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La province iranienne du Golestân, située au nord de l’Iran, à l’est de la mer Caspienne, cultive une certaine différence avec le reste du pays. C’est en effet dans cette région, située à 30 mètres d’altitude au-dessous du niveau des océans, que commence l’immense steppe de l’Asie centrale, alors que la topologie de l’Iran, c’est avant tout un grand plateau situé à 1100 m d’altitude en moyenne, bloqué par deux chaînes de montagnes, l’Alborz et le Zagros. Seuls les bords de mer, du golfe Persique et de la mer Caspienne, échappent à ces altitudes.
Le paysage du Golestân ne présente que très peu de relief. Les pluies venues du nord, bloquées par les montagnes, y arrosent généreusement une campagne verdoyante et boisée. La majeure partie de la steppe est laissée en prairie, le reste est occupé par des champs de céréales. Les Téhéranais, habitués aux paysages minéraux et arides, aiment à y venir en villégiature.
C’est là que débute le royaume des yourtes, ces tentes cylindriques semi-rigides, habitat d’une population semi-nomade aux traits déjà asiatiques, partageant la steppe avec ses troupeaux. Le cheval turkmène, fierté de ces pasteurs, est de petite taille, véloce et rustique, supportant sans souffrir 40°C en été et -15°C en hiver. Il est indirectement à l’origine de la Route de la Soie, les Chinois venant autrefois, à travers les cols de l’Himalaya, le troquer contre leurs étoffes précieuses.
Photos : Mireille Ferreira
Apparaissant déjà sur les fresques de Persépolis, avec sa petite silhouette très caractéristique à dos plat sans cambrure, il faillit disparaître, conséquence de croisements des races depuis 3000 ans. Mais depuis une soixantaine d’années, il fait à nouveau l’objet d’une sélection de la part de quelques passionnés dont, en son temps, l’Américaine Louise Firouz, qui vécut dans cette région jusqu’à son décès en 2008. [1] Le Docteur Mahmoud Tehrâni, vétérinaire de l’élevage de Louise Firouz, assurait, quand nous l’avions rencontré, que ces chevaux sont les plus rapides du monde. Chaque printemps en effet, de nombreuses courses hippiques sont organisées dans la steppe entre les différents clans.
L’autre différence avec le reste de l’Iran réside dans la tenue vestimentaire féminine aux couleurs chatoyantes, perpétuant ainsi la tradition régionale. Cela donne des marchés vifs et colorés, bien différents des bazars du reste de l’Iran.
Ici, la langue parlée dans les foyers, la rue et les commerces n’est pas le persan mais le turkmène. Cette langue aux racines turco-altaïques est parlée sur toute la rive Est de la mer Caspienne, y compris dans les pays de l’ex-URSS. La plupart de ces ethnies vivant à la périphérie de l’Iran sont transfrontalières ; aussi, le pouvoir central perse, puis iranien, a toujours accepté que chaque groupe ethnique utilise sa langue d’origine, y compris dans les écoles. Si la majorité des habitants de la région du Turkménistan parle aussi le persan, certains habitants des petits villages, dont le taux d’alphabétisation est plus réduit qu’en ville, ne parlent que le turkmène.
[1] Voir l’article que nous lui avons consacré, paru dans le numéro 33 de La Revue de Téhéran, d’août 2008, intitulé « Louise Firouz, une dame qui aimait les chevaux ».