N° 18, mai 2007

"Nous sommes ce que nous sommes"

Le Musée National d’Iran


Afsaneh Pourmazaheri, Farzâneh Pourmazâheri


Qui sommes-nous dans le labyrinthe de l’Histoire ? Les générations futures se souviendront-elles de nous ? Les événements historiques nous révéleraient-ils des je-ne-sais-quoi à venir ?... Assez de questions. Regardons en arrière, vers le passé. Toujours dans ce même labyrinthe, suivons les pas des rois sur les pavés conduisant aux grands palais. Les hauts piliers de marbre et de bois…Quelle architecture ! Un peu plus loin, observons donc ces chars abandonnés et ces sabres calmes dans leurs fourreaux. Quel silence ! Les citadelles sont encore là. Ouvrons des portes aux verrous de bois. Elles nous conduisent à l’intérieur de maisons en terre. Quoi ? Des grands bols en céramique et des coupes dorées ? Comme tout est antique ! Des peuples anciens, des charretiers, des sabreurs, des reines et des rois, tous nous ont quittés. Mais attendons un peu ; nous ne sommes pas perdus dans ces couloirs historiques. Nous appartenons à nos ancêtres. Nous sommes dans l’histoire, nous ne sommes que l’histoire…

Le Musée National d’Iran nous raconte très vivement quelques pages de la civilisation, de la culture et de l’art persans à travers les ères. Il est, à cet égard, un des musée les plus riches du monde. Il nous narre, tel un livre gigantesque, d’innombrables événements historiques ; de l’émigration des Aryens sur le plateau de l’Iran à l’apogée de la gloire des achéménides. Au sein de ce bâtiment, des outils en pierre, des bols en argile, des statues où figurent des dieux et des déesses auparavant enfouis sous terre, tous exposent devant nos yeux les coutumes, les rites, la pensée et la manière de vivre des habitants de la Perse antique.

La destruction des monuments historiques ainsi que le pillage des trésors culturels d’une part, et l’accroissement des mouvements patriotiques d’autre part, ont incité un certain nombre de passionnés soucieux de protéger toutes ces richesses culturelles à fonder un abri pour l’héritage national iranien. De ce fait, la construction d’un musée consacré à l’Iran commença dans les années 1930. L’architecte français André Godard assuma la responsabilité du projet et tenta de créer une certaine harmonie entre le plan du bâtiment et les objets qu’il allait abriter. Les Sassanides et leur monument grandiose appelé Arc de Kasra inspirèrent notamment l’architecte français et il fit ainsi bâtir le fronton du bâtiment en forme d’arc et la façade toute en brique rouge foncé. Une superficie de 11 000 mètres carrés fut consacrée au projet. Avec la collaboration de Hâj Abbâs Ali Memâr et Mortezâ Tabrizi et pendant deux ans, la construction du bâtiment se termina pour être finalement inauguré en 1937. En 1996, le musée rassemblant des œuvres de l’ère islamique fut séparé de celui dédié à la perse antique, l’ensemble étant désormais rassemblé sous le nom de Musée National d’Iran.

Ce musée rassemble donc de nombreux objets classés par époque. Des objets en pierre datant de près d’un million d’années aussi bien que ceux de l’époque Sassanide révèlent la richesse de la civilisation et de la culture iranienne ; Gandjpar dans le Gilân, Esmâil Abâd à Karadj, Sialk à Kâshân, Marvdasht à Fârs, Tchoghâzanbil à Khouzestân... N’est-il pas étonnant de savoir qu’à l’Est de Kermânshâh furent découvertes des statues en figures d’homme et d’animal datant de près de 9000 ans ?

Nous pouvons également admirer les dessins d’hommes et d’animaux sur les récipients en terre rouge, de couleur chamois ou bien en argile. Nous héritons aujourd’hui de cet art, si fin et délicat. Sur un autre bol en terre cuite datant du cinquième millénaire avant J.-C., nous observons le dessin de quatre hommes face à face, tendant leurs mains vers le haut. Ils sont en fait en train d’effectuer leur danse rituelle. Comme le bouc était leur animal favori, ils décoraient la majorité de leur vaisselle de boucs ou de béliers.

