N° 98, janvier 2014

Bahmân Djalâli,
des clichés de la révolution aux recherches sur l’histoire de la photographie


Traduction et adaptation* :

Samirâ Fâzel Marâgheh


Né en 1944 à Téhéran, Bahman Djalâli a joué un rôle considérable dans l’enseignement de la photographie et dans la formation de la nouvelle génération de photographes iraniens. Après avoir obtenu une licence en économie à l’Université Nationale (l’actuelle Université Shahid Beheshti), il décida de se consacrer à la photographie qu’il enseigna pendant plus de vingt ans dans différentes universités.

Un certain nombre de ses œuvres ont été publiées sous forme de livres dont Rouz-hâye khoun, rouz-hâye âtash (Les jours de sang, Les jours de feu) publié en collaboration avec Karim Emâmi, Khorramshahr, akkâsi siyâh o sefid (Khorramshahr, la photographie en noir et blanc) publié en collaboration avec Karim et Goli Emâmi, ou encore Gandj-e peydâ (Le trésor apparent) consacré à la photographie à l’époque qâdjâre.

Architecture désertique, Bahman Djalâli

Après avoir achevé ses études universitaires, dans les années 1970, Djalâli a travaillé aux côtés de Ghobâd Shivâ [1] au sein de Tamâshâ, magazine dépendant de la radio-télévision iranienne.

Il partit ensuite pour l’Angleterre afin de travailler dans le studio de John Vickers, et devint membre honoraire de la Société Royale des Photographes. [2]

En 1976, l’iranologue Assad Behrouzân l’invita à retourner en Iran, proposition qu’il accepta. Il continua son travail dans son pays natal et participa à une compétition consacrée à l’art de l’Afrique noire en Iran à l’occasion de laquelle il réalisa des séries de photos consacrées à sept pays africains dont le Nigéria, le Ghana, le Sénégal, la Côte d’Ivoire et la Sierra Leone. Ces photos furent ensuite publiées dans un ouvrage consacré à l’art de l’Afrique noire.

Restauration des négatifs de la collection du Palais du Golestân

En 1971, il organisa sa première exposition en solo, qui fut rapidement suivie d’autres. Durant les premières années de la République islamique, il devint un photographe connu et réputé notamment pour son travail photographique sur la révolution de 1979, au sujet de laquelle il dit : « Un événement hors du commun se produisait devant nos yeux, ce genre d’événement que l’on ne connaissait qu’à travers les livres ! Comme la Révolution d’Octobre ou celle de Cuba. La Révolution islamique était tellement inattendue et séduisante que l’on avait envie de ne pas en manquer un instant. C’était une chose nouvelle, et il était très intéressant d’en prendre des photos. Nous en venions à aimer le danger même. On voulait être plus en avant que les autres, et on pensait : "Ce ne pas possible que l’ennemi nous tire dessus, nous sommes photographes !" »

Il fut ensuite envoyé par le gouvernement iranien au Nicaragua pour prendre des photos de la Révolution de ce pays. Au début de la guerre contre l’Iraq, il partit pour Khorramshahr. Les photos qu’il y prit ont été publiées dans un ouvrage portant le nom de cette ville. C’est également à cette époque qu’il exposa 125 de ses clichés de l’occupation de Khorramshahr et de la Défense sacrée (defâ’-e moqaddas) à Berlin, et présenta aussi un film de 12 minutes au Festival de la Photographie et du Film documentaire de cette même ville expliquant comment Khorramshahr avait été occupée par les Irakiens.

Révolution, 1978-79, Bahman Djalâli

Durant les dernières années de sa vie, Djalâli s’est consacré au rassemblement et à la restauration des diapositives représentant le palais du Golestân et à l’histoire de la photographie en Iran. Dans la préface de son livre Le trésor apparent, il dresse également l’historique de la photographie iranienne dès Nâssereddin Shâh. Sa dernière œuvre, intitulée Images de l’imagination, rassemble un assortiment de fleurs et de calligraphies iraniennes réalisées par de vieux photographes. La fondation Antoni Tapies lui a récemment rendu hommage pour sa carrière. Il fut également l’un des membres du conseil éditorial d’Aksnâmeh, bimensuel iranien consacré à la photographie. Atteint d’un cancer dans les années 2000, il partit se soigner en Allemagne et décéda à Téhéran en 2010 à l’âge de 65 ans.

Espaces urbains, Bahman Djalâli

*A partir d’un article du journal Hamshahri : http://hamshahrionline.ir/details/50692

Notes

[1Graphiste iranien né en 1319 à Hamedân.

[2Royal Photographic Society


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