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Bodhidharma : les origines iraniennes du mysticisme bouddhiste et du kung-fu en Chine
Bodhidharma fut un moine bouddhiste qui vécut aux Ve et VIe siècles de notre ère. Il est traditionnellement reconnu comme l’enseignant et le premier patriarche de Chan en Chine.
Le chan (sanskrit : dhyana, japonais : zen) signifie « méditation silencieuse » en chinois classique. Le chan naquit en Chine à partir du Ve siècle apr. J.-C. et consiste, en général, sur l’accession à l’expérience directe de l’« éveil » par la méthode la plus simple qui puisse exister, c’est-à-dire la méditation. Selon la tradition chinoise, on pourrait retrouver dans le chan une influence du taoïsme (« enseignement de la voie ») qui est l’un des trois fondements de la pensée chinoise avec le confucianisme et le bouddhisme.
D’après la version chinoise, Bodhidharma serait le fondateur de la doctrine de chan, mise au point au célèbre monastère de Shaolin. Surnommé le « Grand Voyageur » par la tradition chinoise, et parfois le « Moine aux yeux bleus » (ou le « Moine aux yeux clairs »), Bodhidharma aurait fondé les arts martiaux pour aider les moines du temple Shaolin à se défendre. La tradition chinoise du chan considère Bodhidharma tantôt comme un Perse venant du territoire sogdien (scythe) de l’Asie centrale, tantôt comme un Perse venu du nord de l’Inde. Étant donné que la pensée chan s’attribue des origines bouddhistes, elle préfère plutôt que Bodhidharma soit considéré comme venant d’Inde et étant le 28e patriarche de Bouddha ainsi que son premier patriarche en Chine.
La tradition du zen, branche japonaise du Bouddhisme, considère que Bodhidharma venait de Perse. Bodhidharma traversa l’Asie centrale et la Chine occidentale pour arriver sur les terres de la dynastie Wei du Nord qui régna en Chine du Nord de 386 à 534, vers la fin du règne de cette dynastie chinoise fondée par un peuple d’origine turque, les Tabghatchs.
Dans les textes chinois de chan, il est mentionné parfois comme le « Perse aux yeux bleus ». Le texte le plus ancien qui parle de Bodhidharma est Le récit des monastères bouddhistes de Luoyang, compilé en 547 par Yang Xuanzhi, écrivain et traducteur de textes bouddhistes indiens de Mahayana en langue chinoise. Yang écrit : « À cette époque-là, il y avait un moine persan de la région occidentale nommé Bodhidharma. » Tous les textes chinois décrivent Bodhidharma comme un « non-chinois » barbu, voire hirsute, aux yeux clairs.
Dans son Anthologie de Bodhidharma (1999), Jeffrey L. Broughton a même parlé des origines zoroastriennes de la philosophie chan et zen. Selon son hypothèse, Bodhidharma fut vraisemblablement un commerçant persan, connaissant le zoroastrisme ou le mithraïsme. Il serait venu en Chine de Sogdiane, un royaume persan d’Asie centrale (Ouzbékistan actuel) ayant de nombreuses relations commerciales avec la Chine. Dans son ouvrage, Broughton a examiné les relations entre le mithraïsme, la culture perse, le bouddhisme Mahayana, le chan en Chine et le zen au Japon.
Jeffrey L. Broughton écrit : « Le bouddhisme zen est issu des enseignements d’un moine mythique Bodhidharma, un commerçant de la Route de la soie. Il fonda le monastère de Shaolin en Chine vers 500 apr. J.-C. Bodhidharma fut en quelque sorte un missionnaire de la culture sur la Route de la soie (…) Sachez que le commerce de la Route de la soie fut depuis très longtemps le canal de la transmission du bouddhisme, de la pensée manichéenne, du christianisme et de l’islam vers la Chine. »
En réalité, il existe très peu d’informations biographiques à propos du moine perse Bodhidharma dont la vie est devenue une véritable légende. D’après certaines sources tardives chinoises, il naquit vers 440 de notre ère et mourut vers 534 près de la rivière Luo (province chinoise de Shaanxi).
