N° 148, mars 2018

Présentation générale de
la province de Zanjân


Shahâb Vahdati


Peinture de l’ancien Zanjân par Eugène Flandin

Connue sous le nom du « Plateau au sommet », la province de Zanjân est située dans le nord-ouest de l’Iran, avec une superficie d’environ 22 164 km2. Elle partage ses frontières avec les provinces du Guilân et d’Ardebil au nord-est, celle de Qazvin à l’est, la province du Kurdistan au sud-ouest, et la province de l’Azerbaïdjan à l’ouest. Son centre administratif est la ville de Zanjân, et ses principales villes sont Abhar, Idjeroud, Khôrramdarrêh, Khodâbandeh, Târom et Mâh-Neshân. Environ 90% de la population de la province parlent l’azéri, les 10% restants, majoritairement le persan.

 

La province est située à l’intersection des chaînes du Zagros et de l’Alborz, ce qui en fait une région montagneuse - la vue de ses hauts sommets crée ainsi l’apparence d’un plateau élevé. Elle se compose dans son ensemble de deux régions, l’une montagneuse et l’autre en plateau. Le relief existant est divisé entre les montagnes du Nord et les montagnes du Sud de Zanjân.

 

Les montagnes du Nord sont en réalité la continuation de la chaîne de l’Alborz. Les cimes les plus importantes sont Glas (2974 m), Baklur (2966 m), Dêgâs (2986 m) et Cheleh Khâneh (2775 m). Ces montagnes se croisent dans le nord-ouest de la province et forment l’aile occidentale des montagnes de l’Alborz. Celles du sud de la province créent une chaîne de montagnes à part, avec des pics comme Kaidar (2770 m), Khour-Jahân (3318 m), Alam Kandi (2900 m), Sepahsâlâr (3052 m), Jahân-Dagh (2484 m) et Rostam (2700 m). Les principaux cours d’eau de cette province sont le Ghezel Owan, le Zanjân-Roud et l’Abhar-Roud, également appelé Roud-e Kabir, "la grande rivière".

Montagne de Cheleh Khâneh

Agriculture, élevage et industries

 

En raison de ses montagnes, il existe deux types principaux de climat dans la province de Zanjân : un climat montagneux et un autre, chaud et semi-humide. En résumé, le climat est doux et tempéré en été et très froid et neigeux en hiver, avec un vent qui souffle en toutes saisons. La diversité climatique, l’abondance des ressources en eau et les sols fertiles font de la province de Zanjân un endroit idéal pour l’agriculture. L’agriculture pluviale y est pratiquée en piémont, et la culture irriguée dans la plaine. La province est célèbre pour ses raisins sans pépins qui sont réputés pour leur goût et leur qualité dans tout le pays. Les principaux produits agricoles s’exportent à l’étranger, parmi lesquels figurent, le riz, les raisins, les abricots, les pommes, les haricots, les concombres, les oignons, les noix, les noisettes, les amandes, les olives, les grenades et l’ail. La plupart de ces produits sont produits dans le district de Târôm.

Grande Mosquée de Zanjân

Si les zones montagneuses jouissent d’un climat assez rude, les vallées de Ghezel Owzan sont plutôt tempérées en hiver et assez chaudes en été. Il y deux vents principaux qui soufflent dans cette province nommés Mâh et Shareh, desquels dépendent les précipitations atmosphériques. Le Mah se dirige du nord vers le sud et amène l’humidité de la Caspienne, suscitant une baisse des températures, alors que le Shareh vient du sud-ouest et transporte les vapeurs méditerranéennes qui provoquent un assèchement considérable du climat, affectant parfois l’agriculture. 

La province de Zanjân est considérée comme l’un des pôles importants de l’agriculture et de l’élevage du bétail dans l’ouest de l’Iran. Dans cette province, l’élevage autant que l’agriculture sont pratiqués à la fois de façon intensive et traditionnelle. L’élevage bovin est surtout pratiqué par les nomades.

