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La ville de Kâzeroun est le chef-lieu du département du même nom dans l’ouest de la province du Fârs. Kâzeroun se situe à une altitude de 860 mètres au-dessus du niveau de la mer, entre le littoral du golfe Persique au sud (à 164 km de Boushehr) et la chaîne des montagnes Zâgros au nord. Elle est la deuxième grande ville du Fârs après Shirâz. La ville compte près de 140 000 habitants, et la population du département s’élève à près de 300 000 âmes. La ville de Kâzeroun couvre un périmètre de 2 100 hectares et se situe à 135 km de Shirâz, à 1060 km de Téhéran.
La ville actuelle de Kâzeroun se trouve approximativement au même emplacement que la ville achéménide de « Gazra » (vers 556-330 av. J.-C.) et à quelques kilomètres de la ville de Bishâpour, qui date de l’époque sassanide (224-651).
Les habitants de la ville parlent un dialecte local du persan moderne dont les origines remontent au pahlavi, une langue iranienne (moyen-perse) qui était parlée à l’époque des Sassanides, descendant elle-même du vieux-perse. Mais dans la ville et surtout dans les villages du département, il y a aussi une population de nomades Qashqâï turcophones, sédentarisés depuis de longues décennies. Les habitants de Kâzeroun sont majoritairement chiites duodécimains. Les minorités religieuses ne représentent qu’un pour cent de la population.
La conversion des habitants de Kâzeroun à l’islam commença dès le Ier siècle de l’Hégire (VIIe siècle de l’ère chrétienne), mais une grande partie de la population de Kâzeroun resta longtemps zoroastrienne. L’islamisation de la région ne fut donc complète qu’assez tardivement vers le début du Ve siècle de l’Hégire (XIe siècle de l’ère chrétienne).
Le département de Kâzeroun a un climat très chaud et aride en été, relativement tempéré en hiver. Il est parcouru par plusieurs rivières plus ou moins saisonnières qui assurent une végétation variée et fournissent les ressources en eau nécessaire pour les activités agricoles, une des ressources importantes de revenus pour les habitants. Les zones montagneuses du département, aux conditions climatiques plus douces en été, sont une destination annuelle de transhumance pour les éleveurs nomades des provinces voisines.
L’économie du département est essentiellement agricole. Grâce à la variété climatique de la région, les paysans du département de Kâzeroun récoltent en abondance des produits variés : des céréales, du riz, des dattes, des agrumes, des légumes, des tomates, des aubergines, des grenades, des figues et depuis quelques années… des olives. Mais la région connaît aussi depuis quelques décennies un processus d’industrialisation. La centrale hybride de Kâzeroun, avec une capacité annuelle de 1400 MW, est la plus grande centrale d’électricité de la province du Fârs et la troisième grande centrale hybride (turbines à gaz et à vapeur) de l’Iran. Il y a aujourd’hui deux unités pétrochimiques dans le département, tandis que les travaux sont également en cours pour extraire du pétrole dans la commune de Khesht, au sud de Kâzeroun.
Kâzeroun aura sa gare à l’achèvement du nouveau chemin de fer qui reliera le Fârs aux provinces du Khouzestân (sud-ouest) et du Hormozgân (sud). Ainsi, à la fin de ce projet, la ville sera connectée au réseau national du chemin de fer, ce qui augmentera sans doute son dynamisme économique et social, et renforcera aussi ses infrastructures touristiques.
A une vingtaine de kilomètres à l’est de Kâzeroun, sur la nouvelle route qui relie la région à Shirâz, vous arrivez, au milieu des montagnes du Zâgros, à une vaste plaine appelée Beram, du nom du village qui s’y trouve. La plaine est couverte de la végétation habituelle du sud du Zâgros. A la fin de l’hiver et au début du printemps, la terre se recouvre de coquelicots du Zâgros. Beram est aussi la plus grande plaine de chênes du Zâgros (nom scientifique : quercus brantii).
Le mot Narcisse est d’origine persane (nargês). En plein hiver (fin décembre-début février), les plaines qui s’étendent autour de la ville de Kâzeroun sont embellies, pendant une période de 45 jours, de très belles fleurs : les narcisses. Plusieurs espèces de cette fleur poussent à l’état sauvage dans cette région. Les plus beaux paysages de la saison des narcisses s’offrent ainsi aux sens des touristes et des habitants du département, sur une plaine de 25 hectares qui se trouve près des villages de Jarreh, Balbal et Fâmour. Les narcisses de Kâzeroun comptent parmi les rares espèces hivernales de cette famille de fleurs.
