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Ali Moussavi Garmâroudi est né en 1941 à Qom. Il a entamé sa carrière littéraire avec des poèmes consacrés aux Quatorze immaculés, pour se faire peu à peu connaître comme poète religieux, chercheur, traducteur du Coran, rédacteur en chef de quelques magazines littéraires dont Goltcharkh, professeur à l’université, attaché culturel de l’Iran au Tadjikistan, conseiller culturel du président de la République islamique... "La ligne du sang" et "A l’ombre du dattier du Prince des croyants" figurent parmi ses poèmes religieux les plus connus, et l’ont consacré comme l’un des précurseurs de la poésie religieuse persane contemporaine. Son "Epopée de l’arbre" fut composé au moment de la Révolution, lors des émeutes et des manifestations de l’automne 1978.
Seul de ma mère étoile,
J’ai tout appris.
Celle qui s’assied au loin,
Modeste,
Bien plus grande que le soleil,
Emettant sa lumière au gré de nos regards
Observant sans cesse le monde
Toujours au nombre des étoiles…
L’épopée de la rivière ne peut être bénie,
Car elle n’a plus qu’à clamer
« J’admire l’eau
- qui cherche à monter dans les veines de la plante-
Plus que la rivière
Qui, gémissant, avance
Dans son inévitable lit... »
...Quand le soldat arriva à la maison,
La mère dit :
Change tes habits,
Ton frère est atteint par une flèche
Viens l’enterrer dans le petit jardin !
Le soldat dit :
Je le sais, mère !
J’ai tiré sur lui...
Entre martyre et cruauté,
La distance
Est à la mesure d’un fusil,
De notre place,
Encore salut à l’arbre !
Qu’on ne se serve pas de lui,
Jusqu’à sa mort,
Pour construire la crosse du fusil...
J’aime les arbres
Qui restent debout, pour te respecter
Et l’eau
Héritage de ta mère.
Ton sang a confondu l’honneur
Le crépuscule réfléchit ta pureté...
L’épée qui déchira ta gorge
Divisa toute chose en deux :
Celles qui te sont attribuées
Et d’autres à Yazid [1]
Maintenant, nous sommes
Et les pierres et les eaux
Et les arbres, les monts, les ruisseaux et les champs
De Yazid
Sinon d’Hussein...
Le sang qui suinta de ta gorge
Divisa tout en deux :
Quant à la couleur !
Toute chose est soit rouge,
Soit n’est pas d’Hussein
Hélas ! Ta mort était écrite
Elle se moque de la vie...
Ton sang se fait le garant la sincérité,
Il faut te chercher dans la vérité
Dans la plante
Quand elle pousse,
Dans l’eau
Quand elle désaltère,
Dans la pierre
Symbole de persistance,
Dans l’épée
Quand elle déchire,
Dans le crépuscule,
Qui est rouge...
Il faut justement te voir en Dieu...
Un homme grand comme l’honneur,
Subtil comme la tige du figuier.
Rocher sous l’eau :
Rigueur calme et secrète.
Simple comme la pluie,
Glissant comme de l’eau
Dans les cœurs…
Sources :
S. H. Râzi et G. Fâtemi-Qomi, Motoun-e Eslâmi, Téhéran, Presses Universitaires d’Iran, 3e éd. 1999.
[1] Fils de Mu’awiyâ, qui à cause de son opportunisme et son manque de scrupules, était mal accepté par beaucoup de musulmans. Il chercha, en vain, à assurer son califat en obtenant de force le serment d’allégeance de l’Imâm Hossein.
[2] Mostafâ Tchamrân est né en 1932 à Téhéran. Il commença ses études universitaires à l’Université de Téhéran, pour ensuite se rendre aux Etats-Unis et y obtenir son doctorat ès physique plasma. Pendant ses études aux Etats-Unis, il s’engagea dans la lutte politique contre le régime pahlavi. Il rentra en 1971 en Iran où il fut nommé ministre de la défense. Il joua un rôle très important lors des débuts de la guerre. Il fut tué lors d’une opération militaire en 1981 à Dehlâviyeh.