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Située à 40 km à l’est de Gorgân, chef-lieu de la province du Golestân, la ville d’Ali AbâdKatoul est l’une des régions les plus visitées du nord de l’Iran. Cette ville de 140 000 d’habitants, s’étend sur une superficie de 1150 km2. Elle s’étend le long de la route Téhéran-Gorgân-Mashhad et de ce fait, jouit d’une grande importance dans le transport routier de cette partie du pays. La ville est divisée en deux districts : Kamâlân et Markazi (le centre-ville). Elle abrite également plusieurs villages renommés qui sont très visités par les Iraniens ; on peut par exemple citer les noms de Mohammad Abâd, Zarrin Gol, Gueno, Tchinou, Mâhiân, Afrâtakhteh, etc. Ali Abâd est la voisine australe de la ville de Gonbad-e Kâvous. Entourée au sud par le massif de l’Alborz, elle avoisine la ville de Gorgân à l’est et la ville de Shâhroud (dans la province de Semnân) au sud-ouest. Les fouilles archéologiques ont révélé que cette région a une histoire de plus de sept millénaires. De ce fait, elle abrite un bon nombre de sites historiques qui viennent s’ajouter à l’attrait de sa nature exceptionnelle et attirent chaque année beaucoup de touristes iraniens et étrangers. D’après les historiens, la région de Katoul (Ali Abâd, ses districts et ses villages limitrophes) était également appelée Kamâl-e Gharib. Ce nom provient de celui de la tribu Kamâl Gharibi, l’une des plus importantes de la région.
Ali Abâd Katoul est une expression composée de trois mots : 1) Ali : ce mot fait référence au nom d’un chef de la tribu Dodji, Ali Mohammad Khân qui, en 1900, devient le gouverneur de cette région et donna son nom aux deux villages voisins : Ali Abâd et Mohammad Abâd. Selon les documents historiques, il joua un rôle de premier plan dans le développement à la fois économique et social de la région. En outre, il fonda deux autres villages, Khâvar Kalâteh et Sâvar Kalâteh, baptisés d’après les prénoms de ses deux filles, Khâvar et Sâvar. 2) Abâd est un suffixe persan qui signifie une région habitée et cultivée. 3) Quant au terme de Katoul, il est composé de deux parties : kata qui signifie lieu, et ul qui signifie vallée. En réalité, katoul désigne un ensemble de villages dispersés dans une vallée.
Ali Abâd se situe le plus à l’ouest de ces territoires. Ses habitants parlent le tabari [1]. Les habitants d’Ali Abâd parlent un dialecte local issu du persan, le katouli. A l’époque de Nâssereddin Shâh Qâdjâr (1848-1896), cette ville fut la principale commune d’Astarâbâd (aujourd’hui baptisée Gorgân), et près de dix-huit tribus y résidaient. Etant donné que la ville d’Ali Abâd se situe à proximité de la province du Khorâssân et de Bandar-e Torkaman [2], sa culture a été influencée par les traditions de ces deux régions. C’est notamment le cas de la musique de Katoul, qui est imprégnée des modes musicaux turkmènes et khorâssânis.
La région a également connu des arrivées de populations extérieures. Ainsi, à la fin de la dynastie safavide, des militaires du Sistân émigrent à Ali Abâd où ils organisent la troupe des Katoul. Cette troupe forme plus tard le corps principal de l’armée iranienne à l’époque du règne du Safavide Tahmasp II [3]. Plusieurs ethnies iraniennes, dont les Sistânis, les Shâhroudis, les Sabzevâris, ou encore les Turkmènes, cohabitent donc depuis longtemps dans ce département et ses villages limitrophes. Les habitants d’Ali Abâd sont très majoritairement musulmans chiites, même s’il existe également plusieurs minorités religieuses, dont les sunnites et les chrétiens arméniens.
Située à l’extrémité sud-est de la mer Caspienne, Ali Abâd jouit d’un climat tempéré, humide et doux en été. En outre, la partie sud de la ville se situe dans une région montagneuse et donc plus en altitude qu’au nord. Dans cette région, les montagnes de la chaîne d’Alborz - dont les plus importantes sont Shâhvâr, Tcheltcheli et Zarrinkamar - sont couvertes de grandes forêts de chênes abritant une riche faune et flore.
