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Né en 1955 à Téhéran, Gholâm Hossein Afshordi, surnommé Hassan Bâgheri, fait ses études primaires à Téhéran. En 1975, après avoir été accepté à l’université d’Oroumieh, il se rend dans cette ville où il mène une lutte clandestine contre le régime pahlavi. Ces activités politiques aboutissent à son expulsion de l’université. En 1977, il part dans la province d’Ilâm pour faire son service militaire, mais il l’abandonne très vite suite à l’allocution de l’Imam Khomeyni. [1]
Lors du retour de l’Imam Khomeyni en Iran, Bâgheri commande une opération aboutissant à la conquête du poste 14 de la gendarmerie de Téhéran. Suite à la victoire de la Révolution islamique, il devient journaliste au quotidien Djomhouri-e Eslâmi, alors nouvellement fondé. En tant qu’envoyé spécial dudit journal, il accomplit plusieurs missions en Iran et à l’étranger, comme au Liban et en Jordanie. Elles lui permettent de présenter de fines analyses de la situation des musulmans dans ces régions.
Avec les attaques surprises irakiennes contre l’Iran, Bâgheri, en tant que membre actif du corps des Gardiens de la Révolution (le Sepâh), se rend au front sud où il reste jusqu’aux derniers moments de sa vie. Durant sa présence sur le front de la guerre irano-irakienne, il joue un rôle de premier plan dans plusieurs opérations.
Dès son arrivée dans le sud du pays, Bâgheri, qui participe à un grand nombre d’opérations de reconnaissance, a pour tâche de collecter des informations sur la situation et la structure de l’armée irakienne pour en découvrir les points faibles. Il témoigne lors de cette mission d’une habileté remarquable dans l’analyse des données rassemblées. De ce fait, il participe souvent au côté d’experts militaires aux discussions théoriques concernant l’évaluation des informations collectées. Grâce à cette expérience précieuse, il fait installer plusieurs unités de services d’information (yegân-e ettelâ’âti) dans de nombreuses bases militaires du sud allant de Dezfoul à Abâdân. Ces unités ont pour objectif principal de fournir des services de communication et d’information aux unités opérationnelles.
Bâgheri montre également un certain talent dans la prévision des mouvements de l’ennemi. C’est le cas en janvier 1981 où, suivant ses prévisions, l’armée irakienne monte plusieurs ponts pour joindre la région de Djafir en Irak à celle de Bostân en Iran. Au même moment, Bâgheri est désigné successeur du chef de l’état-major du sud et participe à plusieurs opérations dont voici les plus importantes :
- Sâmen-ol-A’emmeh (septembre 1981) : durant cette opération, Bâgheri commande les troupes installées sur l’axe de Dârkhin. Avant le déclenchement de l’opération, il est chargé de recueillir et d’analyser des informations concernant la situation de l’ennemi ; cela permet aux commandants iraniens de prendre les mesures nécessaires pour enfin atteindre l’objectif prévu : la fin du siège d’Abâdân. [2]
- Tarigh-ol-Ghods [3] (novembre-décembre 1981) : en tant que successeur du chef du Sepâh, Bâgheri joue un rôle de premier plan dans la planification et la conduite de cette opération qui est effectuée avec la collaboration du Sepâh et de l’armée iranienne. Il y est cependant blessé et transféré à l’hôpital d’Ahvâz durant la première phase de l’opération.
- Fath-ol-Mobin (mars 1982) : avant le commencement de l’opération, Bâgheri et ses collègues apprécient et analysent toutes les informations collectées afin de planifier les phases de leurs attaques contre l’ennemi. En tant que commandant de la base de Nasr, il prend une part très active au cours de l’accomplissement de l’opération qui aboutit à la libération de Suse et de Dezfoul dans la province du Khouzestân. En outre, il commande cette base durant plusieurs autres opérations dont :
- Beyt-ol-Moghaddas (avril-mai 1982) : la base de Nasr est chargée de sécuriser la région frontalière de Shalamtcheh [4] et les terres situées à l’ouest de Bassora.
Les combattants de cette base arrivent à libérer cette région stratégique, ce qui aboutit plus tard à la libération de Khorramshahr. Il faut souligner que la région de Shalamtcheh avait été une autre fois occupée par l’armée irakienne. Elle est enfin reprise lors de l’opération Karbalâ-5 lancée le 9 janvier 1987.
- l’opération Ramadân (juillet 192) : dès la fin de l’opération victorieuse de Beyt-ol-Moghaddas, les commandants du Sepâh et de l’armée iranienne décident de planifier l’une des attaques terrestres les plus vastes de cette guerre et visant à la libération des terres occupées allant d’Arvand-Roud à l’ouest de Bassora. Durant cette opération, la base de Nasr, toujours commandée par Hassan Bâgheri, est chargée de lancer plusieurs contre-attaques afin de défendre les points attaqués par les forces irakiennes. Dès la fin de l’opération Ramadân, Bâgheri est nommé commandant de la base de Karbalâ et participe aux opérations de Moharram et Moslem ebn Aghil.
Le 29 janvier 1983, accompagné d’une équipe spécialisée, Bâgheri se rend au front sud de Fakkeh en vue de mieux connaître cette zone opérationnelle et de collecter des informations sur la situation de l’ennemi dans cette région ; il y tombe en martyr, frappé par une balle irakienne.
Source :
Bakhtiâri Dâneshvar, Dâvoud, Mosâfer (Le voyageur), Téhéran, Soureh-ye Mehr, 2013.
[1] En 1978 et à l’ère du développement des combats révolutionnaires de la population iranienne contre la dynastie pahlavie, l’Imam Khomeyni prononce une allocution dans laquelle il exhorte les soldats à refuser de faire leur service militaire.
[2] Voir notre article « La fin du siège d’Abâdân », publié in n° 104, juillet 2014, consultable sur http://www.teheran.ir/spip.php?article1918
[3] Pour en savoir plus, voir notre article « L’opération Tarigh-ol Ghods » publié in n° 111, février 2015, consultable sur http://www.teheran.ir/spip.php?article2019
[4] Voir notre article « Shalamtcheh », publié in n° 103, juin 2014, consultable sur http://www.teheran.ir/spip.php?article1906