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Après les invasions sanglantes des Mongols et en particulier les campagnes menées par Gengis Khân, qui furent à l’origine de l’une des plus traumatisantes périodes de l’histoire iranienne, une nouvelle ère commença avec l’avènement de la dynastie ilkhanide (1256-1335). Cette dynastie était dirigée par les Ilkhâns, gouverneurs régionaux du grand Khân moghol, qui régnaient sur le plateau iranien et ont pu restaurer l’indépendance politique de l’Iran y établissant un Etat unifié. Cette nouvelle génération de Mongols, qui connaissaient mieux l’Iran, n’avait pas la même violence que ses ancêtres et semblait plus équilibrée et expérimentée. Grâce à elle, le pays retrouva progressivement sa paix perdue, et de nouveaux liens furent tissés entre le peuple et les rois ilkhâns.
Hulagu Khân [1], le fondateur de la dynastie ilkhanide, entreprit sa campagne militaire avec une armée composée de 150 000 cavaliers mongols, et franchit l’Amou-Daria pour pénétrer en Iran en compagnie de stratèges chinois spécialistes des opérations d’encerclement, avec un plan très précis. Dès son arrivée, il envoya des messages aux gouverneurs iraniens pour les assurer que leur royaume serait protégé à condition qu’ils lui offrent leur assistance.
Passant par l’Oxus et le Khorâssân, il alla d’abord à Touss s’emparer des forteresses ismaéliennes dont le dernier gouverneur, Rokneddin Khor Shâh, suivant le conseil de Khâdjeh Nassir Toussi, accepta de se soumettre et céda son royaume à Hulagu. Ce dernier le traita avec respect mais ordonna la destruction et le pillage de cent forteresses de la région. Les magnifiques bibliothèques de ces forteresses n’échappèrent pas à l’autodafé et ce fut à peine si Atâ Malek Djoveyni, grand savant de l’époque, réussit à mettre de côté certains ouvrages importants, les empêchant de brûler avec d’autres livres consacrés à l’ismaélisme.
En 1258, Hulagu attaqua le califat de Bagdad. Al-Mu’tasim, trente-septième calife de la dynastie abbasside, était un incapable. Il choisit d’abord d’ignorer l’armée mongole mais lorsque la guerre éclata, il se rendit compte de l’étendue du pouvoir de Hulagu et tenta de faire comprendre au khan moghol que toute attaque contre Bagdad provoquerait la mobilisation du monde musulman. Mais sachant que les musulmans ne soutenaient plus les Abbassides, Hulagu avança vers Bagdad et la prit. Lors de cette conquête, la ville historique de Bagdad fut pillée et la plupart de ses monuments détruits. Une semaine plus tard, Hulagu ordonna la fin du pillage et du massacre des habitants de Bagdad et tua le calife. Après cette défaite désastreuse, le califat de cinq siècles des Abbassides, qui avait privé l’Iran de son indépendance, toucha à sa fin. Durant le califat abbasside, il n’y avait pas eu d’Etat unifié sous le nom d’Iran, mais différentes dynasties régionales. C’est après la chute des Abbassides que paradoxalement, un Etat iranien fut fondé par Hulagu le Moghol sur le plateau d’Iran, s’étendant de l’Oxus à l’Euphrate. En ce sens, le règne ilkhanide peut être considéré comme celui de la restauration de la royauté iranienne dans le cadre d’un Etat unique.
Avec l’important butin obtenu à l’issue de la conquête de Bagdad, Hulagu s’installa dans la province de l’Azerbaïdjan, élit Marâgheh comme capitale et acceptant la proposition de Khâdjeh Nassireddin Toussi, ordonna la construction d’un observatoire abritant une grande bibliothèque ; un projet achevé quinze ans plus tard. C’est à la même époque que Nassireddin écrivit l’ouvrage Zidj-e Ilkhâni sur l’astronomie. Hulagu était nomade, mais il fit construire d’importants bâtiments, certains toujours debout, comme le Trône de Suleyman, des palais en Azerbaïdjan, un temple bouddhiste et diverses fabriques.
Hulagu lança ensuite une expédition, avortée, en Syrie, car l’annonce de la mort de son frère, Mongu Ghâ’an, le fit se replier vers l’est et renoncer à cette conquête. Il avait l’intention de compenser cet échec en relançant sa conquête, mais sa mort prématurée à l’âge de 48 ans l’en empêcha.
