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A l’avènement de la république islamique de 1979, Shirâz souffre de la mauvaise réputation que lui a donné le festival de Shirâz, qui fut organisé pendant les dix-huit années qui précédèrent la Révolution islamique. L’ayatollah Khomeiny parlait du « soi-disant festival d’art de Shirâz et de ses programmes obscènes », une troupe y avait présenté un spectacle où les acteurs étaient dévêtus. L’ouverture solennelle en était faite chaque année par Farah Dibâ et l’avant-garde occidentale s’y produisait. En septembre 1973, le grand chorégraphe français Maurice Béjart y crée son ballet Mallarmé III, sur une musique du compositeur Pierre Boulez. Ce serait lors de ce séjour en Iran qu’il se convertit à l’islam. En 1977, dans Peines de cœur d’une chatte anglaise de Balzac, mis en scène par l’Argentin Alfredo Arias, les comédiens portaient d’étonnants masques d’animaux. Ce spectacle fut produit la même année à Paris. La chorégraphe américaine Carolyn Carlson y produisit son ballet Human Called Being, sur une musique électroacoustique avec voix solistes, en création mondiale.
Ces dernières années, Shirâz sort de son apathie. Tout est fait pour attirer et retenir les nombreux touristes qui s’en servaient trop souvent comme d’une base arrière pour visiter les fabuleuses ruines de Persépolis. C’est ainsi qu’on y a construit de grands hôtels au standard international. Une partie de la citadelle Karim Khân, qui date du XVIIIe siècle et a longtemps servi de prison, est devenue, après rénovation, le musée de la province du Fârs. Le beau jardin botanique Eram, qui appartient à l’université de Shirâz, a également fait l’objet d’un vaste programme de rénovation. Dédié à la recherche botanique, il est ouvert au public. Ce ne sont là que quelques exemples visibles du renouveau de cette dernière décennie.
Force est de reconnaitre que les atouts de la ville de Shirâz sont nombreux. Située dans le bel environnement des montagnes du Zagros, elle offre aux visiteurs d’admirables monuments. Mausolées, mosquées, musées et jardins persans y sont nombreux. Les plus fréquentés sont sans conteste les tombeaux des poètes Saadi et Hâfez, où de nombreux jeunes gens, garçons ou filles, seuls ou en couple, viennent s’y recueillir, lisant notamment avec ferveur la poésie de Hâfez qui chante si bien l’amour et les plaisirs de la nature.
Une des grandes attractions de Shirâz est constituée par son grand bazar où le visiteur croise la grande diversité du peuple shirâzi, telles les femmes de la tribu nomade des Qâshqâ’ï, facilement identifiables par leurs longues robes aux couleurs vives, dont les gabbehs, ces épais tapis aux couleurs chatoyantes, sont parmi les plus beaux d’Iran.