N° 160, mars 2019

La Conférence des oiseaux : Récit théâtral de Jean-Claude Carrière, inspiré par le poème de Farid al-Din Attâr
Jean-Claude Carrière :
lauréat du prix Farabi 2019


Babak Ershadi


Jean-Claude Carrière

La 10e édition du Festival international Farabi pour les études humaines et islamiques a eu lieu le 27 janvier 2019 à Téhéran lors d’une cérémonie où 16 auteurs et chercheurs iraniens et 7 personnalités étrangères ont obtenu des prix (prix Farabi International Award) décernés par le ministère iranien de la Science, des Recherches et de la Technologie. Les sept lauréats étrangers étaient : 

 

-Études islamiques : Khusro Qasim (Inde) et Raul Gonzalez Bornez (Espagne).

-Études iraniennes : Safar Abdulloyev (Kazakhstan), Anna Maria Krasnowolska (Pologne), Monika Gronke (Allemagne), Nicholas John Sims Williams (Angleterre) et Jean-Claude Carrière (France). 

 

Le Français, Jean-Claude Carrière, a gagné le prix Farabi pour ses travaux de recherches, de traduction et d’adaptation de La Conférence des oiseaux d’Attar de Neyshâbour et du Diwan-e Shams de Djalâl ad-Din Rûmi, deux grandes figures de la poésie mystique iranienne des XIIe et XIIIe siècles.

« Paroles persanes », Textes présentés et recueillis par Jean-Claude Carrière et Nahal Tajadod.

 

Le prix international Farabi est décerné tous les ans par le ministère iranien de la Science, des Recherches et de la Technologie, aux personnalités qui ont apporté une contribution remarquable aux sciences humaines et aux études iraniennes et islamiques. Les lauréats du prix Farabi deviennent membres de la Fondation nationale des Élites.

 

Malheureusement, M. Jean-Claude Carrière qui se trouvait à Téhéran à l’invitation du ministère de la Science pour cette occasion, fut absent de la cérémonie du Festival Farabi, car suite à un malaise, il avait été hospitalisé à Téhéran.

 

Le 29 janvier, « Dialogue sans frontière, effets réciproques de l’art théâtral en Iran et en France » organisé à la Maison du Théâtre de Téhéran en l’honneur de Jean-Claude Carrière, a malheureusement eu lieu en l’absence de ce dernier. Cependant, M. Carrière a contribué à cette conférence par une vidéo, envoyée depuis l’hôpital. Les responsables de la Maison du théâtre lui ont rendu visite plus tard à l’hôpital et lui ont remis sa médaille.

Affiche de la conférence « Dialogue sans frontière, effets réciproques de l’art théâtral en Iran et en France », organisée en janvier 2019 par la Maison du Théâtre à Téhéran.

 

Époux de l’écrivaine franco-iranienne, Mme Nahal Tajadod, M. Jean-Claude Carrière est un familier de Téhéran et un connaisseur de la culture et de la littérature iraniennes. En 1978, Jean-Claude Carrière a adapté La Conférence des oiseaux de Farid al-Din Attâr pour une mise en scène de Peter Brook.

 

En 1993, il a traduit en français Le livre de Chams de Tabriz de Djalâl ad-Din Rûmi, avec Mme Nahal Tajadod et sa belle-mère Mahin Jahânbeglou (dramaturge iranienne).

 

« La Conférence des oiseaux », récit théâtral de Jean-Claude Carrière, inspiré du poème d’Attâr de Nichapour.

Le nouveau projet cinématographique de Jean-Claude Carrière le rapproche également de l’Iran. Le tournage du film intitulé « Molana » (Rûmi), basé sur un scénario de Jean-Claude Carrière et de son épouse Nahal Tajaddod, a commencé en février 2019 à Paris. Produit par l’Iranien Mehdi Hosseini, le film sera tourné dans certains pays européens, dont la France, ainsi que dans des pays du Moyen-Orient tels que la Turquie, afin de représenter la véritable image de la vie de Rûmi.

 

* * *

Jean-Claude Carrière est un homme aux talents multiples : il est romancier, poète, scénariste, adaptateur, dramaturge, essayiste, traducteur, parolier, acteur et metteur en scène. Cet homme de culture dit avec modestie qu’il est « conteur d’aujourd’hui ».

 

  1. Carrière est né le 17 septembre 1931 à Colombières-sur-Orb (Occitanie) dans le sud de la France, dans une famille de viticulteurs. Il passe son enfance dans ce village dans un décor de soleil, de vignes et d’oliviers. Après la Seconde Guerre mondiale, à 14 ans, sa famille s’installe dans la région parisienne à Montreuil-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) où ses parents gèrent un café. Ancien élève du Lycée Voltaire (11e arrondissement de Paris), il continue ses études à l’École normale supérieure de Fontenay-Saint-Cloud (Lyon) où il passe une licence de lettres et une maîtrise d’histoire. Il publie en 1957 son premier roman « Lézard ». Sa rencontre avec Jacques Tati (1907-1982), réalisateur, acteur et scénariste, et ensuite avec Pierre Étaix (1928-2016), lui aussi réalisateur, acteur et scénariste, est fondamentale pour lui. Réunis par Jacques Tati, Pierre Étaix et Jean-Claude Carrière ont collaboré sur l’écriture scénaristique de trois courts-métrages et cinq longs-métrages. Le court-métrage « Heureux anniversaire » (15 minutes) de Pierre Étaix, dont le scénario a été coécrit par Étaix et Carrière, gagne l’Oscar du meilleur court-métrage de fiction en 1962. Ils sont restés amis pendant soixante ans.
« Sur les pas de Rûmi » de Nahal Tajadod, préfacé par Jean-Claude Carrière.
« La Controverse de Valladolid », roman dramatique de Jean-Claude Carrière.

La collaboration de Carrière avec Luis Buñuel (1900-1983) commence en 1964, dure 19 ans et ne s’interrompt qu’à la mort du cinéaste mexicain d’origine espagnole. Jean-Claude Carrière cosigne les scénarios de plusieurs films de Luis Buñuel : « Belle de jour » (1967), une adaptation d’un roman éponyme de Joseph Kessel (paru en 1928) et l’un des plus gros succès commerciaux de Luis Buñuel ; « La Voie lactée » (1969) ; « Le Charme discret de la bourgeoisie » (1972) qui obtient l’Oscar du meilleur film étranger en 1973 ; et enfin « Cet obscur objet du désir » (1977), inspiré de « La Femme et le Pantin », un roman de Pierre Louÿs. Jean-Claude Carrière a également travaillé avec le réalisateur tchèque Milos Forman, le Français Jacques Deray (« La Piscine » 1969 et « Borsalino » 1970), le Français Jean-Paul Rappeneau (« Cyrano de Bergerac » 1990, d’après la pièce éponyme d’Edmond Rostand), le Polonais Andrzej Wajda (« Danton » 1983, « Les Possédés » 1988, d’après le roman éponyme de Fiodor Dostoïevski). 

Parallèlement, il poursuit sa carrière de dramaturge et adaptateur en particulier avec André Barsacq, Jean-Louis Barrault et Peter Brook.

 

En 2015, lors de la 87ème cérémonie des Oscars du cinéma, un Oscar d’honneur lui a été décerné pour l’ensemble de son activité cinématographique. 

« Avec le vent » d’Abbas Kiarostami, traduit du persan par Nahal Tajadod et Jean-Claude Carrière.

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