85.N° 85, décembre 2012

Présentation de quelques attractions touristiques et historiques
de la province de l’Azerbaïdjan oriental


Arefeh Hedjazi


La province de l’Azerbaïdjan oriental, située au nord-ouest de l’Iran, entre les deux « oreilles de chat » qui marquent le nord-ouest iranien, est une région notable à bien des égards. Témoin depuis l’Antiquité et même avant, de la civilisation humaine, cette région, qui a vécu de grandes heures de gloire – comme la Révolution constitutionnelle, qui y démarra -, ainsi que de terribles heures de terreur – les immenses et innommables massacres commis par les Mongols notamment, où des villes entières furent vidées de leurs habitants -, n’a jamais perdu son dynamisme proprement plurimillénaire. Située aux portes de l’Iran, au croisement de l’Asie et de l’Europe, plaque tournante de la Route de la Soie, région où s’est faite et défaite l’Histoire iranienne, elle est encore aujourd’hui l’un des pôles économiques et scientifiques de l’Iran et ses spécificités culturelles et géographiques en font un lieu d’une grande richesse. Nous nous proposons dans cet article de présenter et parfois juste de citer les principaux lieux historiques et géographiques, à voir de cette province.

Le département d’Azarshahr

Autrefois nommée Dehkhâreghân, la ville d’Azarshahr, chef-lieu du département du même nom, est située à 50 km au sud-ouest de Tabriz. Avec une altitude moyenne de 1340 m, ce département s’étend sur le versant nord-ouest du massif du Sahand occidental et de la plaine du lac d’Oroumieh.

Village d’Alvânagh, Azarshahr

Les attractions touristiques du département :

- La source de Tchâhârsou : cette source jaillit dans le quartier Setou Abâd d’Azarshahr. Les installations de la source datent de l’époque safavide et le bâtiment l’entourant a un toit voûté soutenu par huit colonnes en bois. La forme de la voûte qui protège la source est visiblement héritée de l’architecture ottomane.

- Le cimetière de Pir Jeyrân : ainsi baptisé du nom de soufi Khâjeh Youssef Dehkhâreghâni ou Pir-e Jeyrân ou Bâbâ Heyrân, soufi du XIVe siècle, dont le tombeau, situé au centre du cimetière, a été rénové au XVIIe siècle.

- La mosquée Tchâhârsou de Setvâbâd : remarquable pour les dix-huit colonnes qui la soutiennent, elle date de l’époque safavide, bien que le bâtiment actuel soit le résultat de plusieurs rénovations ou même reconstructions au fil des siècles.

Le département d’Oskou

Le département d’Oskou, au chef-lieu du même nom, est l’un des plus proches départements de la préfecture de Tabriz, à 30 km. Ce département est majoritairement formé de collines volcaniques, donc de terres fertiles. Historiquement, le département d’Oskou est considéré par les historiens et archéologues comme l’antique Oshkâyâ. D’après les documents assyriens, Oshkâyâ était une ville protégée par une imposante citadelle située à l’est du lac d’Oroumieh et les pentes du mont Sahand. Le nom d’Oshkâyâ est également cité dans la tablette d’Argishti Ier dans sa chronique de la conquête de la région de Khorkhor en l’an 777 av. J.-C. D’après les tablettes assyriennes, lors de l’attaque des Assyriens contre Urartu, la citadelle d’Oshkâyâ, forteresse défensive frontalière d’Urartu, se serait rendue aux Assyriens sans résistance et elle aurait été brûlée avec les villages alentours par ces derniers. Après cette mention antique, Oshkâyâ n’est plus citée jusqu’à la période islamique où l’historien persan Hamdollâh Mostowfi (1281-1348) mentionne Oskou comme l’une des importantes bourgades riveraines du Bâvil. A l’époque de Nâder Shâh Afshâr également (1736-1747), Oskou était prospère.

Le célèbre village troglodyte de Kandovân appartient également à ce département, à 18 km au sud de la ville d’Oskou.

Le département d’Ahar

Le département d’Ahar avoisine les départements de Kaleybar au nord, Varzaghân à l’ouest, Haris au sud et Meshkin Shahr, de la province d’Ardebil, à l’est. Ce département est montagneux et comporte le massif du Gharedâgh dont les monts donnent un relief fort au département. On peut notamment citer la montagne historique de Hasht Sar, qui culmine à 2536 mètres.

Le département d’Ahar est habité par l’homme depuis très longtemps. Les tablettes assyriennes en font foi. De nombreux monuments antiques, vieux de plusieurs millénaires, parsèment la région. On peut notamment citer le bas-relief urartien taillé dans les falaises de la montagne Kouh-Zâghi, au nord du village de Saghin Del. De plus, de nombreux vestiges de citadelles datant en particulier de l’ère sassanide sont à visiter. Durant les premiers siècles de l’ère islamique, Ahar était une bourgade prospère située sur les chemins de commerce de la région. Aux XIIIe et XIVe siècles, Ahar a également été brièvement la capitale des rois Pishtakin. A l’époque safavide, la ville d’Ahar attira l’attention et la protection directe des Safavides, en raison en particulier du tombeau de Sheikh Shahâbeddin Mohammad Ahari, poète et grand mystique du XIIIe siècle. Plus tard, cette ville fut le lieu de résidence des seigneurs du Ghare Dâgh. Durant les guerres russo-iraniennes du XIXe siècle, la ville servit de base au quartier-général du prince héritier ’Abbâs Mirzâ, qui commandait les forces iraniennes. En septembre 1941, elle fut bombardée par les Soviétiques.

Les attractions touristiques du département :

- Le mausolée du poète mystique du XIIIe siècle, Shahâbeddin Ahari : ce mausolée a été bâti sur ordre du roi safavide ’Abbâs le Grand, mais certaines parties du bâtiment sont plus anciennes et datent de la période ilkhânide. Ce tombeau couvrant deux hectares comprend un ancien khâneghâh, une mosquée, un superbe et vaste iwân très haut, plusieurs minarets et des ghorfeh (petites chambrettes pour les novices). Ce complexe abrite aujourd’hui le musée du soufisme persan.