L’Anthologie de la salle du patriarche, un ouvrage datant de 952, établit plus clairement la légende de Bodhidharma. Selon ce texte, il serait arrivé en Chine en 527, durant la dynastie Liang (502-557) et eut une rencontre célèbre avec l’empereur Wu Di, fondateur de cette dynastie.
Lors de leur réunion, l’empereur Wu DI énuméra tout ce qu’il avait fait pour la propagation du bouddhisme en Chine et demanda à Bodhidharma quels mérites il aurait accumulés pour avoir fait ces bons actes :
Empereur Wu Di : « Combien de vertus karmiques ai-je méritées pour avoir soutenu des moines bouddhistes, construit des monastères, fait copier des textes sacrés et commandé des images de Bouddha ? »
Bodhidharma : « Aucun. Les bonnes actions faites avec une intention matérielle apportent un bon karma, mais aucun mérite. »
Empereur Wu Di : « Quel est donc le sens le plus élevé de la noble vérité ? »
Bodhidharma : « Il n’y a pas de noble vérité, il n’y a que le vide. »
Empereur Wu Di : « Alors, qui se tient devant moi ? »
Bodhidharma : « Je ne sais pas, Votre Majesté. »
L’empereur Wu Di ne fut pas impressionné par la réponse de Bodhidharma et n’apprécia donc pas les enseignements qu’il avait apportés en Chine. En effet, cette rencontre légendaire nous apprend que Bodhidharma fit face à un scepticisme et à une opposition farouches lorsqu’il commença à propager ses enseignements en Chine, principalement parce qu’il affirmait que les textes bouddhistes déjà existants ne suffisaient pas et qu’ils n’étaient que des guides pour atteindre l’illumination. Ils enseignaient plutôt que l’illumination en elle-même ne peut être atteinte qu’en pratiquant le dhyana ou des états d’esprit de concentration cultivés qui conduisent les pratiquants à un état parfait de conscience et d’équanimité. À cette époque-là, la méditation n’était généralement pas pratiquée en Chine et la vénération des textes bouddhistes était prédominante.
Dans ce contexte, comme les enseignements de Bodhidharma étaient basés sur la méditation, ils furent généralement rejetés. C’est la raison pour laquelle, les récits insistent à dire que Bodhidharma vécut comme un mendiant pendant de nombreux mois. Il se rendit à Luoyang, puis à Henan où il arriva au monastère de Shaolin situé sur le mont Song. Cependant, Bodhidharma ne fut pas accepté tout de suite par le monastère Shaolin. Il vécut donc dans une grotte voisine où il médita dans un silence total pendant neuf ans tout en faisant face au mur.
Des nouvelles de Bodhidharma se répandirent peu à peu et les moines du monastère Shaolin furent enfin impressionnés par sa méthode de méditation. Ils finirent par lui permettre enfin d’entrer au monastère. Les moines demandèrent à Bodhidharma d’enseigner la méditation, ce qu’il fit, mais il se rendit vite compte que les moines n’avaient pas l’endurance nécessaire à la méditation. Beaucoup s’endormaient ou tombaient malades pendant les méditations. Quand il vit que les moines étaient incapables de supporter les longues et rigoureuses séances de méditation, Bodhidharma commença à leur enseigner les techniques de l’exercice physique et de la respiration.
Selon Bodhidharma, une fois que le corps physique est poussé au-delà de ses limites, l’esprit commence à prendre le dessus. Ainsi, l’esprit peut aider le corps à s’engager dans l’inconfort physique intense nécessaire à l’entraînement à la méditation. En outre, il enseigna aux moines du monastère Shaolin que dès que l’esprit a atteint ce niveau de force, il est alors transformé pour toujours et sa capacité à se concentrer est également renforcée. Au fil du temps, sa théorie fut vérifiée, l’esprit des moines de Shaolin devint incroyablement puissant et leur méthode de méditation devint plus disciplinée.