Après la mort de Hulagu en 1265, son fils Abaqa Khân lui succéda et choisit Tabriz comme capitale. Son ministre, Khâdjeh Shamseddin Mohammad Djoveyni appelé Sâheb-e Divân, était le frère d’Atâ Malek Djoveyni, nouveau gouverneur de Bagdad et auteur d’un ouvrage consacré à l’histoire mongole intitulé Djahângoshâ. Ces deux frères savants et bienfaiteurs ont beaucoup fait pour réparer les destructions causées par les Mongols.
Abaqa épousa la fille de l’empereur byzantin et n’abandonna pas la politique amicale à l’égard des chrétiens, malgré sa préférence pour le bouddhisme. Il voulait vaincre l’Egypte à l’aide des chrétiens mais échoua. A cette époque, le royaume ilkhanide d’Iran s’étendait jusqu’à la Méditerranée.
Après la mort d’Abaqa en Syrie en 1282, son frère Tekudar le remplaça. Fréquentant les musulmans, il finit par se convertir à l’islam et se fit désormais appelé Soltân Ahmad. Il envoya des messagers au roi d’Égypte pour signer un traité de paix. Le fils d’Abaqa, Arghoun, gouverneur du Khorassân, fit de ce traité un prétexte de révolte. Il marcha sur l’Irak et rencontra Tekudar près de Qazvin en 1284.
Tekudar mourut victime d’un complot et Arghoun lui succéda. Il envoya son fils, Ghâzân, dans le Khorâssân afin qu’il devienne gouverneur de cette région. Arghoun voulait s’allier, sans succès, aux chrétiens et établir des relations politiques avec le pape, le roi d’Angleterre et le roi de France, Philippe le Bel, afin d’empêcher le développement de l’influence de l’Egypte en Iran.
Khâdjeh Shamseddin Mohammad Djoveyni, partisan de Tekudar, devint son ministre. Cependant, un courtisan appelé Amir Boqa, qui craignait l’influence de Khâdjeh au sein de la cour mongole, l’accusa d’avoir empoisonné Abaqa Khân. Le roi ordonna donc l’exécution de ce ministre savant et méritant. Il nomma ensuite comme ministre un médecin d’origine juive appelé Sa’d-od-Doleh, homme très compétent, mais sa rigueur financière suscita l’hostilité des Mongols. Il fut tué par des inconnus alors que le roi était gravement malade.
Arghoun mourut en 1291 et son frère Gueykhatou, gouverneur d’Asie Mineure, monta sur le trône. C’était un roi généreux mais incompétent et ayant guéri d’une maladie, il libéra un grand nombre de prisonniers et distribua l’argent étatique parmi les pauvres, vidant ainsi les caisses royales et confrontant le pays à une forte stagnation économique. Les aristocrates, mécontents des mesures prises par Gueykhatou et son ministre, se révoltèrent et les firent assassiner tous deux en 1295.
Son cousin Baydou lui succéda mais ne put gouverner plus de six mois. Une insurrection éclata dans le Khorâssân, essentiellement peuplé de musulmans. Elle était dirigée par Ghâzân, le fils d’Arghoun, sympathisant de l’islam et aspirant au trône. Ghâzân réussit à gagner par des promesses les seigneurs féodaux soutenant Baydou qui fut tué alors qu’il allait se réfugier en Géorgie.
Après s’être officiellement converti à l’islam, Ghâzân Khân se fit appeler Mahmoud et convertit également tous les soldats et commandants de son armée à cette religion. Intronisé en 1295, à Tabriz, Ghâzân fit de l’islam la religion officielle des Ilkhanides, ce qui aboutit à l’établissement d’une relation de confiance entre le peuple iranien et les Khâns mongols. A partir de cette époque, les Iraniens ne les considérèrent plus comme des ennemis étrangers et n’éprouvèrent plus la terreur d’alors vis-à-vis des rois ilkhâns.
Ghâzân fit frapper une nouvelle monnaie sur laquelle l’expression "lâ ilâha illa Allâh [2] fut gravée et ordonna que l’on commence les lettres administratives par le nom de Dieu. Il fit également restaurer quelques monuments et construire de nombreux bâtiments dont des mosquées, écoles, observatoires, maisons de santé (dâr al-shifâ’), palais de justice (bayt-al-qânoun), bâtiments administratifs, etc.
