N° 133, décembre 2016

Naneh Hassan : du Tapis persan à
la peinture du Rêve iranien


Saeid Khânâbâdi


Elle s’appelle Naneh Hassan. Née en 1937 dans un village de la province de Zanjân à l’ouest de Téhéran, elle entame dès l’âge de 7 ans le métier du tissage de tapis chez sa mère et sa tante. Mariée à 9 ans, elle continue ce travail, en vue d’aider financièrement sa nouvelle famille basée dans un autre village de la même région. Depuis près de sept décennies, elle vit dans une petite maison rustique en compagnie de son mari, un simple cultivateur aujourd’hui retraité. Elle a vécu 14 grossesses et seuls quatre de ses enfants sont toujours vivants, les autres étant morts enfants. Son fils cadet s’appelle Hassan, et c’est pour cette raison qu’on la surnomme Naneh Hassan, ce qui veut dire « mère de Hassan ». Ce dernier est graphiste de formation. C’est lui qui découvre la passion de sa maman pour la peinture et l’initie à cet art, notamment à la peinture moderne. Et c’est ainsi que Naneh Hassan débute sa carrière de peintre à l’âge de 72 ans, alors qu’elle est obligée de cesser de tisser ses tapis suite à la baisse de sa vue.

Photos : œuvres de Naneh Hassan

Sa première exposition à Téhéran en 2013, à "la Maison des Artistes d’Iran" génère un grand enthousiasme, qui trouve rapidement un écho dans les médias. Des reportages sont réalisés notamment par la chaîne Press TV et la chaîne 6 nationale. Le cliché de la vieille dame villageoise, archétype d’une grand-mère pieuse, couverte d’un tchador de couleur claire aux motifs à fleurs, avec des lunettes à verres épais, ne résiste pas à l’image de Naneh Hassan assise devant une toile, un pinceau à la main, au milieu d’un groupe d’étudiants des Beaux-arts. Et parfois on la voit devant ses tableaux expliquant, dans un mélange de persan et d’azéri, la genèse de ses tableaux.

La polémique suit la célébrité. Le directeur de la galerie, s’exprimant aux micros des journalistes, se vante d’avoir découvert un génie populaire. Certains experts labellisent le style de Naneh Hassan en l’expression d’un art naïf et innocent, qui se rapprocherait selon eux de certaines œuvres picturales africaines. D’autres usent du vocabulaire académique pour rapprocher les tableaux de Naneh Hassan de telle ou telle école artistique. Certains, un peu plus intuitifs, mettent en relief un mariage parfait entre l’art iranien du tapis et l’art de la peinture. Au centre de cette caricature, Naneh Hassan, indifférente, ne comprenant rien à ce jargon incompréhensible, se consacre plutôt à déplacer rapidement son pinceau sur la toile ou à s’asseoir aux côtés de son vieil époux, qui donne l’impression d’être complètement hagard de voir sa femme ainsi entourée de jeunes aux visages fortement maquillés. Apparemment, ces jeunes essaient d’abord leurs talents de peintres sur leurs propres visages avant de les appliquer sur la toile… Après ces débuts éclatants, Naneh Hassan va exposer à Téhéran, Ispahan et même à Los Angeles !

C’est, en quelques mots, l’histoire de la naissance de la peintre Naneh Hassan ou, d’après son vrai nom, Monavvar Ramezâni. Mais qui est-elle en réalité, cette Mère de Hassan ou Madame Ramezâni ?

On l’appelle "Naneh". De nos jours, ce mot, abandonné par la terminologie bourgeoise, n’est plus tellement pratiqué et provoque même, chez les Iraniens modernes, une impression un peu villageoise et rétrograde. Naneh existe plutôt dans le lexique rural et dans les classes « inférieures » de la société. Dans les dictionnaires persans, ce terme signifie Mère ou Grand-mère. Pourtant, le mot Naneh a une valeur littéraire aussi, en particulier dans les contes populaires comme celui de Naneh Sarmâ (Naneh le froid) ; la métaphore de la saison hivernale, et celle dont le départ annonce la fin des mois neigeux et le début de la nouvelle année au printemps de la nature. En bref, entendre le mot "Naneh", chez les persanophones d’aujourd’hui crée une dualité sémantique : d’un côté, il donne une impression nostalgique ou traditionnelle et de l’autre, pour certains, une connotation péjorative, archaïque ou démodée.

