N° 158, janvier 2019

Les Joyaux de la couronne d’Iran


Babak Ershadi


Le bouclier de Nâder Shâh

Les Joyaux de la couronne d’Iran sont une collection de bijoux, pierres précieuses et objets incrustés de grande valeur rassemblée au cours des siècles par les différentes dynasties iraniennes. Cette collection est conservée aujourd’hui dans un musée de la Bank Markazi Iran (Banque centrale d’Iran) [1] à Téhéran. Sur une cinquantaine des plus grandes pierres de cette collection sont gravés les dates et les noms des monarques iraniens.

De nombreuses allusions ont été faites dans les documents historiques à la richesse éblouissante des trésors des rois de la dynastie des Sassanides lors de leur défaite face aux troupes des Arabes musulmans au milieu du VIIe siècle. L’exemple le plus célèbre est celui de « Bahârestan », le tapis du palais impérial de Ctésiphon.

Les Joyaux de la couronne d’Iran, tels que nous les connaissons aujourd’hui, n’existent que depuis la période de la dynastie des Safavides (1501-1736). Shâh Abbâs Ier (1588-1629) rassembla une impressionnante collection de bijoux à une époque où son empire s’enrichissait de butins de guerre, de cadeaux, ou grâce aux missions de joailliers qu’il avait envoyés en Inde, à Venise ou à Istanbul à la recherche des spécimens les plus rares.

Le trône, les costumes impériaux et les bijoux étaient des emblèmes du pouvoir, destinés à impressionner tous ceux qui en étaient témoins. Traditionnellement, ces objets voyageaient partout avec le souverain. Un voyageur anglais, George Mainwaring, décrivit le trône des rois safavides comme « un siège en argent serti de turquoises et de rubis, ainsi que de six grands diamants qui ressemblaient à des étoiles… »

La Tiare Nour-ol-Eïn

Pendant la période islamique, les cours royales de différentes dynasties qui régnèrent en Iran semblaient prendre en considération plutôt la « valeur marchande » des joyaux, des pierres précieuses ou des objets de valeur. Autrement dit, contrairement à l’époque préislamique, la valeur emblématique des objets comme la couronne, le trône, le sceptre royal, etc. en tant que symbole du pouvoir avait été oubliée ou mise au second plan. Au XVIe siècle, les rois safavides cessèrent de voir dans ces objets leur simple valeur marchande. Ils se mirent assidûment à agrandir leur trésor de joyaux et de pierres précieuses.

Après la chute d’Ispahan en 1722, l’Afghan Mahmoud Hotaki (mort en 1725), venu de Kandahar, pilla les trésors des Safavides, mais le pillage se réalisa dans un contexte de grand désordre, de telle sorte que Mahmoud fut pillé à son tour par ses propres hommes. En tout état de cause, une grande partie du trésor safavide fut transféré à Kandahar, capitale des Ghilzai (pachtounes).

Plus tard, Nâder Shâh réussit à rassembler les objets pillés et transférés sur les terres pachtounes. En effet, cela se fit en relativement peu de temps étant donné que les chefs de guerre locaux qui en disposaient n’avaient pas la possibilité de les vendre facilement. En poursuivant ces personnes après la défaite des Afghans, les hommes de Nâder purent rassembler une partie du trésor pillé des Safavides. Mais Nâder apprit qu’une très grande partie de ces objets de valeur avait été vendue aux marchands qui l’avaient ensuite transférée en Inde et revendue essentiellement aux princes mongols.

Rezâ Shâh portant à son chapeau le diamant Daryâ-ye Nour

Après la conquête de l’Inde, Nâder Shâh ramena en Iran ces trésors ainsi que de nouveaux objets à titre de butin de guerre. Pourtant, tous les colis n’arrivèrent pas à destination, et certains objets furent volés. Nâder en offrit aussi aux souverains des pays voisins : l’Ottoman Mahmoud Ier dit « le Bossu », l’émir de Boukhara Aboul Feiz Khân, et l’impératrice Anne de Russie.

Après l’assassinat de Nâder Shâh, plusieurs de ses généraux pillèrent le trésor. De nombreuses pièces furent aussitôt transférées définitivement à l’étranger, dont le très célèbre diamant Koh-i-Nor (« Montagne de lumière »). Finalement, le fondateur de la dynastie des Qâdjârs, Aghâ Mohammad Khân, s’empara des Joyaux de la couronne. Son successeur Fath-Ali Shâh contribua à agrandir la collection.