Soltân Mahmoud Ghâzân était un roi brave, équitable, législateur et savant ; doté d’un certain tempérament artistique, il connaissait bien des métiers manuels comme la maçonnerie, le forgeage, l’armurerie et la peinture, et consacra même une partie de sa vie à l’alchimie et à l’astrologie. Outre les langues mongole et persane, il connaissait aussi les langues arabe, chinoise, tibétaine et latine. S’intéressant aux sciences médicales et connaissant les propriétés bénéfiques des herbes pour guérir des maladies, il en cueillait un grand nombre quand il allait à la chasse. Il s’intéressait beaucoup à l’Histoire et surtout à celle de ses propres ancêtres.
Ghâzân était un remarquable stratège militaire. Il enseignait personnellement les sciences et tactiques militaires et tentait d’établir la discipline dans son armée, car il considérait son absence comme l’une des raisons les plus importantes d’une défaite.
Avant Ghâzân, l’ensemble des Ilkhâns s’était soumis aux Khâns mongols chinois dont la capitale était Pékin, mais dès le début du règne de Ghâzân, cette soumission fut totalement remise en cause. Sous le règne de Ghâzân, les relations de l’Iran avec les pays étrangers, occidentaux et orientaux, s’améliorèrent et lorsqu’un messager venait de l’étranger, il était directement reçu par le Sultan Mahmoud. Etant assez cultivé, il étonnait par son éloquence et l’étendue de son savoir. Il aimait fréquenter les savants et notamment discuter avec eux des diverses religions.
Ghâzân rétablit l’autorité du pouvoir central en prenant des mesures sévères, notamment contre les commandants militaires et les seigneurs féodaux soupçonnés de complot. Il nomma d’abord Khâdjeh Sadreddin Khâledi, appelé Sadr-e Djahân, ministre, mais il le fit exécuter quelque temps plus tard pour corruption financière et le remplaça par Khâdjeh Rashideddin Fazlollâh, auteur du fameux ouvrage Djâme’ al-Tavârikh sur l’histoire en général et celle de l’empire mongol en particulier.
Avec les réformes de Ghâzân Khân, la situation administrative, économique et sociale du pays s’améliora nettement. Ghâzân Khân renouvela les coutumes et lois mongoles appelées Yassa et en ajouta quelques autres, dont le redressement de la situation fiscale [3], l’interdiction de recevoir des pots-de-vin, la construction des relais appelés tchâpâr-khâneh [4], l’interdiction de l’usure… Il homogénéisa également les poids et les mesures ainsi que les titres des monnaies pour les unifier dans tout le pays. Dans le domaine agricole, il mit en place un nouveau système de prélèvements d’impôts qui contribua à améliorer le développement des cultures. Il assura la sécurité des routes, arrêtant et châtiant les voleurs et brigands. Selon les Yassas de Ghâzân Khân, aucun des agents d’Etat n’avait le droit de demander des rançons au peuple (ce qui était commun avant lui). En outre, il interdit la consommation de vin en public, réprima la fabrication de faux documents, et mit en place de nouvelles lois dans d’autres domaines qui contribuèrent à améliorer la situation du pays. Son ministre Rashideddin joua un rôle de premier plan dans toutes ces réformes. Ceux qui enfreignaient la loi étaient désormais frappés de lourdes peines, indépendamment de leur origine et de leur fonction.
Bien que le règne de Ghâzân marque l’apogée de la présence des Mongols en Iran et malgré les réformes qui améliorèrent le niveau de vie, l’essor temporaire de l’économie et la stabilité de la politique intérieure, la situation du pays n’était plus celle qui prévalait avant l’invasion. Ghâzân put seulement retarder la chute de la dynastie ilkhanide. Si sa vie n’avait pas été aussi courte, il aurait peut-être pu en partie compenser les importantes destructions causées par ses ancêtres, et rétablir une stabilité réelle et durable.
A la fin de sa vie, Ghâzân décida de conquérir la Syrie et l’Egypte. Il fut d’abord vainqueur mais fut défait à Damas face à Malek Nâsser, roi de l’Egypte. Cet échec attrista tellement Ghâzân qu’il mourut à 33 ans en 1304, près de Qazvin. Son corps fut enterré dans un mausolée à l’ouest de Tabriz, en dehors de la ville, l’édifice qui accueillit ses restes ayant été construit avant sa mort sur ses ordres.
