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Chez un bouquiniste de l’avenue Mirdâmâd, parmi des livres d’occasion, j’ai trouvé un livre de poésie française intitulé Poètaria, dont l’auteur est Ali Reza Madjnoune.
J’ai d’abord pensé que le poète était iranien, mais sur le quatrième de couverture, l’éditeur présente le poète en ces termes : "Ali Rezâ Madjnoune est le pseudonyme de George de Guy, un Français vivant en Iran. Son ouvrage a été publié en 1978." Cet ouvrage fait partie de la collection "Poètes du temps présent" et a été par maison d’édition parisienne La Pensée Universelle.
Voici l’introduction du poète et de son ouvrage d’après l’éditeur :
"Sous le pseudonyme Ali Reza Madjnoune, George de Guy écrit des poèmes. Il est né en 1929 et a fait des études très classiques en France.
Il a adopté l’Iran depuis de nombreuses années.
En Iran, il a été pendant plusieurs années Président de l’Union des Français de l’Etranger où on lui doit la création du jardin d’enfants français, la bibliothèque de l’UFE, la formation d’une équipe d’ةclaireurs, etc. Ses capacités l’ont fait distinguer et nommer Conseiller du Commerce Extérieur de la France en Iran.
Sa carrière ne le prédisposait pas à la littérature. Il semble avoir été inspiré comme beaucoup d’autres par la poésie persane et le soufisme. Venu tard à la poésie où il fait montre d’une nature sensible, il a en outre écrit un Guide de conversation persane pour les Francophones et a en cours plusieurs romans et d’autres recueils de poésie.
Ses poèmes sont divisés en plusieurs parties :
1) Iranaria
L’Iran- où l’on retrouve l’inspiration des poètes Omar Khayyâm, Hafez, etc.
2) Poètaria, son titre
L’époque noire - vraisemblablement dû à une série d’épreuve et où il fut touché par la maladie.
L’époque faste - l’inspiration, l’esprit et le sentiment se donnent libre cours.
Le titre de son recueil, Poètaria, n’est pas une profession de foi mais un hommage modeste à l’Iran par l’Association des mots Poète et Aria. Aria, qui signifie mélodie, mais qui en Persan est synonyme d’Aryen, c’est-à-dire la race noble."
Le livre Poètaria est en 80 pages et contient 60 poèmes :
Désespoir, Période Noire : 19 poèmes
Espoir, Période Faste : 17 poèmes
Poèmes Inspirés de l’Iran ou du soufisme ; Inspiration des autres Iraniens ou la manière : 24 poèmes
Voilà une sélection de ses poèmes :
Du chapitre "Désespoir" :
TOUT SEUL
Je suis seul dans la vie
Qui m’a laissé tout meurtri
A tous mes sentiments
Je n’ai pas de confident
A qui livrer ma pensée
Où règne la perversité
Dans la nuit je vais mon chemin
Comme un aveugle tendant les mains
Non pour recevoir la pitié
Mais pour écarter l’adversité
Et pourtant que d’amour
J’ai pour tous dans mon cœur
Vers tous chaque jour
Je tends les bras du bonheur
***
PARTIR
Fleur, Bonheur
Rime avec Cœur
Mais aussi avec Pleurs
Car
Pourquoi te retenir
Alors que je le sais
Tu veux déjà partir
Fais ce qu’il te plaît
Oublie mon existence
Je te souhaite "Bonne chance"
Mais
Rien ne sert de partir
Un jour il faut revenir
Tu pars avec des pleurs
Tu reviens avec des fleurs
Alors ne brise pas mon cœur
Je ne veux que ton bonheur
***
INVENTION
Nos pères étaient des héros
Nous sommes des zéros
Nos grand-pères des géants
Nous allons au néant
Ils ont battit, construit
Nous avons tout détruit
Ils ont tout inventé
Ils ne nous ont rien laissé
De nos mains dépravées
Nous avons créé
Peu de choses utiles
Mais beaucoup de futiles.
***
ETERNITE
Nous n’irons plus au bois
Les arbres sont coupés
Nous n’irons plus au pré
Les foins sont fauchés
Nous n’irons plus danser
La jeunesse est envolée
Nous n’avons plus d’amour
Tout ceci est passé
Il nous reste l’amitié
Pour l’éternité.