Mausolée du poète mystique du XIIIe siècle, Shahâbeddin Ahari

- La mosquée d’Ahar : cette mosquée offre un superbe exemple de l’architecture seldjoukide (XIe-XIIe siècles), mêlée à des éléments du style architectural des Atâbaks d’Azerbaïdjan. Elle comprend notamment 21 dômes, des plafonds voûtés de briques et des colonnes très épaisses caractéristiques de la période.

Mosquée d’Ahar

- Le bazar couvert d’Ahar : ce bazar couvert, en briques, construit sur l’ordre des seigneurs d’Arasbârân (XIXe siècle) a été rénové durant la dernière décennie et englobe sept bazars. Le hammam historique de ce bazar a été détruit et il n’en reste aujourd’hui que des vestiges. Les murs et les plafonds du bazar comprennent également des décorations en craie, rares dans les bazars. Durant le tremblement de terre d’août 2012, ce bazar a été détruit à 40%, mais il a été annoncé que les dommages avaient été réparés.

- Les caravansérails ’abbâssi ou de l’époque safavide : plusieurs d’entre eux parsèment les routes du département d’Ahar. Certains ont été rénovés.

- La citadelle de Poshtou, perchée sur le mont Hasht Sar, à 50 km au nord-est de la ville d’Ahar. Entre autres particularités, cette citadelle arsacide, utilisée sans interruption jusqu’à la période sassanide et plus tard par le rebelle Bâbak, ne comporte qu’une seule entrée, difficile d’accès en raison de sa situation géographique.

Le département de Bostân Abâd

Chef-lieu du département du même nom, la ville de Bostân Abâd est située à 45 km à l’est de Tabriz. Ce département est enclos au nord par Haris, au sud par Hashtroud, à l’ouest par Tabriz, à l’est par Sarâb et Myâneh et au sud ouest par Marâgheh. L’altitude moyenne y est de 1740 mètres et le mont Sahand y culmine à 3772 mètres, troisième haute montagne de la province après celui de Sabalân (4800 mètres) et Ararat. Le climat de ce département est montagneux, froid (avec un record de -38 °C) et sec, en particulier au sud. Au nord se profile le massif du Bozghoush, à l’ouest le massif Morodâgh. Parmi les autres monts et gorges de ces montagnes, on peut citer le mont Shebli, culminant à 1654 mètres, où se trouve la gorge de Shebli, le mont Alti (2560 mètres), le mont Byouk Dâgh (2960 mètres), le Ghabâgh Dâgh (2904 mètres), le Dârouneh Dâgh, et la fameuse montagne Heydar Bâbâ, géologiquement peu imposante, mais immensément célébrée par le poète Shahryâr.

La ville de Bostân Abâd est en réalité l’antique et prestigieuse ville d’Oujân, dont aucune trace n’est cependant restée. Le nom de Bostân Abâd, cité dans les textes antiques, disparaît jusqu’au XIIe siècle, où cette ville est désignée comme la capitale estivale des Ilkhanides. Visiblement, même à l’époque antique, la région était bien peuplée en raison de la clémence des températures estivales. Plus tard, elle a été une étape de la Route de la Soie. Visiblement, son renouveau date, d’après l’historien du XIIIe siècle, Hamdollâh Mostowfi (date exacte citée plus haut), de l’attention qu’y porta le roi ilkhânide Ghâzân Khân qui l’agrandit et l’entoura de murs défensifs, en la surnommant la « capitale de l’islam ». Nous ignorons où et comment le nom de la région est devenu Bostân Abâd (Le verger épanoui), mais le sens demeure clair : le nom de Bostân Abâd rend hommage à la beauté de ce département vert et montagneux.

Attractions touristiques du département :

- Les sources minérales et thermales : les vallées de la région s’ouvrent généralement sur des failles tectoniques, d’où les sources thermales ou minérales, sulfatées et gazeuses, à fort débit, et nourries par l’activité de la montagne volcanique de Sahand.

- Le lagon Ghourigol : aucune rivière n’approvisionne ce lagon d’eau douce, dont les réserves proviennent de la fonte des neiges et des précipitations. De nombreuses espèces d’oiseaux migrateurs y font escale.

Lagon Ghourigol

Le département de Bonâb

Ce département est situé dans le sud ouest de la province de l’Azerbaïdjan oriental. Il a été autrefois une escale essentielle sur les routes de commerce, nationales ou internationales, d’où sa prospérité. De plus, sa situation à la croisée de l’Azerbaïdjan, du Kurdistan et de Kermânshâh en a fait une station sur les routes de pèlerinages des lieux saints chiites en Irak. Ce département est moyennement montagneux, traversé par les massifs Ghare Ghoshoun au sud et Ghare Dâghi au nord, culminant respectivement à 1600 et à 2250 mètres, massifs sans monts notables et remarquables surtout par leurs pentes douces et habitables.

D’après les documents historiques, l’ancienneté de la ville de Bonâb, chef-lieu du département, remonte à six mille ans environ, et la région a vraisemblablement été choisie par les tribus aryennes pour ses conditions d’habitation attrayantes. Les fouilles archéologiques corroborent l’hypothèse selon laquelle Bonâb serait la ville antique de Shiz. De plus, les excavations et les découvertes faites sur les 93 collines historiques du département, ainsi que les traces d’habitation découvertes dans les grottes de la région (notamment des bas-reliefs rupestres) montrent une vie humaine préhistorique dans la région. Malheureusement, la violence et la destruction totale par les Mongols – piqués de la résistance des habitants - de toutes les villes et villages de la région au XIIIe siècle rend impossible toute recherche sur l’architecture et l’art de la région postérieurs à cette attaque sanguinaire. Ceci dit, la ville connut un grand renouveau à l’époque des Safavides, qui lui redonnèrent un beau lustre, en y faisant construire notamment une vingtaine de superbes mosquées, plusieurs hammams et plus d’une quarantaine de caravansérails de séjour ou de commerce. Il faut cependant préciser qu’avant les Safavides - en réalité peu de décennies après l’attaque mongole -, la ville avait déjà été remarquablement reconstruite.

