Parades

 

Je zone durablement au Moyen-Orient

Je me fais draguer par la petite bourgeoisie mais je me méfie

Il y a là quelque chose qui relève de la lutte universelle des classes

 

Nous sommes de ces gamins qui préfèrent la rue comme terrain de jeu

À ne pas trop savoir quoi se dire, à ne pas trop savoir quoi faire

S’aventurant avec humour et inventivité derrière les barbelés

 

L’argent ne nous a jamais impressionnés

Au contraire, il nous a écœurés

 

Mais qui sont ces gens

Qui semblent avoir eu le pouvoir par accident ?

 

Nous n’avons pas évité la pluie

 

Ébloui par le soleil levant sur la route agricole

Omar plissant les yeux

Comme une icône

 

Les gamins gominés au matin

Comme la mafia des anges bruns

Paradant sauvagement sur le chemin de l’école

 

Sieste au jardin botanique

Une danse un chant soufi

Pour exutoire

 

Reflets d’Assouan

Sur ton visage dur et épicé

Finissons toujours pas nous comprendre

Et nous quitter

 

Parce qu’il faut marcher

Parce que marcher est un éternel départ

 

Jusqu’au jour où quelqu’un

Peut-être par curiosité

Vous emboîtera le pas

 

Prenez garde à la fermeture automatique des portes

Je me maintiens à flot

Des fruits secs pour la route

 

Au Caire un chant scout pour chaque occasion :

Même le plus noir nuage

A toujours sa frange d’or

 

Nous pensons nous résistons

À la tyrannie des autos

 

Cessez donc de traîner des pieds

Voyez où cela vous mène

L’exigence est la base de l’humanisme

 

Log in et log out

Alexandrie le Grand Slalom

Crevettes et gravats

 

Parlez-vous le français approximatif ?

 

Night-club bondé sur la Corniche

Parfumées aux embruns

Et à la bière du pharaon

Les Alexandrines sur talons aiguilles

 

Caresse des regards et nuit fauve

 

Par voie terrestre ou maritime

Traqué par la peur d’être traqué

 

Après le temps de l’analyse

L’action

 

Ou le tea time

 

Ce que disent les yeux

 

Et ton redoutable

Esprit de synthèse

Nous achève

 

La pêche est bonne aujourd’hui

On lève le camp

Quel est ton point de chute ?

 

Safaga silence radio

Dans les montagnes de granit rose

 

On s’entendrait presque vivre

 

Ahmed l’enfant-loup des rues de Saba Basha

Redevient enfant en avril

Lorsque le vent tiédit

Et que le jeu est permis

 

Ses mains sales et musclées refermant un trésor

Que seuls les plus distingués d’entre nous

Savent reconnaître

Les pêcheurs de Glim

 

Évoluant sur les brise-lames

À partager une dernière Cleopatra

Nous contentant du spectacle sensuel de la mer

 

Quand la lumière d’or vous caresse les pattes

C’est comme une musique minimaliste

 

Le goût de la mer m’avait manqué

 

Quelque chose passe de ton œil au mien

Comme une connexion phénotypique

 

Les chats ne se gênent pas

Mais c’est cela qu’on admire chez eux

Cette désinvolture que leur beauté naïve excuse

Louxor rive Ouest

 

Louxor rive Ouest

Au repos des artisans

Les lauriers-roses les rendez-vous matinaux

Hassan

L’application à la tâche

La minceur et la grâce adolescentes

Le visage étroit le teint de bronze

Les cheveux de jais gominés

rigoureusement tirés en arrière

Je vous cherchais

Je vous devinais

Les yeux légèrement tombants

aux cils abondants

qu’un demi-sourire redoutable embrase

Il répond de sa voix claire et mélancolique

Sabah el nour

Hassan petit prince de Haute Égypte

sous la protection d’Amon

Moi du peuple de la mer

Je viens te connaître

et t’admirer

Saisissant cette longue main brune

en espérant

ne jamais oublier ton visage

 


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