Etant donné son climat et sa géographie, la ville d’Ali Abâd est un pôle agricole important du nord du pays. Parmi les rivières limitrophes de la ville, on peut citer Zarrin Gol, Kaboudvâl et Mohammad Abâd qui se déversent dans la rivière de Ghareh Sou à Gorgân.
Ali Abâd jouit d’une histoire plurimillénaire : suite aux fouilles archéologiques réalisées par un groupe de spécialistes iraniens et étrangers sur la colline antique de Tchinou, une collection d’objets ayant plus de 7000 ans y a été retrouvée. La colline de Tchinou (tappeh-ye bâstâni-e Tchinou) est située dans un village montagneux du même nom. Cette colline est entourée par les ruines de quatre monuments historiques datant de l’ère islamique : un bain antique, une habitation, un pont et un moulin.
Parmi les autres attractions historiques de la région, nous pouvons également citer le cimetière antique de Mâhiân (localement prononcé Mâyân) situé dans un village du même nom. Mâhiân est un village montagneux qui se trouve à 25 km du sud-est d’Ali Abâd et dont l’histoire remonte à plus de 3000 ans. Le village abrite deux Imâmzâdehs (sanctuaires de descendants d’Imâms), Seyyed Razi et Seyyed Yahyâ, qui sont parmi les plus vénérés et visités de la province. En outre, on peut y découvrir des maisons anciennes ornées de façon originale, et des arbres pluricentenaires.
A 30 km du sud-est d’Ali Abâd, on peut visiter le village d’Afrâtakhteh qui abrite de vastes forêts d’ifs et jouit de ce point de vue d’une renommée mondiale. Les arbres de cette zone sont parfois millénaires. Le village est encerclé par les hauteurs de la chaîne d’Alborz dont Takiâno au sud et Milârto à l’ouest. La rivière d’Afrâtakhteh prend sa source dans les hauteurs de cette région et longe le village par le sud. Les données historiques attestent que le village jouit d’une histoire millénaire et de ce fait, abrite un grand nombre de monuments historiques dont le puits de Pirâlâ, le cimetière Gabri et les bains anciens (hammâm-e kohneh). Aux alentours du village, on peut visiter quelques autres curiosités géographiques dont des glaciers, des forêts d’ifs, des sources minérales, etc.
Kaboudvâl est une cascade située à cinq kilomètres du sud-est d’Ali Abâd. L’eau qui l’alimente prend sa source dans le mont Hâroun ; elle traverse la forêt de Kaboudvâl pour ensuite se jeter dans une vallée profonde où l’on peut admirer une belle chute d’eau.
Zarrin Gol est un village touristique situé à 10 km du sud-est d’Ali Abâd. Il abrite plusieurs sites historiques datant de 3000 ans, dont le cimetière ancien du village. Il est entouré par les monts verdoyants de l’Alborz, le plus important étant le mont de Mirân à l’est. Etant donné sa situation géographique, ce village est un point d’accès à huit autres villages de cette région. En traversant la partie centrale du village, la rivière de Zarrin Gol crée plusieurs chutes d’eau qui offrent de beaux paysages aux yeux des voyageurs.
Mohammad Abâd Katoul est un autre lieu bucolique situé à 12 kilomètres de Kamâlân, au pied des monts de la chaîne d’Alborz. Situé à l’entrée de douze autres petits villages, Mohammad Abâd sert également de passage facilitant l’accès aux villages alentour. On estime que ce village a été fondé il y a plus de 1500 ans. Il portait anciennement le nom de « Valik Tangueh », mais lors de l’installation d’Ali Mohammad Khân, il changea de nom pour devenir Mohammad Abâd Katoul.
Bibliographie :
Ghâemi, Ramezân’Ali, Djâzebeh-hâyedjahângardi-e ostân-e Golestân (Les attractions touristiques de la province du Golestân), Sazemân-e gardeshgari (Organisation du tourisme), Golestân, 2000.
[1] Le Mazandérani ou le tabari est une langue iranienne parlée dans le nord de l’Iran et plus particulièrement dans la province du Mazandéran et ses départements limitrophes.
[2] Port iranien qui se trouve sur les côtes de la mer Caspienne, dans la province du Golestân.
[3] Tahmasp II est l’un des derniers rois safavides ; il régna de 1729 à 1732.