Naneh Hassan

Le style de peinture de Naneh Hassan ressemble catégoriquement à sa dualité toponymique. Un dualisme, pour ne pas dire une contradiction, s’impose dans le personnage et dans les travaux de Naneh Hassan. Le travail de Naneh Hassan est un art hybride, des points de vue génétique et expressif. Naneh Hassan est une tapissière peintre. Une peintre qui tisse ou une tisseuse qui peint. La peinture iranienne s’inspire toujours de l’art du tissage de tapis. Le plus grand maître de la miniature iranienne, à l’ère contemporaine, n’est autre que le maître Farshchian. Son père, un grand marchand de tapis à Ispahan, découvre un jour son fils âgé de 4 ans recopiant habilement les motifs du tapis de la maison sur un morceau de papier. Peu après, le petit Mahmoud commence à suivre les cours des grands maîtres de la peinture à Ispahan. Tout commence par le tapis. Même le nom de famille du Maître de la miniature vient du mot "Farsh", « tapis » en persan. Le créateur de la célèbre œuvre Zohr-e Ashourâ ("Midi d’Ashoura") est l’héritier d’une grande famille de marchands de tapis à Ispahan.

Mais Naneh Hassan est plus tapissière que peintre. Elle tisse nos rêves. Tous les tableaux de Naneh Hassan sont pourvus de bordures similaires à celles des tapis persans. L’image du tapis est toujours présente dans ses œuvres. Parfois, c’est un plan du tapis transformé en éléments composants. Les oiseaux volant au bord, les fleurs du jardin céleste et les poissons rouges au centre du tapis dans un bassin imaginaire, ce qui fait penser au modèle conceptuel du jardin iranien. Une représentation du paradis coranique. Dans le Coran, quand Dieu décrit la vie des Bons au Paradis, Il nous rappelle qu’ils y sont rassemblés, riant et prospères, assis sur des trônes recouverts par des tapis en soie, au milieu d’arbres, de ruisseaux, et de beaux serviteurs.

Dans les tableaux de Naneh Hassan, les protagonistes agissent parfois sur ou autour d’un tapis. Le tapis, au centre de la vie humaine. Comme dans ce tableau qui représente un festin de noces. Les musiciens, les danseurs, les invités et les parents entourent la mariée qui se tient au centre de la toile sur un tapis. Le jeune marié, arrêté juste au bord du tapis, demandant le oui de sa belle fiancée pour entrer dans sa vie. On dirait alors que le tapis est la métaphore de la vie conjugale. Le tapis, la couche basique des noces.

Le tapis fait partie intégrante du rapport vital de l’homme et de la femme. L’image d’un couple amoureux assis calmement en dessous d’un arbre fruitier est le thème de quelques autres œuvres de Naneh Hassan. Les anges, gardiens du bonheur amoureux, sur les branches de l’arbre, surveillent le couple. Adam et Ève s’unissant sur un tapis. Le tapis, base de la fécondité, de la multiplication de la race humaine, de l’amour conjugal.

Quelques toiles représentent les fêtes traditionnelles. La fête du Nouvel An et la fête de la nuit de Yalda (nuit du solstice d’hiver). On voit encore les membres de la famille assis autour d’un tapis. Le tapis est le centre du foyer, l’élément principal de chaque ménage, le cadeau du père dans la dot de sa fille. Le tapis cimente l’unité familiale, et est un facteur de la joie commune durant les fêtes. Le festin se déroule sur le tapis. Le tapis est le centre de l’univers, le centre de l’existence sociale.