Bodhidharma créa un régime d’exercices pour les moines qui impliquait des techniques physiques efficaces, renforçait le corps et pouvait être utilisé dans un état de légitime défense à un niveau pratique. Les pratiques visaient principalement à rendre les moines plus forts physiquement pour faire face à leur style de vie isolée et aux épreuves de la méthode de méditation à laquelle ils souhaitaient participer.
Ces techniques servaient ultimement un double objectif : entraîner le corps devenant une forme très efficace de légitime défense, qui devint plus tard un art martial, appelé « Kung-fu Shaolin ». Ces techniques aidèrent les moines à se défendre contre l’invasion des seigneurs de la guerre et des bandits, mais ils ne blessaient jamais les autres inutilement. L’un des plus anciens axiomes de Bodhidharma se lit comme suit : « Un combattant engagé dans une bataille a déjà perdu la bataille ».
Par la suite, Bodhidharma continua à développer un système de 18 exercices de tension dynamique qui ont été imprimés sous le nom de Yi Jin Jing (Yijinjing) vers 550 de notre ère. Le terme chinois signifie « muscle/tendon changement classique » [1]. Ce système de 18 exercices est connu aujourd’hui sous le nom de Luohan en Chine, se référant à 18 mouvements qui servent de base à la fois à la boxe chinoise et aux arts martiaux Shaolin. D’après un ancien texte sanscrit, Bodhidharma se serait établi au monastère de Shaolin en 526 de notre ère.
Bodhidharma aurait introduit le « soutra de Lankavatara » dans le bouddhisme chinois. Ce soutra [2], dont le nom signifie littéralement « soutra de l’entrée à Lanka », fait référence au fait qu’il serait un recueil des paroles prononcées par Bouddha lors de son arrivée au Sri Lanka.
Bodhidharma avait tendance à rejeter les rituels de dévotion, les débats doctrinaux et les formalisations verbales. Au contraire, il privilégiait la méditation, à travers laquelle les gens seraient capables de saisir intuitivement la nature de Bouddha à l’intérieur. Contrairement à d’autres écoles bouddhistes, notamment le bouddhisme de la « Terre pure » [3], Bodhidharma mit l’accent sur l’illumination personnelle plutôt que sur la promesse d’une « Terre pure ».
Bodhidharma considérait la spiritualité, l’intellectualisme et l’excellence physique comme un tout indissociable et nécessaire à l’illumination. Il fut un maître énergique qui exhorta tous les bouddhistes à faire de leur mieux pendant leur vie pour pouvoir s’éveiller et laisser briller leur nature de Bouddha. Dans les textes de Chan, il est appelé « le persan aux yeux bleus ». C’est pourquoi il est souvent décrit comme un non-Chinois de mauvaise humeur, barbu, aux yeux écarquillés. Bodhidharma aurait vécu au monastère de Shaolin jusqu’à sa mort à l’âge de 150 ans, selon la légende.
Cet homme a été décrit comme étant d’aspect très étrange, ses traits lui étaient propres et n’étaient partagés par personne d’autre en Chine. L’homme était chauve avec une longue barbe rouge et une moustache. Ses yeux étaient aussi bleus que le ciel et son nez, assez prononcé. Ces traits de caractère n’étaient pas partagés par la population locale, mais il parlait leur langue, bien que sommairement au début. C’était vraiment une preuve pour le peuple qu’il venait d’ailleurs - un étranger dans un pays où il apportait l’enseignement de ce qu’il appelait « la voie » ou « le savoir ».
