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Un nouveau contrat irano-britannique
pour le développement des énergies renouvelables
La société britannique Quercus prévoit une coopération avec le ministère iranien de l’Energie pour la construction en Iran d’une centrale solaire photovoltaïque d’une capacité de 600 mégawatts dans le cadre d’un contrat dont la valeur s’élèverait à 500 millions d’euros.
Les dirigeants de la société britannique d’investissement Quercus et le ministère iranien de l’Energie ont conclu, le 20 septembre 2017, un contrat qui prévoit la construction de l’une des plus grandes fermes solaires du monde en Iran. De son côté, la partie britannique a souligné l’enthousiasme des investisseurs européens pour coopérer avec l’Iran dans le domaine des énergies renouvelables, en dépit du renouvellement des tensions diplomatiques de la part des Etats-Unis au sujet des accords de 2015 entre la République islamique d’Iran et les grandes puissances sur le nucléaire iranien.
Quercus est une société d’investissement verte basée à Londres. Les hauts responsables de Quercus qui ont signé ce contrat à Londres en présence des représentants du ministère iranien des Affaires étrangères et de l’ambassadeur d’Iran en Grande-Bretagne, ont déclaré qu’ils étaient parvenus à un accord avec le ministère iranien de l’Energie sur les plans d’une centrale solaire photovoltaïque de 600 mégawatts dans le centre de l’Iran, projet qui rivaliserait avec les plus grands projets solaires construits jusqu’à présent en Chine, en Inde et aux États-Unis.
Diego Biasi, directeur général de Quercus, a déclaré que l’accord de 500 millions d’euros indiquait que l’Iran était « ouvert aux entreprises étrangères » et représentait une « grande opportunité » pour les investisseurs actifs en matière d’énergie renouvelable. [1]
L’Iran s’est fixé comme cible d’installer 5 gigawatts de capacité d’énergie renouvelable –équivalent à environ cinq réacteurs nucléaires – d’ici 2020 dans le cadre de ses efforts visant à répondre à la demande croissante en électricité tout en réduisant la pollution atmosphérique et les émissions de carbone.
Le climat ensoleillé du pays le rend particulièrement adapté à la production de l’énergie solaire photovoltaïque.
Hamid Baïdinejâd, ambassadeur d’Iran en Grande-Bretagne, a déclaré que l’accord avec la société britannique d’investissement Quercus appuierait l’objectif de Téhéran de devenir un « centre majeur d’énergie solaire au service de la région et au-delà ». [2]
Ces dernières années, la baisse considérable du coût des panneaux solaires et des éoliennes a fait de l’énergie renouvelable une option plus attrayante dans les pays du Moyen-Orient, de l’Afrique et de l’Asie, contribuant à accélérer le passage à l’échelle mondiale de l’usage de l’énergie fossile aux énergies nouvelles.
L’investissement de Quercus a été bien accueilli par Lord Lamont, envoyé commercial du gouvernement britannique en Iran, qui a déclaré qu’il « insistait plus que jamais sur l’importance du développement des relations commerciales entre Londres et Téhéran ». [3]
Un jour avant la conclusion de ce contrat, le président des États-Unis, Donald Trump, avait déclaré devant l’Assemblée générale des Nations unies à New-York que l’accord sur le nucléaire iranien conclu entre Téhéran et les grandes puissances - dont les Etats-Unis - était l’un des pires accords que les États-Unis avaient jamais conclu. Le but de l’administration Trump est de saper les accords historiques de 2015.
Malgré les risques diplomatiques dus aux prises de position hostile des Etats-Unis de Donald Trump, le directeur général de Quercus, Diego Biasi, a déclaré que sa société d’investissement avait été inondée par des demandes d’investisseurs privés et publics de Grande-Bretagne et de plusieurs autres pays européens souhaitant coopérer avec les secteurs économiques et industriels de l’Iran après la levée partielle des sanctions qui avaient été imposées injustement à Téhéran en raison de son programme nucléaire pacifique.
