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Selon une définition politique moderne, l’Asie centrale serait une région du continent asiatique comprenant les territoires respectifs de cinq anciennes républiques soviétiques (Ouzbékistan, Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan et Turkménistan).
D’après une autre définition datant de la fin du XIXe siècle, la région qui était considérée comme étant l’« Asie centrale » correspondrait à ce qui était appelé « Turkestan » par les puissances coloniales russe et britannique, sans que ce Turkestan ait effectivement une cohésion socioculturelle ou historique. Dans le cadre du Grand Jeu (1813-1907), c’est-à-dire de la rivalité coloniale et des luttes d’influence entre l’Empire russe et l’Empire britannique, cette « Asie centrale » était amoindrie et couvrait les régions correspondant aujourd’hui aux territoires du Turkménistan, de l’Ouzbékistan, du Tadjikistan et du Kirghizistan, mais aussi le sud du Kazakhstan, le nord de l’Afghanistan, le nord-est de l’Iran ainsi que le Xinjinag en Chine.
Il y a enfin une définition propre à l’UNESCO qui propose une Asie centrale beaucoup plus élargie en fonction du climat centrasiatique, qui comprendrait l’ensemble des territoires respectifs des cinq anciennes républiques soviétiques (Ouzbékistan, Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan et Turkménistan), mais aussi l’ensemble des territoires de l’Afghanistan et de la Mongolie, et certaines parties des territoires respectifs de cinq autres pays : Chine, Inde, Pakistan, Russie et Iran.
Éloignée de toutes les mers, l’Asie centrale a un climat continental, très chaud en été et très froid en hiver (par endroits doux). Dans cette vaste zone territoriale s’étend une zone étendue de steppes où le nomadisme pastoral fut le mode de vie le mieux adapté, actuellement en déclin.
L’Amou-Daria est le plus grand fleuve d’Asie centrale du bassin de la mer d’Aral. Le nom antique de l’Amou-Daria était Vakhch (persan ancien), d’où était d’ailleurs tiré le mot grec « Oxus ». Les sources de l’Amou-Daria se trouvent dans les montagnes du Pamir, un massif de hautes montagnes à l’est du Tadjikistan. Le fleuve traverse l’Hindou Kouch (en Afghanistan) puis le désert du Karakoum (au Turkménistan), avant de se jeter dans la mer d’Aral (en Ouzbékistan).
L’Amou-Daria est long de 2580 kilomètres et navigable sur 1450 kilomètres de son trajet. Son eau est très largement utilisée pour irriguer les plantations de coton, ce qui explique en grande partie l’assèchement de la mer d’Aral. Aujourd’hui, l’Amou-Daria marque la frontière entre l’Afghanistan et le Tadjikistan, et en partie entre l’Ouzbékistan et le Turkménistan.
L’Asie centrale constitue un véritable carrefour des civilisations. Ses plus anciens habitants identifiés jusqu’à nos jours sont des peuples indo-européens venus de l’ouest. Les Tokhariens, qui vivaient essentiellement dans le bassin du Tarim (sud du Xinjiang), sont les habitants les plus anciens de l’Asie centrale identifiés jusqu’à nos jours par les archéologues. Les recherches archéologiques du XXe siècle ont prouvé que les Tokhariens étaient des Indo-européens qui y vivaient depuis au moins deux millénaires av. J.-C. Leur culture disparut assez rapidement dans la seconde moitié du Ier millénaire de l’ère chrétienne à cause des expansions des peuples turcophones venus de Mongolie orientale et de Sibérie.
Ensuite, les peuples iraniens occupèrent la quasi-totalité de l’Asie centrale, à l’exception du bassin du Tarim oriental et de la Mongolie, durant le Ier millénaire avant l’ère chrétienne. Des experts citent également des peuples indo-aryens (proches parents des Iraniens) ayant vécu en Bactriane (une région historique à cheval sur les territoires actuels de l’Afghanistan, du Tadjikistan et de l’Ouzbékistan) avant de dominer l’Inde du Nord.
Dans les trois régions historiques de la Bactriane, de la Sogdiane et du Khwarezm (ces trois noms étant toutes d’origine iranienne), il existait depuis très longtemps de brillantes civilisations sédentaires. Les Sogdiens, un peuple iranien, fondèrent la cité de Samarcande (aujourd’hui en Ouzbékistan).
