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Le climat relativement sec et chaud de l’Iran a encouragé les habitants de ce pays à accorder une attention spéciale à la plantation d’arbres et à imaginer une architecture en accord avec les conditions climatiques.
Les jardins iraniens sont de véritables œuvres d’art, toujours cités dans les études architecturales sur les villes et les maisons d’Iran. D’après les études des chercheurs grecs sur l’habitat en Iran, il semblerait que les maisons étaient entourées de jardins nommés "Pardis", mot d’origine mède selon le grand dictionnaire de "Deh Rodâ". Gazanfûn utilise le terme dans le récit de la visite par Laucendros des jardins de Korûsh. La civilisation islamique hérita de deux modèles de jardins iraniens, qui, le temps aidant, ont acquis un caractère universel. L’un est en forme de cuvette dont le centre est occupé par les bâtiments, à l’inverse, l’autre figure un espace entouré par les quatre ailes d’un bâtiment.
C’est durant l’époque Safavide que l’on commença à aménager des espaces ouverts dans les villes ; des jardins, en plein centre des places, et d’une manière générale, des lieux propices à la flânerie, aux promenades citadines et aux rencontres. Aujourd’hui, l’Iran continue de perpétuer la tradition, et le pays est riche en magnifiques jardins.
Les jardins et les résidences de Birjand, sont un bel exemple d’aménagement des cours d’eau, des bassins et d’espaces verts. Il en résulte des paysages très agréables et souvent surprenants compte tenu du climat. Ces jardins sont en général la propriété de familles aisées, tournées vers la culture. Un certain nombre se situent dans la ville même de Birjan et dans les villages alentours ; dans les résidences de Rahîm Abâd, de Mahsûmieh, Behlgard, Amir Abâd Sheibâni, Ali Abâd, Shokat Abâd, Arg Kolâ Farangi et Arg mîr Hasan Khân. Ces résidences ont évidemment de nombreux traits communs, eu égard à leur architecture.
Ce qui est regrettable en revanche, c’est le manque d’intérêt des responsables pour ces splendides jardins dont on devine qu’ils ont mille choses à nous raconter. Nous espérons que les responsables du tourisme et les gens de la région se décideront un jour (le plus tôt sera le mieux) à rendre ces jardins oubliés accessibles aux visiteurs à la recherche de sites historiques intéressants.
Ce site historique se trouve à Birjan, à l’extrémité de la rue Mo’alem, dans la région qui regroupe les villages historiques de Akbarieh. La construction par étapes de ce bâtiment explique la coprésence de différents styles architecturaux. Sa construction remonte au début de l’époque des Qâdjârs, mais elle s’est prolongée jusqu’à l’époque plus récente des Pahlavis. Cet ensemble comprend plusieurs bâtiments, formés chacun de plusieurs étages qui communiquent par un ensemble de couloirs. Dans certaines pièces, les murs sont ornés de motifs en plâtre sculpté, dans d’autres pièces, ces mêmes murs apparaissent totalement nus. Les portes sont en bois, enrichies de vitraux colorés. Les grands sapins, le long de la rue principale, viennent compléter la beauté de l’ensemble. Au rez-de-chaussée du bâtiment principal, se trouve un grand salon aux motifs en plâtre et aux portes en bois travaillé. Au milieu de cet ensemble, dans la partie principale, les murs étaient recouverts de mosaïques de miroirs qui malheureusement, ont en grande partie disparus.
Les bureaux datent de l’époque Pahlavi et constituent les éléments les plus récents de l’ensemble.
Dans les jardins, on trouve deux sortes de plantations, des plantes décoratives (des sapins) et des arbres fruitiers (des abricotiers, des grenadiers, des pistachiers).
Ces bâtiments servent actuellement de bureaux au centre de protection du patrimoine et à l’office de tourisme du sud du Khorasân.
La partie construite à l’époque des Zendis sert de bibliothèque et de locaux à l’université des arts de Birjand.
La partie centrale qui fut construite à l’époque des Qâdjârs, a été transformée en musée d’archéologie et d’Histoire humaine.
La partie construite à l’époque Pahlavi sert de bureaux, et le reste des locaux a été aménagé en restaurants et salons de thé traditionnels.