Le premier inventaire des joyaux de la couronne fut élaboré pour la première fois de manière officielle sous le règne de Mozafareddin Shâh.

Après sa défaite face aux troupes révolutionnaires des constitutionnalistes en 1909, Mohammad Ali Shâh se réfugia dans l’ambassade de Russie à Téhéran. Il vola une partie des Joyaux de la couronne, dont le diamant Daryâ-ye Nour, en prétendant qu’il s’agissait de ses biens personnels. Les révolutionnaires négocièrent avec l’ambassadeur russe, et les joyaux rentrèrent au palais Golestân avant l’exil du roi en Russie.

Après l’annonce en 1923 de l’exil à Paris d’Ahmad Shâh, dernier souverain de la dynastie des Qâdjârs, partit pour une « grande tournée européenne », des rumeurs couraient à Téhéran selon lesquelles on craignait qu’avant de partir, il n’ait volé une partie des joyaux de la couronne comme son père. L’Assemblée nationale mena une enquête et vérifia le trésor des joyaux au palais Golestân. Le président de la commission d’enquête annonça que d’après l’inventaire de l’époque du roi Mozaffareddin Shâh, la collection était intacte.

La couronne de la dynastie des Qâdjârs

La dernière dynastie royale de l’Iran fut fondée en 1925, après la destitution d’Ahmad Shâh, par Rezâ Shâh Pahlavi. En 1929, Rezâ Shâh confia au célèbre joaillier français Pierre Boucheron et ses experts d’inventorier les Joyaux de la couronne d’Iran. À cette occasion, la majeure partie du trésor fut transférée du palais Golestân dans les salles sécurisées de la Bank Melli Iran fondée en 1927 sur ordre du Parlement. À cette époque, en l’absence d’une banque centrale, la Bank Melli fut chargée d’émettre de la monnaie. Une petite collection des joyaux de la Couronne resta au palais Golestân, devenu musée après la fin du règne des Qâdjârs. Rezâ Shâh transféra officiellement la propriété des Joyaux de la couronne à la Bank Melli ; ainsi, la grande collection devint propriété publique dès 1929 par une loi approuvée par le Parlement, mais la famille royale se garda le privilège d’utiliser certaines pièces, dont les trônes, les couronnes, les sceptres, et certains bijoux à des occasions spéciales. 

Plusieurs pièces furent prêtées à la famille royale pour la cérémonie du mariage de Mohammad Rezâ Pahlavi, alors prince héritier, avec la princesse Faouzia d’Égypte (1921-2013), sœur du roi Farouk Ier. La cérémonie eut lieu le 15 mars 1939 au palais d’Abedin du Caire. Mais ces pièces ne rentrèrent pas toutes en Iran. Le Parlement protesta contre l’attitude de la cour qui devait garantir le retour de tous les bijoux, mais ne réussit pas à restituer les pièces qui furent apparemment offertes comme cadeaux à la cour égyptienne.

Le 26 juillet 1944, Rezâ Shâh mourut à Johannesburg (Afrique du Sud), où il vivait en exil après son abdication en 1941. Son corps fut transféré au Caire pour être enterré provisoirement à la mosquée Al-Rifaï. Étaient présents aux funérailles ses deux fils Gholâm Rezâ et Ali Rezâ. La Bank Melli Iran avait confié plusieurs objets du trésor des Joyaux de la couronne aux princes iraniens qui assistaient à la cérémonie au Caire. Mais une épée recouverte de joyaux disparut au Caire. Plusieurs années plus tard, après le coup d’État de Gamal Abdel Nasser et l’abdication du roi Farouk Ier en 1952, la presse égyptienne révéla que l’épée disparue avait été volée par le roi en personne, dont la sœur Faouzia était à l’époque la reine d’Iran.

En 1955, un coffre-fort géant fut construit à la Bank Melli Iran, Avenue Ferdowsi (Téhéran) où se situe le musée hautement sécurisé des Joyaux de la couronne. La propriété du trésor fut transférée officiellement à la Banque centrale iranienne. Plusieurs années après la victoire de la Révolution islamique de 1979, le musée des Joyaux nationaux d’Iran rouvrit ses portes en 1991.

