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A la suite du Protocole de Kyoto adopté en 1997, les pays membres se sont engagés à réduire de façon croissante les gaz à effet de serre pour enfin mener une lutte globale contre le réchauffement climatique. Ces pays développent de plus en plus le recours aux énergies renouvelables. En utilisant ces sources d’énergie gratuites et durables, on peut empêcher l’épuisement des énergies fossiles, réduire la production des gaz polluants et enfin, limiter les problèmes liés au changement climatique.
Selon les définitions courantes, l’énergie éolienne est produite par des masses d’air en mouvement autour du globe terrestre. Le terme « éolien » provient du nom d’un personnage mythique grec nommé Éole, connu comme étant le maître des vents. L’histoire de l’utilisation de cette source d’énergie remonte à 3000 ans av. J.-C. où l’on utilisait les premiers bateaux à voile. Vers 200 ans av. J.-C., on voit l’invention par les Iraniens des moulins à vent. Au XIIe siècle, cette technique est introduite en Europe et dès le XIVe siècle, de célèbres moulins hollandais et britanniques voient le jour. Ces moulins sont alors souvent utilisés pour fabriquer de l’huile et de la farine. Cette énergie renouvelable est transformée afin de produire des énergies mécaniques et électriques et de ce fait, elle a plusieurs utilisations dont les plus importantes sont : 1) faire marcher un véhicule (char à voile) ; 2) pompage de l’eau ; 3) faire tourner la roue d’un moulin ; 4) fabriquer du courant électrique (continu ou alternatif).
L’énergie éolienne est considérée comme une énergie propre : elle ne produit pas de gaz à effet de serre. De nombreux pays dont l’Iran cherchent à produire et développer de nouvelles capacités mécaniques et électriques et dans ce sens, l’énergie éolienne pourrait être l’une des ressources naturelles les plus importantes. Cette énergie est également considérée comme la plus économique du fait de ses avantages suivants : 1) elle est décarbonée en phase d’exploitation ; 2) la région où les éoliennes sont déployées reste souvent exploitable pour les activités industrielles et agricoles ; 3) l’ensemble de l’installation peut être démonté facilement ; 4) les éoliennes offshore (installées en mer) sont considérées comme un important potentiel ; 5) selon leurs tailles, les éoliennes peuvent répondre à des besoins de masse aussi bien que limité. Néanmoins, étant donné que le vent ne souffle pas toujours avec la même intensité, l’énergie éolienne est une énergie variable. Pour sélectionner des zones afin d’implanter un parc éolien, il faut tout d’abord tenir compte de la rentabilité. Selon les experts, toute zone destinée à cet objectif doit être capable à produire de l’énergie à 80% du temps.
Toutefois, cette source d’énergie pose certains problèmes dont des nuisances visuelles et sonores qui touchent directement l’environnement. Il est souvent reproché aux éoliennes de modifier le paysage naturel, de gêner le passage des oiseaux migrateurs, de perturber la pêche en mer et de déplacer l’équilibre de la faune et de la flore.
D’un point de vue géographique, l’Iran se trouve entre les masses d’air froides et sèches d’Asie qui entraînent des vents forts et permanents, en particulier dans la partie est du pays. Ces vents ont depuis longtemps été considérés comme une source d’énergie, comme le reflètent les constructions traditionnelles iraniennes. L’exploitation de l’énergie éolienne dans la Perse antique est figurée dans les Bâdgirs et les moulins à vent historiques qui, étant restaurés et reconstruits, subsistent encore de nos jours.
Bâdgir est un mot persan signifiant "capteur de vent" ou "tour de vent". Il s’agit d’un élément traditionnel de l’architecture perse utilisé depuis des siècles pour créer une ventilation naturelle dans les habitations. En fait, le Bâdgir a été inventé et utilisé depuis longtemps pour rendre supportable la chaleur estivale des régions désertiques de l’Iran et plus particulièrement les villes de Kâshân et Yazd qui en abritent un grand nombre. Du fait de son efficacité, le Bâdgir a été un élément architectural typique des provinces chaudes du centre de l’Iran dont Yazd, Kermân, Fârs et Ispahan.