Dans certains tableaux, à part le tapis lui-même, on distingue également un cadre du tissage de tapis, quelque part dans la chambre de cette héroïne qui se peigne les cheveux pendant que son beau prétendant l’attend devant l’entrée de la maison. Le peigne est aussi un outil de tissage pour mettre les nœuds en place. Une recréation des rêves féminins de la peintre lors de sa jeunesse. Ou peut-être un souvenir doux qui a éternellement marqué la mémoire de cette jeune villageoise. Ou la mémoire d’un amour perdu. Le plaisir d’aimer et d’être aimée. Les gros yeux ronds, aux longs cils, la chevelure noire et longue. Les petites lèvres rouges et les joues rebondies, signes de santé. Ou peut-être un souhait de santé pour l’artiste souffrante ou le visage idéal selon l’esthétique de Naneh Hassan. Un fruit de l’inconscient de l’artiste. Un désir refoulé ou une pulsion concrétisée. Et le tapis est encore là, même dans l’inconscient de l’artiste. Le tapis ne la laisse pas. Le tapis la domine. Le tapis l’accompagne.

Parfois, le tapis se mêle au souvenir de sa maman perdue. La peintre s’imagine en face de sa mère travaillant sur une machine à tisser, encore à proximité d’un cadre du tissage de tapis. La Maman prépare les matériels du tissage. La Maman colore les fils avec les plantes naturelles. Et la petite fille la regarde. Elle apprend les secrets des couleurs. Elle déchiffre le monde des couleurs dans l’art du tissage de tapis. Le tapis persan, la symphonie des couleurs.

Le rêve nocturne de Naneh Hassan constitue l’autre source de son imagination. Le rêve et la rêverie. Une rêverie qui se prolonge dans les tableaux. D’après les anciens interprètes du rêve, celui qui se voit, dans son rêve, tissant un tapis, fera bientôt un long voyage. La Naneh, dans son rêve, visite la maison de Dieu, à La Mecque. Quand elle dessine ce rêve, elle laisse son trajet demeurer infini. Le chameau, couvert par un tapis de selle, symbolise le grand désert infranchissable. Il s’agit, pour cette vieille femme religieuse, d’un long désir de faire le hajj, le pèlerinage de la Kaaba, peut-être sur un tapis volant.

A part les rêves ou les souvenirs personnels, les thèmes issus des folklores locaux et des récits populaires sont aussi omniprésents dans les toiles de Naneh Hassan. Pour elle la peinture, comme le tapis, est le messager des contes anciens. Un moyen de transmission de la culture. La Naneh peint l’histoire du destin tragique de la belle Saray, l’amante du berger du Khân qui se jette dans la rivière, un peu comme Ophélie la folle. Naneh Hassan procède aussi à fusionner l’histoire des héros nationaux avec celle des héros religieux. Elle a peut-être appris ce procès chez son frère qui était un narrateur des deuils de l’Imâm Hossein dans les ta’zieh du village. Les théâtres traditionnels mettant en scène la passion de Hossein, le crucifié de Karbalâ. Les mythes indo-iraniens renaissent dans les figures religieuses. Rostam devient Abbâs. Et l’Imâm Hossein, le troisième Imâm chiite, d’après une légende fervente mais discutée, épouse la fille du dernier roi sassanide, celle qui donnera naissance, d’après cette légende populaire, à la dynastie de neuf Imâms chiites. Les Saints chiites, héritiers de la royauté perdue des Iraniens. Un procès d’iranisation, la même formule appliquée par Ferdowsi imaginant une origine iranienne à Alexandre le Macédonien. Dans l’œuvre de Naneh Hassan, comme dans le tapis persan, on voit le mariage de l’épopée et du lyrisme. La guerre et l’amour. L’iranité et l’islamité. L’amour patriotique et la croyance chiite.

La peinture comme le tapis est la langue de Naneh Hassan. Elle communique par ses toiles, comme elle communiquait, avant, par ses tapis. Elle trouve dans son art une chaleur interne, un espoir pour continuer de vivre, un moyen d’immortaliser ses rêves. Elle cherche à réaliser ses désirs perdus via ses scènes peintes. Dans ses tableaux, les couleurs sont vives. L’ambiance est gaie. Le message est direct. Une histoire se déroule dans ses tableaux. Les objets se meuvent, l’art de Naneh Hassan communique. La Naneh nous parle, elle nous appelle, elle nous enseigne. Elle nous invite à revenir vers nos origines, vers la nature, vers la famille, vers notre passé, vers notre foi, vers notre amour pour la patrie.

