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Quelle histoire autour de cette poterie découverte dans la ville de Soukhté, gigantesque chantier archéologique, considéré comme l’un des plus anciens sites du monde !
Il s’agit d’une très ancienne poterie, représentant le premier " dessin animé" du monde : les images répétées d’une chèvre, suivie de l’arbre de vie. Lorsque l’on imprime un mouvement circulaire à la poterie, on peut même voir la chèvre s’élever vers les branches de l’arbre.
Nour Eddin Zarinkalk, le père de l’animation en Iran, devait se rendre à l’Association mondiale des réalisateurs d’animation pour les préparatifs d’un film documentaire. Ce film devait présenter la poterie de "La chèvre" à l’assemblée annuelle de l’Association. Zarinkalk s’est alors rendu à Zâhedan pour les préparatifs de ce film, mais il est revenu bredouille : " La chèvre " de la ville de Soukhté avait disparu. Ce fut le point de départ d’un véritable scandale.
Le journal " Djâm e Djâm " et d’autres médias se sont intéressés au sujet et ont décidé de se lancer à la recherche de ce chef-d’œuvre. Les déclarations contradictoires des responsables ne firent qu’amplifier le mystère ; en une semaine, la date de la découverte de la poterie changea de 23 ans.
Lors d’une séance plénière, un député a formulé à l’adresse du Président de la République le souhait de l’ouverture d’une enquête ; une réunion de la commission culturelle du parlement devait se tenir à ce propos. Le directeur du Musée National de l’Iran, après avoir contacté le " gardien du patrimoine " en voyage en Angleterre, confia, dans une interview à l’agence " Mirâs Farhangi " : " Notre gardien du patrimoine a déterminé lui-même l’emplacement de chaque objet entreposé. Il est peu probable que cette poterie soit actuellement conservée à l’intérieur du musée."
Il fallut le retour précipité de cet illustre personnage pour qu’enfin l’énigme puisse être élucidée : " La poterie montée sur un socle, de couleur ocre, portant les motifs de la chèvre et de l’arbre de la vie se trouvait dans une armoire située dans une petite pièce, à côté des autres découvertes de la ville de " Soukhté ", dans la trésorerie du Musée National de l’Iran. " a-t-il déclaré. Quel soulagement. Tout est bien qui finit bien ! Cette aventure commençait à prendre une tournure de film d’animation.
Le directeur de la sécurité de l’organisation de " l’Héritage culturel et du tourisme ", responsable du groupe d’enquête, a confirmé l’identification de l’œuvre au Musée National. " Cela démontre que cette poterie a été découverte avant la Révolution, au cours de fouilles d’architectes italiens. " Il a ajouté que, pour rassurer l’opinion publique, l’objet allait bientôt être exposé au Musée.
Le directeur du Musée National a, pour finir, remercié le journal " Djâm e Djâm " qui a su (dixit)" rappeler au citoyen l’importance du patrimoine national, et la vigilance dont il devait faire preuve pour la sauvegarde d’œuvres qui représentent autant de témoignages de l’histoire du pays”.