Il désirait tant avoir une mosquée avec une coupole bleu turquoise ; un minaret pas très haut et un vieillard qui y monte, chaque jour, matin, midi et soir pour chanter " Allah-o Akbar ". [Dieu est le plus grand]

Il désirait tant posséder un minuscule bassin bleu azur ; une salle de prière pleine de chapelets, de pierres et de tchadors de prière.

Il se languissait de vivre dans un vieux quartier avec des vieilles femmes aimables qui attendent impatiemment l’heure du coucher de soleil et l’appel à la prière : " Hayy-e alassalâ ". [Lève-toi pour prier]

Hélas, son quartier n’avait pas de mosquée. Les anges qui avaient eu connaissance de son rêve, lui dirent :

-Puisqu’ici il n’y a pas de mosquée, construis-en une toi-même.

Il se mit à rire et dit :

-Un beau rêve, mais impossible ! Je n’ai rien : ni les matériaux, ni la force, ni l’expérience.

Les anges dirent :

-La mosquée que tu vas bâtir sera différente. Fournis le matériel et nous la bâtirons.

Sa réponse ne fut qu’un soupir.

Il ne savait pas que chaque fois qu’il soupirait, chaque fois qu’il invoquait, chaque fois qu’il murmurait le nom de Dieu, chaque fois qu’une larme tombait de ses yeux une brique se posait sur une autre et le mur de sa mosquée s’élevait. Et ce fut ainsi que peu à peu, une mosquée fut érigée, une mosquée dont les matériaux n’étaient que mots, amour et prières et dont les tuiles émaillées étaient faites de larmes.

Ainsi, il bâtit une mosquée fluide, splendide, éthérée comme l’amour, et partout où il allait, il emportait sa mosquée avec lui. Ainsi, sa demeure devint mosquée, son quartier devint mosquée et sa ville devint une mosquée également.

Tous les hommes sont des maçons, des bâtisseurs de la mosquée au plan dessiné par Dieu. Et toi aussi, bâtis ta propre mosquée avant que le dernier appel à la prière soit lancé.