Naneh Hassan est la peintre de la beauté iranienne. Ses thèmes sont nourris par un regard oriental sur la vie humaine. Elle fait allusion aux plans des tapis de son enfance. L’ancienne tapissière retrouve dans l’art de la peinture la joie d’une créatrice de rêve. Elle dessine comme une enfant. Naneh Hassan symbolise notre hier, notre enfance. Elle approuve l’art qui n’émerge pas seulement dans les classes des facultés d’art contemporain, ou dans les pages d’un livre théorique sur l’esthétique occidentale. L’art n’est pas uniquement le fruit des milieux académiques ou des Salons de peintures. L’œuvre de Naneh Hassan est un art maternel. Un art liturgique qui aime, qui invite à aimer, à pardonner. Naneh Hassan ne connaît pas la critique d’art. Elle ne juge pas. Elle n’aime pas ne pas aimer. Naneh Hassan est iranienne. Elle est musulmane. Elle est engagée, a une mission à accomplir, un message à transmettre. Elle se voit chargée d’une nouvelle prophétie. Naneh Hassan est la prophétesse de la gloire perdue, de l’honneur national, de la beauté locale, de la fierté islamo-iranienne.

Chez Naneh Hassan, le tapis est tout. Le tapis est la mère de tous les arts. Le tapis et la miniature et la littérature. Le tapis est l’encyclopédie de toute l’iranité. Le tapis est l’épopée et le drame. La tragédie et le comique. La joie et la tristesse. Le tapis est le reflet d’un empire perdu, d’un bonheur lointain. Dans les plans de ses tapis-tableaux, un mariage parfait de l’iranité et de l’islamité se distingue. Le tapis persan ou farsh rime avec arsh, qui désigne le Trône divin dans le Coran. La symétrie du tapis persan, sa discipline, sa structure équilibrée, font allusion à la beauté du Jardin iranien, un square et quatre pavillons, un bâtiment central et des allées minutieuses, des fontaines et des canaux. Dans le tapis persan comme dans le jardin iranien, les fleurs s’implantent d’une manière vivante. Elles reflètent le lotus dans la main de Darius ou les ornements eslimi des mosquées d’Ispahan. Les bordures sont tout un souvenir de l’architecture des palais sassanides et des écoles théologiques de Qom. Les animaux légendaires, les sphinx mythiques et les oiseaux hybrides y rappellent les géants sculptés de Persépolis. Simorgh y représente le mysticisme islamisé et l’épopée perse, l’emblème sassanide ou l’idéal des trente oiseaux, la maîtresse du Mont Alborz ou l’occultée du Mont Ghâf, l’élévatrice et la guide des héros du Livre des Rois.

Le tapis relève aussi d’une démarche culturelle dans la mentalité iranienne. En étudiant les tendances décoratives des tapis persans, depuis l’ère impériale jusqu’à l’ère contemporaine, on constate une progression de l’épopée vers le lyrisme. La scène de chasse donne place à la métaphore du Paradis. Les lions-aigles puissants, les cerfs fiers et dominants, les géants volants au visage humain et les cavaliers archers qui défilent sur le tapis Pazyryk s’estompent en faveur des minuscules oiseaux pacifiques ou des gazelles passives des tapis de l’ère contemporaine. Le tapis est donc le miroir de notre histoire. Le tapis est notre mémoire collective. Le tapis témoigne d’un Rêve iranien.