Du chapitre "Période Faste" :
***
LIBERTE
Trois choses doivent être libres
Pour que l’être humain puisse vivre
L’amour, la mort et la poésie
Sont les extrêmes de la vie
Naître n’est pas une liberté
C’est une concession à l’humanité
On ne nous demande pas notre avis
Quand on nous donne la vie
Par contre la mort décidée
C’est un don à l’éternité
Quant à la poésie
Librement choisie
Les mots l’amour des sons
La prose et la chanson
Tout doit être beauté
Pour l’amour de la liberté
Et l’amour librement consenti
Peut être pour la durée de ma vie.
***
LA VIE
Au sortir de la nuit profonde
Lorsque tu ouvres les yeux sur le monde
Regarde le soleil se lever
Lui aussi est réveillé
L’onde du matin a déposé
Sur la rose une goutte de rosée
Vois par la fenêtre ouverte
L’herbe tendre semble plus verte
L’arbre dans sa force se redresse
Vers le ciel de ses bras tendus
Il adresse aux étoiles disparues
Une prière, une dernière caresse
L’oiseau dans l’air léger du matin
Sur le bord de la fenêtre vient chercher
Son pain
L’enfant dans son lit
S’éveille à la vie
Et tout confiant
Appelle sa Maman.
***
AMIE
Nous n’avions pas le même âge
Nous avons été très sages
Nous avons laissé passer le temps
Un brin d’herbe entre les dents
Tu étais jeune belle aux yeux verts
J’étais homme blasé encore vert
Avec toi j’ai retrouvé mon enfance
Mais j’ai encore laissé la chance
Tu as traversé trop vite ma vie
Et je n’ai su te retenir Amie.
***
J’AIME LA VIE
Quand j’étais petit
Je n’étais pas grand
Voilà ce que chantait ma Maman
De mon petit lit
Je regardais les grands
J’attendais que passent les ans
Je voulais comme eux être grand
J’ai hélas grandi
Et je voudrais être encore petit
Pouvoir me blottir dans tes bras
Me faire encore bercer
Et t’entendre chanter
Quand j’étais grand
Je me sentais petit
Tout petit.
Du chapitre "Poèmes Inspirés de l’Iran ou du soufisme ; Inspiration des autres Iraniens ou la manière" :
***
L’ELEVE
Saadi, Ferdowsi, Hafez
Arriverai-je à les connaître
Je ne suis pas l’élève
Et ne puis être le maître
Je n’ai retenu de Khayyam
Que le pire de ses quatrains
Et j’oublie le nombre des ans
Comme lui en buvant le vin.
***
TOI
Les roses d’Isfahan dans leur gaine de mousse
Les Jasmins de Mossoul, les fleurs de l’oranger
Ont un parfum moins frais, une odeur moins douce,
O pure, O blanche Leili que ton souffle léger
***
AMOUR
M’aimes-tu toujours autant
M’aimes-tu comme avant
Avant, après quelle nuance
Je ne vois pas de différence
Il y a l’amour d’enfant
Puis celui de l’adolescent
Et enfin celui des grands
Qui au fil des ans
A l’amour passion
Succède l’affection
Le premier amour c’est Maman
Qui passe avant l’amant
Il en sera toujours ainsi
Dans la vie
Mon amour est né en Iran
A vu le jour à Téhéran
S’est épanoui à Isfahan
Et loin de toi à Abadan
Mes sentiments pour toi
Echappent à toute loi
Comme au premier jour
Mon amour vivra toujours.
***
VILLE
Un au revoir c’est déjà un adieu
Un jour lointain lorsque je serai vieux
De ce pays qui m’a nourri
Je garderai un souvenir attendri
Bien sûr il y a les liens du sang
Mais aussi un autre attachement
Par le cœur et aussi la pensée
Car j’y ai été adopté
D’Isfahan ville des roses
De Chiraz la belle
De Maschad la grande
Des plaines moroses
Aux villes éternelles
Qui qualifiées d’importantes
Si la rime m’échappe c’est alors Maschad.
***
CHANCE
Que donner en échange
Lorsqu’un pays donne l’espérance
Ta vie tu n’as pas le droit
Ton sang pour d’autres tu dois
Ta pensée reste limitée
Tes bras pour travailler
Tes jambes pour le fouler
Ton cœur pour l’aimer
Et toute ta reconnaissance
C’est peu tu as de la chance.