La Route de la Soie traversait l’Asie centrale, faisant de cette région une terre d’échange depuis des temps très reculés. À partir des derniers siècles av. J.-C., des nomades turco-mongols venus de Sibérie et de Mongolie orientale commencèrent à s’installer en Asie centrale en se mêlant peu à peu aux peuples indo-européens ou en les faisant reculer face à leur expansion. Au VIIIe siècle de notre ère, l’arrivée des Arabes musulmans fit disparaître progressivement la religion iranienne du zoroastrisme ainsi que le bouddhisme. La majorité des peuples iraniens et turcs de l’Asie centrale se convertirent à l’islam, bien que le manichéisme et le christianisme nestoriens aient également fleuri en Asie centrale au Moyen Âge.
Le Trésor de l’Oxus (appelé Trésor de l’Amou-Daria, en persan) est une collection exceptionnelle d’environ 180 objets en or et en argent, pour la majorité de petite taille. La collection compte aussi environ 200 pièces de monnaie de la période perse achéménide (550-330 av. J.-C.). Le Trésor porte le nom ancien du grand fleuve de l’Asie centrale, l’Amou-Daria, car il fut découvert près de ce fleuve vers 1877-1880. Le lieu et la date exacts de la découverte restent incertains, et il est probable que de nombreuses autres pièces du trésor aient été fondues par des gens qui voulaient en récupérer le métal précieux. Certains documents plus anciens de la fin du XIXe siècle soulignent que la collection comprenait quelque 1500 pièces au début, et mentionnent des objets qui n’existent pas dans la collection actuelle. Des études menées sur des objets indiquent que certaines pièces peuvent dater du VIe au IVe siècle avant J.-C. ce qui les ferait correspondre à l’ère achéménide, tandis que d’autres pièces du trésor dateraient du IIIe siècle av. J.-C., et seraient donc postérieures à l’effondrement de la dynastie.
D’après la plupart des experts, l’origine la plus probable du Trésor de l’Oxus est qu’il appartenait à un temple où des offrandes votives ont été déposées sur une longue période, sans que l’on connaisse aucun détail de sa constitution. La collection actuelle serait ainsi la partie la plus importante de ce qui fut autrefois une énorme accumulation d’œuvres achéménides en métaux précieux. Les objets de ce trésor présentent des qualités de fabrication différentes. Par exemple, il y a parmi ces objets plusieurs plaques votives en or fabriquées assez maladroitement. Les spécialistes estiment qu’il s’agirait peut-être d’objets produits non pas par des artistes orfèvres, mais par les donateurs eux-mêmes. Néanmoins, d’autres objets de la collection sont de très grande qualité, ce qui permet de penser que ces objets votifs provenaient d’ateliers de la cour impériale des Achéménides.
Actuellement, le British Museum possède presque toutes les pièces existantes du Trésor de l’Oxus, ainsi que la célèbre paire de bracelets à tête de griffon, prêtée par le Victoria and Albert Museum. Les pièces de cette collection ont été réunies au British Museum par différents moyens. De nombreux articles ont été légués par Augustus Wollaston Franks (1826-1897), antiquaire anglais souvent qualifié comme « probablement le collectionneur le plus important dans l’histoire du British Museum et l’un des plus grands collectionneurs de son temps ». Les pièces de monnaie du Trésor de l’Oxus sont dispersées dans de nombreux musées, notamment au Musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg en Russie.
Les objets qui forment aujourd’hui la collection appelée Trésor de l’Oxus furent d’abord découverts par la population locale quelque part sur la rive nord de l’Amou-Daria (au Tadjikistan actuel) bien avant leur redécouverte « officielle » vers la fin du XIXe siècle. Dans les années 1870 et à l’époque de la redécouverte de ces objets, cette région faisait partie de l’émirat de Boukhara qui allait être englouti peu à peu par l’Empire russe (1920).
Vers la fin du XIXe siècle, comme aujourd’hui, la rive sud de l’Amou-Daria faisait partie du territoire afghan. À cette époque-là, à la suite de la seconde guerre anglo-afghane (1878-1880), l’Afghanistan était gouverné par la dynastie Barakzaï, mais se trouvait sous domination britannique. Le pays s’était transformé en un État tampon de 1879 à 1919. Or, à l’époque où le trésor de l’Oxus fut créé et constitué pour la première fois, c’est-à-dire six siècles av. J.-C., toute la région faisait partie de l’Empire perse des Achéménides.