Mais Naneh Hassan est-elle la seule artiste de ce genre ou peut-elle correspondre au modèle-type de la grand-mère dans une génération des familles iraniennes ? En fait, le personnage de Naneh Hassan me fait penser à ma propre Naneh. Ma propre grand-mère. Les mots Naneh et Tapis réveillent toujours, au fond de ma mémoire, les souvenirs de ma grand-mère. Elle s’appelait Alam-Tâdj : "la couronne du monde". Une vieille femme de haute taille, avec un grand nez qui couvrait presque la moitié de son visage rond. Comme Naneh Hassan, elle couvrait ses cheveux roux de henné avec son tchador blanc à fleurs. Illettrée et veuve, ma Naneh se débrouillait dans la vie en tissant des tapis, métier qu’elle avait appris de sa propre mère. Sans se référer à aucun plan, la Naneh inventait les dessins, à l’improviste, tout en respectant l’harmonie des couleurs. Elle teignait les fils de laine elle-même avec des couleurs qu’elle tirait des plantes du désert et de la montagne. Tout au long des années 80, pendant la guerre, elle nous racontait les histoires des braves hommes qui, pendant l’hiver, défendaient le Village contre les loups affamés. Je me souviens qu’elle mimait ses histoires avec ses doigts sur ma paume. En la parcourant de caresses, elle suivait la trajectoire des héros entre les vallées mystérieuses, les rivières infranchissables et les frontières séparant l’Iran du Non-Iran. Et je sens encore ces récits vivre sur ma paume. La visite de la tombe de la Naneh dans le cimetière de notre village natal est devenue pour moi un rite annuel. Le seul héritage matériel qu’elle nous a laissé est un tapis inachevé qu’elle n’a pu finir. Pour moi, ce tapis inachevé est comme l’histoire inachevée d’une génération. Comme les idéaux non concrétisés d’une nation qui se voit soudainement privée de son passé, de ses traditions. Le tapis inachevé de Naneh Saïd est l’étendard abandonné d’une génération oubliée, la dernière génération des vrais Perses, la dernière génération tapissière, celle qui s’est brusquement sentie dépossédée de son origine, déplacée dans l’espace et dans le temps. La Naneh était la dernière héritière de la tradition du tapis dans notre famille. Et son cadre de tissage, poussiéreux, ruiné et oublié dans un coin écarté de la maison paternelle, symbolise le rejet des valeurs et des vertus d’hier, par nous, les fils ingrats. Nous, les enfants modernes qui préférons aller dans un hypermarché de luxe, choisir un tapis fabriqué par les machines d’une usine étrangère où les bonnes mains des grand-mères ont abandonné la place aux bras robotisés de l’ère de la technologie, où les plans originaux, vivants et créatifs de la Naneh ont été remplacés par des logiciels qui simulent les prix d’achat des matériaux premiers pour générer un dessin correspondant aux intérêts financiers de l’industriel propriétaire. Les chants de la Naneh suivant le rythme harmonique de l’artisanat d’une vieille civilisation se perdent dans les bruits macabres de ces machines-tisseuses, ces tapissières sans âme.

Naneh Hassan, Naneh Mokarrameh [1], Naneh Senobar
 [2], bref, toutes les Nanehs de notre cher pays offrent une même leçon à retenir : nous les Iraniens, nous avons tous une Naneh dans l’esprit. Une Naneh à l’iranienne. Ces Nanehs sont les chefs de file d’une école indépendante. Une école perdue dans les colloques des théoriciens de l’art post-moderne. Une école artistique qui n’existe dans aucune anthologie d’art. L’art des Nanehs iraniennes est une idéologie, une philosophie, une école à part. Une doctrine esthétique qui s’échappe de la pensée cartésienne, du rationalisme bourgeois. Les Nanehs iraniennes suivent un autre style de création artistique, un style de chez Dieu. L’art des Nanehs, à la frontière du tissage de tapis et de la peinture, est la convergence de la foi, de la tradition et d’une pureté du regard. L’art du tapis persan n’est pas élitiste. Il appartient au peuple. Cet art est naturel. Cet art est nomade et non-urbain. Cet art ne se dompte pas. Cet art est libre. Cet art ne se formule pas. Cet art ne se classifie pas. Cet art ne se limite pas. Cet art est iranien. Il vient de l’Orient. Il vient du Ciel, de la Lumière. Le tapis persan est un art Nanehiste.

Notes

[1Mokarrameh Ghanbari : une autre vieille dame villageoise au parcours très similaire à Naneh Hassan. Elle décéda en 2005 après avoir exposé ses œuvres dans plusieurs pays. Elle a aussi été l’objet d’un film d’Ebrâhim Mokhtâri, qui a été montré dans plusieurs festivals internationaux. Grâce à cela, son rapport singulier à l’art et à la peinture a pu être découvert au-delà des frontières de l’Iran.

[2Cette vieille dame vend ses œuvres picturales primitives dans les rues de Téhéran.


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