« Depuis la levée des sanctions internationales, l’Iran a fait des progrès rapides dans la création d’un environnement commercial réglementaire et positif pour attirer l’attention des entreprises internationales », a-t-il déclaré. [4]
Le projet iranien de la société d’investissement Quercus mettra la Grande-Bretagne à l’avant-garde du développement de l’industrie iranienne des énergies renouvelables, et il est possible que les investisseurs britanniques s’intéressent également à d’autres secteurs en Iran.
Pour la société d’investissement Quercus, le projet de la construction d’une usine solaire photovoltaïque sera le premier projet de ce genre à l’extérieur du continent européen. Jusqu’à présent, Quercus a investi plus de 500 millions d’euros dans environ 40 projets d’énergie renouvelables depuis sa création en 2010, dont beaucoup en Grande-Bretagne et en Italie. Selon les termes du contrat, Quercus sera responsable de la construction et de l’exploitation de cette centrale solaire iranienne dont les travaux dureront trois ans.
L’Iran possède des avantages naturels et climatiques propices au développement des investissements rentables dans le domaine de la production de l’énergie solaire photovoltaïque. Il suffit de rappeler qu’avec une grande superficie de plus de 1 600 000 kilomètres carrés, l’ensemble du territoire iranien bénéficie en moyenne entre 280 et 300 jours ensoleillés par an (sur au moins 90% du territoire), ce qui signifie entre 1800 et 2200 kilowattheures d’énergie par mètre carré.
Le nombre des fermes photovoltaïques du pays a augmenté ces dernières années, en raison de l’importance que l’Etat accorde au développement des énergies renouvelables.
- La centrale de Shirâz, fondée en 2008, est une centrale solaire thermodynamique. Elle est la première ferme solaire d’Iran.
- La centrale solaire photovoltaïque d’Elahiyeh (Mashhad) a été construite en trois phases de 2011 à 2014.
- La centrale solaire photovoltaïque de Malard (province de Téhéran) a été fondée en 2014.
Avec l’accélération des projets d’électricité solaire en 2016, plusieurs nouvelles centrales solaires photovoltaïques ont été inaugurées en Iran :
- La centrale solaire photovoltaïque d’Arak (province Markazi), fondée en 2016, a été la première du pays, produisant plus d’un mégawatt d’électricité.
- La même année, deux centrales solaires (Amir Kabir et golfe Persique) ont été construites dans la province de Hamadân, chacune d’une capacité de sept mégawatts.
- En 2017, trois autres fermes solaires photovoltaïques ont été construites, l’une à Ispahan (10 mégawatts) et deux autres à Makrân dans la province de Kermân (chacune de 10 mégawatts).
Pour réaliser ces projets, le gouvernement iranien a décidé d’accorder davantage de budget au développement de la production des énergies renouvelables. En 2014, le gouvernement a accordé un budget de 50 millions d’euros aux projets d’énergie photovoltaïque. Ce chiffre s’élevait à 10 millions d’euros l’année précédente.
Le gouvernement a aussi décidé d’encourager le secteur privé à participer à ce type de projets en accordant des subventions aux investissements destinés à l’énergie solaire photovoltaïque. Dans ce cadre, il est prévu que plus d’un million de panneaux solaires soient installés sur le toit des bâtiments publics.
On peut espérer un développement accru des grandes centrales solaires photovoltaïques en Iran dans un proche avenir. Outre leurs avantages économiques, environnementaux et écologiques, les énergies renouvelables peuvent attirer aussi les investissements étrangers, comme en témoigne le contrat conclu entre le ministère iranien de l’Energie et la société britannique Quercus.
[1] Andrew Ward, UK’s Quercus plans €500m solar power farm in Iran, in : Financial Times, 20 septembre 2017, https://www.ft.com/content/2a6c5e14-9dde-11e7-8cd4-932067fbf946
[2] La construction d’une centrale solaire photovoltaïque en Iran est un signe du discrédit de Trump auprès des Européens, IRNA, 20 septembre 2017, http://www.irna.ir/fa/News/82671539
[3] Andrew Ward, op. cit.
[4] Ibid.