La zone approximative de la première découverte du trésor est plus ou moins connue des archéologues. Un temple ancien avait été fouillé dès 1956 par les archéologues soviétiques sur le site de Takht-i Sangin près de la confluence du Vakhch et du Piandj, les deux branches principales de l’Amou-Daria, sur le territoire tadjik tout près de la frontière de l’Afghanistan. Certains spécialistes considèrent le temple antique de Takht-i Sangin comme la source du Trésor de l’Oxus. Selon des études archéologiques, le temple se situerait en fait à quelque quatre kilomètres au sud du site de Takht-i Sangin. Lors des fouilles de ce site, les archéologues découvrirent en 1956 puis de 1976 à 1997 un grand nombre d’objets métalliques qui semblaient avoir été déposés comme offrandes à partir d’environ 300 av. J.-C. jusqu’au IIIe siècle de notre ère. Les experts tentèrent de relier le temple et le Trésor de l’Oxus, mais les objets qui constituent le trésor et les objets découverts sur le site de Takht-i Sangin ne correspondent pas parfaitement. C’est la raison pour laquelle d’autres spécialistes soulignent que la région était un très ancien point de passage majeur et que les objets constituant le Trésor de l’Oxus pourraient provenir de plus loin.
La première mention imprimée du trésor fut un article dans un journal russe en 1880, écrit par un général de l’armée russe qui, en 1879, enquêtait sur le chemin de fer transcaspien que les Russes venaient de commencer à construire. Il relata que des rapports locaux indiquaient que des trésors avaient été trouvés dans les ruines d’un ancien fort appelé « Takht-i Kuwad », qui avait été vendu ensuite à des marchands indiens. Un rapport ultérieur de Sir Alexander Cunningham (1814-1893), l’archéologue et ingénieur militaire britannique qui fut le premier directeur de l’« Archaeological Survey of India » (Service archéologique d’Inde, fondé en 1861), décrivit les découvertes du site de Takht-i Kuwad. Selon lui, les fouilles auraient commencé en 1877. Cunningham acquit de nombreuses pièces lui-même par le biais de revendeurs dans le nord de l’Inde (le Pakistan actuel).
Un autre récit d’un général britannique propriétaire lui-même de certains objets de la collection souligne que le Trésor de l’Oxus aurait été découvert un an plus tôt en 1876, exposé accidentellement par un glissement de terrain de la rive du fleuve Amou-Daria. Après cette découverte, on continua à fouiller le site pendant des années dans l’espoir d’y trouver d’autres objets de valeur.
Un grand groupe d’objets, peut-être la majeure partie du trésor, fut acheté aux habitants par trois marchands de Boukhara en 1880, qui laissèrent imprudemment leur précieux convoi sur une route au sud de Kaboul dans la direction de Peshawar (nord du Pakistan actuel). Le trésor fut volé par des bandits transportant des marchandises dans la montagne.
La nouvelle de l’épisode parvint à Richard Francis Burton (1821-1890), érudit et diplomate britannique en mission politique en Afghanistan. En organisant un raid contre les bandits, il réussit à récupérer très vite une bonne partie du trésor actuel, puis une autre partie qu’il acheta au fur et à mesure aux marchands locaux. À cette époque-là, il acheta à un marchand un bracelet en or qu’il revendit ensuite.
En remerciement, ils lui vendirent les deux bracelets qu’il revendit au « Victoria and Albert Museum » à Londres pour un montant de mille livres en 1884. De nombreuses autres pièces du trésor continuèrent à être vendues à Rawalpindi (Pakistan actuel). Alexander Cunningham en acquit un grand nombre.
Du point de vue esthétique, de nombreuses pièces du Trésor de l’Oxus sont indubitablement des chefs-d’œuvre de l’art antique. Le style dominant de la collection est le style artistique de la cour achéménide, mais des éléments esthétiques bactriens, scythiques et hellénistiques y apparaissent aussi.
Avec l’expansion rapide de l’Empire perse des Achéménides, plusieurs zones culturelles de l’Antiquité se soumirent à la dynastie perse, dont les centres culturels et civilisationnels de la Mésopotamie, de l’Asie Mineure, de l’Égypte et une partie du monde grec ; d’où un mélange culturel et artistique favorisant des influences réciproques très fructueuses. Bien que ces influences et ces échanges culturels et artistiques puissent être retracés assez facilement par les experts, ces derniers soulignent que les Achéménides surent former un style distinct qui leur était propre.
Les deux bracelets à tête de griffon sont peut-être les pièces les plus célèbres du Trésor de l’Oxus et représentent très clairement le style artistique de la cour achéménide du Ve siècle au IVe siècle av. J.-C.