Le kabâb, fameuse spécialité de la ville de Bonâb

Attractions touristiques du département :

- La grande mosquée de Gazâvosht : contemporaine de l’autre belle mosquée de Mehrâbâd, elle date du début de l’ère safavide (XVIIe siècle). Cette mosquée a été construite sur l’une des collines préhistoriques de la ville, comportant des bas-reliefs rupestres, préservés à l’intérieur du bâtiment.

Le département de Jolfâ

Ce département se présente comme une mince bande frontalière située directement sous la frontière avec les républiques d’Azerbaïdjan et d’Arménie. ہ l’est, il est bordé par le département de Kaleybar et à l’ouest par la province de l’Azerbaïdjan de l’ouest. Les départements de Marand, Arasbârân et Ahar sont au sud. C’est un département historiquement très riche, qui fut notamment le siège des douze mythiques villes d’Esfandiâr nommées d’après les douze izad iraniens, dont l’une est aujourd’hui à Nakhchevan. On estime que les habitants de la région étaient autrefois des adorateurs de sapins et que de nombreuses cérémonies étaient dédiées à cet arbre. Après l’apparition du christianisme et le développement de l’influence de l’Empire romain d’Orient dans le Caucase, cette religion s’y développa également, avec notamment la construction de nombreuses églises. Ainsi, Jolfâ a également été un siège du christianisme en Iran, et entre 1625-1629, à l’époque safavide, des milliers d’artisans chrétiens de Jolfâ furent déplacés à Ispahan pour mettre leur art au service des rois safavides. D’après les historiens, le nom de Jolfâ remonte au Ve siècle av. J.-C., où la région se nommait Joulâ.

Les attractions touristiques du département :

- Le hammâm historique de Jolfâ : exactement semblable dans son architecture au hammam de Kordasht, ce hammam date des débuts de la période qâdjâre (XIXe siècle). Parmi d’autres monuments de cette époque, on peut citer le pittoresque bureau de poste, la glacière Bouzkhânâ et les Deux ponts.

Hammam de Kordasht

- Le monastère de Saint-Stéphane : situé à 26 km à l’ouest de la ville de Jolfâ, près du village de Ghezel Vânk (Monastère rouge), cette église du XIIIe siècle a été plusieurs fois rénovée, notamment de façon importante durant l’ère safavide. Les décorations et ornements de cette église et sa coupole superbe à 16 angles en font un joyau architectural.

Monastère de Saint-Stéphane

- Le Pont Ziâ-ol-Malek Nakhjavâni : ce pont historique bâti sur l’Araxe entre l’Iran et l’Arménie est remarquable tant de par sa beauté que par sa résistance aux turbulences du temps. Ce pont comprenait aussi un grand caravansérail dont le plafond s’est effondré, mais dont il reste de beaux vestiges. Le caravansérail, bâti directement à même le roc, était traversé par une petite rivière, confluent de l’Araxe. Ce pont mesure 18,5 mètres de large du côté iranien, avec des pierres de soutènement d’une demi-tonne.

- La cascade d’Assiâb kharâbeh (cascade du Moulin détruit) : cet endroit offre l’un des plus beaux paysages de la province. Située à 27 km de Hâdi Shahr et à 5 km de la frontière irano-azerbaïdjanaise, la cascade prend sa source dans la montagne Kiâmaki, une des hautes montagnes de l’ouest d’Arasbârân. La fraîcheur de ce site pittoresque en fait une halte privilégiée pour tous les voyageurs en été.

Cascade d’Assiâb kharâbeh (cascade du Moulin détruit)

- L’Imâmzâdeh Sho’ayb Douzâl : situé sur une montagne surplombant l’Araxe et la frontière irano-azerbaïdjanaise, le bâtiment de cet Imâmzâdeh (descendant d’Imâm) du XIVe siècle date de l’ère ilkhanide. Le bâtiment est en réalité une tour octogonale en briques placée sur une puissante fondation en pierres, au plafond angulaire et voûté. Cette tour comprend également un dôme double. Un tunnel relie le tombeau à la vieille mosquée du village de Douzâl et la tombe de l’Imâmzâdeh est située dans ce qui était la glacière de la tour.

Imâmzâdeh Sho’ayb Douzâl

- Le village historique de Kordasht : ce village servit de quartier-général aux forces iraniennes sous le commandement du prince héritier ’Abbâs Mirzâ durant les guerres russo-iraniennes au XIXe siècle. La présence de tours de défense et de miradors montre l’importance stratégique de cet endroit durant cette période de conflits. De plus, étant donné que le village était majoritairement habité par des khalif (nom donné à un type spécifique de soufis), il a toujours bénéficié, en particulier durant l’ère safavide, de l’attention étatique, d’où la prospérité générale et le bon état de conservation des monuments historiques dans ce village. L’ensemble historique comprend le Grand Hammam, le Petit Hammam, le Palais, la mosquée Gharib, le Tribunal, la grande glacière, la citadelle de ’Abbâs Mirzâ et la caserne historique de Sâkhlou.

- Le village d’Oshtabin : ce village est remarquable de par sa beauté, ses paysages et sa situation stratégique au bord de l’Araxe, mais aussi de par sa dimension historique et ses maisons de l’époque safavide, généralement décorées avec des ornements d’époque.

- Le parc naturel protégé d’Arasbârân : ce parc naturel de 72 000 hectares est une réserve de biosphère de l’Unesco.

Parmi d’autres endroits à visiter de ce département, on peut citer le caravansérail bien conservé de Khâjeh Nazar, la citadelle Jomhour, l’église Naneh Maryâm (Mère Marie), l’église Tchoubân, les cascades de Mâhârân, etc.

Le département de Tchâvârimâgh

Ce département avoisine à l’est Myâneh, au nord et à l’ouest Hashtroud et Marâgheh, et au sud les provinces de Zanjân et d’Azerbaidjân occidental. Région montagneuse, ce département bénéficie d’étés frais, mais les hivers y sont rudes et longs. La région comprend plusieurs montagnes, notamment le Dâghdâli (2918 mètres), l’Arbat Dâgh (2834 mètres), le Dâshbolâghi (2059 mètres) et la grande montagne de Gherkh Bolâgh qui est la frontière naturelle entre ce département et celui de Miândoâb.