Un autre exemple de l’exploitation de l’énergie éolienne dans la Perse antique est celui des moulins à vent millénaires. Le village de Nashtifân, situé à Khâf dans la province du Khorâssân, abrite les plus anciens moulins à vent qui font partie de l’héritage culturel du pays. Ces moulins sont évidemment présents dans les régions où le vent souffle majoritairement dans la même direction. A l’est du pays et plus particulièrement dans les provinces du Sistân et du Khorâssân, le vent du Sistân (connu comme le Vent des Cent-vingt jours) souffle jour et nuit, surtout durant les mois chauds. La puissance de ce vent a conduit les habitants de ces régions à inventer et développer des moulins à vent traditionnels. La construction de ces moulins est très simple : les ailes sont faites de bois et avec un vent fort, elles se mettent à tourner rapidement sur un axe vertical capable de mouvoir une meule en pierre qui moud des grains.
En tant que membre permanent du Conseil Mondial de l’Energie éolienne (Global Wind Energy Council), l’Iran a commencé à réellement développer l’exploitation de cette source d’énergie selon des techniques modernes à partir de 2006. Selon les statistiques officielles de l’Agence internationale des énergies renouvelables en 2014, le taux de production d’énergie éolienne en Iran s’élève à près de 400 GWH, qui représentent 0,13% de la production d’électricité du pays. D’après ces statistiques, 376 GWH correspondent au taux de production d’énergie éolienne en 2013, Le pays arrive ainsi à la quatrième place parmi les pays de la région Afrique et Moyen-Orient, et occupe le 30e rang mondial. Selon les données récentes de l’Agence en 2017, l’Iran abrite onze parcs éoliens avec une puissance installée de 118 MW. Parmi ces complexes, nous allons présenter trois parcs éoliens les plus importants du pays.
-Le complexe éolien de Manjil : Manjil est un district situé à proximité de Roudbâr, dans la province de Guilân, au nord du pays. Il est plutôt connu comme le centre des turbines éoliennes (shahr-e tourbin-hâye bâdi). La région de Manjil est souvent balayée par des vents forts qui soufflent durant les deux tiers de l’année. Le complexe éolien de Manjil est un ensemble de plusieurs parcs éoliens qui ont été construits de 1991 à aujourd’hui. Ce projet de 100,8 MW a été construit grâce à l’aide technique du Danemark. Les turbines implantées dans cette région sont composées de trois pales de 17 à 23 mètres de longueur ; l’épaisseur des rotors étant de 35 à 47 mètres.
-Le parc éolien de Binâloud : fondé en l’an 2000 dans une région limitrophe de Neyshâbour dans la province du Khorâssân. Ce parc éolien abrite 43 éoliennes pour une puissance de 28,2 MW. Le projet s’étale sur une superficie de 700 hectares et le promoteur, l’Organisation des énergies renouvelables d’Iran [1], a actuellement un programme visant à augmenter le nombre des éoliennes à 93.
-La ferme éolienne de Kahak : cette ferme a été fondée en 2014 sur les terres publiques de Kahak, à 5 km de Tâkestân, dans la province de Qazvin. Ce projet de 20 MW abrite les turbines éoliennes les plus grandes et donc les plus puissantes du pays. Le promoteur du projet, le Groupe MAPNA [2], tente d’élargir cette ferme, avec pour objectif de fournir la consommation électrique de la région du Takestân.
Sources :
Sâbetghadam, Morteza, « Energie et écodéveloppement en Iran », publié in : Helio international, 2005.
« Historique de la diffusion des éoliennes, recherche faite par le Groupe d’information sur les éoliennes » (La Roche-en-Ardenne), publiée en 2011, consultable sur : www.leseoliens.be
[1] Sâzmân-e enerji-hâye tadjdid pazir-e irân (SATBA).
[2] Modiriat-e projeh-hâye nirougâhi-e irân : Gestion des projets des Centrales d’Iran.