N° 18, mai 2007

Le trafic routier : miroir de la culture de la société


Amir Sedâghat


Bien qu’il faille du temps pour que, après l’apparition d’une invention ou même d’un phénomène nouveau dans une société, il s’intègre profondément dans les mentalités et habitudes d’un peuple, la façon dont une société réagit vis-à-vis d’une nouveauté est révélateur de son adaptabilité et de son attitude face au changement. Les véhicules motorisés ont été introduits en Iran il y a près d’un siècle, et quand bien même cela représenta au départ une invention totalement nouvelle, son adoption progressive nous révèle cependant des dimensions plus cachées de la culture iranienne.
Un désordre total

Nul touriste étranger, qui a un jour mis son pied sur les routes et rues iraniennes, n’a pu rester insensible à la confusion incroyable qui règne sur nos routes. Un cycliste qui faisait le tour du monde m’a affirmé un jour à Téhéran qu’il avait cru que Mexico city était la pire ville dans le monde en ce qui concerne la circulation routière, jusqu’à ce qu’il eût vu notre " jolie " ville, en comparaison de laquelle Mexico est un paradis ! Ajoutons à cette appréciation des étrangers, le nombre terrifiant de décès dus aux accidents de la route, le plus élevé du monde entier, sans tenir compte des innombrables blessés et handicapés qu’ils entraînent. Ne négligeons pas également le stress quotidien subi par les nombreux chauffeurs de taxi de la capitale. A quoi pourrait-on attribuer cette pagaille bouleversante ? Trouve-t-elle ses racines dans la façon dont a été adoptée cette nouvelle invention par notre culture ?

La conduite, signe de nos conduites

La manière dont nous nous comportons dans différentes situations a tendance à révéler notre mentalité et même notre philosophie de la vie. Notre façon de conduire n’illustre donc t-elle pas notre propre conduite ou plutôt inconduite ?

Certes, la mégalomanie, l’égoïsme, l’égocentrisme, et le tempérament agressif d’un individu peuvent se révéler dans certains cas particuliers : lorsqu’il est ivre, stressé, sous pression. Un sage de notre temps moderne a affirmé : " Je m’étonne que quelqu’un sur ses pieds soit aussi différent lorsqu’il se retrouve au volant de sa voiture, comme s’il était doté de deux caractères complètement dissemblables. " Ne pouvons-nous pas alors conclure que celui qui, sans prêter aucune attention aux droits d’autrui, grille un feu rouge ou ne fait fi des règles les plus élémentaires de priorité, qu’il soit médecin, professeur d’université, ou bien simple chauffeur de taxi, révèle certains aspects profonds de son caractère et de sa " civilité" ? Cette vérité, si amère qu’elle soit, se présente devant nous et notre société aujourd’hui : les conducteurs Iraniens comptent parmi les plus " incivils " du monde - comportement auquel nous devrions davantage réfléchir, étant donné que près de 80% des accidents en Iran sont dus à l’erreur humaine.


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