Les Perses achéménides n’étaient pas les seuls à en avoir dans leur culture mythologique. En effet, de différentes formes de griffons existaient dans plusieurs cultures de l’Antiquité. D’après les études archéologiques, les premiers griffons datables appartiennent à la civilisation élamite (sud-ouest du plateau iranien) et apparurent vers la fin du IVe millénaire avant notre ère. Les griffons des bracelets du Trésor de l’Oxus ont le corps du lion, les ailes et le bec de l’aigle et la tête du bouquetin. Ils ressemblent beaucoup aux griffons du palais royal achéménide à Persépolis (province du Fars) qui ont un corps de lion, une tête d’aigle et des oreilles de cheval. Selon l’historien grec Xénophon (430-355 av. J.-C.), les bracelets comptaient parmi les cadeaux et les offrandes usuels de la cour perse achéménide. Les incrustations de verre, l’émail et les pierres semi-précieuses qui décoraient les bracelets ont été perdus.
Le Trésor de l’Oxus compte plusieurs statuettes en or ou en argent de petite taille. Les experts estiment que certaines de ces figurines ont pu être détachées d’objets de plus grande taille. Étant donné que ces statuettes étaient très probablement des offrandes votives données à un temple, la plupart des spécialistes pensent que ces figurines représentaient plutôt les donneurs que les divinités. Cela étant dit, selon les spécialistes, ces figurines devraient représenter des personnes dans des attitudes de prière dans un temple - tandis que d’autres semblent être simplement décoratives ou, peut-être, représentatives d’une personne. Les figurines représentant des personnes en train de prier font partie des pièces représentatives du Trésor de l’Oxus en tant que collection d’objets votifs offerts à un temple. Les recherches archéologiques montrent que la pratique existait déjà en Mésopotamie au cours de la première période dynastique (2900-2334 avant notre ère) parmi l’élite qui commandait des statuettes faites de gypse ou de calcaire, pour être offertes à un dieu ou à un temple. Les figurines votives du Trésor de l’Oxus suivent le même modèle de base que les figures votives mésopotamiennes, mais sont en or ou en argent. Elles étaient très probablement utilisées dans le même but que dans les temples mésopotamiens. La fonction de ces figures non votives du trésor reste pourtant inconnue. Il est possible qu’il s’agisse de figures commémoratives du défunt.
Les figures animales, comme les chevaux, étaient très probablement des pendentifs ou des amulettes. Cette pratique perpétuait une tradition d’utilisation de motifs d’animaux dans la création artistique initiée à l’époque proto-élamite dans diverses régions du plateau iranien. L’image d’un chien, par exemple, éloignerait les mauvais esprits tandis que l’image d’un cheval pourrait encourager la vitesse ou l’endurance.
La plus grande figurine du Trésor de l’Oxus est sans doute la plus inhabituelle par rapport aux règles générales de l’art achéménide. Cette statuette en argent montre un jeune homme nu debout, avec un grand chapeau conique recouvert d’une feuille d’or. La statuette laisse entendre une influence certaine de par la représentation du visage et la nudité, sans être typiquement attribuable à l’art grec ancien.
Le fourreau de l’épée du Trésor de l’Oxus est en or. Il est décoré d’une scène de chasse au lion et correspond de manière précise à des scènes de chasse au lion des bas-reliefs du palais de Darius Ier à Persépolis. Cet étui était celui d’un « acinace » : une épée courte persane. L’acinace (Kinak, en sogdien) était un type d’épée courte (poignard long) d’origine scythe, empruntée par les Perses, qui la popularisèrent au premier millénaire av. J.-C. Il s’agissait d’une arme droite à double tranchant, d’une longueur d’environ 35 à 45 centimètres. L’acinace était porté sur le côté droit, attaché à un baudrier. Certains chercheurs estiment que les décorations de l’étui représenteraient des concepts médiques, ce qui soutient l’affirmation selon laquelle le Trésor de l’Oxus est d’origine achéménide, d’autant plus que depuis Cyrus le Grand, fondateur de la dynastie achéménide, les Perses s’inspiraient souvent des symboles médiques pour former leur propre empire.
Le poisson doré du Trésor de l’Oxus mesure 24,2 cm de long et pèse 370 grammes. Il est creux avec une bouche ouverte et une boucle par laquelle il aurait été suspendu. Les experts pensent que la pièce contenait autrefois de l’huile ou du parfum. Le poisson a été régulièrement identifié par les archéologues comme une carpe mais plus tard, certains biologistes sont revenus sur cette idée. En 2016, l’écrivain passionné de pêche Adrian Burton a identifié l’objet comme représentant le poisson d’eau douce dit du Turkestan qui vit dans les rivières du Tadjikistan moderne.
