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Les Elamites nommaient leur pays Haltamti qui signifie Le Pays du Seigneur, d’où le nom d’Elam premièrement apparu dans les registres hébraïques. Alliés de Suse depuis 2007 av. J.-C., ils mirent fin à l’empire d’Ur et s’ensuivit, juste après, l’annexion de Suse par Elam. La ville de Suse fut construite en 4000 av. J.-C. Les pouvoirs d’Ur et d’Akkad s’intéressaient au plateau iranien contrôlé par Elam pour ses ressources naturelles comme le bois, la pierre et les métaux, et l’attaquaient souvent. Leurs chroniques de guerre laissent une documentation importante sur l’histoire et la géographie d’Elam. Les registres occidentaux le nomment en suivant le modèle grec d’Aylam.
Société esclavagiste, l’histoire d’Elam est étroitement liée à celle de la Mésopotamie. Ce pays que les Sumériens appelaient "Nim" et les Akkadiens "Elamtu" se situait à l’est de Sumer, dans une région montagneuse où n’était possible que l’élevage du bétail, et des vallées fertiles en aval des deux grands fleuves d’Elam, Choaspes (actuel Karkheh) et à l’est, Evleya (Karoun) où le labourage était possible. Sur la rive gauche de Choaspes, proche d’Evleya, se trouvait la plus grande colonie de Suse, où la divinité principale se nommait Inshushinak. Cette divinité était également adorée à Sumer. Située au carrefour des principales routes qui traversaient Elam, Suse a joué un rôle central dans l’histoire du pays. Dans la région méridionale d’Elam vivaient des tribus à la peau mate. Il a été suggéré qu’elles étaient alliées des tribus dravidiennes de l’Inde.
Tous les efforts visant à déterminer à quel groupe de langues peut se rattacher l’élamite ont jusqu’ici échoué.
On peut diviser l’histoire d’Elam en trois périodes principales dont la période paléo-élamite, la médio-élamite et la néo-élamite. Il est impossible de déterminer avec précision la limite inférieure de la première étape historique. Par conséquent, les antécédents protohistoriques de cette civilisation restent relativement inconnus. Sa limite supérieure est caractérisée par la généralisation d’un rite funéraire propre aux anciens habitants de la région.
Les objets trouvés issus de la période paléo-élamite sont susceptibles de remonter à l’âge de pierre, de même que les outils en pierre, fabriqués avec soin et polis. Les objets en cuivre sont rares à cette époque et les outils de travail témoignent du fait que leurs artisans étaient sédentaires et vivaient de la chasse ainsi que de l’agriculture. Ils avaient aussi une production textile, basée sur l’usage de l’orge, de l’amidonnier et du lin. Parmi les statues en argile, des représentations de la déesse de la fertilité et des cercueils en forme de bateaux spécifiquement destinés aux inhumations ont été retrouvés. On tamisait à la main de l’argile fine pour les poteries, lesquelles étaient décorées avec des motifs géométriques et des représentations d’hommes, d’oiseaux et d’animaux domestiques et sauvages. Toutes ces images étaient réalisées avec de la peinture noire. La population de la première civilisation de Suse fut anéantie apparemment dans une guerre sanglante l’ayant opposée aux tribus voisines constituées de montagnards belliqueux.
Contrairement à la culture de la première civilisation de Suse, celle d’Elam était répandue non seulement dans son propre fief, mais également dans d’autres endroits et régions du sud-ouest de l’Iran actuel. Les fouilles témoignent aussi de son influence sur les villes sumériennes dont Eridu, Ur, Kish, etc. Des outils et des armes en cuivre ont été retrouvés dans des fouilles dans la région correspondant à Sumer, et l’on peut supposer, selon le témoignage de Gudea dans l’une de ses inscriptions, que le métal utilisé pour la production de ces armes a été extrait des montagnes de Kimasha, région frontalière d’Elam. Durant la seconde période de la cité de Suse, de l’or fut découvert, et l’on a retrouvé des objets en or datant de cette période. A peu près vers la même époque, les civilisations mésopotamiennes voient l’émergence de l’âge du bronze. Parallèlement au développement de l’extraction et l’utilisation de métaux, la production de la céramique se développe également. Ainsi, bien que les cercueils en forme de bateaux fabriqués pendant la deuxième civilisation de Suse ne soient pas réalisés avec autant de soin que ceux de la première période, ils sont cependant multicolores et ornés de représentations plus variées. Les artistes figurent des paysages représentant des animaux et des humains. ہ la comparaison chronologique des images de bovins sacrés, incrustées à l’époque dans les poteries, on pense qu’il s’est agi d’un développement artistique assez rapide. Nous pouvons également constater durant cette période l’invention d’une forme d’écriture hiéroglyphique élamite.
Comme le cuivre constitue la matière première de base pour toute société industrielle à l’époque, la rareté des objets en cuivre témoigne de la situation industrielle primitive dans laquelle se trouvait Elam. Plus tard, avec le développement des forces productives, et en particulier du passage de la pierre aux outils en métal, Elam est le témoin d’une révolution dans la production, dont le résultat final consistera à la mise en place d’un système esclavagiste.
