N° 146, janvier 2018

Compagnons de route*


Mohammad-Rezâ Bâyrâmi
Traduit par

Arefeh Hedjazi


Quand je retire mon pied de la neige, quelque chose saute dans ma botte et son froid monte rapidement. Je m’arrête. Sâber, qui marche devant moi en ouvrant un chemin dans la neige, s’arrête aussi. Me tenant difficilement en équilibre sur un pied, j’enlève ma botte et la tiens à la main.

« Le temps change. La neige va reprendre, c’est sûr », dit Sâber.

Je relève la tête. Il a raison ; quelque chose descend de la montagne et avale tout le paysage. Quelque chose qui est de la brume mais qui ne l’est pas. Je suis du regard un corbeau solitaire. Il bat rapidement des ailes. On dirait qu’il est pressé.

« A l’embranchement, nous aurons fait le gros du chemin. Le reste du chemin sera plus facile. »

Je tire mon regard vers le haut du col. L’embranchement n’est pas loin.

« Ceux de Rahimâbâd ont sûrement déjà fini, dit Sâber.

- Je ne pense pas. »

Et je me rappelle de ce qu’a dit notre maître : « Vous deux, vous pouvez partir avant les autres. Vous habitez loin. Si demain aussi, le temps est mauvais, ne venez pas à l’école. »

« Ils ont de la chance, ceux de Rahimâbâd ! Dès qu’ils sortent de l’école, ils sont chez eux. Mais nous ? On est obligé de faire tout ce chemin dans ce froid. Ç’aurait été bien que notre village ait un collège, continua Sâber.

- Ou alors, qu’on soit nombreux comme au début de l’année, ajoutais-je.

- Imagine ! C’est cette route qui a fait fuir tout le monde. Il ne reste plus que nous deux. Toi et moi ! », soupira Sâber.

Il se tourne vers moi. Ses yeux brillent. Je lui tape sur l’épaule et je ris : « Et on va le rester. »

Il hoche la tête : « Bien sûr… bien sûr qu’on va le rester. Si je voulais lâcher, il y aurait longtemps que je l’aurais fait. Je ne suis pas fou de me faire souffrir comme ça. »

Quand j’entends cela, je me sens soulagé. Cela me réchauffe le cœur, et je ne sais pas pourquoi, je me souviens soudain des jours où notre bande d’amis faisait des compétitions. Des compétitions de marche. J’entends encore les voix des enfants :

« Nous prenons le chemin d’en bas.

- Alors, le chemin d’en haut est à nous !

- On se voit sur le col ; sous le rocher noir !

- Il n’y a que les tricheurs qui courent.

- D’accord ! »

La route devient plus légère. Posant mes pas dans les traces des pas de Sâber, je le rattrape. Il s’est immobilisé.

- Pourquoi tu t’arrêtes ? Tu veux que je passe devant ?

Je ne sais pas ce qu’il fixe. Au lieu de répondre, il demande : « Tu le vois ? »

J’essaie de suivre son regard : « Quoi ? »

Du doigt, il me montre un arbuste. Maintenant, je vois aussi. Une tache noire, entre ciel et terre. Ni sur la neige, ni sur l’arbuste. Je me tourne avec étonnement vers Sâber : « Qu’est-ce que c’est ?

- Je me demande.

- Peut-être que c’est une branche cassée qui pend ?

- Mais ce n’est attaché à rien. Elle pendrait de quoi ? »

A ce moment-là, la tache bouge soudain. Sâber et moi, on se retourne en même temps et on se regarde. Maintenant, l’inquiétude palpite dans ses yeux. Je demande :

« Qu’est-ce que ça veut dire ?! »

Inquiet, je regarde autour de moi.

« Jalâl ! Qu’est-ce qu’on doit faire ?

-Tu veux qu’on aille voir ?

- Mais on sera en retard !

- On fait vite et on revient. »

Nous sortons de la route et nous approchons du buisson. Je déplace mes livres que j’ai fourrés dans ma veste. La tache est peu à peu en train de prendre forme. Je suis inquiet. Très excité.

Soudain, Sâber crie joyeusement : « C’est un oiseau, un oiseau ! »

En l’entendant crier, l’oiseau se débat encore plus. Il bat des ailes et bat des ailes, puis se calme. Je me demande « Pourquoi il ne s’échappe pas ? »

Je fais violence à mes yeux. L’oiseau est suspendu à un mince fil pendu à l’arbuste. Je crie : « J’ai compris. J’ai compris maintenant. On l’a attaché à l’arbuste. » Nous voyant nous rapprocher, l’oiseau se cogne contre l’arbuste. On dirait qu’il veut se libérer avant notre arrivée.

- Il est sur le point de se libérer. », dit Sâber.