Attractions touristiques du département :

- La forteresse de Gavour : l’époque à laquelle forteresse a été construite n’est pas connue, mais des poteries datant du IIe millénaire av. J.-C. y ont été retrouvées, ainsi que des traces d’habitation durant le dernier millénaire (période islamique). Cette forteresse est située à 47 km au sud-est du bourg de Ghareh Aghâj.

- Une autre citadelle du même type, construite au bord d’une falaise, est également à visiter à 39 km au nord est du bourg de Ghareh Aghâj.

- La forteresse de Zahhâk : cette forteresse antique était visiblement une forteresse défensive, l’épaisseur des murs et l’existence de plusieurs couches de murs défensifs autour tendent à le prouver. C’est d’autant plus certain que durant la période islamique, elle a servi aux Ismaéliens et à la secte des Assassins, qui l’ont fortifiée. Avec deux murs défensifs encore, la forteresse empêche l’accès aux deux falaises à pic qui l’entourent.

- Les tribus nomades de Tchâvârimâgh les tribus Shâhsavan, Gharedâgh, Gourkânlou, Heydarlou, Hâjalilou et Mowseli vivent également dans ce département.

Tribus nomades de la province d’Azerbaïdjan oriental

Le département de Sarâb

Situé entre les deux massifs du Bozghoush au sud et les hauteurs du Sabalân au nord, ce département du sud-est de la province dispose donc d’un climat froid à tempéré. Cerné des trois côtés par les montagnes, le département se présente sous forme d’un creux ouvert uniquement vers l’ouest. Le nom de la ville est cité au Xe siècle dans le Hodoud-ol-Alam sous le titre de Sarâv ou Sarâre. Elle était située sur le trajet de la Route de la Soie et donc prospère. En l’an 22 de l’Hégire, les habitants se firent remarquer par une forte résistance contre les envahisseurs arabes et leur conversion fut plutôt forcée. Certains éléments font penser que le rebelle Bâbak Khorramdin était originaire de cette ville.

Attractions touristiques du département :

- Le bas-relief urartien : proche du village de Girakh Gizlâr au nord-est de Sarâb, un complexe antique, comprenant notamment un bas-relief urartien rédigé en écriture cunéiforme, est l’une des attractions de la région. Une partie de la gravure ayant été détruite, les archéologues n’ont pu jusqu’à aujourd’hui traduire le texte gravé. Dans la partie nord de ce complexe antique, on trouve également une forteresse datant de la même période. Dans le bas-relief urartien de Neshtabân, il est écrit que le roi urartien Argishti Ier occupa sans coup férir 21 forteresses et plus de quarante villes de la région. Puis, détruisant les citadelles, il fit reconstruire de nouvelles forteresses à la place des anciennes. Les archéologues estiment que cette forteresse ainsi que le bas-relief appartiennent au règne de ce roi, même si le texte est trop endommagé pour être compris.

- Les « menhirs » de Feyrokh Ghizlâr : à environ 200 mètres du bas-relief de Neshtabân se dresse un ensemble de « menhirs », connu sous le nom des « Quarante filles » ou « Girakh Gizlâr ». La légende locale veut que ces pierres soient en réalité quarante personnes qui ont dévié de la voie divine et ont été punies en devenant pierres. En réalité, le nombre de ces pierres dépasse les quarante et on en a compté 120. Certains de ces menhirs sont en parfait état, alors que d’autres ont été endommagés. Trois hypothèses ont été formulées pour expliquer la présence de ces menhirs dans cette région au fort poids religieux et mystique : 1) Les guerriers vainqueurs venaient sur ces lieux dresser un menhir en l’honneur de chaque victoire, au cours d’une cérémonie à signification religieuse. 2) Chaque ennemi tué était célébré avec un menhir. 3) Un temple très important se dressait à cet emplacement et ces menhirs représentaient les sacrifices humains faits dans ce temple. Cette troisième hypothèse est la plus valable.

- Le bas-relief antique de Râzligh : ce bas-relief a été gravé sur les flancs élevés de la montagne Zâghâlân, et y accéder demande une bonne connaissance de l’escalade. Il date de l’époque urartienne et contient les paroles du roi urartien Argishti.

Bas-relief antique de Râzligh

- La grande mosquée de Sarâb : cette mosquée historique date du XVe siècle, mais les récentes fouilles ont montré que l’actuelle mosquée a été bâtie sur les vestiges d’une autre mosquée, beaucoup plus ancienne. La mosquée actuelle ne possède pas de minarets, mais un grand nombre de shabestân (une grande chapelle), une relativement petite cour intérieure, un menbar et trois mehrâb. 65 colonnes soutiennent le dôme et les murs voûtés. Le porche d’entrée est décoré d’une tablette à l’écriture naskh, dont le style est celui de l’époque mongole et du règne des rois locaux Agh Ghouyounlou, plus précisément le roi Abou Nasr Ouzoun Hassan Agh Ghouyounlou. La tablette porte la date de l’an 1470.

- La colline antique de Ghal’eh Jough : située à 5 km au nord de Sarâb, près de la montagne Zâghâlân, cette colline aux nombreux attraits antiques possédait une grande importance stratégique à l’époque urartienne, d’où le nombre de vestiges antiques qui y ont été retrouvés.

- Le dôme quadrangulaire sassanide d’Aghmion : cet ensemble est mitoyen de la colline de Ghal’eh Jough.

- Le tombeau moghol d’Esfastân : ce monument de briques situé à 6 km de Sarâb est un tombeau datant du XIIIe siècle.

Le département de Kaleybar

Ce département dont le chef-lieu, Kaleybar, est situé à 170 km de Tabriz, bénéficie de deux climats différents, d’un côté le climat montagneux et froid, créé par l’existence du massif de Gharedâgh, avec des pics à 3000 mètres, et de l’autre, le climat tempéré au nord du département, avoisinant l’Araxe, avec une altitude moyenne de 150 mètres.

Attractions touristiques du département :

- La citadelle de Bâbak : ce département est célèbre en Iran pour l’existence de la fameuse Citadelle de Bâbak, qui accueille chaque année des centaines de milliers de visiteurs. Cette citadelle est le plus important monument antique de la région. Forteresse de haute montagne, bâtie à plus de 3000 mètres sur les monts de la rude et dangereuse montagne de Mahjour, elle est difficilement accessible, bien que des chemins aient été aménagés pour y permettre l’accès. La forteresse est entourée de falaises à pic et d’abîmes garantissant des chutes sur plusieurs centaines de mètres. De nombreux rois et dynasties, mais aussi de nombreux rebelles, dont le plus célèbre est Bâbak Khorramdin, ont utilisé cette forteresse à des fins militaires et en ont marqué les légendes.

