N° 111, février 2015

Nouvelles sacrées (XIV)
L’opération Tarigh-ol-Ghods


Khadidjeh Nâderi Beni


Soldats dans la ville de Bostân, lieu de l’opération Tarigh-ol-Ghods.

Deux mois après l’opération victorieuse de Sâmen-ol-A’emmeh [1] effectuée en septembre 1981, l’armée iranienne planifie une nouvelle opération, plus vaste, poursuivant quatre objectifs principaux, dont la libération de la ville de Bostân et ses cinquante villages limitrophes, la conquête de la région de Hour, l’établissement d’une base militaire qui menacerait l’intégralité de l’Irak dans la région libérée, et enfin, la prise des voies de communication entre les forces irakiennes installées à Ahvâz [2] et Dezfoul [3]. Malgré les importantes reconquêtes territoriales de l’Iran à l’issue de l’opération Sâmen-ol-A’emmeh, une bonne partie du Khouzestân est toujours occupée par l’armée irakienne, notamment l’ouest de la rivière Kâroun, la région de Bostân [4] et Soussanguerd [5], ainsi que les localités limitrophes. Les commandants iraniens veulent faire de l’opération Tarigh-ol-Ghods ("la voie de Qods") le moyen de la libération définitive des régions sous occupation irakienne. La zone opérationnelle s’étend sur une vaste zone de la province du Khouzestân, à la frontière de Hour-ol-Howeizeh et du détroit Tchazzâbeh à l’ouest, le long de la rivière Sâbleh et Nahr-e Abid au sud, et au voisinage des hauteurs Mish Dâgh et Ramli au nord. La zone définie pour l’opération comprend plusieurs fleuves et rivières dont Karkheh, Sâbleh et Neissân.

Suite aux défaites subies durant l’opération Sâmen-ol-A’emmeh qui ont diminué ses capacités logistiques, l’armée irakienne se contente de renforcer ses défenses sur plusieurs axes dont Djâber Hamdân au nord de la rivière Karkheh et Dehlâvieh, Soveidâni et Howeizeh au sud. En vue d’atteindre cet objectif, sa stratégie consiste, dans un premier temps, à profiter du potentiel naturel (les hauteurs, les rivières et les marais, etc.) de la région afin d’édifier des lignes défensives. Par ailleurs, elle assure sa domination sur les ponts stratégiques de Karkheh ainsi que sur les routes nord-sud. Enfin, pour faire face à toute manœuvre iranienne visant à libérer les territoires occupés, l’Irak établit des bases militaires suréquipées à divers endroits, notamment à l’ouest de la ville de Soussanguerd, au nord de Karkheh, et dans le détroit de Tchazzâbeh.

Quant à l’Iran, il se prépare à lancer une vaste offensive pour libérer l’intégralité de son territoire occupé par l’Irak. Après de nombreuses missions de reconnaissance, les commandants de l’armée et du Sepâh planifient l’une des plus vastes opérations de l’histoire de la Défense sacrée. Les forces militaires et les bridages de volontaires, organisées par le Sepâh, sont finalement prêtes. Pour lancer l’offensive, l’armée iranienne tente de s’approcher le plus possible des bases irakiennes. A cette fin, une route de 15 km est construite tout au long des terres de Ramli, au nord de la zone opérationnelle.

L’opération est amorcée le 29 novembre 1981 (le 8 Azar 1360) à une heure du matin. Durant la première étape, les unités opérationnelles du Sepâh arrivent à briser les lignes défensives de l’ennemi sur plusieurs axes, notamment au nord de la zone. A 6 h du matin, la brigade de l’Imâm Hossein réussit à reprendre le détroit de Tchazzâbeh. A 9 h, les Iraniens atteignent tous les objectifs prévus au nord de la zone opérationnelle. Sur l’axe sud, au contraire, ils sont dans une situation défavorable : l’armée irakienne a reçu plusieurs divisions blindées en renfort. Les Iraniens battent en retraite ce jour-là, mais des troupes sont envoyées du nord vers cet axe. Elles traversent la région Abou Tchalâtch pour ensuite atteindre Bostân et Sâbleh.

Le deuxième jour, les forces iraniennes prennent le contrôle de la ville de Bostân. L’armée iranienne s’avançant vers le nord de Sâbleh, les forces irakiennes battent en retraite et se regroupent au sud de Sâbleh.

Le sixième jour de l’opération, d’autres troupes (blindées et d’infanterie) arrivent dans cette région pour appuyer les combattants iraniens qui prennent rapidement le contrôle du nord de Sâbleh. Des combats intermittents se prolongent jusqu’au 21 décembre 1981 (30 Azar 1360), date où l’Irak, n’ayant plus la possibilité de résister, cède et abandonne la région.

L’opération Tarigh-ol-Ghods s’achève donc par une victoire décisive de l’Iran qui parvient à libérer plus de 650 km2 de son territoire dont les villes de Bostân et Soussanguerd et le détroit stratégique de Tchazzâbeh. Selon les données statistiques, durant cette opération, plusieurs brigades irakiennes sont anéanties et plus de 3500 Irakiens sont tués ou blessés ; en outre, plus de 200 véhicules, 180 chars, douze avions et quatre hélicoptères sont détruits.

Opération Tarigh-ol-Ghods

Source :
- Amiriân, Mohammad, Seyri dar târikh-e djang-e Iran-Arâgh (Aperçu sur l’Histoire de la guerre Iran-Iraq), 5 vol., Centre des études et recherches de la Guerre, Téhéran, 1367/1988.

Notes

[1Pour en savoir plus voir notre article « La fin du siège d’Abâdân », publié in La Revue de Téhéran, n° 104, juillet 2014, consultable sur : http://www.teheran.ir/ spip.php ?article1918

[2Chef-lieu de la province du Khouzestân.

[3Ville située à 155 km d’Ahvâz, dans la province du Khouzestân.

[4Ville située sur les frontières ouest du Khouzestân, au voisinage de Dasht-e Azâdegân.

[5Ville située à 55 km d’Ahvâz et à 28 km de Bostân.


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