Les 51 plaques votives du Trésor de l’Oxus constituent une partie importante de cette collection. Leur présence renforce la théorie de l’appartenance du trésor à un site religieux sacré. Les plaques sont des feuilles d’or minces et souvent rectangulaires représentant principalement des figures humaines portant un « barsom » (barsam ou barésman en persan), un objet utilisé dans le culte zoroastrien. Le barsom était un fagot de branches de grenadier ou de tamaris. Le barsom symbolise le monde végétal. On le fait reposer sur deux supports en forme de croissant de lune. Il sert à remercier Ahura Mazda pour la création du monde. Lors d’une cérémonie, on verse sur le barsom de l’eau bénite, représentant la pluie pour célébrer la fécondité du monde végétal. Le barsom était souvent offert à Anahita, déesse qui symbolisait la fertilité, l’eau et la sagesse.
Certaines plaques votives du Trésor de l’Oxus représentent des figures animales, ce qui, encore une fois, rappelle la coutume proto-élamite de la représentation symbolique des animaux véhiculant chacun un concept ou une caractéristique donnée. Par conséquent, les animaux représentés sur les plaques pourraient représenter une pétition spécifique pour la force, la santé, le courage, etc. L’art élamite a influencé l’art scythe et médique qui, à son tour, a influé le travail des artisans persans. En étudiant ces plaques votives, certains experts notent que les Mèdes transmettaient probablement aux Perses les éléments de l’art scythique qu’ils avaient absorbés ou obtenus indépendamment par le biais des liens établis avec des territoires orientaux de leur domaine. De même, les Mèdes furent également les intermédiaires de la propagation et de la continuation de l’art achéménide dans d’autres traditions artistiques du grand Empire des Achéménides.
Selon les spécialistes, les plaques votives du Trésor de l’Oxus sont généralement dominées par le style médique, mais cela ne signifie pas nécessairement qu’elles furent créées par les Mèdes. Certaines de ces plaques furent probablement commandées par de riches Perses pour représenter leurs offrandes auprès des divinités. D’ailleurs, il y a des plaques qui témoignent que les personnes qui les créaient n’étaient pas des artisans compétents. Ces individus-là ne voulaient peut-être pas payer un artisan pour faire un travail qu’ils pensaient pouvoir faire eux-mêmes.
Outre les bracelets à tête de griffon, il existe dans le Trésor de l’Oxus un certain nombre de bijoux et de pièces d’applique en or et en argent. Certains d’entre eux présentent le dieu égyptien de la fertilité et du foyer Bès, tandis que d’autres s’inspirent de motifs d’animaux. Parmi les plus intéressants, citons une bague en or avec une représentation du Simorgh, oiseau fabuleux de la mythologie iranienne, une entité bienveillante qui pourrait être invoquée en cas de besoin. Porter une bague avec une image de Simorgh aurait été comparable à porter un porte-bonheur de nos jours.
Les récipients servant à boire sont des bols et des cruches semblables aux bols retrouvés dans la tombe achéménide de Suse. Ces pièces en or ou en argent auraient été offertes au temple en cadeau de reconnaissance pour une prière exaucée ou en supplication pour l’exaucement de vœux.
Le Trésor de l’Oxus contient deux modèles de chars, tous deux en or, mais l’un d’eux est incomplet. Les chars sont tirés par des chevaux aux modèles complexes et la voiture contient deux personnages – un conducteur et un passager – tous deux représentés avec force détails, jusqu’aux expressions de leurs visages. Les chevaux sont également détaillés dans leur posture et leur démarche. Le chariot complet de la collection est orné d’une image du dieu égyptien de la fertilité, Bès. Les rênes tenues par le conducteur sont de présentation variée pour créer l’illusion du mouvement.
Les rois achéménides, au moins après Cyrus le Grand et Cambyse, se décrivaient dans les inscriptions comme des adorateurs d’Ahura Mazda. Cependant, nous ne savons pas exactement si leur pratique religieuse incluait le zoroastrisme, étant donné qu’Ahura Mazda était un dieu antérieur à la religion de Zoroastre. Il est également évident que la politique religieuse des Achéménides ne consistait pas à imposer les croyances religieuses royales aux sujets de l’Empire. D’autres cultes perses comme le mazdéisme, le mithraïsme ou le zervanisme, ainsi que d’autres religions locales semblent avoir continué sous l’Empire achéménide. Cela étant dit, le contexte religieux du Trésor de l’Oxus reste à être clarifié, bien qu’il semble provenir d’un temple.