- La forteresse de Peyghâm : cette citadelle est située à 10 km au sud de Kaleybar, près du village de Peyghâm. Egalement forteresse de montagne, elle est bâtie sur un pic surplombant des chutes sur les trois cotés. En contrebas, passe la rivière Kaleybar. Peu de vestiges demeurent des trésors de cette citadelle, les pilleurs étant passés, mais l’ensemble reste intéressant à visiter. Les archéologues estiment qu’il s’agit d’une forteresse de l’époque arsacide (250 av. J.-C. à 245). L’architecture de l’ensemble est similaire aux forteresses montagneuses de la région, notamment la citadelle de Bâbak ou celle d’Avârsin. Cette citadelle surplombait la ville de Kaleybar et permettait le contrôle de toutes les routes qui y menaient et d’après son nom, c’est bien pour cette raison qu’elle avait été bâtie.

- Le palais Vineh : situé dans le village de Vineh, sur les bords de l’Araxe, ce palais étrange et mystérieux appartenait à un riche marchand arménien, Thomanianes, qui le fit construire durant l’ère qâdjâre. Ce palais est en pierre et de forme rectangulaire, sur deux étages. Son architecture rappelle l’église Saint-Stéphane de Jolfâ et il comprend notamment une grande chapelle. Ce bâtiment a été rénové en 1907.

- Les deux ponts de Khodâ Afarin : ces deux ponts sur l’Araxe dont l’un est toujours ouvert aux piétons, rejoignent l’Iran et ses voisins l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Ils datent de la période préislamique et les locaux les nomment « Ponts de Cyrus ». Les historiens médiévaux les ont cité pour avoir servi au déplacement des troupes arabes durant la conquête de l’Iran, mais aussi aux troupes de maints et maints rois, qui les ont également d’innombrables fois réparés. Parmi les rois qui ont utilisé ces deux ponts et les ont rénovés, on peut entre autres citer Oljaïtou, Khodâbandeh, Aghâ Mohammad Khân Qâdjâr ou Jalâleddin Malekshâh.

Le département de Hashtroud

Ce département est situé dans le sud de la province, et est entouré par trois massifs montagneux : le Bozghoush au nord-est, les monts volcaniques du Sahand au nord et le massif de Takht-e Soleymân au sud. La ville de Hashtroud, chef-lieu du département, est située dans une cuvette entourée par ces montagnes et l’altitude moyenne du département ne baisse qu’à l’est, dans la vallée du Ghezel Owzan. Son nom « Hashtroud » (Huit rivières) fait référence aux huit rivières qui le traversent. La source historique ancienne la plus valable concernant cette région est le Târikh-e Tahrir-e Vosâf qui désigne la région sous son nom actuel. Quant aux habitants eux-mêmes, ils précisent que le nom originel des lieux était « Sarkasan » et qu’il était le lieu d’exécution des jeunes dont les cerveaux étaient donnés à manger aux deux grands serpents que le roi mythologique Zahhâk portait sur ces épaules.

Attractions touristiques du département :

- La citadelle de Zahhâk ou citadelle de Fânâspâ : la citadelle de Zahhâk et le nombre et la variété des trésors historiques et archéologiques qu’elle comporte, fait de ce site archéologique l’un des plus importants de l’histoire iranienne. Située à 14 km au sud de la ville de Hashtroud, dans une nature agréable et montagneuse, où en contrebas coule la rivière d’argent, la tumultueuse Gharânghouchây, la mystérieuse citadelle est un lieu magique à ne pas manquer.

Citadelle de Zahhâk ou citadelle de Fânâspâ

- La source de Pir-e Saghâ : cette source minérale étrange, située dans la montagne de Pir-e Saghâ, au sud ouest de la ville de Hashtroud, à une altitude de 2000 mètres, offre une eau pure de montagne, mais uniquement quatre fois par jour à un débit de six litres par secondes, pour une heure. Au moment où la source commence à produire de l’eau, un bruit en sort qui rappelle celui du réacteur d’un avion. On ignore avec précision le fonctionnement de cette source, certains ingénieurs estimant que l’eau est en réalité pompée à l’intérieur par des gaz volcaniques dont la libération provoque la poussée de l’eau vers l’extérieur. Ce mystérieux fonctionnement de la source a donné naissance à des légendes folkloriques chez les habitants qui lui accordent un statut de quasi-sacralité.

- Le tombeau de Bâyazid Bastâmi : à 10 km à l’ouest de Hashtroud, dans un village nommé Aziz Kandi, se trouve le tombeau octogonal du grand soufi Bâyazid Bastâmi (804-870). L’architecture de ce tombeau est similaire à celle du Dôme rouge de Marâgheh et à la coupole des Alaviân à Hamedân.

Tombeau de Bâyazid Bastâmi

Le département de Haris

Ce département où se dressent plusieurs montagnes est en réalité une région de piémont, aux hivers très froids et aux étés tempérés. Haris est l’une des régions les plus anciennement habitées de l’Azerbaïdjan oriental et le vaghf du Rob’e Rashidi (XIVe siècle) souligne l’importance que la ville de Haris avait à l’époque. Ceci prouve que Haris, grande bourgade active au XIIIe et XIVe, a bien décliné. Il reste aujourd’hui de nombreux monuments, de la période ilkhânide notamment, qui montrent l’importance de cette région durant cette ère. On peut notamment citer le tombeau de Sheykh Eshâgh (dans le village soufi de Khâneghâh-e Khânomroud), les cimetières de Minagh, Hyagh et Gavour, la mosquée de pierre de Jamâl Abâd, la mosquée Esnagh (XIVe siècle). Haris est également l’un des plus anciens centres de production de tapis en Iran et ses tapis Marz-e Boland ont une réputation mondiale.