Et il commence à courir. Je lui jette un sale regard, mais il ne me remarque pas. Malgré moi, je décolle aussi. Mais je suis si pressé que le sol glisse sous mes pieds et je tombe durement par terre. Je m’enfonce dans la neige la tête la première et quelque chose de froid s’insinue dans mon col.

Je me relève et époussette rapidement la neige sur ma tête et mon visage. Je veux repartir ; mais c’est trop tard. Maintenant, je ne peux plus rejoindre Sâber. De là à le dépasser... De rage, je ramasse une poignée de neige que j’écrase dans ma paume en jurant entre mes dents : « Salaud !... Salaud de tricheur ! »

Quand j’atteins l’arbuste, Sâber est en train de détacher le fil dont l’un des bouts est attaché à l’arbre et l’autre bout, aux pattes d’une perdrix. Sous l’arbuste, on voit un piège en bois. Quelques branches du piège sont encore debout sur le cadre, et les autres sont éparpillées sur le sol. C’est évident que c’est quand l’animal a été pris dans le piège que c’est arrivé. Je vois dans ma tête l’oiseau se poser sur une des branches de l’appareil. La languette recule. La branche pliée se détend et le nœud coulant se serre autour de ses pattes et le tire vers le haut.

« Regarde-moi ça ! C’est un coup de ceux de Rahimâbâd. »

Elle ressemble beaucoup à un pigeon, mais bien dodue, avec une queue très courte. Avec des taches rouges et noires sur son plumage. On peut voir des grains de blé par terre sous les branches du piège. Sâber dit :

« Regarde comme elle est belle. Mes sœurs vont certainement être bien contentes.

- Oui, elles vont être contentes ; mais... »

Je ravale ce que j’allais dire. Il demande : « Mais quoi ? »

Je me dandine un peu et puis je dis : « Mais pourquoi tu as commencé à courir si vite ? Ce n’est pas comme si on te poursuivait.

Il me regarde avec étonnement et dit :

- Comment ça ? J’ai couru pour arriver en premier.

Je réponds avec colère :

- Ah bon. C’est ça ? C’est bien que tu le dises toi-même. Mais c’est de la triche. Tu comprends ? De la triche.

- De la triche ? Qu’est-ce que tu essaies de dire ?

- Ne fais pas comme si tu ne comprenais pas ! Tu sais très bien de quoi je parle.

- Qu’est-ce que ça veut dire ?”, se défend-il avec humeur.

- Ca veut dire ne va pas croire que parce que tu es arrivé le premier, la perdrix est à toi. C’est moi qui ai dit d’aller voir. Alors c’est moi qui dois l’avoir, pas toi. »

Il sourit : « Ah bon ? Et c’est qui qui dit ça ? »

Je le fixe droit dans les yeux : « C’est moi qui le dis. »

Il met la perdrix sous son bras et tire sur son bonnet : « Ecoute, Jalâl. C’est une première, ça. Tu commences à me fatiguer.

Je réponds avec moquerie :

- Et qu’est-ce que tu vas faire, une fois que tu seras fatigué ?

- Fiche-moi la paix, Jalâl ! Tu le regretteras ! Ne va pas te plaindre après. »

Je crache par terre de dépit. Puis, je le dépasse en courant et bloque son chemin : « Où est-ce que tu vas, si pressé ? Tu risques de tomber par terre. »

Il s’arrête, me regarde et avec la perdrix sous son bras me dit :

- Ecarte-toi de mon chemin !

- D’accord, je bouge. Mais donne-moi d’abord la perdrix.

Il me fixe dans les yeux :

- Hé oh ! Tu vas trop vite, là. C’est moi qui ai vu la perdrix et c’est moi qui l’ai attrapée. Et tu veux que je te la donne ? Laisse-moi t’assurer, l’ami, que tu ne verras pas plus cette perdrix que tu ne verras derrière tes oreilles.

Je hurle :

- Mais je vais te la prendre.

- Si tu peux, vas-y. »

Je le regarde en silence pendant quelques instants. Je peux dire à son regard qu’il est braqué. Je sors mon sac en plastique de livres et je le pose par terre :

« D’accord, si c’est ce que tu veux, je n’ai rien de plus à dire. Je vais te la prendre de force. »

Quand la perdrix prend son envol, on se fige tous les deux.

« Espèce de malade ! Regarde ce que tu as fait !, dit Sâber.

- Pourquoi c’est de ma faute ? C’est de ta faute.”

Il ne dit plus rien. Il prend ses livres et ses cahiers qui se sont éparpillés par terre et s’en va.

Assis, je regarde les trous que notre dispute a creusés dans la neige. Je n’arrive pas encore à croire ce qui s’est passé. C’est comme si j’avais tout rêvé.

Je me relève et reprends lentement mon chemin. Le froid est plus mordant et pique mes oreilles et mon nez.

