N° 96, novembre 2013

La province de Kermân et la littérature :
présentation d’une figure traditionnelle et modern


Marzieh Shahbâzi


La province de Kermân a été le berceau de grands hommes littéraires qui, au cours des siècles, ont joué un grand rôle dans la littérature persane. Nous allons ici en présenter deux : un contemporain, Houshang Morâdi Kermâni, et une personnalité plus éloignée de nous bien que toujours bien vivante dans la littérature iranienne, Khâdjou Kermâni.

Khâdjou Kermâni

Kamâl-od-Din Abol ’Atâ Mahmoud ibn Ali ibn Mahmoud, surnommé Khâdjou Kermâni, est l’un des grands poètes et mystiques persans de la première moitié du VIIIe siècle de l’Hégire solaire (XIIIe siècle). Il est né vers 689 (1208) à Kermân où il effectua des études de son temps, puis commença ensuite à faire de longs voyages. Il se rendit ainsi à Ispahan, Damas, Rey, en Iraq et en Egypte, puis choisit finalement la ville deShirâz comme lieu de résidence. Il y vécut sous la protection de la famille des Injou et leur a consacré plusieurs poèmes.

Khâjou est un poète mystique. Son œuvre est chargée de thèmes mystiques qui vont inspirer de nombreux poètes après lui, dont Hâfez.

Dans son œuvre, Khâdjou tend à reprendre le style des anciens. Il s’inspire de Sanâ’i pour sa poésie et de Ferdowsi pour ses épopées. Il a souvent recours à l’ironie et adopte un ton critique dans ses poèmes.Il a écrit cinq œuvres semblant être une réplique aux cinq œuvres (khamseh) de Nezâmi : Homay va Homâyoun, Gol va Norouz, Rozat-ol-Anvâr, Kamâlnâmeh et Goharnâmeh. Les quatre traités de Khâdjou sont écrits dans une prose rimée et recherchée. On y trouve également de nombreux versets coraniques. Khâdjou a quitté ce monde vers 731 (1352) à Shirâz. Son tombeau se trouve dans cette ville, à proximité de la porte du Coran, dans des rochers. Il est visité par de nombreux touristes chaque année.

Statue de Khâdjou Kermâni à proximité de la Porte du Coran à Shirâz

Houshang Morâdi Kermâni

Houshang Morâdi Kermâni, éminent écrivain iranien, né le 7 septembre 1944, écrit généralement pour les enfants et les adolescents. Il est né à Sirch (un village de la Province de Kermân), et a suivi des études à Sirch, Kermân et Téhéran. Ayant perdu sa mère et son père étant atteint d’une maladie mentale et donc incapable de le garder, il habita au sein de ce village avec ses grands-parents jusqu’à l’âge de dix ans. Il partit ensuite pour Kermân et y demeura cinq ans. C’est là qu’il se découvrit une vraie passion pour le cinéma. Il gagna ensuite Téhéran et entra à l’université où il étudia en même temps les arts dramatiques et la traductologie anglaise. Revenu à Kermân, il travailla pour la radio locale et fit ses premières expériences d’écriture. Vers 1971, il publia son premier livre intitulé Masoumeh. En 1974, il commença à écrire Qesseh-hâye Madjid (Les histoires de Madjid) relatant la vie d’un adolescent vivant avec Bibi, son aimable grand-mère. Il sera couronné du prix du meilleur livre de l’année 1985. Mais son premier prix littéraire lui fut décerné en 1980 pour Batcheh-hâyeghâlibâfkhâneh (Les enfants tapissiers), ainsi qu’un prix international en 1986. Ce livre raconte l’histoire d’enfants qui, à cause de la mauvaise situation de leur famille, sont obligés de choisir le métier de tapissier et de travailler dans des conditions misérables. L’auteur a expliqué s’être rendu plusieurs mois à Kermân dans des ateliers de fabrication de tapis pour mieux pouvoir comprendre et décrire leurs sentiments.

Moradi Kermâni affirme s’être inspiré du style populaire de Choubak, du style poétique d’Ebrâhim Golestân, de la concision d’Ernest Hemingway, du Golestân de Saadi, de la sentimentailité de Sâdegh Hedâyat et de l’ironie de Tchekhov et de Dehkhodâ.

Houshang Morâdi Kermâni

Dans ses ouvrages, Kermâni aborde les coutumes et emploie souvent des expressions, des proverbes, des mots du langage parlé et écrit dans un mélange de prose et de poésie.

Certains de ses livres ont été adaptés sous forme de films iraniens et de séries télévisées. En 2006, Dariush Mehrjui a réalisé le film Mehmân-e mâmân (Les invités de maman) d’après le roman portant le même titre. Plusieurs de ses ouvrages ont également été traduits en anglais, allemand, français, espagnol, néerlandais, arabe, et arménien. Son autobiographie est publiée dans son dernier livre intitulé Shomâ ke gharibeh nistid (Croyez-le ou pas).

Il a gagné de nombreux prix nationaux et de prestigieuses récompenses internationales comme le diplôme honorifique de Hans Christian Andersen en 1980 et le livre de l’année de l’Université de San Francisco en 2000.

Quelques-uns de ses livres :

- Ghesseh-ha-ye Madjid (Les histoires de Madjid)

- Chakmeh (Une botte)

- Nakhl (Le palmier)

- Dastan-e ân khomreh (Le conte de la jarre)

- Tanour (Le four)

- Kouzeh (La cruche)

- Mehmân-e mâmân (Les invités de maman)

- Mosht bar poust (Poing sur la peau)

- Labkhand-eanâr (Le sourire de la grenade)

- Shomâ ke gharibeh nistid (Croyez-le ou pas)

Ses prix :

- Le diplôme honorifique Hans Christian Andersen en 1992

- Prix du livre de l’année 1994 d’Autriche

- Simorgh de cristal du meilleur scénario du douzième festival du film Fadjr

- Prix de Mehregan Adab

- Prix José Marti en 1995

- Livre de l’année de l’Université de San Francisco en 2000


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