Le lac Parishân (ou Fâmour), le plus grand lac d’eau douce d’Iran et du Moyen-Orient, se trouve à l’est de Kâzeroun. Sa superficie moyenne est de 4300 hectares. Le lac, qui se trouve à une altitude de 820 m par rapport au niveau de la mer, a une importance vitale dans la sauvegarde de la biodiversité de toute la région. Tout autour du lac Parishân, la vie des habitants dépend directement ou indirectement de la vie du lac et de son écosystème. Depuis quelques années, l’équilibre de cet écosystème précieux a été troublé pour diverses raisons dont la sécheresse et les activités humaines (destruction des roseraies pour des opérations routières). Les habitants de Kâzeroun et des régions voisines se mobilisent de plus en plus pour la sauvegarde du lac Parishân. Le vendredi 30 janvier 2015, la mairie, les institutions publiques et la société civile de Kâzeroun ont organisé, comme les années précédentes, une marche familiale pour demander la prise de mesures nécessaires pour protéger le lac Parishân.
A 15 km au nord-ouest de Kâzeroun, il est possible de visiter l’un des sites historiques les plus importants de l’Iran, celui de la ville ancienne de Bishâpour dont il ne reste aujourd’hui que des ruines. Bishâpour a été fondée en 266, sur ordre du roi sassanide Shâpour Ier (roi de 240 à 272). La ville porte, en fait, le nom de son fondateur, en moyen-perse, Bishâpour signifiant « Seigneur Shâpour » (Baï Shâpour). Les ruines de Bishâpour s’étendent sur un périmètre de 200 hectares. La construction de la ville date de l’apogée du règne de son fondateur après ses importantes victoires sur les Romains, notamment après la défaite de l’armée romaine et la chute de l’empereur Valérien (empereur de 253 à 260), capturé par les soldats sassanides et transféré à Bishâpour. Valérien meurt en captivité : les Romains n’ont en effet rien fait pour le libérer, n’ayant aucun intérêt à son retour pour des raisons politiques liées à sa succession.
Pendant l’ère sassanide, Bishâpour devient capitale des Perses pendant une période relativement courte. Après l’islamisation de l’Iran, elle perd progressivement son importance au profit de sa voisine la plus proche, Kâzeroun. Pourtant, Bishâpour a été habitée jusqu’au VIIe siècle de l’Hégire (XIVe siècle de l’ère chrétienne), avant d’être abandonnée.
La ville a été construite selon les modèles architecturaux de la période arsacide et hellénistique sur la base d’un plan en damier. Dans les ruines de Bishâpour, nous pouvons distinguer deux parties nettement séparées l’une de l’autre : d’abord la citadelle impériale (qui contient le temple d’Anâhitâ, la salle royale, la terrasse des mosaïques et la résidence de Valérien, les colonnes commémoratives où apparaît le nom de Shâpour Ier, et la ville proprement dite (maisons, voies publiques, marchés, hammams, caravansérails,…).
Tangueh-Tchogân est une vallée étroite en fer à cheval située tout près de la ville ancienne de Bishâpour (500 m) et au fond de laquelle coule une petite rivière. Les rochers des deux côtés de la vallée sont décorés à intervalles irréguliers de six bas-reliefs sassanides. Ces bas-reliefs datent de l’époque du règne de trois empereurs sassanides : Shâpour Ier, Bahrâm Ier (roi de 273 à 276) et Bahrâm II (roi de 276 à 293).
Une gigantesque statue de Shâpour Ier veille quant à elle sur l’entrée d’une profonde grotte sur les hauteurs de la vallée de Tangueh-Tchogân. La grotte de Shâpour est située sur un rocher perché à 800 mètres au-dessus du village qui se trouve juste en bas, au fond de la vallée. Pour monter jusqu’à la grotte, il faut une marche d’une heure et demie depuis le village. La statue de Shâpour Ier est l’un des rares exemples aujourd’hui disponibles de sculpture sassanide, la technique généralement utilisée pendant l’antiquité préislamique de l’Iran étant le bas-relief. Elle a été sculptée dans un pilier naturel de la grotte, et mesure plus de 7 mètres de haut.