N° 56, juillet 2010

L’organisation des waqfs en Iran


Mahnâz Rezaï


Historique

Dès l’époque sassanide (875-999), il exista en Iran quelques institutions comme le Divân-e moghoufât ou Divân-e oghâf qui surveillaient l’administration des biens cédés sous forme de waqf. Il semble qu’avant l’établissement du Divân-e oghâf, ce fut les juges qui supervisèrent l’administration des waqf. Si la gestion des waqfs fut quelque peu réformée sous les Qâdjârs notamment à l’époque de Sepahsâlar, archichancelier de Nâsseredin Shâh Qâdjâr, des règlements plus précis à ce sujet ne furent mis en place qu’à la suite de la Révolution constitutionnelle au début du XXe siècle. En 1910, un décret du Ministère de l’enseignement, des waqfs et des artisanats fins (vezârat-e ma’âref va owghâf va sanâyeh-ye mostazrefeh) fut ratifié, prévoyant que les hauts responsables de ce ministère ainsi que des institution éducatives des provinces du pays seraient chargés de la gestion des waqfs.

Porte de la mosquée Seyyed Gonbad ou Seyyed Mir Hâdi située à proximité de la ville de Nâ’in et donnée sous forme de waqf par Ebâdollah ibn Soltân Ali ibn Mahmoud.

Néanmoins, en 1949, les institutions chargées de gérer les waqfs de Téhéran furent séparées des institutions éducatives et culturelles. En décembre 1964, avec la ratification de la loi de la séparation du ministère de la culture de l’institution des waqfs, la gestion séparée des waqf fut définitivement entérinée par le gouvernement. Selon l’article 4 de cette loi, l’Organisation des waqfs était désormais placée sous l’égide du premier ministre, puis ensuite par son secrétaire d’Etat. Après la Révolution islamique de 1979, le Madjles-e showrâ-ye eslâmi (parlement iranien) décida en 1984 de rattacher l’Organisation des waqfs au Ministère de la culture et de la guidance islamique (vezârat-e farhang va ershâd-e eslâmi). Son directeur est nommé par la plus haute autorité religieuse du pays.

Les activités principales

Les activités principales de l’Organisation des waqfs sont la gestion et le développement des biens cédés sous forme de waqf, la création d’institutions d’intérêt général comme les écoles, les orphelinats, les hôpitaux, les mosquées, etc., la propagation des sciences islamiques ainsi que la publication d’ouvrages dans ce domaine. Elle se charge également de la mise en place de multiples services culturels et sociaux. Cette institution accorde aussi une grande importance à l’augmentation de la lecture du Coran notamment en encourageant les personnes de tous âges à participer à un grand concours de récitation, de lecture et de traduction du Coran qui a lieu une fois par an. Les gagnants peuvent ensuite participer à des concours internationaux qui ont lieu à Téhéran ou dans les autres pays islamiques.

Des facultés des sciences coraniques subordonnées à l’Organisation des waqfs et au sein desquelles on enseigne le commentaire du Coran, les techniques de psalmodie et de lecture, etc. ont été fondées depuis 1989 à Téhéran et depuis 1994 dans onze villes du pays à savoir Mashhad, Ghom, Marâgheh, Kermanshâh, Shâhroud, Shirâz, Khoy, Amol, Malâyer, Meybod et Zâhedân.

Un Centre de traduction du Coran en langues étrangères a également été fondé en 1994 par l’Organisation des waqfs et le Ministère de la culture iranien. Son principal objectif est d’offrir des traductions claires et fidèles du Coran en langues étrangères. Ce centre a notamment publié la traduction de quelques parties du Coran en azéri et en français tandis que ses traductions complètes en turc, anglais et chinois seront publiées prochainement. Afin de profiter de l’avis des autres chercheurs et critiques, ce centre publie une revue spécialisée intitulée Tarjomân-e vahy (L’interprète de la Révélation) abordant les questions théoriques liées à la traduction du Coran.

Hammam Aligholi Aghâ à Ispahan construit par Aligholi Aghâ, membre de la cour des Safavides, donné sous forme de waqf pour une mosquée et une école en 1713.

Un Centre des études et des recherches islamiques se consacre de son côté aux recherches dans le domaine des sciences coraniques. On y choisit notamment les ouvrages destinés à être publiés. Ce centre propose également des programmes pour le développement de la culture islamique comme par exemple le festival des histoires du Coran et des saints.

D’autres centres sont également rattachés à l’Organisation des waqfs tels que le centre de publication Osveh fondé en 1991 dans la ville de Qom qui publie des ouvrages religieux et le Coran pour les Iraniens et les étrangers, notamment dans les régions frontalières et défavorisées du pays. Un centre audiovisuel a également été créé en vue d’encourager la diffusion de la récitation et de la lecture du Coran, ainsi que d’augmenter la qualité de l’enseignement des chanteurs du Coran. Ce centre diffuse des CD et DVD éducatifs dans ce domaine. Une revue semestrielle intitulée Waqf, Mirâs-e Djâvdân (Le waqf, héritage éternel) créée en 1993 dépend également de cette organisation.


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