Cette société esclavagiste s’imposa en premier lieu seulement dans les vallées, où il y avait une croissance plus rapide des forces productives et des rapports d’échange. Les populations de ces zones étaient en relation avec les tribus des montagnes autant qu’avec les cités voisines telles que Sumer ou Lagash, avec lesquels elles entretenaient d’étroites relations commerciales et politiques. Tout au long de la seconde moitié du 3e millénaire av. J.-C., les tribus montagnardes, vivant dans des conditions assez primitives, ont constamment pillé, lors de razzias subites et violentes, les sociétés esclavagistes riches, établies dans les vallées. Les affrontements de Sumer avec les tribus montagnardes sont les plus connus historiquement en la matière.
Nous connaissons l’existence de ces guerres depuis la découverte des inscriptions des souverains de Lagash, datant du 25e siècle av. J.-C. A l’époque, Elam était étroitement allié à son voisin de l’ouest de la Mésopotamie. Aux 25-23ième siècles, Suse fut incluse dans l’Etat akkadien et l’influence de la culture mésopotamienne sur Elam augmenta considérablement. Les chroniques Patesi et les mémoires d’Elam sous le règne de Puzur-Inshushinak abordent explicitement ce sujet. Seule une partie des inscriptions de Puzur-Inshushinak fut rédigée en langue élamite et en hiéroglyphes élamites. L’autre partie est rédigée en cunéiforme, dans la langue sémitique d’Akkad. Les dirigeants suivants d’Elam rédigèrent leurs chroniques uniquement en langues sémitiques.
Dans ses deux inscriptions, Puzur-Inshushinak s’intitula le puissant roi d’Awan, une dynastie d’Elam, et affirma que Dieu lui avait donné les « quatre royaumes de la terre », autrement dit la domination du monde entier. De toute évidence, Puzur-Inshushinak avait décidé de profiter de l’affaiblissement d’Akkad et prétendait régner sur toute la Mésopotamie. Le roi d’Akkad Naram-Sin s’obligea à investir de grands efforts en vue de repousser l’invasion des Elamites en Mésopotamie. Plus tard et avec l’affaiblissement progressif de la puissance d’Akkad, les expéditions élamites eurent de plus en plus de succès. Le souverain de Lagash nommé Gudea aborda dans ses inscriptions la question de ses relations pacifiques avec Elam, mais en même temps, il fit fièrement remarquer qu’il avait "détruit la ville d’Anshan au pays d’Elam."
Avec les rois de la troisième dynastie d’Ur, Elam doit de nouveau reconnaître la suprématie des royautés mésopotamiennes, bien que le plus grand représentant de cette dynastie, Shulga fit construire un temple pour respecter le "Dieu adoré à Suse", proprement dit à Inshushinak. Lorsque l’Etat d’Ur déclina et sa chute approcha, les dirigeants d’Elam redevinrent indépendants et finalement, ils les battirent lors d’une bataille datant de 2007 av. J-.C., sous le règne du roi Kindattu : Elam, allié de Suse, s’empara d’Uruk et la détruisit, parallèlement à quoi, la troisième dynastie d’Ur tomba également sous les coups d’Elam et des Amorites, qui s’étaient installés bien avant dans le Moyen-Euphrate.
Le plus grand acquis culturel d’Elam fut sans doute la création d’une écriture élamite propre, avec des signes et caractères remontant aux modèles picturaux. Le développement de cette écriture est marqué par l’arrangement des signes en ligne et la singularisation de chaque caractère. Sous le règne de Puzur-Inshushinak, les Elamites commencèrent à remplacer ces lettres par des caractères cunéiformes et la langue élamite fut éclipsée par l’akkadien dans les inscriptions. A partir de la seconde moitié du 2e millénaire av. J.-C., l’élamite s’écrit avec des lettres cunéiformes.
Dans le domaine des arts visuels, comme nous l’avons mentionné, Elam fut sous l’influence de la culture mésopotamienne. Une présence qui est par ailleurs très évidente dans la religion, où les échanges ont été nombreux. Les inscriptions élamites en langues sémitiques citent des noms de divinités qui, à part la principale Inshushinak, sont appelées dans leurs noms correspondants dans la culture sumérienne et sémitique comme Bel, Shamash, Sin, Inanna, Ishtar etc. La culture mésopotamienne inclut elle aussi dans son panthéon un certain nombre de dieux élamites.
Bibliographie :
Diakonov, Igor, Zabân-e Ilâmi (La langue élamite), éd. Mir, 1979.
Grantovski, Dondamaiev, Târikh-e Irân az ahd-e bâstân tâ konoun (L’histoire de l’Iran de l’Antiquité jusqu’à présent), Téhéran, éd. Morvârid, 2006.
Eskandari, Iradj, Dar târiki-ye hezâre-hâ (Dans les ténèbres des millénaires), Téhéran, éd. Negâh, 1991.