Après la mort de Ghâzân, son frère Oldjaytou, ancien gouverneur du Khorâssân, lui succéda sous le titre de Soltân Mohammad Khodâbandeh. Il continua la politique de Ghâzân et sous son règne, l’empire resta stable. Sur le conseil d’Allâmeh Helli [5], Mohammad Khodâbandeh devint chiite et ordonna de graver les noms des douze Imâms chiites sur les monnaies. Il remit également sur pied l’observatoire de Marâgheh, nomma Assileddin, fils de Khâdjeh Nassireddin Toussi, à sa tête, et acheva en dix ans la construction de la ville de Soltânieh à 30 kilomètres de Zandjân, projet qui avait débuté à l’époque de Ghâzân Khân. Il y construisit le dôme de Soltânieh destiné à être son mausolée après sa mort.
Il mourut en 1316 et son fils âgé de 13 ans fut intronisé sous le nom de Sultan Abou Saïd Bahâdor Khân. A peine l’adolescent était-il monté sur le trône que la situation du pays se troubla et les rois locaux se révoltèrent. Néanmoins, Amir Tchoupan, le plus important des émirs locaux et commandant des forces impériales réussit à mater les révoltes.
Rashideddin avait été le ministre de Soltân Mohammad Khodâbandeh. Soltân Abou Saïd en fit également son ministre, mais Khâdjeh Alishâh Tabrizi, désireux de prendre la place de Rashideddin, l’accusa d’avoir empoisonné le précédent roi. Sans mener d’enquête approfondie, le jeune roi ordonna l’exécution de ce ministre méritant et intelligent, qui était l’un des grands savants et médecins de l’Iran et qui avait construit à Tabriz un quartier universitaire nommé Rashyddieh. A la fin de sa vie, Abou Saïd, comprenant son erreur et l’innocence de son ministre, fit du fils de Rashideddin son nouveau ministre.
La mort d’Abou Saïd en 1335 mit fin à la lignée ilkhanide et le khânat d’Iran se disloqua. Les princes mongols, s’estimant alors aptes à prendre en main la destinée du pays, se proclamèrent rois, mais personne ne voulut reconnaître le pouvoir de l’autre. L’Iran devint un champ de bataille entre deux groupes mongols, les petits Ilkhâns : d’une part les Tchoupâniens, les partisans d’Amir Tchoupân, et d’autre part, les Ilkhâniens qui fondèrent plus tard une dynastie sous ce même nom.
Le règne mongol ralentit durablement le développement scientifique, littéraire et artistique de l’Iran, cependant, un domaine échappa au déclin : l’historiographie, qui non seulement continua mais progressa et se vit conférer un statut particulier par rapport aux autres domaines, surtout à l’époque des Ilkhanides.
Plusieurs motifs ont conduit au développement de l’historiographie de l’empire mongol à l’époque même de sa mise en place : premièrement, l’abondance des événements qui menèrent les historiens à les enregistrer, historiens qui ont voulu coucher sur le papier ce qu’ils avaient vu et entendu de l’invasion sanglante des Mongols, des génocides d’innocents, de la destruction de monuments, des pillages, des conquêtes, et de toute chose survenue pendant cette période. Une seconde raison résidait dans le désir des rois mongols d’être présentés comme civilisés, et ce au travers de la consignation écrite de leurs conquêtes ainsi que de celles de leurs ancêtres, afin de les immortaliser et de présenter leurs pillages et leurs génocides comme des actes héroïques. Ceci visait également à diminuer leur sentiment d’humiliation vis-à-vis des Iraniens qui les considéraient comme un peuple sauvage et sans culture. Pour ces raisons, ils demandèrent aux historiens d’écrire l’histoire de leur empire, contraignant ces derniers à écrire l’histoire d’une manière qui puisse satisfaire les rois, tout en essayant de dénoncer la barbarie de ces conquêtes. A toutes ces raisons, il faut en ajouter une autre qui est l’intérêt particulier de Ghâzân et d’Oldjaytou, pour l’histoire en tant qu’objets scientifique et culturel. Mais comme nous l’avons évoqué, la volonté politique n’explique pas tout : ceux qui avaient vécu sous l’invasion mongole et avaient échappé à la mort, voulaient désormais témoigner des événements tragiques de l’époque pour apaiser leur douleur.
Les historiographies de cette période sont nombreuses et ce dès l’invasion mongole, mais les principales écrites à l’époque ilkhanide se divisent en quatre groupes : les histoires générales comme Djâme’ al-Tavârikh (Histoire complète) de Khâdjeh Rashideddin Fazlollâh et Târikh-e Gozideh (Histoire choisie) de Hamdollâh Mostowfi ; les historiographies diachroniques comme Târikh-e Djahângoshâ (Histoire du conquérant) d’Atâ Malek Djoveyni ; les histoires locales comme Târikh-nâmeh Herat (Histoire de Herat) de Seyfi Heravi ; et les biographies comme Tadjâreb al-Salaf (Expériences des peuples passés) de Nakhdjavâni.
