N° 98, janvier 2014

Nouvelles sacrées (I)
Opération « H-3 »


Khadidjeh Nâderi Beni


Ravitaillement en vol

En 1981, des sources iraniennes informent que les forces aériennes irakiennes ont transporté la majorité de leurs équipements dans une base éloignée à l’ouest du pays, pour les protéger contre d’éventuelles attaques de l’Iran. Il s’agit de 48 avions bombardiers de différents modèles dont des Soukhoï-25, Mig-23 et Tupolev Tu-22, 4 hélicoptères, un grand nombre de canons antiaériens, etc.

Javâd Fakouri

La base aérienne Al-Walid, à l’ouest de l’Iraq et dans le secteur « H-3 », proche de la frontière jordanienne est, selon les appréciations militaires, hors de portée des chasseurs iraniens. Pour accéder à H-3, les bombardiers iraniens doivent entrer en Iraq et passer par la route aérienne hautement sécurisée de quelques villes stratégiques dont Mossoul et Kirkuk ; mais cela semble impossible étant donné la surveillance de l’aviation irakienne : les systèmes de défense et les radars ont été déployés partout sur le territoire irakien ; aucun appareil ne peut donc échapper à leur contrôle. Mais la décision des commandants de la Force aérienne de l’Iran est déjà prise : attaquer la base Al-Walid à tout prix ! Du côté irakien, on bénéficie des techniques de défense occidentales et des aides financières de la péninsule arabe, tandis que la République islamique, nouvellement fondée, subit de lourds boycotts internationaux.

Bahrâm Houshyâr

L’opération « H-3 » est planifiée depuis la base aérienne de Hamedân [1] par les officiers supérieurs de l’armée de l’air Faradjollah Barâtpour, Javâd Fakouri (Ministre de Défense) et Bahrâm Houshyâr. Le jour de l’opération (le 4 avril 1981), l’aérodrome de Tabriz, utilisé pendant la guerre pour les besoins militaires du pays, est la piste d’où décollent huit Phantom [2] chargés de bombarder la base Al-Walid ; ces avions sont équipés d’un nombre important de canons air-sol et de roquettes pour atteindre les objectifs prévus dans la carte de l’opération. Pour de simples raisons d’ordre géométrique, cette version de chasseurs-bombardiers est dotée d’un réservoir de petite capacité, et donc incapable d’effectuer un long trajet ; on a donc besoin d’un avion ravitailleur pour le réapprovisionnement des Phantom. Un Boeing 707 de la ligne Téhéran-Nicosie appartenant à l’Aviation Nationale de l’Iran (HOMA) entre en opération : lors de son vol vers Téhéran, il est chargé de changer clandestinement de direction et de les ravitailler en vol au-dessus des montagnes du nord de l’Iraq. Pendant toute sa mission, l’avion ravitailleur contacte les tours de contrôle des aéroports turc et chypriote et fait semblant de perdre sa direction.

Carte de l’Opération H-3

Les huit Phantom s’envolent depuis Tabriz en deux temps ; ils franchissent les frontières irako-iraniennes, survolent, à basse altitude (entre 20 et 30 mètres), les montagnes limitrophes du nord de l’Iraq, et y sont ravitaillés durant l’opération. Les Phantom parviennent à échapper aux radars de l’ennemi ; une heure après, la vaste attaque surprise est déclenchée contre la base Al-Walid. Après la destruction des 48 chasseurs et bombardiers abrités sous les hangars, les Phantom iraniens larguent des bombes sur la piste, les installations, les bâtiments, les canons antiaériens et les stations radar de la base. En dix minutes, l’opération est terminée et la base Al-Walid est complètement rasée par ce bombardement inattendu. L’Iraq n’arrive pas à répliquer, ses systèmes de défense étant détruits. Les Phantom se hâtent vers le siège de Tabriz et le Boeing se rend à Téhéran après avoir accompli sa mission. Juste avant son arrivée aux frontières iraniennes, l’un des Phantom est bombardé par les canons antiaériens irakiens mais, grâce à la hardiesse de son pilote, il parvient à s’échapper et à atterrir sur une route carrossable aux alentours d’Orumiyeh. [3] Les sept autres parviennent, à leur base, sains et saufs.

Faradjollah Barâtpour

Le lendemain, l’Iraq accuse ses voisins situés à l’ouest, dont la Jordanie et la Syrie, d’avoir collaboré avec les Iraniens dans cette attaque. L’opération « H-3 » aboutit à une victoire stratégique des Iraniens contre les troupes irakiennes avec la destruction de nombreux bombardiers au sol.

Rencontre des pilotes de l’opération Al-Walid avec l’âyatollâh Khomeyni

Source :
- Mehr Niâ, Ahmad, "Hamleh beh H-3"(L’attaque de « H-3 »), Soureh-ye Mehr, Téhéran, 1390 (2011).

Notes

[1Province située à l’ouest de l’Iran.

[2Le F-4 Phantom II est un avion militaire de petite taille qui est connu également sous le nom de l’avion chasseur bombardier.

[3Ville située au nord-ouest de l’Iran.


Visites: 3969

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.