N° 146, janvier 2018

Karim Nayerniâ
Scientifique biomédical iranien


Khadidjeh Nâderi Beni


Né à Shirâz, Karim Nayerniâ fit ses études primaires dans sa ville natale, pour ensuite se rendre en Allemagne où il entame des études supérieures dans le domaine de la biologie moléculaire et des cellules souches. En 1993, il termine ses études à l’Université de Göttingen, où il travaille jusqu’en 2006. En 2003, il devient membre du corps des professeurs de la Faculté de médecine de l’Université George-Auguste à Göttingen. En 2006, il obtient la chaire de biologie des cellules souches de l’Institut de Génétique Humaine à l’Université de Newcastle. Depuis, il travaille régulièrement pour cette université. La même année, il parvient à créer des spermatozoïdes à partir de cellules souches embryonnaires en vue de féconder des souris : sept souris sont conçues et viennent au monde, mais l’une meurt et les six autres ont des problèmes de santé. En 2009, il crée pour la première fois au monde des cellules semblables à des spermatozoïdes humains à partir de cellules souches mâles en laboratoire. L’année suivante, il découvre de nouvelles méthodes de dépistage des cellules souches du cancer du sein. Il est actuellement directeur de l’International Stem Cell Academy (ISCA) créée en 2016 et qui mène des recherches dans le domaine des cellules souches. En tant que fondateur de la Société Genocell, le docteur Nayerniâ dirige également des études concernant la thérapie cellulaire en son sein. En tant que scientifique biomédical, il mène de vastes recherches dans le domaine de nouvelles thérapies pour certaines maladies dont les maladies cardiaques, de Parkinson, et l’infertilité. Dans cet article, nous aborderons les principaux sujets de recherche de ce scientifique iranien.

Karim Nayerniâ

Karim Nayerniâ est le premier chercheur au monde à avoir isolé un nouveau type de cellules souches provenant de testicules de souris adultes. Le Docteur Nayerniâ et son équipe ont démontré que des cellules similaires peuvent être extraites des hommes en utilisant une biopsie testiculaire. Selon les nouvelles techniques qu’ils proposent, ces cellules pourraient être développées afin de traiter une grande variété de maladies, notamment l’infertilité masculine.

En 2013, le docteur Nayerniâ et ses collègues ont focalisé leurs études sur la médecine personnalisée dans le domaine du traitement des cellules cancéreuses. Cette médecine consiste à adapter les traitements selon les caractéristiques des patients et de leurs maladies. Ces thérapies ciblées et innovantes pourraient permettre de traiter un grand nombre de cancers, et plus particulièrement le cancer du sein et de la prostate. Selon ces chercheurs, la détection précoce de la maladie est réalisable de façon simple, ce qui facilite le traitement efficace et rapide de ce cancer. En outre, selon eux, le type de la maladie n’est pas identique chez toutes les personnes souffrant du cancer et de ce fait, les traitements basés sur la chimiothérapie et l’efficacité des médicaments doivent être personnalisés. Dans leurs études, le docteur Nayerniâ et ses collègues ont précisé que le cancer en tant que maladie peut apparaître différemment d’un patient à l’autre, mais qu’il touche le plus souvent les cellules souches. De ce fait, elles sont l’objet d’une attention particulière tout au long du processus de traitement. Les cellules cancéreuses sont dissimulées pour ne pas être détectées par le système immunitaire qui est très sensible à toute protéine inconnue. Ces chercheurs sont ainsi parvenus à produire des cellules immunitaires capables d’identifier les cellules cancéreuses. Selon cette technique, qui fait partie de l’approche plus globale reposant sur la médecine personnalisée, on utilise les cellules souches du patient lui-même. C’est donc un moyen efficace pour surveiller le processus de traitement, qui permet par ailleurs au médecin de remplacer les thérapies les plus efficaces en cas de besoin. Ces chercheurs prétendent qu’avec cette méthode, il est possible de diagnostiquer plus de douze types de cancer dont celui du poumon, du sein, de la prostate, du sang, etc.

Dans un entretien réalisé en 2013 avec ISNA [1], le docteur Nayerniâ a précisé que les cellules sexuelles sont considérées comme l’origine principale des cellules cancéreuses ; certains cancers étant produits à partir des gènes qui existent dans les cellules sexuelles mâles. Selon cette hypothèse et du fait que les cellules souches du sperme ont une activité proliférative, les cellules cancéreuses peuvent également être transformées en cellules sexuelles. Au cours de leurs recherches, le docteur Nayerniâ et son équipe ont découvert plus de 50 gènes différents actifs dans les spermatozoïdes mâles mais qui ne figurent pas dans les cellules mammaires saines ; ces gènes sont également actifs dans les cellules cancéreuses du sein. Selon ce phénomène, découvert par ce chercheur iranien, des cellules épithéliales [2] se transforment d’abord en cellules sexuelles pour ensuite devenir cancéreuses.

Karim Nayerniâ. Photo : Mehdi Ghâsemi. ISNA

Durant ces dernières années, le docteur Nayerniâ et son équipe du Département des cellules à Newcastle ont fait de vastes recherches sur les cellules souches spermatogoniques visant à produire des embryons humains et traiter ainsi l’infertilité. Selon cette technique, on modifie la structure du sperme pour le rendre capable de féconder l’œuf et de créer le fœtus. Il est le premier chercheur à avoir produit des cellules reproductives humaines à partir de cellules souches. Lors de leur première tentative, le docteur Nayerniâ et ses collègues ont réussi à faire naître des souris, mortes néanmoins peu de temps après leur naissance. Ces chercheurs pensent que cette approche peut être utilisée pour traiter l’infertilité chez les personnes qui ont été atteintes à la suite d’une chimiothérapie. Il faut souligner que selon les lois concernant l’embryon, l’utilisation des cellules produites artificiellement pour les traitements de l’infertilité est absolument interdite. Selon ces lois, la production d’embryon nécessite une autorisation ; en outre, le fœtus produit doit être détruit après 14 jours.

L’invention du docteur Nayerniâ a suscité de nombreuses réactions positives et négatives : certains chercheurs considèrent cette méthode comme une invention admirable, tandis que d’autres la considèrent comme étant une intrusion dans la nature humaine. Au cours d’une autre recherche conduite par le docteur Nayerniâ et ses collègues à l’Université de Newcastle, on a réussi à produire des cellules souches mâles à partir de cellules souches femelles. Dans cette technique, les chercheurs obtiennent des cellules souches spermatogoniques à partir de cellules de la moelle osseuse et, selon un processus similaire, à partir de cellules fœtales. Lors d’une première tentative, les souris fécondées ont donné naissance à sept petits dont six ont survécu jusqu’à l’âge adulte. Lors de ces recherches dirigées par le docteur Nayerniâ, on a découvert une méthode de création de spermatozoïdes appelés spermatogonies, provenant de la moelle osseuse entièrement in vitro et en dehors du corps humain. Le Docteur Nayerniâ et son équipe visent à cultiver du sperme féminin [3] en laboratoire, dans l’espoir d’ouvrir de nouveaux horizons dans le domaine du traitement de l’infertilité. Pour finir, il faut souligner que l’invention du sperme femelle a aussi suscité de nombreuses questions étiques et morales.

 

Notes

[1Iranian Students News Agency

[2Il s’agit d’un tissu organique qui recouvre la surface externe ou interne de divers organes.

[3Sperme contenant du matériel génétique féminin.


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