Les Khâns, de Hulagu à Abou Saïd, ne comprenaient pas la poésie persane et ne l’appréciaient pas. Les grands poètes de cette période furent peu nombreux, ce qui porta un coup sévère au développement de la littérature persane. Cependant, la prose éloquente d’autres œuvres de cette époque compensa en partie ce déclin. Dans les autres domaines, les Ilkhâns accueillaient volontiers divers savants dans leur cour et les soutenaient. C’est la raison pour laquelle un certain nombre d’ouvrages scientifiques furent écrits à cette époque, notamment dans les domaines philosophique, théologique, géométrique… Parmi les plus fameux, nous pouvons citer ceux de Khâdjeh Nasireddin Toussi, dont Akhlâgh-e Nasseri sur la morale et Zidj-e Ilkhâni sur l’astronomie.
Si un grand nombre de savants iraniens furent tués durant l’invasion mongole, certains des survivants réussirent à continuer à diffuser leur savoir. Perdant peu à peu en cruauté et sauvagerie, les Mongols eurent ensuite tendance à fréquenter les savants, philosophes, astronomes, historiens, mathématiciens et médecins et firent parfois d’eux leurs conseillers et ministres – parmi eux, nous pouvons notamment citer Khâdjeh Nasireddin Toussi, Khâdjeh Shamseddin Djoveyni, son frère Atâ Malek Djoveyni, Khâdjeh Rashideddin Fazlollâh et son fils Ghiyâseddin.
Bien que l’empire mongol évoque encore aujourd’hui en Iran la destruction du pays et les génocides terrifiants que les hordes mongoles commirent, il faut néanmoins distinguer la période de conquête de celle ayant marqué l’avènement de la dynastie ilkhanide. Après avoir assuré leur domination en Iran, les Ilkhâns entreprirent de constituer un gouvernement central et pour ce faire, ils comprirent qu’il fallait désormais cesser de détruire et favoriser les réformes ainsi que le développement des sciences. Pour ce faire, ils firent notamment bâtir des centres scientifiques et de nombreuses écoles où, sans aucun fanatisme religieux ou national, divers savants permirent un renouveau dans le domaine du savoir. La restauration des monuments historiques détruits par l’invasion de leurs aïeux ainsi que la construction de nouveaux édifices montrent également la volonté des Ilkhâns de restaurer la situation culturelle d’un pays exsangue.
Sources :
Rezâ’i, Abdol-Azim, Târikh-e dah hezâr sâleh-ye irân (L’Histoire des dix mille ans de l’Iran), vol. III, Edition Dor et Eghbâl, Téhéran, 1999.
Mostaghimi, Mehdi, "Angizeh-hâye târikhnegâri dar asr-e ikhânân-e moghol" ("Les motifs de l’historiographie à l’ère mongole"), in Nâmeh Tarikh Pajouhân (Lettre des chercheurs en histoire), no. 3, 2006, pp. 107-124.
[1] Hulagu, prononcé Holakou en persan, est le fils de Tolui, quatrième fils de Gengis Khân. En 1251, Mongu Ghâ’an, son frère, devint le quatrième grand Khân de l’empire mongol et engagea son frère Hulagu à conquérir l’Iran et Bagdad, et son autre frère, Ghublay, à envahir la Chine.
[2] Profession de foi musulmane qui signifie littéralement "Il n’y a aucun dieu hormis Dieu."
[3] Les Ilkhâns précédents, en sus de divers péages et impôts, recevaient des rançons du peuple. Ghâzân mit un terme à cette situation en diminuant et en fixant la somme précise des taxes afin d’empêcher tout abus de pouvoir dans leur perception. Il envoyait ses agents fiscaux appelés mostowfi dans toutes les régions pour en contrôler les propriétés et estimer la somme d’impôt.
[4] Lieux se situant à des intervalles de dix-huit kilomètres (trois farsang), qui servaient à garder quinze chevaux afin de remplacer les chevaux fatigués pour que les messagers royaux puissent transmettre dans les plus brefs délais les messages importants du pays et de la cour royale.
[5] Savant chiite bien connu de son temps. Au moins une centaine de ses ouvrages nous sont parvenus, dont certains sont encore sous forme de manuscrits.