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Sur ce, Omid vêtu de carmin,
est venu vers Rostam
et lui tend un parchemin.
– Tu es invité aux noces
et nous allons de suite
au « Pavillon des Roses ».
– Des noces ! Quelle surprise !
Quelles en sont les personnes ?
– Celles de Chirine et d’Iskander.
– Mais je viens de les voir passer !
– Ami, n’as-tu donc pas vu
qu’ici le temps n’existe plus !
Ils découvrent alors étonnés
les colonnes élancées
et les fines voûtes régulières
de ce pavillon particulier
d’où pendent des stalactites
et des plantes serpentines.
C’est une féerie de panneaux
qui se succèdent sans fin
dans les corridors éclairés
de lampions safranés.
Des broderies de stuc
surmontent les laques ;
des bûchettes de santal
et de diverses épices
brûlent sans relâche
sur des tablettes d’argile.
Le « vaisseau à vin »
est glorieusement apporté ;
Rostam boit à l’amour
et au bonheur des époux.
Il prend des pois chiches grillés
et des poignées de raisins ridés
pour les offrir à son tour
à ses voisins joliment parés.
De la tribune des chantres,
aux tentures couleur de la nuit,
montent de longues litanies
tandis que le rossignol chante
et que graines aromatiques
et clous de girofle sont dispersés
à toute volée sur toute l’assemblée.
Sur les hauts et fins lutrins,
les livres de miniatures
sont délicatement fleuris
tandis que des pages souriants
apportent maintes cruches
et balancent allègrement
des panaches de plumes d’autruche.
Des danseurs de corde
aux vêtements chamarrés
encerclent les fiancés
placés au centre de la ruche.
Immobiles sont les mariés
dans cet espace bruissant
où règnent à tout instant
la fête et la lumière.
Les convives boivent
du thé, couleur acajou
et tout en conversant,
trempent des cuillers sculptées
dans la crème de lait fouettée.
Des femmes alanguies
fument et rêvent
près des cages bleues.
Une odalisque apporte
une arche de roses satinées
tout en effectuant un méandre
sur les grandes dalles lustrées.
Tout, dans les étoffes déployées,
les drapés et les rideaux des portières,
est miroitement et sensualité.