Ce site historique se trouve dans le village de Rahîm Abâd, près de la rue Shahîd Modares et remonte à l’époque des Qâdjârs, en 1315 de l’Hégire. Cet ensemble comprend plusieurs parties dont la partie centrale, composée de couloirs, de pièces multiples, des écuries et de parties pavillonnaires dont chacune bénéficie d’un bassin central. Rahîm Abâd a trois grands salons qui servaient de lieux de réception pour l’accueil des invités. Les murs et les plafonds sont sculptés et décorés de mosaïques, de miroirs géométriques. Les portes et les fenêtres des salons sont recouverts d’incrustations en forme de croissant et décorés avec des vitraux de couleurs variées. L’intérêt porté dans cet ensemble, aux différentes méthodes décoratives est évident. Il fait aujourd’hui office d’atelier d’apprentissage pour l’artisanat de la décoration, et de bureau pour l’association de la protection du patrimoine et du tourisme de la province du Khorasân. Une dernière partie a été aménagée en restaurant traditionnel pour accueillir les nombreux touristes qui visitent la région.
Ces bâtiments se trouvent à 1 kilomètre du village de Behlgard et à 15 kilomètres à l’est de Birjand. On y trouve deux jardins, deux bâtiments, une étable, les habitations des serviteurs et un réservoir naturel de glace.
La base de l’ensemble comprend quarante colonnes de briques. Des deux jardins, celui qui est ouvert sur l’extérieur est beaucoup plus important. Des bassins occupent le centre des deux jardins. Les glaces produites en hiver étaient conservées jusqu’en été dans des "glacières" naturelles, sorte de fosses où s’écoulait l’eau pour y geler en hiver. Les ouvriers y versaient de l’eau pour augmenter le volume, et entassaient les morceaux de glace dans des réserves pour l’été.
Se situant à cinq kilomètres à l’est de Birjand, cet ensemble, comme les précédents, est composé de plusieurs blocs typiques. Les pavillons et les bassins sont surmontés d’un grand dôme dont les ouvertures centrales laissent pénétrer la lumière dans le pavillon. L’architecture du bâtiment intérieur réservé à la famille du maître (dans la partie sud de l’édifice) rappelle les vieilles maisons de Birjand. Les principales décorations sont les encadrements en plâtre du balcon, les gouttières enjolivées et les voûtes qui cernent le pavillon au bassin. A 500 mètres de là, on peut voir une autre "glacière" naturelle constituée avec des morceaux de terre cuite.
Le bâtiment comprend également un musée d’Histoire naturelle et un restaurant traditionnel.
Ce site historique se trouve à l’ouest de Birjand et date de l’époque Pahlavi. L’architecture de cet ensemble est, disons-le, exceptionnelle. La façade principale se reflète entièrement dans le bassin central, rappelant ainsi le bâtiment aux quarante colonnes d’Ispahan. Toutes les pièces de l’ensemble communiquent entre elles, comme dans la plupart des constructions anciennes. Il est donc possible de pénétrer dans le bâtiment par n’importe quel côté. En plus du jardin principal, on compte deux jardins dont l’un accueille un petit bâtiment. Cette ancienne demeure a gardé dans ses murs divers objets appartenant à une très vieille famille de Birjand.
A 40 kilomètres de Birjand, se dresse la forteresse de Mûd, dans le village du même nom, avec ses jardins et ses dépendances. Ce monument fut bâti en deux étapes : tout d’abord la partie principale du bâtiment, qui date de l’époque des Zendis, puis la bâtisse centrale qui remonte à l’époque des Qâdjârs. Des grilles imposantes et les quelques tours restantes peuvent difficilement rendre compte de l’ancienne majesté de la forteresse, avec ses vingt tours et son imposant fossé qui ceinture l’ensemble. Les décorations sont constituées de motifs typiquement iraniens ; des oiseaux et des motifs floraux qui malheureusement, en raison des mauvaises conditions climatiques, ont presque totalement disparu.
A 5 kilomètres à l’ouest de Birjand, se trouvent un autre bâtiment et son jardin attenant, typiquement iranien, qui datent du tout début de l’époque Qâdjâre. Les architectes qui ont conçu cet ensemble semblent avoir été inspirés à la fois par l’architecture islamique et par les façades traditionnelles iraniennes, ce qui a donné naissance à un ensemble très original. La forme en croix du rez-de-chaussée se retrouve également au premier étage. Une impression d’harmonie dans la totalité du petit bâtiment. Des décorations très simples ont été utilisées.
Le bâtiment, actuellement, dépend de l’Université d’agriculture de Birjand. Les responsables du tourisme et de la préservation du patrimoine ont pour projet de transformer ce bâtiment en musée de l’agriculture, en coopération avec l’université de Birjand.