Attractions touristiques du département :

- Les sources minérales de Haris : on peut notamment admirer la source Ann, la cascade Shirlân et sa superbe biosphère, la cascade Esmâ’il Kandi, la haute cascade Darband-e Gourâvân, les sources de la montagne Sâplâgh et la source Soughâlkhân.

- Shirân et Meynagh : ces deux villages historiques sont aujourd’hui lieux d’excavations mettant à jour des vestiges passés.

- Le tombeau de Sheykh Eshâgh : architecturalement, l’ensemble est très inspiré du style safavide, mais le bâtiment principal est plus ancien. Ce tombeau avoisine le vieux cimetière de Khâneghâh dont les pierres tombales, très bien conservées, donnent une idée exacte du type de gravures tombales existant aux XIVe et XVIe siècles.

Le département de Varzaghân

Varzaghân est une région montagneuse, aux hivers très froids et aux étés tempérés à chauds. Autrefois, ce département appartenait à la préfecture Ahar dont il a été séparé dans les années 80. En raison de sa situation géographique sur le massif de Gharedâgh, ce département bénéficie d’une nature superbe. On peut notamment citer le village de Golâkhor et sa belle cascade, la région de Tchitchakli, la superbe vallée de Sounegoun, les sardsir de Pir-e Saghâ, Khâvârânâ, le glacier saisonnier rocheux de Karvigh et la belle région du Haft-tcheshmeh (Sept sources).

Attractions touristiques du département :

- La région de Tchitchakli : située à 35 km au nord-ouest du chef-lieu du département est formée de plaines de montagne, la région de Tchitchakli est lieu de séjour des nomades du Gharedâgh durant l’été.

- La grande mosquée de Khârvânâ : cette ancienne mosquée du XIIe siècle a été bâtie sur ordre de la fille de Bâyandar Khân, gouverneur de Gharedâgh, durant son séjour dans le village de Dowzâl.

- La maison d’Amir Rashid : cette maison en pierre du village d’Oukhârâ, connue sous le nom de « Dâsh Emârat », est située à 12 km à l’ouest de Varzaghân. L’architecture de ce bâtiment est caractéristique des habitats traditionnels de la région, mais est également inspirée du style qâdjâr. Cette maison est représentative du mode de vie des habitants de la région durant les trois derniers siècles.

- Le bas-relief de Saghandal : le village de Saghandal, à 5 km de Varzaghân, possède un bas-relief comprenant une tablette écrite de l’époque urartienne rédigée en écriture cunéiforme sur les flancs de la montagne Zâghi.

- La forteresse de Joushin ou Joushoun : située à 26 km à l’ouest de la ville de Varzaghân et à 6 km du village de Joushin, cette citadelle de montagne est très difficile d’accès. Bâtie sur un pic, elle est entourée des trois côtés par des abîmes raides et le seul moyen d’y accéder est un chemin de randonnée très étroit qui ne laisse passer qu’une personne à la fois. C’est pourquoi les garnisons de cette citadelle étaient toujours très réduites en nombre. Parmi les spécificités de cette citadelle, on peut citer l’existence de nombreuses piscines creusées à même le roc dans l’enceinte. Autrefois, des feux étaient allumés dans cette citadelle, qui étaient vus depuis toutes les forteresses alentours sur des dizaines de kilomètres, et on se servait de ces feux pour déclarer la guerre ou l’armistice. Cette citadelle est très ancienne et date de l’époque mède (Ier millénaire av. J.-C.) et on y a retrouvé de nombreux objets datant de cette période. Durant l’invasion arabe, elle résista durablement. La citadelle a été régulièrement utilisée et on y retrouve de nombreuses traces de vie humaine, du Ier millénaire av. J.-C. Jusqu’au XIIIe siècle.

- L’Imâmzâdeh Seyyed Jalil Joushin : situé sur un mont juste au-dessous de la citadelle de Joushin, cet Imâmzâdeh ouvre le chemin à la belle région de Tchitchkoli et sert d’étape aux visiteurs de la forteresse.

- La tour Allâh Allâh ou la Coupole turquoise : Situé dans le cimetière historique du village de Kaboud Gonbad à Khârvânâ, cette tour est parfaitement ronde, avec un diamètre de 75,4 mètres. Bâtie sur deux étages, elle comprend notamment une glacière. Les coupoles se sont aujourd’hui effondrées. Ce bâtiment se remarque par la profusion des décorations en briques, répétant le nom divin, qui recouvrent la pierre. Ce type de monument date de la fin de la période ilkhânide et le début de la période safavide. Le mélange des briques et des décorations turquoises a donné son nom au bâtiment : « La coupole turquoise ».

- Le village d’Astmâl : ce village plurimillénaire a été l’un des bastions les plus importants des Mèdes durant l’époque antique (Ier millénaire av. J.-C.). De nombreux objets datant de la période mède y ont été retrouvés, cependant, aucune fouille poussée n’a encore été menée et la région est restée loin de toute recherche ou tourisme.

Village d’Astmâl

- Le village de Karingân : l’intérêt de ce village provient du fait qu’il est aujourd’hui le dernier village de toute la province, où l’on parle le tâti, l’une des anciennes langues iraniennes. Malheureusement, seule une trentaine de familles peuplent désormais ce village. L’endroit est inscrit au registre du Patrimoine national et plus de 55 collines et complexes antiques l’entourent.

Le département de Myâneh

Région froide, située dans les vallées basses du Ghezel Owzân, Myâneh possède un climat froid et sec, sauf au nord où se profilent les hauteurs du Bozghoush. La température moyenne annuelle de ce département est de 3 à

5 °C. Myâneh est citée pour la première fois dans les documents historiques quelques décennies avant J.-C., ces documents relatant des événements datant de l’an 720 av. J.-C. Cependant, la découverte de bas-reliefs et tablettes assyriens et urartiens, ainsi que d’objets antiques lors d’excavations et de fouilles fait remonter l’histoire de Myâneh à une période même postérieure à l’avènement des Mèdes dans la région. On a également retrouvé des poteries et des statues de périodes antiques plus récentes, comme la période sassanide. Les historiens médiévaux nommaient cette région « Myânj » (La frontière), car elle marquait la frontière entre les territoires mède et parthe. Ceci dit, la ville de Myâneh a été également nommée Garmroud, notamment durant les XIIIe et XIVe siècles, où ses deux noms sont toujours cités ensemble pour éviter la confusion.