 

La couronne de la dynastie des Pahlavi

Le trésor de Nâder Shâh

 

Nâder Shâh (1736-1747), fondateur de la dynastie des Afcharides, rassembla la majeure partie des pièces qui constituent aujourd’hui la collection nationale des Joyaux de la couronne iranienne. Un grand nombre de ces pierres précieuses est monté sur divers objets, mais un nombre considérable de pierres précieuses datant de l’époque de Nâder Shâh qui restent également non montées jusqu’ à aujourd’hui. En tant que général de l’armée safavide, Nâder servait le roi Tahmasb II (1722-1732) pour défendre la Perse contre les attaques des Ottomans, des Russes et des Afghans.

Nâder vainquit les Afghans en 1729 à Dâmghân (aujourd’hui, province de Semnân), remporta la bataille de Kirkuk (nord de l’Irak) contre les Ottomans en 1733, et signa deux traités avec les Russes en 1732 et 1735 pour assurer la sécurité des frontières avec la Russie, en détournant les ambitions des Russes vers l’Empire ottoman.

Ce faisant, Nâder accumula de grandes richesses et s’empara notamment des anciens Joyaux de la couronne safavide qu’il reprit aux pilleurs afghans. En 1736, après avoir chassé les forces d’invasion de l’ensemble du territoire, il se proclama roi et fonda la dynastie des Afsharides.

Le religieux arménien Abraham III de Crète, patriarche de l’Église apostolique arménienne à l’époque, assista au couronnement de Nâder Shâh le 8 mars 1736 à Moghân (province d’Ardabil) lors d’une réunion intitulée « Grande Assemblée de Moghân » qui vota la destitution d’Abbâs III, dernier roi safavide, et le transfert du pouvoir à Nâder Shâh. Abraham III de Crète décrivit la couronne de Nâder Shâh pendant cette cérémonie : « une couronne en or sertie de pierres précieuses rares et de grosses perles ».

Le globe des Joyaux, 34 kg d’or et 51 366 morceaux de pierres précieuses

Nâder Shâh continua d’étendre les frontières de la Perse. En 1739, il vainquit l’empereur mongol de l’Inde Mohammad Shâh (1719-48) et envahit Delhi, sa capitale. Nâder Shâh retourna en Perse avec, comme butin de guerre, un très grand trésor indien. Le Français André de Claustre (Abbé de Claustre), qui publia en 1743 une histoire des exploits de Nâder Shâh [2], écrivit : « 5000 coffres étaient remplis de roupies d’or et 8000 de roupies d’argent. Il y avait aussi un nombre inconcevable d’autres coffres remplis de diamants, de perles et autres joyaux… Le trésor que le roi de Perse a emporté d’Inde peut être estimé à l’équivalent de 5,4 milliards de notre argent ». En 1753, l’Anglais Jonas Hanway évoqua dans son récit de voyage de quatre grands colis de joyaux : « l’un de perles, l’autre de rubis, le troisième d’émeraudes et le dernier de diamants. » [3]

 

Le bouclier et l’épée de Nâder Shâh

 

Le bouclier et l’épée que Nâder Shâh utilisaient le plus souvent sur le champ de bataille furent plus tard complètement incrustés de pierres précieuses. Ce bouclier et cette épée comptaient parmi des emblèmes les plus importants de la royauté, même pour les dynasties qui succédèrent à celle des Afsharides. Ces deux objets devinrent des éléments essentiels des régalai, c’est-à-dire un ensemble d’objets symboliques de royauté iranienne. Le bouclier de Nâder Shâh était fabriqué en peau de rhinocéros. Il fut utilisé durant la guerre en Inde. Plus tard, d’énormes rubis, diamants, spinelles et émeraudes y furent sertis, au début du XIXe siècle, pour commémorer cet événement. Parmi les ornements du bouclier figure un spinelle octogonal de 225 carats qui est l’un des plus grands du monde. Le bouclier porte aussi douze grandes émeraudes dans les plus lourdes font respectivement 140, 95 et 90 carats. L’épée de Nâder porte plus de 750 diamants.

 

Nâssereddin Shâh fit construire le globe des Joyaux en 1869

La couronne impériale de la dynastie des Qâdjârs

 

La dynastie des Qâdjârs fut fondée officiellement le 1er Farvardin 1175 du calendrier persan (20 mars 1796), avec le couronnement d’Aghâ Mohammad Khân. Mais ce dernier s’était déjà couronné officieusement seize ans plus tôt, le 1er Farvardin 1161 (21 mars 1782). Néanmoins, aucun autre roi de la dynastie n’utilisa sa couronne. Aghâ Mohammad Khân fut assassiné un an après son couronnement officiel. Le deuxième roi de la dynastie des Qâdjârs, Fath-Ali Shâh, fit construire en 1797 la couronne Kiani, utilisée pour son couronnement et ceux des cinq rois de la dynastie qui lui succédèrent. Cette couronne devint le symbole du pouvoir royal de 1797 à 1925. 

