de Yazd" de Khadidjeh Nâderi Beni, publiés dans ce numéro de La Revue de Téhéran.

[4Pour plus d’informations sur Meybod, consulter l’article "Meybod, où les potiers traduisent le désert", de Saïd Khânâbâdi, publié dans ce numéro de La Revue de Téhéran.


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