Attractions touristiques du département :

- La Mosquée de Pierre : cette mosquée de pierre, aux spécificités architecturales uniques, située à 29 km au nord-est de la ville de Myâneh, est l’un des sites historiques les plus importants de la province. Son architecture et les matériaux utilisés pour sa construction font l’étonnement des archéologues et elle est aussi marquée par le meilleur de l’architecture islamique, dont elle porte toute l’histoire dans sa forme. La façade de la mosquée est entièrement de pierres, décorées de tablettes et de fresques et gravées et calligraphiées somptueusement avec l’écriture nasta’ligh. A l’intérieur également, les colonnes, les murs, les mehrâb et les shabestân forcent l’admiration. L’intérieur de la mosquée est entièrement décoré avec raffinement de pierres rouges unies. Cette mosquée comprend dix parties séparées. Le bâtiment principal est en pierre et ses shabestân (chapelles) ont été construits plus tard, en briques. Les avis divergent quant au mécène qui construisit cette mosquée. Pour certains, elle a été bâtie au XIIe siècle, pour d’autres, au XIVe siècle, sur ordre du roi ilkhânide Mohammad Khodâbandeh. Deux tablettes datées de 1607 et 1865 font état de deux séries d’importantes rénovations, l’une à l’époque du Safavide Shâh ’Abbâs, la deuxième à l’époque qâdjâre, sous le règne de Nâssereddin Shâh, au XIXe siècle.

- Le pont Dokhtar : ce pont du XIIe siècle, bâti sur la rivière Ghezel Owzan, dans la vallée orientale du Ghaflânkouh, à une vingtaine de kilomètres de la ville de Myâneh, est remarquable par la finesse de sa construction. Les piles sont en pierres, disposées de façon à fendre l’eau, et les palées en briques. Détail intéressant, des chambrettes ont été aménagés avec beaucoup de soin dans les piles. Le raffinement et la finesse de cet ouvrage, qui a vu passer de nombreux voyageurs, est toujours remarquable. Des décorations et des tablettes gravées en calligraphies naskh, sols, nasta’ligh et koufi ornent également le pont, donnant des détails sur son histoire, mais certaines ayant été détruites, on ignore la date exacte de sa construction.

Pont Dokhtar bâti sur la rivière Ghezel Owzan, Myâneh

- La citadelle Dokhtar ou Ghizghâlâssi : souvent citée par les historiens médiévaux comme repaire de brigands, cette citadelle est située à 2 km en surplomb du pont du même nom, sur un pic rocheux. Effectivement, et surtout durant le règne de Shâh ’Abbâs le Safavide, elle était le repaire des brigands de la région. Cette citadelle a été bâtie à l’époque achéménide, sous le règne et sur l’ordre du roi Artaxerxès Ier (-465 à -424).

- La citadelle de Najafgholi Khân (Colline antique de Najafgholi Khân) : cette vaste construction, dotée d’une petite citadelle a été bâtie au sud-est de Myâneh sur les bords de la rivière Shahrtchâ’i. Des maisons l’entourent au nord et au nord-est, alors qu’elle s’ouvre au sud et sud-ouest sur des cultures. Son aile nord-ouest monte vers les hauteurs du Ghaflânkouh. L’enceinte de la citadelle est très vaste et elle domine toues les terres autour. Bâtie de briques et de pierres avec des murs de quatre mètres d’épaisseur, la citadelle comprend une seule grande entrée et une seule sortie de secours, qui mène à des falaises. L’eau était fournie par des réservoirs où l’on emmagasinait l’eau de pluie. Il y a également plusieurs puits dans cette enceinte. La colline antique sur laquelle a été bâtie la citadelle et la petite agglomération est habitée depuis l’époque sassanide. L’ensemble est enregistré au Patrimoine national.

- Le caravansérail de Jamâlâbâd : ce caravansérail du XIVe siècle a durablement servi de lieu de halte aux voyageurs, dont plusieurs l’ont décrit, notamment le voyageur français Chardin, qui visita l’Iran à l’époque safavide. Décrit comme étant somptueux et remarquable, en particulier du fait de ses sept tours, ce caravansérail est aujourd’hui en ruines.

Le département de Malekân

Ce département est à la frontière entre l’Azerbaïdjan oriental et occidental et le Kurdistân. La région est montagneuse et froide, bien qu’avec une forte pluviosité. On peut la diviser en deux, selon l’altitude moyenne : hautes altitudes (1800-2200 mètres), altitudes moyennes (1500-1800 mètres). L’histoire « récente » de Malekân remonte à deux siècles, où la région était nommée « Malek Kandi », mais l’homme y a un passé très ancien. Des vestiges d’habitations humaines datant du VIIIe millénaire av. J.-C. y ont été retrouvés, notamment dans la vallée de ’Abbâs Abâd et la région de Ghourijân. Il y a aussi un lac, dont les alentours ont gardé des traces de vie préhistorique, qui s’est asséché il y a une trentaine d’années. Ce lac rassemblait à l’époque antique les nomades.

Vigneoble de la ville de Malekân

Attractions touristiques du département :

- Pol Dokhtar-e Joukh : le seul monument historique de Jough toujours debout à ce jour et qui date de la période safavide est ce pont construit à 5 km du village-citadelle de Jough au-dessus de la rivière Mardagh. De l’autre côté du pont, il y a une colline antique aujourd’hui interdite au public par l’Organisation du Patrimoine qui y a programmé des fouilles archéologiques, mais malheureusement, et le pont et le site antique ont été plusieurs fois vandalisés et pillés.

Pol Dokhtar-e Joukh, époque safavide, Malekân

- La source thermale Shoursou : cette source thermale a des vertus thérapeutiques prouvées, mais elle n’a pas été aménagée et son bassin très petit, ne permet pas à plus de trois personnes de s’y baigner. Cette source est située dans le village de Sheikholeslâm près de la rivière Mardagh.