La couronne elle-même est faite de velours rouge sur lequel des milliers de gemmes ont été placées. La couronne Kiani est très décorée : 1800 petites perles blanches, dont beaucoup ne mesurent que 7 millimètres de diamètre. Elle est parée également de quelque 300 émeraudes et 1800 rubis. La couronne est haute de 32 cm et large de 19,5 cm.

Rezâ Shâh, fondateur de la dynastie Pahlavi, préféra ne pas utiliser la couronne des rois de la dynastie des Qâdjârs, et se fit faire sa propre couronne. Cependant, lors de son couronnement en 1926, la couronne Kiani était présente dans la salle de réception du Palais Golestân à Téhéran.

La couronne Kiani tire son nom de la deuxième dynastie royale de la mythologie iranienne, les Kiani, cités dans les textes avestiques et le « Livre des Rois », œuvre épique de Ferdowsi. Ces histoires légendaires pourraient refléter de manière très imprécise les souvenirs flous que les Iraniens gardaient à travers des siècles, dans leur culture et leur folklore, des deux premières dynasties indo-européennes de l’histoire du pays : les Mèdes, puis les Achéménides. 

 

Ahmad Shâh porte le diamant Daryâ-ye Nour sur son chapeau

La Couronne impériale de la dynastie des Pahlavi

 

Cette couronne était le symbole principal des Pahlavi, dernière dynastie royale d’Iran de 1925 à 1979.

Après la prise du pouvoir en 1925, Rezâ Shâh, fondateur de la dynastie des Pahlavi, chargea un groupe de joailliers iranien, sous la supervision de Haj Serâjeddin Javâheri, de créer une nouvelle couronne pour remplacer celle utilisée par les rois qâdjârs.

Haj Serâjeddin Javâherin originaire du Caucase fut autrefois au service de Mohammad Alim Khân, dernier émir de Boukhara de 1911 à 1920. Ce groupe d’artistes joailliers s’inspira de peintures, de bas-reliefs, et de descriptions de documents historiques pour créer une couronne qui ressemblait à celles des rois de la dynastie des Sassanides (224-651). La couronne fut utilisée pour la première fois lors du couronnement de Rezâ Shâh le 25 avril 1926 et pour la deuxième et dernière fois le 26 octobre 1967 lors du couronnement du dernier Shâh d’Iran, Mohammad Rezâ Shâh Pahlavi. La couronne est en or, en argent et en velours rouge. Elle est haute de 29,8 cm, large de 19,8 cm, et pèse près de 2080 grammes.

Conformément à la tradition, les pierres utilisées pour parer la couronne furent sélectionnées parmi les meilleures pierres non taillées du trésor impérial. Un nombre impressionnant de 3380 diamants (représentant un total de 1144 carats) a été inséré dans la couronne. Le plus gros d’entre eux est un diamant jaune de 60 carats, placé au centre d’un rayon de soleil de diamants blancs.

Trois rangées de 369 perles blanches naturelles presque identiques encadrent les décorations en diamants. La couronne porte également cinq émeraudes magnifiques (au total, 200 carats) dont la plus grande fait environ 100 carats, placée sur le sommet de la couronne.

 

Le diamant Daryâ-ye-Nour

 

Considéré comme la pièce la plus célèbre des joyaux de la couronne iranienne, le diamant Daryâ-ye-Nour (littéralement, « Mer de lumière ») est l’un des diamants taillés les plus anciens du monde. Le diamant Daryâ-ye-Nour pèse 186 carats. Taillé d’une manière très simple, ce diamant rose mesure 41,40×29,50×12,15 mm.

Le diamant Daryâ-ye-Nour aurait appartenu au premier empereur moghol de l’Inde, puis à ses successeurs jusqu’à Mohammad Shâh (1719-1748). En 1739, les armées de Mohammad Shâh furent battues par le roi de Perse, Nâder Shâh qui envahit Delhi la même année. Il s’empara du trésor royal de la dynastie mongole de l’Inde et le transféra en Iran. Parmi les pièces les plus précieuses de cette collection figurait le diamant Daryâ-ye-Nour.

