N° 38, janvier 2009

Entretien avec l’archevêque arménien Sebouh Sarkissian


Sarah Mirdâmâdi


La constitution de la République islamique d’Iran reconnaît officiellement trois minorités religieuses, y compris les chrétiens, et indique qu’elles sont libres de pratiquer leur religion. Y a-t-il des obstacles dans la pratique ?

En théorie et en pratique, les chrétiens sont totalement libres de pratiquer leur religion, ainsi que les autres minorités comme les juifs ou chrétiens. Tant qu’ils restent dans la limite de leurs institutions et ne font pas de prosélytisme, il n’y a pas de problème.

Toutefois, certains problèmes peuvent se produire en ce qui concerne l’enregistrement des mariages et des divorces auprès des autorités iraniennes qui, parfois, prennent un peu de temps à le faire.

En outre, dans l’espace public, nous sommes également tenus de se conformer à un certain nombre de règles, en particulier pour ce qui concerne le voile pour les femmes.

Sebouh Sarkissian

Pensez-vous que la communauté arménienne a plus de libertés que les autres communautés, telles que les juifs, les zoroastriens ...?

Non, le gouvernement essaie de traiter toutes les personnes des communautés religieuses sur un pied d’égalité, notamment sur le plan des droits et des libertés.

Quels sont les efforts déployés pour promouvoir l’Arménie et l’héritage culturel chrétien ?

Des livres, brochures, et un quotidien sont publiés en arménien.

Selon vous, comment a évolué la situation de la communauté arménienne en Iran ?

La situation s’est globalement améliorée. Par exemple, en Iran, la communauté des arméniens s’élève à environ à 80 000 personnes. Nous avons près de 20 écoles, un centre culturel, des centres sportifs, des publications, des nouvelles quotidiennes... Et maintenant, des arméniens sont à la tête des écoles arméniennes, ce qui aurait été impossible il y a encore quelques années.

On nous a également accordé l’autorisation de publier 25 000 Nouveaux Testaments en arménien, ce qui aurait aussi été beaucoup plus problématique il y a quelques années. Ainsi, nous pouvons dire qu’il est devenu très facile de publier des livres écrits dans notre langue. Toutefois, des publications chrétiennes en langue persane requièrent un grand nombre d’autorisations officielles.

Quel type de relations entretenez-vous avec le gouvernement ?

Nous avons des relations directes et indirectes. Nous avons des relations directes avec les différents ministères, tels que le Ministère de l’orientation islamique, de l’éducation, le ministère de l’intérieur, etc.

Nous avons également deux députés au parlement (Majlis). Ils ne mènent pas vraiment d’activité de lobbysme, mais ils ont eu par exemple un rôle important dans l’organisation officielle d’une cérémonie de commémoration du génocide arménien il y a quelques années.

Les députés ont également des liens étroits avec les autorités religieuses, et les consultent régulièrement avant de prendre position sur un sujet, de voter telle ou telle proposition, etc.

Sebouh Sarkissian

Les Arméniens se considèrent-ils avant tout des "Arméniens chrétiens" ou des Iraniens ? Sont-ils intégrés dans la société, ou ont-ils davantage tendance à rester entre eux dans les associations et autres groupes ?

La question de l’identité est assez compliquée et toute personne ayant émigré dans un pays étranger, tous les membres de la diaspora arménienne ont tendance à se poser régulièrement cette question. Les Arméniens qui ont émigré en Iran ou dans d’autres pays restent toujours fidèles à leur pays de résidence. Par exemple, lorsque notre patriarche, qui est né en Syrie, voyage à l’étranger, il se rend toujours à l’ambassade arménienne, mais également à celle de Syrie. Le pays de résidence reste important, mais l’identité religieuse tend à prévaloir. Dans un pays comme l’Iran régit par les principes de l’islam, un arménien aura davantage tendance à se présenter en tant que chrétien arménien plus que comme un iranien. Les centres culturels et associations arméniens ont aussi un rôle très important en tant que lieux de sociabilité.

Avez-vous des relations avec les autres minorités religieuses et avec les autres minorités chrétiennes ?

Nous avons des relations officielles avec les juifs et les zoroastriens que nous rencontrons de temps en temps à l’occasion de certaines cérémonies. Nous entretenons des relations plus étroites avec les autres chrétiens, notamment les Arméniens catholiques, que nous rencontrons régulièrement au cours de cérémonies religieuses ou d’événements culturels.


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