Marché traditionnel de Zanjân

Cette province est également dotée d’un important potentiel industriel. Elle connaît actuellement un développement constant de ses usines, notamment en raison de sa proximité avec Téhéran et avec la province septentrionale littorale du Guilân. Munie d’avantages tels qu’un sol fertile, des ressources en eau relativement abondantes, de bonnes infrastructures de transport et une localisation stratégique dans la zone nord-ouest du pays, cette province réussit depuis quelques années à attirer des investissements nationaux, et dispose d’un potentiel remarquable pour s’attirer des capitaux. Ainsi, au cours des dernières années, d’importantes entreprises industrielles se sont installées dans cette province.

Très riche également en mines et minerais, elle possède des ressources en plomb, zinc, quartz, antimoine, talc, sulfate de magnésium, alunite, manganèse, cuivre, fer et pierres comme le granit, le travertin, la porcelaine, le marbre, le calcaire, le gypse et le gravier. À l’heure actuelle, la province contient les plus riches réserves de zinc du Moyen-Orient.

Plusieurs types très différents d’artisanat sont pratiqués dans la province. Les plus importants sont le tissage de tapis et de pantoufles en coton appelées gabbêh, pratiqués sur l’ensemble de la province, ou encore la fabrication manuelle de bottes brodées en cuir brut, la poterie, la fabrication artisanale d’outils métalliques telles que les pinces à sucre ou les marteaux de gravure et la coutellerie, l’artisanat le plus renommé de la région. Ainsi, la plupart des artisanats de la région sont tressés en laine et en métal.

 

Carte d’Abhar par Matrakçi Nasuh

Démographie et histoire

 

Environ 5,1% de la population du pays vit dans cette province, qui a connu un important développement démographique : en moins de vingt ans, la population générale de la province a doublé. La moitié des habitants vit en milieu urbain, l’autre moitié en milieu rural. La ville de Zanjân héberge à elle seule 32% de la population de la province.

Centre administratif de la province, cette ville entourée de beaux paysages est célèbre pour sa fraîcheur estivale. Elle est depuis longtemps le berceau d’artistes et d’artisans renommés. La ville a été fondée par les Sassanides sous le nom de Shâhine, signifiant littéralement « la ville du Shâh ». Des tribus turcophones nomades s’intéressent à cette région et ses vastes prairies, idéales pour la pâture de leurs troupeaux. Elle sera détruite deux fois pendant l’invasion des Mongols et de Tamerlan, mais reconstruite par Uldjaïtu, pour être réaménagée une nouvelle fois au XIXe siècle, sous le règne des Qâdjârs. Zanjân abrite de nombreux monuments historiques comme le marché traditionnel de Zanjân, doté d’une importance à la fois religieuse, culturelle et économique.

 

Pont de Seyyed Mohammad

Les attractions touristiques urbaines de Zanjân

 

Le marché historique de Zanjân est situé dans une zone de 15 hectares au cœur de la vieille ville et divisé en marchés supérieurs et inférieurs. Le plafond du bazar est troué de fenêtres horizontales qui servent autant à ventiler qu’à assurer une luminosité suffisante. Au cœur du bazar, une mosquée centrale ancienne est à visiter. Son style architectural et les documents relatifs à sa construction indiquent l’an 1790 et le début du règne d’Aghâ Mohammad Khân, le fondateur de la dynastie qâdjâre, et l’an 1906 comme la fin définitive des travaux.

Ce marché est économiquement très complexe et abrite différents types de magasins de vente en gros et au détail. Il est à ce titre relié à toute la ville à travers de nombreuses portes d’accès. Il est considéré en termes de production et de fourniture de biens et de services annexes, comme un centre commercial et économique important de la ville.

De plus, le bazar est depuis l’Antiquité un lieu de communication sociale et joue un rôle décisif dans la préservation des coutumes et traditions nationales et religieuses. En ce qui concerne la ville de Zanjân, le climat froid explique également l’importance de ce complexe couvert, puisque cet ensemble préserve le marché des aléas de la météo.

Il existe 23 mosquées historiques à Zanjân, parmi lesquelles figure notamment la Grande Mosquée de Zanjân et les mosquées de Sheikh Ali, Eshâgh Mirzâ, Tchehel Sotun et celle de l’Ecole coranique de Hidaj, qui sont les plus connues.

