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La Tour Azadi (Liberté) est incontestablement le symbole emblématique de Téhéran depuis son inauguration en 1971. Ce grand monument architectural fut conçu par l’architecte iranien Hossein Amânat [1] qui avait gagné une compétition organisée en 1966 par la mairie de Téhéran pour la construction d’un monument architectural dans l’ouest de la capitale à l’occasion de la « Célébration des 2500 ans de la monarchie iranienne » [2]. La Tour Azadi se situe au milieu d’une immense place du même nom à l’ouest de Téhéran. D’un point de vue architectural, elle est une conception moderne reprenant des éléments appartenant à l’histoire de l’architecture iranienne avant et après l’islamisation de l’Iran.
Le programme « Le Labyrinthe du temps et la Tour Azadi » a été organisé par la mairie de Téhéran, le complexe culturel de la Tour Azadi, ainsi qu’avec le soutien de la Fondation culturelle Roudaki et de l’ambassade de France en Iran. Le directeur du complexe culturel de la Tour Azadi, Nematollah Pâyân, a déclaré à la presse qu’auparavant, deux projets de mapping video avaient été réalisés à la Tour Azadi. Le « mapping video » (ou fresque lumineuse) est une technologie multimédia permettant de projeter de la lumière ou des vidéos sur la façade des monuments afin d’y recréer des images de grande taille. Le mapping video est souvent réalisé dans le cadre de spectacles nocturnes.
« Quand nous avons reçu la proposition de l’artiste français, Stéphane de Gérando, nous avons vite accepté son projet vu le succès de nos deux expériences dans ce domaine », a-t-il déclaré, en soulignant que le complexe de la Tour Azadi considérait de tels projets comme une occasion de développer des échanges culturels avec d’autres nations. M. Pâyân rappelle qu’en 2017, le mapping video de la Tour Azadi, intitulé « La Symphonie de la Paix » avait eu un grand succès et qu’il a été reproduit en Australie à la demande de la mairie de Sydney. « Là encore, nous espérons que le projet de Stéphane de Gérando soit une opportunité pour coopérer avec d’autres villes du monde, surtout en France », a-t-il ajouté.
Stéphane de Gérando, né à L’Haÿ-les-Roses (Île-de-France) le 23 juin 1965, est un compositeur, chef d’orchestre, artiste multimédia et pédagogue français. Le « Labyrinthe du temps » est un projet artistique et technologique que Stéphane de Gérando développe en permanence depuis près de quinze ans. Le Labyrinthe du Temps est une œuvre poly-artistique, un « tout » interactif contrôlé ou inventé en temps réel par des algorithmes.
Stéphane de Gérando a reçu trois formations différentes : à l’origine, il a reçu une formation de compositeur pendant une période assez longue au Conservatoire supérieur national à Paris. Il a aussi un statut de chercheur universitaire, et a fait des études spécialisées en informatique musicale.
Stéphane de Gérando a fondé le Festival de la Création et de l’Innovation. Il est lauréat de plusieurs récompenses du Conservatoire national supérieur de Paris et de plusieurs prix internationaux, dont celui du Festival de Darmstadt, en Allemagne.
Le « poly-art » est une notion assez récente qui doit être comprise comme une expression artistique particulière qui utilise des éléments que l’on considérait jusqu’alors comme appartenant chacun à un différent domaine artistique. Les partisans de ce courant artistique, comme Stéphane de Gérando, pensent au contraire que tous ces éléments ou matériaux font partie d’un champ unique, plus étendu, bien plus riche que les domaines « mono-artistiques ».
Dans un tel projet, un système de conversion entre divers langages de représentation artistique et technologique opère pour créer un ensemble spatio-temporel :
musicalité visualité
contextualité spatio-temporelle
Dans cette optique, c’est une vision unitaire et monolithique du travail créatif qui est mise en avant. Il s’agit, en réalité, d’une représentation simultanée et spatiale, avec une profondeur tridimensionnelle du processus créatif poly-artistique, limitée dans le temps.
Le « Labyrinthe du temps » est un spectacle visuel et sonore, un voyage à travers différentes échelles du temps. Le Labyrinthe du temps est une œuvre en développement permanent, comprenant des grands « cycles » et des « satellites ». Multiplication des techniques, déformation ou invention par superposition, présentation artistique du concept d’absence/présence, l’œuvre de Stéphane de Gérando est également le résultat d’un processus algorithmique. Il est une fragmentation de la mémoire et crée un sentiment simultané de présence et d’absence.
Comme un écho à des problématiques intellectuelles contemporaines, Le Labyrinthe a notamment pour objectif de susciter de nouvelles formes de collaborations scientifiques afin d’envisager des perspectives singulières de création, aussi bien de nature conceptuelle que liées à la réalisation d’une œuvre. Une des trajectoires du Labyrinthe tend vers une tentative d’unification du tout, la recherche d’un métalangage propre à unifier l’écriture des sens et des pratiques artistiques.
La projection visuelle et sonore de l’artiste français a eu lieu le jeudi 19 juillet 2018 en nocturne à la place Azadi de Téhéran en présence du maire du 9e arrondissement de Téhéran, du directeur du complexe Azadi, des membres de la Fondation culturelle Roudaki, et des représentants de l’ambassade de France en Iran. Etait également présente une foule d’habitants de la capitale. Pendant quarante minutes, tous ont pu admirer cette présentation de sons et lumières sur la façade de l’emblématique Tour Azadi. Les Téhéranais ont d’ailleurs participé à ce jeu visuel et musical notamment en créant des ombres devant la projection de lumière de l’artiste français. Avant la projection spectaculaire de son œuvre sur la Tour Azadi, Stéphane de Gérando a organisé pendant une semaine des ateliers et conférences à l’Université de Téhéran ainsi qu’au Musée de la musique.
[1] Hossein Amânat (né en 1942) est un architecte iranien. Diplômé de la Faculté des Beaux-arts de l’Université de Téhéran, il conçut la Tour Shahyâd (aujourd’hui, Tour Azadi) à l’âge de 24 ans. Ce monument est l’œuvre la plus célèbre de cet architecte iranien qui créa ensuite le plan de l’Université technologique Sharif à Téhéran et de l’ambassade d’Iran à Pékin.
[2] La « Célébration des 2500 ans de la monarchie iranienne » fut l’ensemble de festivités organisé de mars 1971 à mars 1972 pour célébrer le 2500e anniversaire de la fondation de la dynastie des Achéménides par Cyrus Le Grand en 530 av. J.-C. Le projet de ces festivités sous le règne du dernier chah d’Iran Mohammad Reza Pahlavi, fut souvent critiqué pour son coût très élevé et pour son côté propagandiste contrastant beaucoup avec l’autoritarisme du régime royal.