N° 116, juillet 2015

Le dynamisme des galeries
artistiques de Téhéran
L’exemple de la Galerie Etemâd


Mireille Ferreira


Les Iraniens montrent un grand intérêt pour les arts graphiques. De nombreux jeunes gens, filles et garçons, s’inscrivent dans les facultés d’art du pays et fréquentent assidûment les galeries d’art. Dans les années 1950, seules deux ou trois galeries artistiques existaient sur tout l’Iran. Dans la décennie prérévolutionnaire, le pays en comptait treize, toutes installées à Téhéran. En 2008, 145 galeries, pour la plupart indépendantes, étaient ouvertes à Téhéran, contre 22 à Shirâz et 2 à Ispahan. On en compte environ deux cents aujourd’hui. Installées dans des lieux privés, elles sont de fait réservées à un public averti. Exposant des œuvres d’artistes iraniens vivants, peintres, sculpteurs, photographes, joailliers, qui mêlent aussi bien la culture traditionnelle iranienne que la culture occidentale, elles contribuent toutes largement à la découverte et à l’émergence de nombreux artistes indépendants qui mettent leur talent au service d’un art très original.

Parmi les galeries d’art les plus actives de Téhéran, il convient de citer la galerie Mâh, tenue par Shahnâz Khonsâri, la galerie Seyhoun, de Nâder Seyhoun [1] , la galerie Golestân créée par Lili Golestân, la galerie Silk Road d’Anâhitâ Ghabâiân Etehâdieh, la galerie Homâ, la galerie d’art Aaran, la galerie Dey, la Galerie Shirin, etc. Il est difficile de toutes les citer dans le cadre de cet article, mais il est certain que chacune contribue à la découverte de nombreux talents.

Photographie de Kâveh Kâzemi - Carton de présentation Galerie Etemâd – 2006

La galerie Etemâd

Emblématique de ces galeries artistiques, la galerie Etemâd jouit, depuis son ouverture en 2002, d’une excellente réputation dans le milieu artistique de Téhéran. Installée dans les quartiers nord de la capitale iranienne par Minâ Etemâd et son fils Amir-Hossein, elle expose sans discontinuer peintres, sculpteurs, photographes et vidéastes, représentant le meilleur de l’art contemporain d’Iran, abstrait ou figuratif. Parmi ces artistes, nombreux ont acquis une stature internationale. C’est le cas par exemple de Mohsen Vaziri Moghaddam, Mohsen Ahmadvand, Mortezâ Ahmadvand, Parviz Tanâvoli, Shahriâr Ahmadi, Shohreh Mehrân, Mahmoud Bakhshi, Raana Farnoud, Mehrdâd Mohebali, Râmtin Zâd, Nastaran Safâei, Adel Younesi, Abbâs Kiârostami, parmi les plus actifs.

Amir Hossein Etemâd a ouvert plus récemment une autre galerie à Dubaï, ville des Emirats Arabes Unis, où les artistes iraniens sont très appréciés. Il est régulièrement présent au Art Fair, foire artistique qui réunit chaque année le meilleur de l’art contemporain du Moyen-Orient, d’Afrique et de l’Asie du Sud-Est.

Comme toutes ces galeries d’art de Téhéran, la galerie Etemâd est un lieu de vie, il s’y passe toujours quelque événement intéressant que les visiteurs ont plaisir à commenter sans fin, tout en contemplant les plus belles œuvres des artistes d’Iran.

Acrylique sur toile d’Adel Younesi (2010) - Carton de présentation Galerie Etemâd

Brève présentation de quelques artistes exposés tour à tour à la Galerie Etemâd :

Mohsen Vaziri Moghaddam est né en 1924 à Téhéran. Diplômé de l’Académie des Beaux-Arts de l’Université de Téhéran et de l’Académie des Beaux-Arts de Rome, et professeur d’art, il est le peintre actuel le plus célèbre d’Iran. Une partie de ses œuvres est entrée dans la collection permanente du MoMa, le Musée d’art Moderne de New York.

Parviz Tanavoli est né en 1937 à Téhéran et vit à Vancouver depuis 1989. Pionnier de la sculpture moderne il a fondé, dans les années 1960, le mouvement artistique Saqqâkhâneh, dit « des fontaines publiques », intégrant des symboles populaires de la culture shiite iranienne à la peinture abstraite.

Abbâs Kiârostami est né en 1940 à Téhéran. Plus connu à l’international pour sa filmographie, il est également poète, photographe, peintre, illustrateur et dessinateur graphiste.

Raana Farnoud est née en 1953 en Iran. Elle expose ses peintures depuis 1989 en solo à Téhéran et participe à des expositions de groupe dans le monde entier.

Shohreh Mehrân est une photographe née à Ardebil en 1958. Sa série School girls d’huile sur toile, réalisée en 2009 et 2010, est très emblématique de son style hyperréaliste.

Mehrdâd Mohebali est un peintre né en 1960 à Téhéran. Ses œuvres hyperréalistes explorent les conflits entre différents thèmes comme, par exemple, tradition et modernisme, jeunesse et vieillesse, Ouest et Est.

Acrylique sur toile de Mehrdâd Mohebali (2010) - Carton de présentation Galerie Etemâd

Sâdegh Tirafkan est peintre et photographe, né en 1965 à Karbala en Irak, de parents iraniens. Il réalise des mixed media, œuvres appliquant les techniques de la photographie et de la peinture.

Mahmoud Bakhshi est né en 1977 à Téhéran. Il crée des installations proches du pop’art, mêlant esthétique industrielle populaire et iconographie religieuse.

Shahriâr Ahmadi est né à Kâmyârân en 1979. Diplômé de l’Université d’art de Téhéran, il expose ses peintures, inspirées de la tradition littéraire et de la culture iraniennes, en Iran, au Moyen-Orient, aux Etats-Unis, en Chine, au Japon et en Europe, depuis 1995.

Mohsen Ahmadvand est né à Téhéran en 1982. Peintre diplômé de l’Université des Beaux-Arts de Téhéran, il expose depuis 2004. Ses œuvres illustrent les mythes et l’Histoire de l’Iran.

Râmtin Zâd est né en 1984 à Téhéran. Peintes essentiellement à l’acrylique, ses formes humaines colorées et combatives semblent inspirées de l’enfer de Dante.

Nastaran Safâei est née en 1984 à Téhéran. Peintre et sculpteur, elle est membre de l’Association des Sculpteurs iraniens, et expose depuis 2002.

Adel Younesi est né en 1985 à Hamadân. Peintre de scènes oniriques, il met en scène un bestiaire composé de requins, de pieuvres, d’éléphants, de zèbres, s’ébattant dans la mer ou volant au-dessus d’un orchestre ou d’une cène christique.

Nota : Adresse des deux Galeries Etemâd de Téhéran :

No.4, rue Boukan, rue Mousavi, rue Yâser, Place Yâser, rue Niâvarân.

No. 161, angle de la rue Delshâd, entre la rue Jamârân et la station d’essence Niâvarân.

Notes

[1Voir l’article qui a été consacré à Massoumeh Seyhoun dans le n° 64 de mars 2011 de La Revue de Téhéran.


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