Sâber marche sur la route d’en bas. Il a remonté le col de sa veste et avance lentement. Je veux aussi avancer ; mais quelque chose m’empêche de le suivre. Malgré moi, je reste sur place pendant un moment et essaie de réfléchir à ce qu’il faut faire. Je ne peux plus faire le même chemin que Sâber, mais j’ai aussi peur d’être seul. J’ai le choix entre deux routes et j’hésite. Mais il faut faire quelque chose et bouger, le plus tôt possible. Je me dis : « Il faudra que je le fasse payer à Sâber. Pour qui il se prend ! »

Finalement, je me décide et prends le chemin du haut. Quand Sâber me voit, il s’arrête. Il se retourne vers moi ; me regarde avec étonnement. Mais il ne dit rien. Moi non plus, je ne dis rien. On se regarde un peu, puis on continue chacun son chemin.

Le temps empire à chaque instant maintenant. Je passe à côté d’un rocher. Sous le rocher, il y a une place sèche et propre. Un coin où on peut facilement prendre refuge. « Et s’il y avait un animal ou quelque chose qui y était caché et qui m’attaquait ? » me dis-je.

Un gros flocon de neige se pose sur mon nez. Je regarde le ciel. Il commence à neiger. J’accélère le pas. Je me sens seul et mon cœur se serre.

« Pourquoi ? C’est la faute à qui ? »

On dirait que la route s’est rallongée. Elle paraît plus longue qu’elle ne l’a jamais été. Ou alors c’est comme ça que je le sens, parce que ça fait longtemps que je n’ai pas pris ce chemin.

La neige tombe de plus en plus rapidement. Les flocons blancs sont de plus en plus gros. Maintenant, je ne vois pas plus loin qu’à une centaine de pas. Les flocons de neige tournent calmement dans l’air et descendent, doux et légers, pour s’asseoir sur le sol.

Tout est silencieux. Le crissement de mes pas sur la neige est le seul bruit qui m’accompagne.

Peu à peu, quelque chose d’inconnu s’approche de moi et se pose sur mon cœur. J’ai un drôle de sentiment. Autour de moi, c’est comme si tout avait pris vie et voulait m’avaler. Un gros flocon de neige tombe dans mon œil. Je bats des paupières et accélère encore. Une peur inconnue m’a saisi tout entier. Je ne sais pas pourquoi, mais je me souviens de paroles entendues sur les loups :

« Les loups n’ont pas d’hiver. L’hiver, c’est leur printemps. »

« La neige égaie les loups. »

« Quand il commence à neiger, les loups descendent de la montagne en dansant. »

Une sueur froide me recouvre le corps. « Espèce de fou ! Tu es vraiment fou ! Comment as-tu accepté de te séparer de Sâber aussi facilement ? », me dis-je.

J’entends un hurlement. Je me fige. J’attends de voir si le bruit se répète ou non. Mais il ne se passe rien : « Qu’est-ce que ça veut dire ? Est-ce que j’entends des choses maintenant ? »

Je me souviens d’une histoire que ma mère m’a racontée. Une histoire sur pourquoi les loups hurlent : « Sept loups marchaient depuis sept jours et ne trouvaient pas leur pitance. Leurs louveteaux étaient en train de mourir de faim. Le septième jour, ils se sont rassemblés sur une colline. Ils ont relevé la tête et ont crié : Dieu !... Dieu !... Dieu a eu pitié d’eux et leur a envoyé de la viande depuis le ciel. Aujourd’hui encore, quand les loups hurlent, en fait, ils appellent Dieu. »

Soudain, au-dessus de ma tête, un bruit s’entend qui se rapproche de plus en plus. Quelque chose s’arrache à mes tréfonds et remonte à toute vitesse. Je me jette en arrière. Une boule de neige passe devant moi et descend vers le fond de la gorge. Je suis tétanisé : « Qu’est-ce que c’est ? Qui a lancé cette boule de neige ? Ou est-ce qu’elle s’est détachée d’elle-même de la montagne ? »

J’essaie de me rappeler s’il y a déjà eu des précédents. Mais je n’arrive pas à penser. Peut-être qu’avant, j’étais moins attentif à mon environnement.

Soudain, des pensées hallucinantes prennent vie dans ma tête ; une tache qu’on peut voir sur le bas-côté prend la forme d’un loup. Un loup dont je peux voir les dents blanches luire même à cette distance. Je bouge la tête. Le loup a disparu et je vois maintenant une perdrix à sa place. Pour en finir avec ces visions, je commence à courir. Comme ça, je ne vais pas faire attention.

