N° 151, juin 2018

Younes Faghihi, un artiste venu du monde des mots


Samirâ Fâzel


Photos : œuvres de Younes Faghihi

Younes Faghihi est né le 31 mai 1981 à Marâgheh, une ville de la province d’Azerbâïdjân-e Sharghi, au nord-ouest de l’Iran. C’est un artiste peintre qui utilise les formes, les mouvements et la composition de la calligraphie traditionnelle persane et exprime son propre art dans un élan d’universalité. Ses œuvres recèlent aussi un éternel message de paix et d’amour. Il dit lui-même : « Je pense souvent à l’amour, parce que je suis né dans le sud de l’Iran au début du conflit entre l’Iran et l’Irak. J’ai perdu mon père à cause de la guerre, et c’est pour cela que la paix est très importante pour moi. Je ne veux pas que des gens meurent pour rien. Cette volonté de préserver la paix et l’amour me vient donc de mon enfance. Et j’exprime cet amour et cette paix dans mes peintures. » [1] 

Younes Faghihi

Après un diplôme en design graphique en 1997, Younes Faghihi obtient un certificat professionnel en calligraphie de la Société Iranienne de Calligraphie en 2001. Il obtient son baccalauréat en arts visuels et décide de se consacrer à ce domaine dans un cadre professionnel et académique. À la suite de cette décision, il obtient un master à l’Université Azâd en art, architecture, et advertising manager. Sa passion pour l’art, en particulier la calligraphie persane, s’approfondit. Peu de temps après la guerre, le jeune Younes avait déjà commencé à apprendre la calligraphie persane. Il relate à ce propos : « Mon père, qui était officier de carrière, avait un talent artistique incroyable. A l’époque, en pleine guerre, quand il était à la maison, il allait dans la cour et calligraphiait des mots ou des formes avec de la poudre à canon, qu’il brûlait ensuite. C’était pour atténuer la violence de la guerre à mes yeux. A huit ans, je voyais mon père calligraphier sans qu’il ne me l’apprenne directement. Il ne voulait pas me forcer à apprendre. J’ai donc commencé de moi-même la calligraphie et la peinture. Plus tard, mes souvenirs d’enfance m’ont poussé encore plus vers la calligraphie. J’étais d’ailleurs encouragé et soutenu. J’avais quinze ans quand j’ai commencé à sérieusement apprendre la calligraphie et la peinture durant les grandes vacances. » 

Collection 2008

En 2010, Younes Faghihi se rend à Paris et séjourne huit ans dans la Ville Lumière pour y poursuivre ses études artistiques. Cette période a été décisive, et la vie dans cette capitale l’a guidé dans son inspiration. Durant ce séjour, Faghihi, qui avait toujours rêvé d’aller à Paris comme tant d’autres artistes, est invité à faire des recherches artistiques à la Cité Internationale des Arts de Paris.

Les efforts de Faghihi pour créer son propre univers artistique lui ont permis de remporter plusieurs prix lors de ses études à l’école des Beaux-Arts, et plus tard lors de ses expositions. Il dit lui-même qu’il a été étonné par sa propre créativité quand il a commencé à peindre à Paris une ville qui, selon lui, recèle beaucoup d’énergie, de couleurs différentes et de lieux. Il estime que ses œuvres les meilleures datent de sa période parisienne. 

The Eyes collection

Fabrice Salvadori, essayiste au journal French Touch Magazine, déclare à propos de l’œuvre de Faghihi : « Derrière les toiles de Younes Faghihi se cache toujours une pensée mouvante, une interprétation différente suivant l’être humain qui les regarde, suivant la sensibilité de l’observateur. »

Faghihi veut bousculer les codes et réinviter, par l’art, l’histoire de sa culture persane, la transmettre plus facilement, la faire découvrir et la faire aimer en lui donnant un nouveau mouvement, une nouvelle modernité. Pour lui, chaque alphabet ressemble à une personne. Il renferme un caractère et des sentiments. Durant sa carrière de calligraphe-peintre, Younes Faghihi a exposé plusieurs fois, en particulier à Paris, mais aussi en Italie, en Russie, Allemagne, Malaisie, Turquie et aux Etats-Unis.

L’une des questions à laquelle Faghihi est probablement souvent confronté est son identité artistique : calligraphe ou peintre ? Il est plus connu en tant que calligraphe, mais il est certainement peintre aussi. Il se considère lui-même comme un calligraphe moderne qui fait connaître au public l’écriture classique et la culture iraniennes au travers des couleurs et de la peinture. On peut également reconnaître des rythmes musicaux dans ses œuvres, une sorte d’art graphique musical. Faghihi essaie toujours d’installer un rythme musical et amoureux dans ses œuvres. On pourrait avancer qu’il crée une langue universelle à travers son sens artistique, sa peinture et sa calligraphie moderne. Il veut dépasser le persan ou l’arabe pour se faire découvrir en tant qu’artiste iranien.

When the letters make love

Younes Faghihi est aussi un peu musicien. Il s’intéresse en particulier depuis son adolescence à la musique traditionnelle persane. Il a ainsi collaboré avec plusieurs groupes musicaux et participé à des concerts en Iran et en France. Pour lui, la musique anime les mots dans l’esprit, et le rythme des mots lui donne un certain sentiment qu’il transmet à ses couleurs et à sa composition. Ses œuvres n’ont pas de commencement ni de fin. C’est à l’observateur d’interpréter l’œuvre selon sa sensibilité. Faghihi est actuellement membre de la Maison des Artistes, ainsi que membre depuis 2011 du Forum des artistes français. Il crée, enseigne et travaille, organisant parfois des expositions individuelles et collectives, qui rencontrent un certain succès. Citons notamment l’exposition Le Monde des Mots, qui s’est tenue à Paris. 

    The world of words

Notes

[1The French Touch Magazine


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