N° 89, avril 2013

La mosaïque sur bois (moarragh) en Iran


Aryâ Aghâjâni


Une connaissance, Saideh Moghader, est professeure de moarragh depuis six ans. Elle a appris son art dans un institut spécialisé où elle a étudié pendant trois ans. Nous l’avons interrogée à ce sujet.

Moarragh sur bois de bigaradier

Qu’est-ce que la mosaïque sur bois ?

C’est un tableau qui est fait avec des chutes de bois de couleurs. Elles sont soigneusement découpées et assemblées pour former un dessin. C’est un travail qui s’inspire de la faïence. La plupart du temps, nous conservons la couleur naturelle du bois. Si cet art est surtout employé pour réaliser des tableaux, on s’en sert aussi pour décorer des meubles ou des chaises, mais c’est un peu plus technique. Comme mes élèves font des stages de courte durée, ici nous réalisons seulement des tableaux. On a deux sessions : une d’instruction de deux mois et demi ; et par la suite, les élèves les plus avancés peuvent rester pour trois mois de plus et apprennent à travailler des motifs plus recherchés.

Quels bois utilisez-vous ?

Nous employons des bois très variés pour nous assurer une grande diversité de couleurs. Nous utilisons en particulier le bois d’oranger, de noyer, de grenadier ou d’acacia pour avoir différentes teintes comme le bordeaux, le marron, le blanc, le noir, le gris, le crème, ou le jaune. Mais certains souhaitent que la couleur de leur travail soit plus visible, ils le peignent donc légèrement avec de la peinture à l’eau. Dans tous les cas, il faut que le bois soit taillé en planche très fine.

Quelques exemples de tableaux en moarragh
Photo : A. Aghâjâni

Commet se déroule la réalisation d’un tableau ?

Je choisis des motifs dans des livres spéciaux, mais si les élèves souhaitent travailler un dessin particulier, ils peuvent l’amener. On imprime l’image sur une feuille de papier et on colle ce modèle sur une planche de bois fine (panneau de particules, agglomération de copeaux ou de sciure) qui comporte trois couches. Pour les grands tableaux, on utilise plutôt un bois plus léger.

Ensuite, on découpe les contours du dessin avec une scie. Ici le travail est précis, il faut faire très attention et bien se concentrer sur les contours, sinon la suite du travail sera compliquée : une erreur n’est pas rattrapable et il faudra tout recommencer. Une fois cela fait, on cloue le modèle sur une autre planche pour ne pas qu’il bouge quand on prendra les différentes pièces.

Travail de moarragh intitulé Zâmen-e Ahou de Saïd Amiri. Le plan de l’ouvrage est tiré du tableau homonyme du peintre Farchtchiân. Il a été composé de morceaux de 30 types de bois différents.

On prend les différentes parties qui composent le dessin, on les pose sur une tranche de bois de la couleur de notre choix et on découpe chaque pièce qui servira au tableau. Parfois, on utilise de la colle pour ne pas qu’elle bouge mais les clous tiennent mieux. Après, on y ajoute du polyester et on y passe du papier de verre pour un meilleur rendu.

Ensuite les différents morceaux de bois sont assemblés ensemble pour former le motif définitif.

Exposez-vous vos travaux ?

Oui, une fois par an. Le moarragh est un art relativement nouveau, ce sont surtout les jeunes qui sont intéressés par cette activité. On manque souvent de budget pour se procurer les matières premières nécessaires, les élèves contribuent donc à l’achat du bois et après ils peuvent emporter leur réalisation chez eux. Malheureusement, pour les mêmes raisons, il n’y a pas beaucoup de publicité et il est de plus en plus compliqué pour moi de vivre de cette activité. Pour joindre les deux bouts, je réalise des tableaux chez moi et par la suite, je les vends à des connaissances ou à de la famille.

Différents types de bois et outils utilisés dans l’art du moarragh

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