N° 43, juin 2009

Ali Moussavi Garmâroudi : précurseur de la poésie religieuse contemporaine


Khadidjeh Nâderi Beni


Ali Moussavi Garmâroudi

Ali Moussavi Garmâroudi est né en 1941 à Qom. Il a entamé sa carrière littéraire avec des poèmes consacrés aux Quatorze immaculés, pour se faire peu à peu connaître comme poète religieux, chercheur, traducteur du Coran, rédacteur en chef de quelques magazines littéraires dont Goltcharkh, professeur à l’université, attaché culturel de l’Iran au Tadjikistan, conseiller culturel du président de la République islamique... "La ligne du sang" et "A l’ombre du dattier du Prince des croyants" figurent parmi ses poèmes religieux les plus connus, et l’ont consacré comme l’un des précurseurs de la poésie religieuse persane contemporaine. Son "Epopée de l’arbre" fut composé au moment de la Révolution, lors des émeutes et des manifestations de l’automne 1978.


Épopée de l’arbre

Seul de ma mère étoile,

J’ai tout appris.

Celle qui s’assied au loin,

Modeste,

Bien plus grande que le soleil,

Emettant sa lumière au gré de nos regards

Observant sans cesse le monde

Toujours au nombre des étoiles…

L’épopée de la rivière ne peut être bénie,

Car elle n’a plus qu’à clamer

« J’admire l’eau

- qui cherche à monter dans les veines de la plante-

Plus que la rivière

Qui, gémissant, avance

Dans son inévitable lit... »

...Quand le soldat arriva à la maison,

La mère dit :

Change tes habits,

Ton frère est atteint par une flèche

Viens l’enterrer dans le petit jardin !

Le soldat dit :

Je le sais, mère !

J’ai tiré sur lui...

Entre martyre et cruauté,

La distance

Est à la mesure d’un fusil,

De notre place,

Encore salut à l’arbre !

Qu’on ne se serve pas de lui,

Jusqu’à sa mort,

Pour construire la crosse du fusil...


La ligne du sang

J’aime les arbres

Qui restent debout, pour te respecter

Et l’eau

Héritage de ta mère.

Ton sang a confondu l’honneur

Le crépuscule réfléchit ta pureté...

L’épée qui déchira ta gorge

Divisa toute chose en deux :

Celles qui te sont attribuées

Et d’autres à Yazid [1]

Maintenant, nous sommes

Et les pierres et les eaux

Et les arbres, les monts, les ruisseaux et les champs

De Yazid

Sinon d’Hussein...

Le sang qui suinta de ta gorge

Divisa tout en deux :

Quant à la couleur !

Toute chose est soit rouge,

Soit n’est pas d’Hussein

Hélas ! Ta mort était écrite

Elle se moque de la vie...

Ton sang se fait le garant la sincérité,

Il faut te chercher dans la vérité

Dans la plante

Quand elle pousse,

Dans l’eau

Quand elle désaltère,

Dans la pierre

Symbole de persistance,

Dans l’épée

Quand elle déchire,

Dans le crépuscule,

Qui est rouge...

Il faut justement te voir en Dieu...


Tchamrân [2]

Un homme grand comme l’honneur,

Subtil comme la tige du figuier.

Rocher sous l’eau :

Rigueur calme et secrète.

Simple comme la pluie,

Glissant comme de l’eau

Dans les cœurs…

Sources :
- S. H. Râzi et G. Fâtemi-Qomi, Motoun-e Eslâmi, Téhéran, Presses Universitaires d’Iran, 3e éd. 1999.

Notes

[1Fils de Mu’awiyâ, qui à cause de son opportunisme et son manque de scrupules, était mal accepté par beaucoup de musulmans. Il chercha, en vain, à assurer son califat en obtenant de force le serment d’allégeance de l’Imâm Hossein.

[2Mostafâ Tchamrân est né en 1932 à Téhéran. Il commença ses études universitaires à l’Université de Téhéran, pour ensuite se rendre aux Etats-Unis et y obtenir son doctorat ès physique plasma. Pendant ses études aux Etats-Unis, il s’engagea dans la lutte politique contre le régime pahlavi. Il rentra en 1971 en Iran où il fut nommé ministre de la défense. Il joua un rôle très important lors des débuts de la guerre. Il fut tué lors d’une opération militaire en 1981 à Dehlâviyeh.


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