Bien que son vrai nom se soit perdu à travers les âges, il était connu sous le nom de « Bodhidharma » qui signifie en sanskrit « enseignement de sagesse ». Plus tard, il fut connu en Chine et au Japon sous le nom simplifié de « Daruma ».
Dans la culture asiatique, le nom « diable » faisait référence à un étranger, car les traits de son visage étaient souvent frappants et prononcés comparés à ceux des habitants plus familiers. Le « diable aux yeux bleus » qu’était Bodhidharma serait donc mieux traduit par « étonnamment différent » plutôt que par un « mal démoniaque », qu’il n’était d’ailleurs pas aux yeux des bouddhistes en Chine.
Le moi et le non-moi : une rencontre très étrange. L’empereur Wu Di était peut-être, à cette époque-là, le plus grand empereur du monde. Il régnait sur toute la Chine, la Mongolie, la Corée, toute l’Asie, à l’exception de l’Inde.
Il fut convaincu de la vérité des enseignements de Bouddha, mais jusqu’à cette époque-là, tous ceux qui avaient porté son message étaient des érudits. Aucun d’entre eux n’était un mystique. Un jour, la nouvelle se répandit que Bodhidharma venait d’un pays situé à l’ouest et qu’il apportait un message mystique. Ce fut une si grande joie, car un vrai mystique, un bouddha, allait venir.
Selon la légende, l’empereur Wu Di attendit avec un grand respect l’arrivée de Bodhidharma. La première rencontre le déçut parce que l’empereur ne comprit pas le message du mystique. Mais la deuxième fut différente et étrange. Wu Di dit à Bodhidharma : « J’ai interrogé tous les moines et tous les érudits qui venaient auprès de moi, mais aucun n’a été d’aucune aide. J’ai tout essayé sans réussir : Comment me débarrasser de ce moi ? Car Bouddha a dit : Si vous ne devenez pas un non-moi, votre misère ne pourra pas prendre fin. »
Cette fois-ci, contrairement à la première rencontre, l’empereur était sincère, Bodhidharma le comprit vite. Il regarda dans les yeux Wu Di et dit : « Je resterai au bord de la rivière près de la montagne dans le temple. Demain matin, à quatre heures précises, venez-y et je finirai pour vous ce moi pour toujours. Mais souvenez-vous que vous ne devez apporter aucun homme avec vous, aucun soldat. Vous devrez venir tout seul. »
Wu Di était un peu inquiet. Il trouvait que cet homme était étrange. En effet, Bodhidharma ne ressemblait à personne. L’empereur se disait : « Comment peut-il être capable de détruire si rapidement le moi ? Les érudits me disaient que cela prendrait des vies et des vies de méditation pour que le moi disparaisse. Cet homme est bizarre ! Et il me dit d’aller le rencontrer, tôt le matin à quatre heures, seul, sans épée, sans gardes, sans autre compagnon. Mais dans l’obscurité, cet homme étrange pourrait faire n’importe quoi. Et comment peut-il prétendre qu’il va tuer le moi pour toujours ? Quand j’y pense, il pourrait bien me tuer physiquement, mais comment veut-il tuer le moi ? »
Toute la nuit, l’empereur ne put trouver le sommeil. Il changea d’avis encore et encore : y aller ou pas ? Mais il y avait quelque chose dans les yeux de Bodhidharma, il y avait quelque chose dans sa voix et il y avait une sorte d’autorité dans sa parole quand il lui avait dit : « Viens à quatre heures du matin, et je finirai ce moi pour toujours ! Vous n’avez pas à vous en inquiéter ».