- La citadelle de Bakhtak : cette citadelle, entourant la très petite ville de Leylân, est un monceau des gravats entourant toute la région. Ces tas de gravats sont en réalité les murs et les enceintes de la très grande citadelle de Bakhtak, qui a été détruite au fil des siècles par des tremblements de terre successifs. L’enceinte de la citadelle couvrait une superficie d’environ cent hectares. Du fait des ravages qu’elle a subis – il ne reste aucun mur debout -, et de l’absence d’études sérieuses, on ignore l’âge de cette citadelle. On sait simplement que Leylân était une étape importante sur la Route de Soie et que la citadelle circulaire la protégeait.

- Le pont en briques de Leylân Tchây (rivière de Leylân) : ce pont très ancien avait originellement été bâti à l’époque arsacide, rénové ou reconstruit durant l’ère sassanide, puis une nouvelle fois refait à l’époque safavide. Restauré en 1993, il est l’un des monuments à visiter de la région.

Le département de Marand

Le département de Marand est également montagneux avec des altitudes allant de 900 à plus de 3000 mètres. Historiquement, il est attesté que la région a eu une importance clé durant l’apogée de Chaldée et de l’Assyrie. Certains estiment que le nom « marand » serait un mot arménien signifiant « tombeau », car la région serait le lieu où fut enterré le prophète Noé. Les historiens antiques citaient Marand comme capitale de la satrapie sassanide d’Arrân. Cette position est renforcée par l’existence de plusieurs temples zoroastriens dans les alentours de la ville. De façon générale, la trace des Mèdes et des Sassanides est particulièrement soulignée dans ce département.

Attractions touristiques du département :

- La Grande mosquée de Marand : datant du XIIIe siècle, cette mosquée est remarquable par son architecture spécifique, et plus particulièrement par la finesse de sa construction et ses belles décorations.

- Le vieux caravansérail de Marand : contemporain de la mosquée, ce caravansérail est célèbre pour son luxe - certains pensant même qu’il était un château plutôt qu’un caravansérail. Il n’en reste néanmoins aujourd’hui que des vestiges abîmés. On dit qu’il avait été construit sur l’ordre du Moghol Holâghou, mais aucune preuve n’atteste cette affirmation.

Le département de Marâgheh

Ce département est géographiquement divisé en deux parties : au nord, les altitudes rudes et au sud, la plaine douce. Ainsi, son climat est agréable et tempéré à froid. Toute la région, en particulier le chef-lieu, Marâgheh, est célèbre pour le grand nombre de monuments et de vestiges historiques et antiques à visiter. Effectivement, dès l’époque des Mannéens (Xe siècle av. J.-C.) jusqu’à aujourd’hui, Marâgheh a été une région d’importance.

Attractions touristiques du département :

- Le dôme rouge (Gonbad-e Sorkh) : datant du début de la période seldjoukide, cette tour portant un dôme ressemble à d’autres tours similaires et contemporaines. Sa tablette précise que sa construction a été achevée en l’an 1147. Les ornementations faites d’un mélange de céramiques, de briques et de gravures murales, ainsi que l’ajout de tablettes de briques ajoutent à l’intérêt historique un intérêt architectural, d’autant plus que cette tour annonce le style architectural azéri.

Dôme rouge (Gonbad-e Sorkh)

- La Tour Ronde (Borj-e Modavvar) : construite en 1163, cette tour comprend deux étages et seule son entrée est ornée. Bien que loin d’être aussi somptueuse que le Gonbad-e Sorkh, cette tour est également marquée par un mélange des styles.

Tour Ronde (Borj-e Modavvar)

- Gonbad-e Kaboud (Le dôme turquoise) : non loin de la Tour Ronde, une autre tour a été bâtie sur deux étages, sur le même modèle que la Tour Ronde, et qui est surplombée d’une belle coupole turquoise. A la différence de la Tour Ronde, elle est richement décorée et ses murs voûtés offrent un bel exemple du mélange des ornements de briques, de céramiques, de mosaïques et de pierres gravées. Elle comprend également une glacière souterraine.

Gonbad-e Kaboud (Le dôme turquoise)

- Gonbad-e Ghaffârrieh : bâti au nord de la ville de Marâgheh, ce monument est situé sur les bords de la rivière Sâfi Tchây et près du pont historique d’Holagu. Il date de l’époque ilkhânide et a été bâti sur ordre du roi Abou Saed entre 1324 et 1327.

- Le temple mithriaque du cimetière du village Varjouy : ce bâtiment a une architecture très similaire aux temples mithriaques en Grèce, Italie et Turquie. Après l’islam, ce monument a été utilisé à d’autres fins et décoré dans le style islamique. Sur le mur d’entrée de gauche, un serpent est gravé sur le mur, thème fréquent des monuments de l’époque arsacide. Ce temple est l’un des rares temples mithriaques d’Iran.

Gonbad-e Ghaffârrieh

- Le mausolée d’Aghâlâr : datant de la période Zend, ce mausolée est représentatif de l’architecture de cette période. Plusieurs grands personnages de la région y ont été enterrés au fil des siècles.

- Le mausolée du poète Owhadi Marâghei : poète et mystique du XIVe siècle, Owhadi Marâghei est originaire de cette ville où il a été enterré. Ce mausolée est proche du musée ilkhânide.

Mausolée du poète Owhadi Marâghei

- L’église de Houâns : seule église et monument qui reste témoin de la présence de chrétiens dans la région, elle a été bâtie à l’époque ilkhânide et montre la tolérance religieuse de cette période. Plus tard, des parties ont été ajoutées à cette église, qui a été plusieurs fois rénovée et ornée.

- L’observatoire de Marâgheh : en raison du grand épanouissement de l’astronomie et des sciences mathématiques dans les pays musulmans durant le Moyen-Age, on peut dire sans hésiter que cet observatoire était le plus moderne de son époque. Il est également le plus complet des observatoires d’avant l’invention des lentilles et il fallut trois siècles avant qu’un observatoire aussi moderne voit le jour en Occident. En plus de l’observatoire lui-même, la colline où il a été bâti est une colline antique où des traces de vie très anciennes ont été découvertes lors de fouilles.

Cet article n’a fait qu’évoquer quelques unes des nombreuses attractions touristiques de l’Azerbaïdjan oriental, au lecteur maintenant de laisser son imagination vivifier ces lieux où le passé rejoint le présent…


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