N° 103, juin 2014

L’Ensemble Philharmonique de Paris-Est et la Chorale Bahâr
Une voix de la paix


Mireille Ferreira


Créée à l’origine par un petit groupe formé notamment par le compositeur Arâsh Fouladvand et dans le cadre de l’association Bahâr, cette chorale franco-iranienne de langue persane, première du genre, est née du désir de ses promoteurs de créer une formation leur assurant la possibilité de choisir leurs partenaires et de définir leurs objectifs (chanter pour la paix, pour l’égalité hommes/femmes, pour les enfants, etc.). Constituée de quarante chanteurs, principalement d’origine iranienne et française, accompagnés par cinquante instrumentistes professionnels issus des conservatoires nationaux français, elle forme le plus grand ensemble de musique persane en dehors de l’Iran. Musiciens et choristes, qu’ils soient professionnels ou non, participent tous bénévolement aux activités du groupe, au bénéfice d’associations de type humanitaire.

Arâsh Fouladvand, qui en dirige le chœur et l’orchestre, est né à Téhéran. Il fut initié au piano dès l’âge de sept ans. Après ses études secondaires, il s’engagea dans des études de génie civil tout en participant à des concerts ainsi qu’aux cours de musique de la faculté des Beaux-arts de l’Université de Téhéran, qu’il suivait en candidat libre. Sur les conseils de l’un de ses professeurs de l’université de Téhéran, le Docteur Behrouz Gazmiri, qui avait fait lui-même ses études en France et enseignait conjointement à Téhéran et à Paris, il partit en France pour suivre les cours de l’Ecole des Ponts et Chaussées. Il y obtint un doctorat en Génie civil puis suivit les cours de l’Institut Français du Pétrole, tout en préparant le concours d’entrée au Conservatoire national de musique (CNR). C’est ainsi qu’à l’âge de 27 ans, il fut le premier étranger à y être admis. A 30 ans, il vient d’obtenir son doctorat en ingénierie et en parallèle, il continue ces études d’orchestration, d’harmonie et d’écriture de musique classique. Doté d’une énergie impressionnante, il mène actuellement de front ses deux activités d’ingénieur en génie civil et de musicien. Tout en vivant principalement à Paris, il lui arrive de donner des concerts en Iran, comme il le fit au bénéfice de la fondation Mahak de Téhéran, traitant des enfants malades du cancer [1].

Outre la musique populaire iranienne qui est au cœur de son répertoire, l’Ensemble philharmonique de Paris-Est puise dans différents répertoires des pays d’Asie centrale : Azerbaïdjan, Arménie, Tadjikistan, Afghanistan. L’objectif de l’ensemble étant d’intégrer la musique d’Asie centrale dans un orchestre philharmonique occidental, ce genre musical se définit par la mise en valeur de la langue, héritier de la littérature et de la poésie. La musique accompagnant les chants est jouée sur des instruments classiques européens même si, occasionnellement, l’orchestre fait appel aux sonorités orientales du târ, du santour, du setâr, du daf ou du kamântcheh.

Les membres iraniens de la chorale Bahâr ont dû se familiariser avec le chant polyphonique qui n’existe pas dans le répertoire musical iranien, tandis que les chanteurs des autres nationalités ont dû apprendre à chanter en persan. Tous sont recrutés sur audition, peu sont recalés, le critère de sélection étant principalement l’envie de faire de la musique. Les choristes, dont certains ne possédaient aucune culture musicale au moment de la formation du groupe, ont été formés par Arâsh Fouladvand et sont tous parvenus à atteindre, au bout de trois ans, un niveau d’excellence. Les musiciens sont, pour la plupart, des étudiants expérimentés, diplômés ou en dernière année du conservatoire, recrutés par l’intermédiaire des réseaux professionnels, en coopération avec les professeurs du conservatoire national.

L’ensemble a initié, l’an dernier, le projet de la Voix de la paix sur une idée des membres iraniens de la chorale qui souhaitaient présenter en France la richesse de la culture iranienne et l’aspiration de leur communauté à la paix. Partant du constat que la culture iranienne est souvent mal perçue, voire méconnue en France, l’ensemble philharmonique de Paris-Est souhaite changer le regard que le public français peut en avoir, ceci en toute indépendance des autorités politiques et religieuses.

Dans le cadre de ce projet, Arâsh Fouladvand et son ensemble prévoient de donner chaque année au mois d’avril un grand concert. Le premier concert inscrit dans le projet de la Voix de la Paix, avait été donné en avril 2013 à l’Eglise américaine de Paris, en présence d’un public de 600 personnes. Le prochain, soutenu par la Commission nationale française pour l’UNESCO, est programmé pour avril 2014 à l’église Saint Sulpice de Paris. Les premières répétitions ont eu lieu à la maison du Mexique de la cité universitaire de Paris qui accueille ses activités, les suivantes dans des lieux plus prestigieux, comme l’Eglise allemande de Paris. Arâsh Fouladvand et ses amis caressent l’idée de donner peut-être un jour prochain un concert de la Voix de la Paix en Iran.

Notes

[1Sur la Fondation Mahak, voir l’article paru dans le n° 94 de La Revue de Téhéran de septembre 2013. Lien pour lire cet article en ligne : http://www.teheran.ir/spip.php?article1791


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