Selon Wu Di, ce qu’il disait avait l’air absurde, mais sa façon de le dire et son apparence faisaient autorité. « Il sait ce qu’il dit », se disait l’empereur. Finalement, Wu Di décida d’y aller. « Au plus, il peut me tuer. Quoi d’autre ? Et j’ai tout essayé. Je ne peux plus atteindre ce non-moi, et sans ce non-moi, il n’y aura pas de fin à la misère, comme disait Bouddha. »
L’empereur frappa à la porte du temple à quatre heures du matin. Bodhidharma dit : « Je savais que vous viendriez. Je savais aussi que toute la nuit vous changeriez d’avis. Mais cela n’a pas d’importance, car vous êtes enfin venu. Maintenant, asseyez-vous dans la posture du lotus, fermez les yeux et je vais m’asseoir devant vous. Commencez votre méditation. Au moment où vous trouverez votre moi à l’intérieur de vous-même, attrapez-le pour que je puisse le tuer. Attrapez-le bien et dites-moi que vous l’avez attrapé, et je le tuerai et ce sera fini. C’est une question de minutes. »
Bodhidharma s’assit devant Wu et lui dit : « Ne ratez pas une seconde. Au moment où vous l’attraperez - cherchez à l’intérieur de vous-même dans tous les coins et recoins - gardez les yeux ouverts et dites-moi que vous l’avez attrapé et je vais le finir. »
Puis, il y eut le silence. Une heure passa, deux heures passèrent... Quand le soleil se leva, Wu Di était un homme différent. Au cours de ces deux heures, il regarda à l’intérieur de lui-même dans tous les coins et recoins. Pendant ce temps, cet homme étrange était assis là et aurait pu le frapper à la tête avec son bâton. Plus l’empereur regardait à l’intérieur de lui-même plus il se détendait parce que ce moi n’était nulle part. Pendant la recherche, toutes ses pensées disparurent. La recherche fut si intense que toute son énergie y était impliquée. Il n’y avait plus rien à penser ou à désirer, et ceci et cela...
Alors que le soleil se levait, Bodhidharma vit le visage de Wu Di. L’empereur n’était plus le même homme. Bodhidharma le secoua et lui dit : « Ouvrez les yeux – il n’est pas là. Je n’ai pas à le tuer. Je suis un homme non-violent, je ne tue jamais ! Mais ce moi n’existe pas. Si ce moi continue à exister, c’est parce qu’on ne cherche pas à le regarder en face. Il est dans votre non-recherche, dans votre insouciance. Maintenant, il est parti. »
Deux heures s’étaient écoulées et Wu Di était immensément heureux. Il n’avait jamais goûté autant de douceur, de fraîcheur, de nouveauté, de beauté. Bodhidharma avait rempli sa promesse. L’empereur Wu Di s’inclina, toucha ses pieds et dit : « S’il vous plaît, pardonnez-moi d’avoir pensé que vous étiez fou, que vous ne connaissiez pas les bonnes manières, que vous étiez bizarre et que vous pouviez être dangereux. Maintenant, il n’y a plus de question en moi. »
Plus tard, l’empereur Wu Di demanda qu’à sa mort, un mémorial soit installé sur sa tombe avec ces courtes phrases : « Il y avait un homme qui avait l’air fou, mais qui était capable de faire des miracles. Sans rien faire, il m’a aidé à être un non-moi. Depuis lors, tout a changé. Tout est pareil, mais je ne suis pas pareil, et la vie est devenue un pur chant de silence. »
[1] Étirement des muscles et des tendons. Son essence est dans l’harmonie des lois naturelles, dont le yin-yang. Les principaux mouvements ont des noms poétiques (« Dragon qui sort sa patte » ou « Tigre qui essaye d’attraper sa proie »). Sa pratique permet la coordination (énergie, esprit, respiration) et de renforcer les organes internes, calmer les maux et diminuer l’état dépressif.
[2] Recueil de préceptes sanscrits dans lequel sont réunies les règles du rituel, de la morale, de la vie quotidienne.
[3] Le bouddhisme de la Terre pure est essentiellement basé sur la foi, la dévotion et la pratique de la récitation du nom de Bouddha, avec pour objectif d’accéder après cette vie à la terre de Bouddha où la lumière, la longévité et le bonheur sont tous infinis.