Un portrait de Fath-Ali Shâh, un grand amateur de bijoux et de pierres précieuses

Pendant les XVIIIe et XIXe siècles, le diamant entra tour à tour dans le trésor royal de trois dynasties iraniennes : les Afsharides, les Zand, et les Qâdjârs.

Le deuxième roi de la dynastie des Qâdjârs, Fath-Ali Shâh, était un grand amateur de joyaux et de pierres précieuses. Le grand collectionneur fit graver son nom sur un côté du grand diamant.

Sous le quatrième monarque de la dynastie, Nâssereddin Shâh (1848-1896), la pierre fut montée sur un nouveau cadre élaboré, surmonté du lion et du soleil (emblème du gouvernement impérial d’Iran). Dans ce nouveau cadre, le Daryâ-ye-Nour est entouré de 457 diamants et de 4 rubis. Le grand diamant rose est toujours monté dans ce cadre jusqu’à nos jours.

Le Daryâ-ye Nour est l’une des plus grandes pierres historiques du monde et il est certainement le joyau le plus célèbre de l’Iran. Le roi Mozafareddin Shâh le portait sur son chapeau lors de son voyage en Angleterre en 1902, et le fondateur de la dynastie des Pahlavi, Rezâ Shâh, portait souvent le Daryâ-ye Nour sur son chapeau.

Le diamant Daryâ-ye Nour

De 1638 à 1643, le voyageur et commerçant français Jean-Baptiste Tavernier (1605-1689) voyagea en Perse, puis de là en Inde jusqu’à Agra (Taj Mahal) et Golkonda, où se trouvaient les ateliers de taille et le marché des fameux diamants de Golconde à l’époque de l’Empire mongol. En 1642, Tavernier vit dans la collection d’un marchand de pierres précieuses de Golkonda un gros diamant rose, exceptionnel par sa taille et sa couleur, qu’il nomma la « Grande Table ». Tavernier, qui était devenu un marchand de haut rang et négociant de bijoux coûteux et de marchandises de luxe, n’avait pas les moyens d’acheter ce diamant exceptionnel qu’il a décrit dans son récit de voyage. Selon les descriptions de Tavernier, la Grande Table pesait 242 carats. Les deux experts consultés par Tavernier estimèrent le prix de ce diamant à 500 000 roupies, équivalant à 750 000 livres français de l’Ancien Régime. À partir de 1642, on perdit la trace de ce diamant légendaire.

Ce n’est que trois cents ans plus tard que les experts réussirent à déterminer le sort de la Grande Table. En 1965, les spécialistes du « Royal Ontario Museum » à Toronto (Canada) furent chargés par le gouvernement iranien d’examiner et d’étudier les Joyaux de la couronne iranienne. Selon leur théorie, deux diamants roses de la collection iranienne provenaient de la retaille de la Grande Table décrite en 1642 par Tavernier, coupé en deux à une date indéterminée. Il s’agirait, selon eux, du fameux Daryâ-ye Nour et du diamant Nour-ol-Eïn.

 

Le diamant Nour-ol-Eïn

 

Comme le Daryâ-ye Nour, le diamant Nour-ol-Eïn (Lumière de l’œil) est l’un des plus gros diamants roses du monde et la pièce maîtresse d’une tiare du même nom. Ce diamant de 60 carats fait partie, comme le Daryâ-ye Nour, du trésor que Nâder Shâh ramena d’Inde.

Le diamant est serti sur une tiare du même nom. Cette tiare en platine fut conçue et fabriquée par le célèbre joaillier américain Harry Winston (1896-1979). La tiare Nour-ol-Eïn a un design moderne et porte 324 diamants roses, jaunes et blancs sélectionnés dans le trésor des joyaux de la couronne iranienne. La tiare fut créée à l’occasion du mariage du dernier Shâh d’Iran avec sa dernière épouse Farah Diba. La jeune impératrice l’a portée le jour de son mariage le 20 décembre 1959.

Une partie du trésor de Nâder Shâh

Notes

[1Afsâneh Pourmazâheri, « Le Musée des Joyaux nationaux d’Iran, témoins historiques et artistiques inestimables », in : La Revue de Téhéran, n° 69, août 2011, pp. 36-42. Accessible à : http://www.teheran.ir/spip.php?article1434

[2André de Claustre, Histoire de Thamas Khli-kan, roi de Perse, 1743.

[3Jonas Hanway, Historical Account of British Trade over the Caspian Sea, with a Journal of Travels, etc., 1753.


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