Mais les mosquées ne résument pas à elles seules l’intérêt architectural de cette région habitée depuis fort longtemps. Ainsi, de nombreux sites antiques et historiques sont également à visiter. Ces sites historiques recouvrent un passé très proche autant qu’un passé très lointain. Citons pêle-mêle : une ancienne blanchisserie construite en 1926 qui abrite aujourd’hui le Musée d’Anthropologie de la ville, le temple Dashkasan à 10 km au sud-est de Soltaniyeh, dédié au culte de Mithra et datant de l’ère sassanide, un abattoir bâti en 1921 en briques avec une belle façade latérale… Les 9 caravansérails les plus connus dans la province dont ceux de Malak, Nâsseri et Kalb-Ali datent principalement des ères safavide et qâdjâre ou l’Usine d’allumettes Trois Etoiles de Zanjân - la plus célèbre marque d’allumettes en Iran jusqu’en 1978. Notons également la présence de maisons historiques, telles que la Maison Towfighi, la Maison Sheikh-ol-Eslâmi ou la maison Assadi. Certains villages, comme Guilân Kesheh, à 90 km de Zanjân, sont de plus des lieux de villégiature pittoresques. Quelques hammams traditionnels, tels que le Hâdj Firouz, le Farrâsh Bâshi et Yan Yan, des temples zoroastriens, également nommés « les Quatre Arches » dont ceux d’Alzine, Tashvir, Guilvân et Pircham, un labyrinthe souterrain reliant des cellules creusées dans la roche à 4 mètres de profondeur et qui servait durant les invasions à protéger les habitants, sont aussi à visiter. Ajoutons les châteaux et citadelles historiques et antiques de la région, tels que Behestân, Mehr, Yâssin Ghal’eh, Pirgheshlâgh et Sehrin, ainsi que les trois ponts de Seyyed Mohammad, Mir-Bahâoddin et Sardâr, qui enjambent le Zanjân-Roud et qui ont respectivement été construits en 1883, 1894 et 1915. Terminons par les musées de la région, notamment celui de Pir Ahmad Zahrnoush à Abhar, le Musée d’archéologie, qui abrite notamment des hommes de sel découverts en 1993 et vieux de 1700 ans, le Musée de l’Artisanat et des Arts traditionnels de Zanjân, gratuit, et le Musée d’histoire naturelle inauguré en 1994.

 

Pont de Sardâr

Abhar

 

Abhar est une autre grande ville de cette province. Elle aurait été l’un des premiers habitats de l’homme en Iran, depuis au moins le deuxième millénaire avant notre ère. Au IXe siècle av. J.-C., les Mèdes ont créé une confédération composée de diverses tribus réunies à Abhar. C’est autour de la vallée de la rivière Abhar-Roud que s’est déroulée en 82 av. J.-C. une bataille décisive entre Mèdes et Assyriens. Le mot « Abhar » serait composé de âb (eau) et vahr (diviser), et désignait à l’origine un endroit où l’eau était divisée. Selon les archéologues, le plus ancien quartier de la vieille ville serait la colline antique de Tappeh-Ghal’êh, sur la rive droite d’Abhar-Roud. De très anciennes poteries rouges et décorées ont notamment été découvertes sur ce site.

 

Khodâbandeh

 

Khodâbandeh est une autre ville importante au sud-est de Zanjân. Dans cette région, les tribus Khodâbandeh et Afshâr se sont mêlées aux habitants originels, et ce mélange a créé un type physique particulier que l’on appelle le Zanjâni. Les deux très anciennes villes de Sohravard et Sajas forment aujourd’hui deux des quartiers de Khodâbandeh. Sohravard est notamment le lieu d’origine et de naissance du grand philosophe Shahâbeddin Sohravardi.

 

Pont de Mir-Bahâoddin

Les attractions naturelles de Zanjân

 

Les attractions naturelles et les parcs naturels protégés font également la beauté de cette région. Citons notamment la zone protégée d’Angurân Mahneshân, d’une superficie de 125 000 ha, à proximité de Takâb) ; la plaine protégée de Sahrine, d’une superficie de 35 000 ha dans la commune de Zanjân, qui est par ailleurs l’unique habitat de la gazelle iranienne Gazella subgutturosa, dont il ne reste plus que 1450 individus selon le dernier recensement ; et le parc naturel de Sorkhâbâd à Tarôm, d’une superficie de 100 000 ha, qui abrite 4000 espèces végétales et une grande variété d’espèces animales.

