N° 112, mars 2015

Nouvelles sacrées (XV)
Les Frères Bâkeri


Khadidjeh Nâderi Beni


Mehdi Bâkeri

Mehdi Bâkeri est né en 1954 à Miândoâb [1] ; son père, Azerbaïdjanais, a immigré en Iran durant la Première Guerre mondiale. Après avoir obtenu son bac, Mehdi se rend à Tabriz et obtient une licence en ingénierie mécanique de l’université de Tabriz. Durant cette période, il mène, aux côtés de ses deux frères, Ali et Hamid, une lutte clandestine contre le régime pahlavi. Au lendemain de la victoire de la Révolution islamique en 1979, il joue un rôle important dans la fondation et l’organisation du Corps des gardiens de la Révolution islamique [2] à Oroumieh [3]. Au commencement de la guerre Iran-Irak en 1980, il est chargé d’organiser et d’expédier les forces militaires et de veiller à la protection des civils sur les fronts ouest et sud-ouest. Commandant en chef des troupes Ashourâ du Sepâh, il participe à plusieurs grandes opérations. En avril 1982, il commande une partie des forces iraniennes durant l’opération Fath-ol-Mobin ; cette opération aboutit à la libération d’une grande partie des terres occupées du Khouzestân, dont Andimeshk, Suse et Dezfoul. Un mois plus tard, il commande la brigade Nadjaf Ashraf lors de l’opération Beit-ol-Moghaddas, qui dure un mois et aboutit à la libération de Khorramshahr, le 12 mai 1982. Durant l’opération victorieuse de Moslem ebn Aghil, Mehdi est le commandant des troupes Ashourâ qui libèrent la ville de Soumâr dans la province de Kermânshâh. Cette troupe Ashourâ, du Sepâh, a joué un rôle notable dans plusieurs autres opérations dont les Opérations Valfadjrs I, II, III et IV.

Durant l’opération Badr, le commandant Bâkeri et ses forces s’infiltrent dans les lignes ennemies, en plein cœur de la région de Hour-ol-Howeizeh ; de durs combats entre les forces iraniennes et irakiennes s’engagent, au profit des Irakiens. Le bilan de cette opération est lourd pour les Iraniens. Le 16 mars 1985, Mehdi Bâkeri tombe en martyr, touché par une balle mortelle et ses hommes décrochent vers l’arrière pour évacuer les tués et les blessés, mais l’embarcation qu’ils utilisent pour traverser le marais de Hour-ol- Azim est frappée de plein fouet par une roquette irakienne.

Mehdi Bâkeri, Hamid Bâkeri, Ali Bâkeri

Hamid Bâkeri

Né en 1955, Hamid fait ses études à Oroumieh, puis à Tabriz qu’il quitte pour la France où il entame des études d’ingénierie mécanique. Révolutionnaire fervent, il y continue ses activités d’opposant au régime du Shâh et profite de l’exil de l’ayatollâh Khomeyni à Neauphle-le-Château pour lui rendre visite. Après avoir obtenu son diplôme, il quitte Paris pour la Syrie et le Liban, où il apprend les rudiments militaires.

Avec l’arrivée de l’Imam Khomeyni en Iran le 1er février 1979, Hamid, retourné clandestinement en Iran, tente de se cacher secrètement dans sa famille, mais il est emprisonné par les agents de la SAVAK [4] agonisante. A la prison de Tabriz, Hamid rencontre par hasard son frère Mehdi lui aussi détenu pour raisons politiques. Quelques jours plus tard, ils seront libérés, comme tous les autres prisonniers politiques, par les révolutionnaires qui ont pris le contrôle de la prison.

Avec la formation du Corps des gardiens de la Révolution en 1979, Hamid Bâkeri en devient un membre actif et joue un rôle de premier plan dans la libération des villes de l’ouest iranien (comme Sanandadj et Bâneh dans la province du Kordestân ; Mahâbâd et Pirânshahr dans la province de l’Azerbaïdjan de l’ouest) alors fortement attaquées ou menacées par les forces armées du Groupuscule des Monâfeghins [5].

Suite au déclenchement de la guerre Iran-Irak, il participe aux côtés de son frère Mehdi à plusieurs opérations d’envergure. Durant la troisième phase de l’opération Beit-ol- Moghaddas, alors blessé, Mehdi commande à sa place la troupe Nadjaf-e Ashraf qui parvient à briser les lignes défensives de l’ennemi et pénètre dans la ville de Khorramshahr occupée par l’armée irakienne. Il a également un rôle important dans la libération de la ville de Soumâr et ses hauteurs limitrophes lors de l’opération Moslem ebn Aghil en octobre 1983. Après avoir participé à de nombreuses autres opérations, Hamid est nommé commandant en second de la troupe Ashourâ au cours de l’opération victorieuse de Kheybar [6] qui aboutit entre autres à la prise des îles stratégiques Majnoun dans la région du Khouzestân. C’est durant cette opération que Hamid Bâkeri tombe en martyr le 24 février 1984.

Ali Bâkeri

Enfin, l’aîné de cette famille dévouée à la Révolution, Ali Bâkeri (1943-1973), était lui aussi un opposant au régime du Shâh et un révolutionnaire acharné, qui tomba en martyr dans les geôles de la SAVAK, torturé à mort pour ses idéaux.

Source :
- Sarmadi, Saïd, Shahid Mehdi Bâkeri (Le Martyr Mehdi Bâkeri), Centre de Documentation et de Recherche de la Défense sacrée, 2011.

Notes

[1Ville située au sud de la province de l’Azerbaïdjân de l’ouest.

[2Sepâh-e Pâsdârân-e enghelâb-e eslâmi

[3Chef-lieu de la province de l’Azerbaïdjân de l’ouest.

[4Acronyme de Sâzmân-e Ettelâ’ât va amniat-e keshvar : Organisation pour le Renseignement et la Sécurité nationale.

[5Gorouhak-e Monâfeghin, « Monâfegh » est un mot arabe qui signifie hypocrite : officiellement dénommée O.M.P.

[6Pour en savoir plus, voir notre article « L’Opération Kheybar, publié in. La Revue de Téhéran, n° 102, mai 2014, consultable sur http://www.teheran.ir/spip.php?article1893


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