Stèle du code d’Hammourabi

Pourquoi des archéologues trouvent-ils parfois des récipients et des objets décoratifs dans les cimetières anciens ? La réponse trouve sa source dans les idées et croyances religieuses des peuples anciens. D’après ces derniers dont l’existence remonte à près de 3500 ans, après la mort, les objets personnels et précieux de chacun devaient être enterrés avec lui afin qu’il puissant s’en servir dans l’autre monde. Les armes, bijoux, ustensiles de cuisine et récipients découverts aux alentours de la colline Mârlik à Gilân sont des preuves indéniables de cette réalité. D’après des recherches archéologiques, la dynastie Mède était très avancée dans le domaine de la médecine, comme l’attestent notamment des récipients en terre cuite destinés au processus de distillation.

La partie la plus impressionnante du musée concerne la cité glorieuse de Persépolis. De grands morceaux des pierres apportés des palais de Darius illustrent la splendeur de l’architecture des Achéménides. L’un de ces dessins en relief illustre l’audience publique du roi, accompagné du prince héritier, des lanciers et d’un partisan mède. La statue de Darius Ier d’une hauteur de deux mètres impose sa présence à la fois écrasante et somptueuse aux regards de tout visiteur. Dans les vitrines de cette section du musée sont également exposés des récipients en terre cuite, émaillés et non émaillés. Ils sont les résultats des fouilles réalisées dans des endroits tels que Pâsârgâd ou encore à la cité de Suse.

L’homme de sel

Ces objets permettent ainsi à tout visiteur de reparcourir l’histoire, des siècles lointains à l’époque des Achéménides, tout en lui faisant découvrir les trésors de l’identité nationale perse. L’attaque d’Alexandre contre la Perse et la chute des Achéménides, l’avènement des Arsacides et le règne des rois sassanides ont tour à tour laissés des traces attestant de la diversité des composantes de l’histoire iranienne. A titre d’exemple, le musée présente les statues de dieux grecs en bronze découvertes à Nahâvande et celle d’un noble arsacide. Dans la partie centrale, des récipients en bronze, en terre cuite, en pierre et en os nous donnent une image de l’art propre à Lorestân, à Kermânshâhân et à Ilâm.

Le Musée National d’Iran accueille tout visiteur désireux, au-delà des livres, de mieux percevoir toute la richesse du patrimoine historico-culturel iranien. Rejoignons-nous-y ! Dans le labyrinthe de l’histoire, nous sommes ce que nous sommes.

Poterie de Suse, début du 4 ème millénaire av.J.-C.
Plaque de bronze à motif Gilgamesh, Azerbaïdjan, 1er millénaire av.J.-C.
Statue de Dariûsh Ier
Le roi Xerxès Ier (Khashâyâr shâh avval)

Adresse : Musée National d’Iran, Téhéran, Avenue Imam Khomeini, à l’angle de la rue 30 Tir.

Ouvert tous les jours de 9h à 18h sauf le lundi.

Tel : +98 21 66 70 20 61


Le Musée National d’Iran


Visites: 4267

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.



3 Messages

  • Le Musée National d’Iran 13 mars 2010 00:05

    C’est nul comme site !!!

    repondre message

  • Le Musée National d’Iran 17 avril 2015 21:05, par Michel LAURIOU

    Bonjour, je cherche à me documenter sur la Porte du Paradis, Mihrab, dont je me demande s’il est de faïences cuenca o arista.
    Collectionneur de carreaux anciens Islamiques, je découvre sans cesse de nouvelles choses et me pénètre d’une civilisation passionnante, qui est dans l’histoire de l’homme.
    Cet homme qui fait tant de belles choses et tant de laides !
    Son cœur fou sera t il un jour apaisé ? Dans la contemplation d’un si riche passé...

    repondre message