|
L’arbre est une preuve qui, comme tous les autres éléments de la nature, atteste la toute-puissance de Dieu. Dans le Coran, livre sacré des musulmans, le mot « arbre » est désigné majoritairement par le terme arabe shajar, qui y apparaît à 27 reprises. Plus précisément, en langue arabe, shajar est employé pour désigner toute plante composée d’un tronc. Dans cet article, nous allons donner un aperçu des différentes manifestations et fonctions de l’arbre dans le Coran.
Le Coran contient un bon nombre d’allégories destinées à mieux faire comprendre certaines idées, ou à donner une description divine de sujets qui dépassent la compréhension humaine. Il est intéressant de constater que la symbolique de l’arbre y est souvent présente :
En réfléchissant au sujet de la création, et notamment à la complexité du processus de croissance de l’arbre, les gens intelligents (owlo-l-albâb) peuvent saisir un aspect de la toute-puissance du Créateur. Les versets 27 et 60 de la sourate Al-Naml (Les fourmis) énoncent ainsi : « N’est-ce pas Lui qui a créé les cieux et la terre et qui vous a fait descendre du ciel une eau avec laquelle nous avons fait passer des jardins pleins de beauté » ; « Vous n’étiez nullement capables de faire pousser leurs arbres. Y-a-t-il donc une divinité avec Allah ? Non, mais ce sont les gens qui lui donnent des égaux ».
Selon les enseignements coraniques, Dieu a créé les cieux et la terre ; dès leur création, tous les êtres vivants et les objets inanimés glorifient et louent un Dieu unique. L’arbre, comme toutes les autres créatures de l’univers, a une fonction utile et est un être glorifiant et louant la grandeur de son Créateur. Dans le premier verset de la sourate Djom’eh (Vendredi), on lit : « Ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre glorifient le Souverain, le Pur, le Puissant, le Sage ».
Les noms de nombreux prophètes envoyés par Dieu sont cités dans le Coran. L’Histoire des prophètes telle qu’elle y est racontée nous donne un aperçu sur le contenu de leur message et leur mode de vie. L’arbre y est souvent cité, et occupe parfois un rôle de première importance. En voici quelques exemples.
Nous voyons donc que le motif de l’arbre est très présent dans le Coran, et se voit conférer un rôle particulier dans la vie des prophètes les plus importants reconnus par l’islam.
L’un des messages centraux délivrés par le Coran est le caractère éphémère de la vie terrestre, et l’existence d’une vie éternelle dans l’Au-delà. Selon le récit coranique, les êtres humains seront alors divisés en deux groupes : l’un ira au Paradis, et l’autre en Enfer. Dans le Coran, le Paradis est souvent désigné par le mot jannat qui signifie « jardin », et abrite de nombreux arbres toujours verts. Le Coran en donne des descriptions dans plusieurs sourates dont : a) La sourate Al-Insân (L’homme), verset 14 : « Ses ombrages les couvriront de près et ses fruits inclinés bien bas, à portée de leurs mains ». b) sourate Al-Rahmân (Le Tout-Miséricordieux), verset 46 : « Et pour celui qui aura craint de comparaître devant son Seigneur, il y aura deux jardins ».
Dans quelques autres versets, nous pouvons lire les noms de certains arbres fruitiers du Paradis. Ainsi, dans la sourate Al-Wâqi’a (L’événement), versets 28 à 32, les récompenses destinées aux personnes les plus proches de Dieu sont évoquées : « Elles seront parmi des jujubiers sans épines » ; « Et parmi les bananiers aux régimes bien fournis » ; « Dans une ombre étendue » ; « Près des eaux coulantes continuellement » ; « Et des fruits abondants ». L’arbre le plus éminent du Paradis s’appelle Toubâ ; il s’agit d’un très grand arbre qui porte tous les fruits existants. Selon certaines interprétations coraniques, il constitue un symbole de l’amitié des croyants vis-à-vis du prophète Mohammad et des douze Imâms.
En donnant des descriptions sur les caractéristiques de l’Enfer, Dieu cite un arbre nommé Zaqqoum, qui signifie « chose très amère ». En voici un exemple tiré de la sourate Sâffât (Les Rangs), versets 62 à 66 : « Est-ce que ceci est meilleur comme séjour ou l’arbre de Zaqqoum ? » ; « Nous l’avons assigné en épreuve aux injustes » ; « C’est un arbre qui sort du fond de la Fournaise » ; « Ses fruits sont comme des têtes de diables » ; « Ils doivent en manger certainement et ils doivent s’en remplir le ventre ». Nous pouvons aussi évoquer les versets 43 à 45 de la sourate Al-Dokhân (La fumée) : « Certes l’arbre de Zaqqoum » ; « Sera la nourriture du grand pécheur » ; « Comme du métal en fusion ; il bouillonnera dans les ventres ».
Outre les arbres de l’Au-delà, on peut trouver les noms de certains arbres terrestres dans des passages du Coran. Le palmier (al-nakhl) est cité à vingt reprises dans différentes sourates. Parmi d’autres arbres et fruits cités dans le Coran, on peut surtout mentionner la vigne (‘inab), l’olive (zeytoun), la grenade (rommân) et le lotus (sidr). Ce dernier est évoqué à quatre reprises, et fait surtout allusion à l’arbre qui apparaît durant l’ascension du Prophète au ciel. A ce sujet, on peut lire dans la sourate Al-Nadjm (L’étoile), versets 11 à 16 : « Le cœur n’a pas menti en ce qu’il a vu » ; « Lui contestez-vous donc ce qu’il voit ? » ; « Il l’a pourtant vu, lors d’une autre descente » ; « Près de la Sidrat al-Montahâ » ; « Près d’elle se trouve le jardin de Ma’vâ » ; « Au moment où le lotus était couvert de ce qui le couvrait ».
Le Coran comporte des versets où Dieu fait allusion aux différents usages de l’arbre dans la vie terrestre de l’homme, et dont voici quelques exemples : a) sourate Yâ-Sin, verset 80 : « C’est Lui qui, de l’arbre vert, a fait pour vous du feu, et voilà que de cela vous allumez ». b) sourate Al-Nahl (Les abeilles), verset 68 : « Et voilà ce que le Seigneur révéla aux abeilles : prenez des demeures dans les montagnes, les arbres et les treillages que les hommes font ». c) la même sourate, verset 10 : « C’est Lui qui, du ciel, a fait descendre de l’eau qui vous sert de boisson et grâce à laquelle poussent des plantes dont vous nourrissez vos troupeaux ».
Bibliographie :
Abolghâssemi Fakhri, Gholâm-Hossein, La traduction du Coran en français, Qom, Ansâriân, 2000.
Mo’meni, Mohtasham, « L’arbre dans le Coran » (Derakht dar Ghor’ân), in Golestân-e Ghorân (Jardin du Coran), 6e année, no 170, 1390/2011.
Taghvâ’ï, Ali-Akbar ; Okhovvat, Hânieh, « Etude sur les différents emplois de l’arbre dans le Coran », in Bayyenât, 6e année, no 3, 1388/2009.
[1] Une ancienne ville de l’Irak actuel.