De par ses montagnes, la province de Zanjân possède de nombreuses sources thermales dont certaines ont été aménagées, notamment Arkouïne à 57 km de Zanjân, Ali-Bolâghi sur la route Abhar-Kaidar, et Vanangh.

Entrée de la grotte de Kataleh-Khôr

Outre les sources, la province possède une quantité de grottes dont la grotte calcaire Zarrine-Ghâr, à 35 km de Khodâbandeh, a été découverte en 2005 après un tremblement de terre. Située à une altitude de 1830 mètres, la bouche est assez sèche près de l’entrée, mais il y a, à l’intérieur, des sources et des petits lacs, ainsi que de belles stalactites transparentes. Une autre grotte est ouverte au public, celle de Kharmaneh-Sar, à proximité de Târom et creusée dans un mont (2700 m) éponyme donnant sur le village de Shâhneshin. Des traces d’un ancien habitat troglodyte, des poteries cassées et des lampes à graisse qui remontent au 5e millénaire avant J.-C. y ont été découvertes. Citons également la célèbre grotte de Kataleh-Khôr à 155 km de Zanjân et aux environs de la ville de Garmâb, ainsi que la grotte Haji-Kandi à 35 km de Zanjân, de 700 mètres de long et d’une hauteur approximative de 50 mètres, où des traces de présence humaine vieilles de 16 000 à 30 000 ans ont été découvertes, notamment des outils préhistoriques et des pierres taillées.

 

Les rivières

 

Il existe cinq grandes rivières dans la province de Zanjân dont le Zanjân-Roud (nommée également Zanjân-Chaï, de 120 km de longueur, qui s’achemine du sud-est vers le nord-ouest), l’Ijiroud, qui prend sa source dans les montagnes de Zanjân au sud et se jette dans le Ghezel Owzan, le Sojas-Roud, d’une soixantaine de kilomètres de long, qui est également un affluent saisonnier du Ghezel Owzan, ou encore l’Abhar-Roud, formée de deux affluents, l’un permanent et l’autre saisonnier, qui coule du nord-ouest vers le sud-est et traverse entre Saïne-Ghal’eh, Hidadj, Abhar et Khorramedarreh.

 

Grotte de Kataleh-Khôr à 155 km de Zanjân

Les barrages et lacs artificiels

 

Les barrages sont d’autres lieux de randonnée et de promenades de la province de Zanjân. Il en existe trois en service, tandis qu’un quatrième est actuellement en cours de construction. A 14 km au sud-ouest de la ville d’Abhar, le barrage Kineh-Varz a généré un lac artificiel d’une superficie de 2,95 ha et a attiré une population de 1398 personnes. Du point de vue lithologique, le sol qui abrite ce barrage est composé de shale (roche sédimentaire), de quartz-séricite, de grès, de dolomite, et de pierre calcaire hautement cristallisée et de matières basaltiques. 

Les deux autres barrages sont celui de Golabar, à 50 km de Zanjân et construit sur l’Ijiroud, le barrage Khalifelou, à 90 km de Zanjân, qui avoisine les sites antiques de la Colline d’Aïneh-Lôr, sur laquelle se trouvent des colosses en granit antiques, le très vieux cimetière antique de Gavini-Boïlaq, et la vieille mine désaffectée de Kat-Yêri… et finalement le barrage Tahâm, à proximité du village éponyme, qui a malheureusement submergé la fameuse cascade Sharshar.

Bibliographie : 


- Sobouti Hushang, Târikh-e Zanjân (Histoire de Zanjân), Organisation de la culture et de l’orientation islamiques, Zanjân, 2011.


- Atlas-e Gitâshenâssi ostân-hâye Irân (Atlas des provinces de l’Iran)


- Amirahmadiân Bahrâm, Dâneshnâme-ye Jahân-e eslâm (Encyclopédie du monde de l’Islam), 15 décembre 2012.

Site : 

http://Zanjân.ichto.ir

http://russian.irib.ir/


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