La rivière se rapproche. Elle est recouverte d’une couche homogène de glace et de neige. Je mets le pied sur les pierres qui dépassent de la neige. Je sais que je me sentirai plus calme une fois que j’aurai traversé la rivière. Les terrains de notre village commencent à s’étendre sur l’autre rive, et rien que ça me calme. Alors que je suis en train de traverser, je glisse. Je bats des bras pour garder mon équilibre sur la pierre mais peine perdue. La glace se casse sous mes pas, et avant de comprendre ce qui se passe, je suis dans l’eau glaciale. On dirait qu’on me pique avec des aiguilles sur tout le corps. Je veux crier, mais je n’ai plus de voix. L’eau qui passe sous la glace se cogne contre mes jambes.

Je concentre toutes mes forces dans mes doigts et essaie de m’agripper aux rebords du trou. Il faut que je réussisse à sortir de l’eau, à tout prix. Si je me relâche, l’eau ne me fera pas de quartier et… Je recommence à trembler. Maintenant de peur plus que de froid.

Quand enfin j’arrive à m’extirper dehors, je n’arrive pas à croire que j’ai eu la vie sauve. Je tombe sur la neige de l’autre côté de la rivière, en essayant de retrouver mon souffle. Mes jambes palpitent douloureusement. Je me lève et commence à marcher. Je sais que si je m’arrête, je gèlerai très vite. La neige continue de tomber lourdement. La douleur de mes jambes disparaît peu à peu. Maintenant, elles sont insensibilisées ; je ne les sens plus du tout. J’ai beau essayer de les traîner derrière moi, rien à faire.

Je tombe par terre. Un rideau de neige s’étire devant mes yeux. J’ai salement sommeil. J’ai envie de poser ma tête sur les neiges froides et de dormir, serein. Je ferme les yeux. Peu à peu, mon corps s’alourdit ; je suis de plus en plus lourd. C’est comme si j’allais m’enfoncer à l’instant dans le sol. Je reviens soudain à moi et ouvre les yeux. Je sais que si je m’endors, c’est fini pour moi. Je relève la tête. Le vent me gifle avec de la neige. Autour de moi, des traces de pattes anciennes. Surement, des animaux sont passés par là. Je suis sur le point d’éclater en sanglots. Je regarde aux alentours et je crie : « Au secours… ! A l’aide… ! »

Le vent tue ma voix. Je me dis : « Ça ne sert à rien. Personne ne viendra à mon secours. Je mourrai ici et les loups me mangeront. »

Je referme les yeux. Ma mère dit : « Viens sous le korsi ! Tu es surement gelé. »

Je m’enfonce jusqu’au cou sous la couette. Sâber dit : « Mes sœurs vont surement être contentes. »

Je crie : « Nous passerons par le chemin du haut. Il n’y a que les tricheurs qui courent. »

Ma mère dit : « Dors ! Dors ! Tu es surement très fatigué. » Je ferme les yeux. Quel plaisir que dormir ! Sâber dit : « Ecarte-toi de mon chemin ! Le maître dit : « Si la météo est mauvaise, ne venez pas à l’école ! » De l’extérieur de la maison, on entend un bruit de bas. Quelqu’un écrase la neige sous ses pas et avance. Puis une voix. Une voix emplie d’inquiétude : « Jalâl ! Jalâl, c’est toi ? »

Qu’est-ce que cette voix ressemble à celle de Sâber. Je fais semblant de dormir et ne réponds pas. Je n’ai pas envie de sortir de sous la couette. La voix s’élève à nouveau : « Jalâl ! Jalâl, lève-toi ! »

Mes joues brûlent. Mes joues brûlent fort. Qui me gifle ? Je ferme fort les yeux. Je ne sais pas pourquoi la tête et les épaules de Sâber sont recouvertes de neige. Est-ce qu’il neige ?

Une main se glisse sous mon aisselle et me soulève.

« Ne t’endors pas ! Ne t’endors pas, maudit ! Si tu dors, c’est terminé pour toi. Ouvre les yeux. Il faut que tu marches. Tu comprends ? Il faut que tu marches… Viens… Viens, prends mon manteau. »

De nouveau mon visage me brûle. Je commence peu à peu à comprendre ce qui se passe. Je demande : « Où étais-tu ? Comment m’as-tu retrouvé, Sâber ?

- Je n’avais pas envie de continuer sur le chemin du bas. J’ai fait un détour à mi-chemin. »

Je m’appuie sur son épaule et jette tout mon poids sur lui. Quand on commence à marcher, je dis :

« Sâber ! Sâber ! Je... j’ai... je dois te dire quelque chose...je... » Il me coupe :

« Ne dis rien. Essaie seulement de marcher. »

Et j’essaie. De tout mon être.

Couverture du recueil Barkhord-e Nazdik

* Titre original : Hamrâhân. Nouvelle tirée du recueil Barkhord-e Nazdik (Contact proche), Téhéran, éd. Neyestân, 2012.


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