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Nashtifân est l’une des villes de l’est de la province du Khorâssân Razavi. Située à environ 300 km de la capitale de cette province, elle est connue non seulement pour ses moulins à vent, mais aussi pour sa production agricole.
Selon certains, son nom est formé des deux mots nash et tifân. Le premier serait une prononciation locale du mot nish (piqûre), et tifân une prononciation locale de toufân, la tempête. Le nom de Nashtifân résumerait bien, dans ce cas, sa situation géographique, au centre d’une zone de vents et de tempêtes. Cette dénomination pourrait aussi être une allusion à la piqûre des nombreuses espèces venimeuses, reptiles ou arachnides, qui peuplent cette région sèche et chaude.
Plusieurs rois de la dynastie des Muzaffarides sont également originaires de cette ville.
Nashtifân est avant tout connue pour ses moulins à vent (à axe vertical), qui existent dans la région dès l’an 620 et dont les exemplaires, aujourd’hui visibles, datent de l’ère safavide et sont toujours fonctionnels. Cependant, les habitants actuels ne s’en servent plus, et un seul d’entre eux est resté en activité pour le plaisir des touristes.
Par le passé, l’est de l’Iran comptait de nombreux moulins à vent. La principale source d’énergie dans cette région de l’est était ainsi celle fournie par le célèbre et violent vent des Cent-vingt jours du Sistân, qui naît à Bâdkooh, en Afghanistan, sur les hauteurs neigeuses de l’Hindou-Kouch.
Les matériaux de construction des moulins sont simples : briques de terre, boue séchée, et bois. Le bâtiment principal se compose de deux étages. Le rez-de-chaussée, qui comprend l’essentiel de l’édifice avec une grande meule de pierre, est la partie centrale du moulin où se fait le travail. Une partie du rez-de-chaussée est dédiée à la réserve des graines, tandis que le deuxième étage comprend les pales verticales du moulin. Les pales du moulin sont construites en bois. Légères, elles se déplacent facilement horizontalement et font tourner la grande meule du sous-sol. Les moulins étaient généralement construits côte à côte pour offrir une meilleure résistance au Vent des Cent-vingt jours.
Les moulins étaient bâtis dans le sens opposé au vent. La meule du moulin était lourde, et il fallait une pression importante pour la faire marcher. La force du vent était donc importante, mais aussi sa direction, pour qu’il exerce une force de traction maximum dans les pales. Lorsque le vent souffle, les lames se déplacent et font tourner le levier vertical actionnant la meule - un système simple et écologique.
Nashtifân comprend aussi un cimetière très ancien où reposent quarante-quatre sages, dont chacune des tombes est ornée d’une pierre aux épigraphes uniques. Situé près d’une série de moulins, ce cimetière forme avec le site des moulins un bel ensemble à visiter. Notons que les locaux se rendent en pèlerinage à ce cimetière pour prier pour les quarante-quatre sages, lors de cérémonies annuelles.
L’histoire de cette région de l’est de l’Iran est surtout celle de la ville de Khâf. Autrefois dix fois plus étendue qu’aujourd’hui, c’était par le passé une ville splendide, et ses luxuriants bourgs et villages ont été maintes fois décrits dans les vieux livres d’histoire. La Route de la Soie la traversait aussi. Plusieurs grands noms de l’histoire millénaire de l’Iran y sont nés et y ont vécu. Cette ville comptait aussi deux vieilles écoles : celle de Nezâmieh et la Ghiâssieh, où ont étudié d’éminents savants.
L’école de Ghiâsieh est un beau monument datant du XVe siècle, situé à cinq km de la ville actuelle de Khâf. Ses deux étages et ses trente-deux salles sont décorés de céramiques aux couleurs chatoyantes. Cet édifice a été construit par deux frères, notables importants, Ghavâmeddin et Ghiâsseddin Shirâzi à l’époque timouride.